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JEUNESSE_ET_EDUCATION_CIVIQUE._INCIVISME

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RECREER UN CERC LE VER TUEUX : IL FAU T S ’INTERDIRE DE NE P AS INTERDIRE<br />

I- DE LA TO LER ANCE ZERO<br />

II- P OUR UNE LEC TURE P OLICIERE DE L’INCIVIS M E ?<br />

INCIVILITES… <strong>INCIVISME</strong>…DE QUOI P AR LE -T-ON ?<br />

I- THEM ATIQUE DES INCIVILITES<br />

II- CIVILITE <strong>ET</strong> CIVISM E : UN M<strong>ET</strong>ISS AGE<br />

III- CAR AC TERE CONTRE-NORM ATIF <strong>ET</strong> REPRESENTATIO NNEL DE L’INCIVILITE<br />

PRE VENIR E T GERER LES RISQUES GENERES P AR L’<strong>INCIVISME</strong> E T LES INCIVILITES<br />

I- DES DISP OS ITIFS P OUR UNE AC TION E FFIC ACE<br />

II- UN P OS ITIONNEM ENT FOR T DU TR AVAI LLEUR DU S OCIAL<br />

RECENSEMENT SOMMAIRE DES INCIVILITES E T AC TES D’<strong>INCIVISME</strong><br />

I- TYPOLOGIE <strong>ET</strong> ESSAI DE CLASSIFICATION<br />

II- L’OUTRAGE AUX EMBLEMES <strong>ET</strong> SYMBOLES DE LA REPUBLIQUE : ce qu’il faut savoir.<br />

COMPRENDRE , EDUQUER , INFORMER, RESPONS ABILISER , CULP ABILISER ,<br />

S ANCTIONNER<br />

I- EXPLICATIONS POTENTIELLES DES ACTES D’<strong>INCIVISME</strong> <strong>ET</strong> D’INCIVILITES CHEZ LES<br />

JEUNES<br />

II- REGULATIONS POSSIBLES<br />

BIBILOGR APHIE<br />

ANNE XES<br />

Rommel Erwin Oliviera MAKON,<br />

Conseiller Principal de Jeunesse et d’Animation H.E./Independant Researcher Academia.Edu<br />

Tél. (237) 98 56 73 35 Mail : erwin_makon@yahoo.com


Dans le champ du travail social camerounais,<br />

l’éducation civique tend à apparaître comme un<br />

espace d’intervention de plus en plus<br />

plébiscité, sinon par les travailleurs sociaux<br />

eux-mêmes, en tout cas par les mandataires<br />

politiques, au regard du délitement du lien<br />

social associé à la perte de valeurs et de<br />

repères qui achèvent de mettre en mal un<br />

tissu social qui s’effiloche.<br />

Il n’ya pas jusqu’au Chef de l’Etat qui ne se soit inquiété de ce délabrement sociétal notamment à<br />

travers ses exhortations à la jeunesse. « Le niveau de moralité de notre jeunesse se dégrade (…)<br />

la société apaisée et prospère que nous voulons construire sera minée de l’intérieur si ces<br />

avancées ne sont pas accompagnées par un progrès de la moralité publique ». constate-t-il<br />

dans son discours à la jeunesse du 10 février 2013. Dès cet instant, dans les salons et colloques on<br />

s’emploie à la mise en œuvre des stratégies efficaces.<br />

Mais de quoi parle-t-on au juste ? D’éducation civique ? D’incivisme ou d’incivilités ? Il ya comme une<br />

distanciation intellectuelle à faire car la méthodologie de l’éducation civique n’épouse pas tous les<br />

contours de la lutte contre l’incivisme et les incivilités. De même que ces deux concepts<br />

(incivisme et incivilités), bien que quelquefois présentés comme synonymes présentent des réalités<br />

différentes. A quelles réalités renvoient-t-ils ? Quels sont ses enjeux idéologiques, politiques,<br />

institutionnels, organisationnels, éthiques… ?<br />

Le présent article sans échapper lui aussi à la confusion possible entre l’incivisme et l’incivilité,<br />

voudrait explorer ces concepts dans l’optique de donner une épaisseur à la fois théorique et<br />

opératoire aux actions de terrain.<br />

La notion d’incivilité regroupe un spectre très large de conduites: l’indifférence, l’impolitesse, les<br />

dégradations, les expressions diverses de l’agressivité verbale et parfois même physique. Par<br />

