Novembre 2010 - Voies navigables de France

Flotte européenne :
la surcapacité mettra longtemps à se résorber
Crainte depuis plusieurs années à la vision des cargaisons de nouvelles
coques réceptionnées sans discontinuer dans le port de Rotterdam,
la surcapacité en cale de la navigation fluviale européenne est devenue
criante au tournant de la crise économique, fin 2008. Synthèse des
derniers éléments publiés par la Commission centrale pour la navigation
du Rhin/CCNR.
83%
des capacités opérationnelles
en cale sèche et 99% des
capacités en cale citerne de la flotte européenne
se trouvent aujourd’hui dans les
pays d‘Europe occidentale. Les automoteurs
jouent les premiers rôles, puisqu’ils représentent
entre 65% (marchandises sèches) et
92% (citerne) des capacités opérationnelles.
La capacité moyenne des bateaux augmente
: de 2002 à 2009, elle est passée de 930 à
1 200 t pour les automoteurs ordinaires et de
1 200 à 1 660 t pour les automoteurs citerne.
CaLE sèChE : FoRTE éVoLuTIoN
aux Pays-Bas ET EN BELGIquE
Dans le domaine de la cale sèche, compte
tenu de l’augmentation passée de la demande,
la flotte ouest-européenne était à l’équilibre
entre 2002, date de l’achèvement des mesures
d‘assainissement structurel, et le début de
la crise financière. Pendant cette période et
encore aujourd’hui, ce sont essentiellement
Parts de marché (en % des prestations)
des différents pavillons sur les voies
navigables allemandes
Pavillons
Cale
sèche
Cale
citerne
Belgique 7,3 6,4
Allemagne 29,0 48,0
France 0,8 0,3
Luxembourg 0,2 1,2
Pays-Bas 57,4 39,7
Suisse 0,6 4,0
Autres 4,7 0,4
Sources : CCNR et DeStatis
des unités de plus de 3 000 t qui ont été
mises sur le marché. Depuis 2002 à l’inverse,
plus de 1 400 automoteurs et 350 barges
ont été retirés, en majeure partie des unités
de moins de 1 500 t. Certaines de ces unités
ont été revendues aux Etats danubiens, à
la Pologne et à la République tchèque. Une
grande partie a toutefois été transformée en
logements, voire déchirée. Par la sortie de ces
petites unités, le marché se trouve menacé à
moyen terme d’une pénurie de bateaux sur
certaines voies navigables à faible gabarit.
Prise dans sa globalité, la capacité de la flotte
«marchandises générales» a, malgré tout,
augmenté de 11,6% en tonnage depuis 2002.
Pour être rentables, les grosses unités requièrent
en effet une exploitation en mode 24/24,
ce qui a entraîné une augmentation considérable
de la capacité de transport. La part de
ces unités dans la capacité totale disponible
augmente cependant uniquement au sein des
flottes nationales ayant mis en circulation de
nombreux bateaux neufs au cours des dernières
années, à savoir les flottes belge et
néerlandaise. La part des unités de plus de
2 000 t y est passée de 22 à 39%, celle des
bateaux de 3 000 t et plus, de 4 à 19%. En
Allemagne et en France à l’inverse, la part des
grosses unités n’a quasiment pas progressé.
Cette évolution se retrouve dans la répartition
par classes d’âge de la flotte européenne.
L‘âge moyen des bateaux en service, qui
s’élevait à environ 50 ans en 2002, n’atteint
plus que 45 ans en 2009 ; pourtant ce rajeunissement
concerne là aussi majoritairement
les flottes belge et néerlandaise. Celles-ci
sont composées respectivement de 40 et
50% de bateaux entrés en service après
1990. Pour les flottes allemande et française,
ces chiffres ne sont que de 20 et 16%.
uN déséquILIBRE duRaBLE EN CaLE
CITERNE
La CCNR estime qu’en 2018, 90% des
marchandises transportées en cale citerne
devront l’être par des bateaux à double
coque. Ce type de cale ne concernait que la
moitié de la flotte en 2002. C’est dire l’effort
de renouvellement que représente l’entrée en
vigueur progressive de la nouvelle réglementation.
Celui-ci a d’ores et déjà été largement
anticipé, mais il entraîne avec lui un déséquilibre
de plus en plus important du marché, les
nombreux bateaux neufs devant se partager
le gâteau avec des bateaux anciens, sans qu’il
y ait de compensation entre bateaux neufs
arrivant et bateaux anciens sortant. Seule la
France n’est pas concernée par cet état de
fait.
Au total, la capacité de la cale citerne s’est
accrue de 47,5% entre 2002 et 2009. La
capacité opérationnelle de la seule flotte
néerlandaise a augmenté de 58%, alors qu’elle
n’augmentait «que» de 48% en Allemagne
et de 35% en Belgique. La flotte suisse a elle
aussi gagné 11,5% en capacité alors que les
6 Guide des opérateurs fluviaux • Novembre 2010