Rommel Erwin Makon Page 3


ailleurs, les motivations et les intentions des auteurs des conduites d’incivilité voire d’incivisme<br />

paraissent très variées. Enfin, les espaces dans lesquels ces actes se manifestent sont également de<br />

nature différente. Le plus souvent, il s’agit d’espaces ouverts au public (rue, transports en commun,<br />

bureaux de poste, commerces, écoles), mais il peut également s'agir d'espaces privés, par exemple au<br />

sein des entreprises. On s’aperçoit, alors, que la notion d’incivilité comprend de multiples<br />

facettes, tout comme d'ailleurs celle d'incivisme avec laquelle elle se confond<br />

volontiers notamment dans la lecture de leurs manifestations . Par conséquent,<br />

vouloir en donner une définition trop stricte serait nécessairement les réduire à un cadre<br />

interprétatif spécifique. Sans prétendre à l'exhaustivité, on abordera l’incivisme et l’incivilité ici en<br />

tant que conduites fondamentalement sociales.<br />

Rommel Erwin Makon Page 4


RECREER UN CERCLE VERTUEUX : IL FAUT S’INTERDIRE DE NE PAS<br />

INTERDIRE<br />

I- DE LA TO LER ANCE ZERO<br />

Il nous faut refuser la facilité et afficher ou – disons-le – clamer notre courage<br />

d’afficher les interdits fondés sur les lois naturelles de la vie en<br />

collectivité, afin que chacun soit à même de mesurer où commence la liberté des autres.<br />

L’adage le dit fort bien « notre liberté s’arrête où commence celle des autres ». Il s’agit<br />

d’une affirmation du respect des expressions singulières des libertés particulières. La<br />

reconnaissance de droit d’usage de l’espace public par tous implique le respect de cette<br />

espace comme propriété commune. La culture de l’excuse et une certaine confusion<br />

des valeurs n’ont qu’un résultat : rendre les règles incompréhensibles pour<br />

ceux qui doivent les respecter.<br />

Il n’y a d’ailleurs pas de débat sur les principes. Le respect des règles, la nécessité de partager le bien<br />

commun sont des valeurs actuelles. Personne ne conteste l’exigence de la civilité pour partager<br />

harmonieusement un espace public qui faute de quoi, deviendrait conflictuel.<br />

Rommel Erwin Makon Page 5


On trouvera aisément dans le corpus des valeurs de la République, notamment celles mises en<br />

exergue dans le référentiel des valeurs défendues par le Ministère de la Jeunesse et de l’Education<br />

civique du Cameroun, tous les principes fondamentaux de ce cercle vertueux à recréer. La percée de<br />

l’incivilité et de l’incivisme remet en cause la liberté du citoyen d’agir dans l’espace commun à cause<br />

d’une rupture de la convivialité et une négation du partage de cet espace commun. Mais cela va bien<br />

au-delà. Partout dans le monde s’impose la nécessité de codes universels qui rendent possibles et<br />

vivables des promiscuités éphémères et non choisies. Doit-on alors tolérer ce qui peut-être considéré<br />

comme une négation de la présence de l’autre dans les lieux partagés ? Rien de tels que les actes<br />

incivils pour empoisonner la convivialité. De petites incivilités, des incivilités tolérées<br />

vont à terme démontrer une absence de contrôle social et laisser libre cours<br />

à des actes mettant à mal la cohésion sociale. C’est contre cette logique du<br />

pourrissement sociétal vue comme dégradation progressive de la société que la théorie du<br />

carreau cassé va prendre corps.<br />

La théorie du carreau cassé fut publiée en 1982 par deux auteurs en sciences sociales, James Q.<br />

Wilson et George L. Kelling, dans The Atlantic, une revue politique et culturelle qui parait aux<br />

États-Unis. Cette théorie soutient qu’un carreau (ou une vitre) cassé mènera, à plus ou moins long<br />

terme, à la destruction de tous les autres carreaux de la fenêtre. Les bris matériels apparents<br />

témoignent d’un laisser-aller et d’une négligence dans l’entretien du milieu, qu’il s’agisse d’une rue,<br />

d’un quartier ou d’un édifice. Ce délabrement manifeste amène le passant ou l’usager du milieu à<br />

penser que personne n’est responsable de l’entretien des lieux. Au contraire, lorsque la surveillance et<br />

l’entretien des lieux sont assurés, les signes apparents de l’exercice d’un contrôle<br />

social préviennent la prolifération d’actes inciviques entraînant le<br />

délabrement du mobilier urbain. Ainsi, la non-réparation des bris matériels témoigne du<br />

manque de contrôle social au sein du milieu; celui-ci étant ce qui permet à la communauté de rester<br />

soudée, de respecter les biens matériels autant que les individus. …<br />

Rommel Erwin Makon Page 6


II- POUR UNE LEC TURE POLICIERE DE L’<strong>INCIVISME</strong> ?<br />

La lutte contre l’incivisme et les incivilités doit s’exercer dans un contexte où les comportements<br />

inciviques sont assujettis à un règlement. C’est une nécessité. Or les règlements en<br />

question, qui criminalisent les incivilités, n’existent pas ou alors sont mal connus. Au delà de certains<br />

faits délictueux réprimés par le code pénal ou le code civil, il est important d’adopter de<br />

nouvelles législations rendant passibles de contraventions une panoplie de<br />

comportements qui n’étaient auparavant que des comportements<br />

désapprouvés. Il faut engager une réflexion sur ces comportements pouvant être sanctionnés<br />

juridiquement en vertu des règlements municipaux. L’expérience montre que nombre de citoyens<br />

posent ces actes devant les forces de l’ordre sans être interpellés, c’est-à-dire qu’ils outrepassent<br />

les limites de liberté qui leur sont consenties par les règlements sans subir la sanction réservée à de<br />

tels délits.<br />

Une sanction ? Nous ne voulons pas, dans notre propos, laisser à croire que notre lecture de<br />

l’incivisme et de l’incivilité est résolument sécuritaire bien que la dimension policière de la lutte face à<br />

la montée de l’incivisme et l’incivilité est à prendre en compte. Notre approche est surtout<br />

pédagogique et socialisante dans le sens où elle veut par le discours et le travail sur l’homme,<br />

corriger les travers et manquements au code citoyen.<br />

Il faut cependant reconnaitre avec Dominique P icard que le problème est beaucoup plus<br />

complexe qu’il n’y parait. Il n’est pas seulement question de manque d’éducation pour les<br />

contrevenants au code de civilités. Dans l’analyse qu’elle fait de l’incivilité de Dominique Picard dit que<br />

si le terme ‘‘incivilité’’ veut bien dire ce que lui donne à dire les dictionnaires, à savoir ‘‘ une négation<br />

de la civilité’’, la notion d’incivilité aujourd’hui va bien au-delà du manque de savoir vivre car elle<br />

véhicule à la fois les émotions et la violence contestataire. « Quelqu’un de « mal élevé », de « pas<br />

éduqué » comme on dit encore, l’est par ignorance, par manque précisément d’éducation, ce<br />

qui n’est pas de son fait mais celui de ses parents et plus généralement de son milieu social.<br />

Tout comme il ne sait pas parler, il ne sait pas se tenir, etc. Mais l’incivilité, telle qu’elle est<br />

dénoncée de nos jours, n’est pas forcément un manque d’éducation, elle est principalement<br />

provocation, en toute connaissance de cause et non par ignorance. Il s’agit précisément de<br />

Rommel Erwin Makon Page 7


efuser les valeurs de la société en imposant la loi de la violence, et le savoir-vivre ne peut<br />

être le remède à l’incivilité, car l’incivilité n’entend pas être un mal, elle se prétend la loi.<br />

D’une certaine façon, elle dénonce précisément le fait que le savoir-vivre, la civilité, soit<br />

l’apanage d’une partie de la société, et entend répondre par le comportement qui lui est<br />

attribué. Ce serait ainsi l’exclusion qui conduirait à l’incivilité : parce qu’ils sont exclus, ils<br />

se comportent en niant et détruisant les valeurs de ceux qui les excluent. » 1 .<br />

Dans le contexte africain et notamment camerounais, la distinction entre les exclus qui seraient<br />

fauteurs d’incivilités et les autres n’est pas aussi tranchée. On recrute les auteurs d’actes contraires<br />

au bon sens social dans les deux camps. Le camerounais « d’en haut » n’en est pas exempt. Que se<br />

passe-t-il chez nous ? Le constat qui peut être fait par tous est que la société camerounaise se<br />

transforme à une vitesse inouïe. Les valeurs sociales autrefois très répandues s’étrécissent pour<br />

donner droit à une expansion de l’incivisme et des incivilités. Ce sont par exemple : la pratique de la<br />

justice dite ‘‘populaire’’, les actes de vandalisme, le manque d’intérêt pour la chose publique, le nonrespect<br />

de l’autorité de l’Etat, l’intolérance sous toutes ses formes… Ce déclin du comportement<br />

responsable du citoyen se situe à tous les niveaux de la société, indifféremment de la classe d’âge et<br />

du statut social, mais de façon plus accrue, au niveau de la jeunesse. Il faut voir pour le déplorer<br />

comment les hauts commis de l’Etat flirtent avec les caisses de l’Etat, il faut admirer négativement à<br />

quel point l’incivisme fiscal a fait son lit chez les hommes d’affaires… Faut-il encore se pâmer devant<br />

ces dames qui se dénudent devant tous pour gicler au bord des trottoirs comme ces hommes sans<br />

gêne, ceux là qui défèquent au coin des rues, de ces ‘‘bons citoyens’’ qui s’octroient le droit d’attendre,<br />

de stopper ou d’emprunter un taxi n’importe où et n’importe comment sans tenir compte des lieux<br />

prévus à cet effet ?… Cette situation constitue une remise en cause des acquis en matière de droits<br />

humains et un danger croissant à la fois pour l’équilibre et le développement de notre société. Cette<br />

montée de l’incivisme impose la mobilisation de toutes les énergies en vue de trouver les meilleures<br />

stratégies d’actions de promotion du civisme de façon à restaurer les valeurs de tolérance, de paix et<br />

à consolider les efforts de développement.<br />

1 Évelyne Larguèche , « Dominique Picard, Pourquoi la politesse ? Le savoir-vivre contre l’incivilité »,<br />

L’Homme, 189 | 2009, [En ligne], mis en ligne le 19 mai 2009. URL : http://lhomme.revues.org/21206.<br />

Rommel Erwin Makon Page 8


D<br />

INCIVILITES… <strong>INCIVISME</strong>…DE QUOI PARLE-T-ON ?<br />

ans un article sur l’animation socioculturelle, nous montrions déjà la complexité<br />

qu’il y avait à donner une définition à certains concepts. Il y a une difficulté à<br />

délimiter une définition générale pour certains termes. L’incivilité et l’incivisme<br />

sont de ceux-là. Il est cependant bien plus pertinent d’approcher l’incivilité et<br />

l’incivisme en en produisant les caractéristiques. « Les définitions étant<br />

fortement dépendantes des contextes d’énonciations et des enjeux<br />

politiques, sociaux et économiques qui encadrent les actions de terrains.<br />

Pour nous sortir de cette complexité et comprendre au mieux [l’incivilité et l’incivisme], la<br />

meilleure méthode consiste à croiser les différents éléments de définitions présentés par<br />

plusieurs auteurs afin de mettre en relief le dénominateur commun émergeant de la<br />

littérature, et des [manifestations] dont nous avons connaissance. » 2<br />

Une confusion entre l’incivilité et l’incivisme peut entretenir une confusion dans l’esprit des acteurs de<br />

terrain. Civisme et civilité sont deux notions voisines aux réalités et implications différentes. Toutes<br />

tournent autours du même sujet, la place et l’action de l’individu dans la société mais ne recouvrent<br />

2 Rommel E. MAKON<br />

http://www.academia.edu/2230980/ANIMATION_SOCIOCULTURELLE_DANS_LES_UNIVERSITES_CAMEROUNAIS<br />

ES._Action_de_terrain...Interrogation_globale»<br />

Rommel Erwin Makon Page 9


pas la même surface. Mais utiliser l'une pour l'autre n'est plus seulement une faute de vocabulaire. Les<br />

conséquences peuvent être la banalisation de sujets qui mériteraient plus d’attention.<br />

I- THEM ATIQUE DES INCIVILITES<br />

La thématique des incivilités , constitue, pour les spécialistes des sciences humaines, un<br />

prisme théorique, qui permet d’apercevoir l’état des relations intergroupes et la supposée crise des<br />

repères et de la transmission dans un contexte social donné. Dans de très nombreux travaux,<br />

vandalisme et incivilités sont confondus ou, plus exactement, les incivilités sont incluses dans le cadre<br />

général du vandalisme. Quatre mécanismes expliquent ce phénomène :<br />

- Le rejet de l’objet en raison de l’absence d’un sentiment d’appartenance<br />

- Le mauvais climat social de la collectivité et l’absence de cohésion sociale<br />

- La multiplication de micro-comportements de négligence et<br />

- L’inadéquation de l’environnement aux besoins de l’usager 3 .<br />

Pour d’autres auteurs tels que Gabriel M oser 4 , les incivilités et vandalisme ne sont pas<br />

synonymes. Le vandalisme est alors défini comme une dégradation volontaire de l’environnement,<br />

caractérisée par l’absence de motivations et de projets… G offman 5 quant à lui, considère les<br />

incivilités comme des « offenses territoriales », tandis que Bernard, les prend pour la non observance<br />

de règles tacites relatives aux actes usuels de la vie quotidienne.<br />

« <strong>INCIVISME</strong> ou INCIVILITES » ? La littérature en la matière n’aide pas vraiment le lecteur ou les<br />

travailleurs sociaux cherchant quelque éclaircissement, tant les définitions diffèrent d’un texte à<br />

l’autre surtout lorsqu’on veut aller au-delà des définitions classiques pour celles plus opérationnelles.<br />

Il ya à chaque instant un risque de confusion inévitable qui est lié à l’évolution des sociétés et partant<br />

à l’expression des présences sociales au travers des sociabilités parfois conflictuelles, tant dans les<br />

rapports horizontaux entre citoyens que dans les rapports verticaux avec l’Etat. Il semble pourtant<br />

3 Lévy-Leboyer cité par Gabriel Moser in Psychologie environnementale : les relations hommeenvironnement,<br />

de Boeck, DL Bruxelles 2009.<br />

4 Gabriel Moser, idem<br />

5 Erving Goffman, La Mise en scène de la vie quotidienne 1959, trad. fr. 1973, rééd. Minuit, coll. « Le Sens<br />

commun », 1996.<br />

Rommel Erwin Makon Page 10


ien plus aisé de définir les radicaux CIVISME et CIVILITE. Le préfixe ‘in’ complexifie davantage ce qui au<br />

départ semblait facilement perceptible. Parlant de la difficulté à circonscrire un concept, P ierre<br />

B esnard 6 va affirmer qu’il est plus pertinent de produire des caractéristiques que de tenter de<br />

délimiter une définition générale. Les définitions étant fortement dépendantes des contextes<br />

d’énonciations et des enjeux politiques, sociaux et économiques qui encadrent les actions de terrains.<br />

Ainsi ce ne sont pas tant les mots qui importent mais plutôt les réalités qu’ils recouvrent et qu’ils sont<br />

censés représenter. Il ne semble pas très intéressant de chercher ici à définir tous ces termes : tant<br />

d’auteurs s’y sont déjà essayés avec plus ou moins de succès, certains utilisant des termes différents<br />

pour dire la même réalité, d’autres utilisant des termes identiques pour dire des réalités différentes. Il<br />

paraît par contre plus intéressant d’essayer de comprendre ce qui distingue - mais aussi ce qui relie<br />

l’incivisme et l’incivilité, et ce que seraient les « ingrédients » qui les caractérisent.<br />

II-<br />

CIVILITE E T C IVISME : UN M<strong>ET</strong>ISS AGE<br />

Une définition du civisme rend compte d’une attitude d'attachement à la communauté nationale et à<br />

ses institutions et une participation régulière à ses activités. Ici, priorité est donnée par le citoyen aux<br />

intérêts de la nation sur ses intérêts particuliers. Il s’agit donc pour l’individu de respecter la<br />

collectivité publique dans laquelle il vit. Et donc notamment pour sa constitution, ses lois, son intégrité,<br />

son indépendance et ses engagements. Cette lecture du civisme rend compte des rapports que<br />

l’individu entretient avec les institutions représentant la communauté. Le respect de la chose publique<br />

est donc essentiel. L’individu connait les règles et les applique. Le civisme relève donc du S AVOIR et<br />

partant de là, l’incivisme devient une IGNORANCE, un obscurantisme qui génère des actions qui<br />

contrarient l’affirmation d’une reconnaissance de la république. L’incivisme implique de fait une<br />

méconnaissance des règles fondamentales organisant la collectivité, une méconnaissance par<br />

l’individu, de sa place dans la collectivité, des difficultés à cerner ses droits et devoirs et le refus<br />

d’agir dans ce cadre.<br />

6 Pierre Besnard, Animateur socioculturel, fonctions, formation, profession, (1980) Paris, ESF.<br />

Rommel Erwin Makon Page 11


Vus sous cet angle, les droits civiques sont les droits accordés par l'Etat à tous ses citoyens quand ils<br />

atteignent l'âge de la majorité, droits qu’on peut perdre par décision de justice. C'est par exemple le<br />

droit de vote, d'éligibilité, le droit de témoigner en justice, le droit d'enseigner, le droit de servir dans<br />

l'armée etc. On voit ici une première différence avec les droits civils qui sont de droits attachés à la<br />

personne même. Ex: le droit à la liberté de pensée, le droit à la liberté d'expression, le droit au<br />

mariage et le droit de fonder une famille etc.<br />

Le civisme nécessite donc une "conscience politique" et implique la connaissance de ses droits<br />

en tant que citoyen ainsi que de ses devoirs vis-à-vis de la collectivité. Le civisme, qui est l'état du<br />

citoyen respectueux de ses devoirs et des principes collectifs, se distingue :<br />

- de la citoyenneté qui n'est que la condition de citoyen,<br />

- de la civilité qui relève du respect des autres dans les rapports privés et même publics.<br />

A première vue donc, le civisme touche à la sphère publique. Toutefois, le civisme est aussi<br />

horizontalité des rapports avec les autres, et en cela, il s’imbrique étroitement à la civilité. L´éthique y<br />

joue aussi un grand rôle, mais le civisme n´est pas le synonyme de bonnes mœurs. Bien qu’impliquant<br />

l’existence de la citoyenneté, le civisme n'est pas seulement un statut. C’est aussi notre rapport avec<br />

la société et la chose publique. Le civisme implique aussi une action en faveur de l'intérêt public.<br />

Conséquemment, il sort de la sphère privée car les manifestations de l’incivisme impactent sur<br />

l’organisation sociale et les individus. Il s’agit donc d’actes visibles de manifestation quotidienne dont<br />

la frontière avec les incivilités semble si infime. Chaque jour les gens vident la poubelle juste à coté<br />

des bacs à ordures, il y aura toujours un conducteur qui ne voudra pas laisser passer une ambulance<br />

dans l’embouteillage, un autre qui ne se privera pas de téléphoner au volant, on verra toujours un<br />

conducteur de moto slalomer entre les voitures…B ien nombreux sont ce qui savent ce<br />

qu’il faut faire mais ne le font pas.<br />

La civilité, est quant à elle, le savoir- vivre élevé au niveau de la société. Le savoirvivre<br />

privé concerne l'ensemble des règles communément admises pour se comporter de façon<br />

courtoise en famille, en réunion, dans les réceptions...La civilité, c'est en quelque sorte la même chose<br />

mais porté au niveau des relations sociales. L’incivilité va à l’encontre de ces règles sociales<br />

Rommel Erwin Makon Page 12


communes. La ruse de l’incivilité consiste à se maintenir en deçà du seuil de gravité qui justifierait une<br />

action de police… Une ruse d’autant plus habile que la gravité est une notion incontournable pour<br />

[agir]. La question de la gravité doit donc être posée autrement. Quand les incivilités se concentrent<br />

dans un secteur de la ville, elles ont un impact dévastateur sur la qualité de la vie sociale 7 . Pour<br />

Julien P iednoir, le concept d’incivilité se superpose de façon imparfaite avec celui d’infraction et<br />

seul la gravité permet de les distinguer 8 . Il importe donc, pour comprendre le phénomène ou pour agir<br />

sur lui, de considérer aussi les éléments intermédiaires qui articulent ces deux points. L’incivilité c’est<br />

donc un comportement contraire aux exigences comportementales fixés par les convenances sociales<br />

qui servent de référence.<br />

III- LE C AR AC TERE CONTRE-NORM ATIF E T REPRESENTATIONNE L DE<br />

L’INCIVILITE<br />

Les normes sociales forment un cadre de référence qui permet de distinguer les conduites<br />

socialement acceptables des conduites qui ne le sont pas. Les interactions sociales font toujours<br />

référence à ce cadre normatif, c’est-à-dire, à l’ordre, à la civilité. Aimée Casal 9 dans un article<br />

chez Academia. edu reprend ainsi les mots de Bernard, “les règles de civilité sont un ensemble de<br />

conventions partagées sur ce qui dans les actes usuels de la vie quotidienne se fait ou ne se fait pas,<br />

un guide d’action mental qui serait recommandé”. Et pour elle, l’incivilité apparaît comme un refus<br />

temporaire ou local de ces standards sociaux. La civilisation n'est pas un fait, ou une entité, mais un<br />

processus. Les « mœurs », c'est-à-dire les manières de se tenir à table, de se moucher, de déféquer,<br />

la sexualité..., évoluent très rapidement vers un refoulement de leur aspect « animal » ou<br />

« pulsionnel ». Cette évolution des pratiques s'accompagne d'une évolution de la sensibilité, comme le<br />

montrent les sentiments de honte ou de dégoût que nous éprouvons désormais face à des pratiques<br />

« non-civilisés » qui étaient banales 10 . Selon R ouquette, les normes forment une suite ordonnée sur<br />

7 Maurice Cusson dans la préface du livre de Julien Piednoir, La police à l’épreuve des incivilités : la<br />

dynamique du désordre. L’harmattan, Sciences criminelles<br />

8 Julien Piednoir, idem<br />

9 http://www.academia.edu/1889867/DISTINCTION_SOCIALE_<strong>ET</strong>_CONDUITES_DINCIVILITE_DANS_LE<br />

S_ESPACES_COMMERCIAUX_OUVERTS_AU_PUBLIC<br />

10 Norbert Elias, La Civilisation des mœurs, trad. fr. 1973, rééd. Calmann-Lévy, coll. « Liberté de l'esprit »,<br />

1991<br />

Rommel Erwin Makon Page 13


laquelle on peut distinguer: ce que l’individu ne doit pas faire, ce qu’il lui est permis de faire, ce qu’il<br />

convient pour lui de faire, ce qu'il doit faire. Presque partout dans nos villes et dans nos rues, c’est<br />

cet aspect animal qui refait surface... On assiste ni plus ni moins qu’à une animalisation des<br />

comportements.<br />

Il faut s’appuyer sur des représentations socialement partagées pour qualifier un acte d’incivil ou<br />

de civil ; pour accepter ou non certaines conduites. Toutefois le bon sens nous interdit de tout<br />

accepter. Mais qu’est-ce que le bon sens dira-t-on...autre débat ! Un acte est donc jugé incivil s’il ne<br />

s’inscrit pas dans le ‘répertoire de l’admissible’ établi pour un type de contexte donné. L’appartenance<br />

à un groupe particulier étant susceptible de faire varier les normes de la civilité, les représentants<br />

des différents groupes sociaux n’évalueront pas la même conduite de façon identique. L’incivilité<br />

perçue apparaît donc aussi comme le produit d'un jugement porté sur une conduite, le résultat d’une<br />

évaluation circonstancielle basée sur des représentations socialement partagées 11 . Dès lors, le<br />

respect/irrespect des normes sociales constitue l’axe essentiel selon lequel les représentations<br />

communes de la civilité et de l’incivilité se contre-définissent. Faut-il alors penser qu’un groupe de<br />

‘‘marginaux’’ en viendrait à définir une ligne de conduite qui bien que contraire au ‘’bon sens ‘’<br />

s’imposerait aux autres ? la civilité est aussi une expression d’humanité qu’il y a en chacun de nous.<br />

Elle relève donc du S AVOIR E TRE 12 . Un comportement canin restera l’apanage des chiens tandis que<br />

les félins reconnaitront les leurs. Quant aux hommes… ils doivent le rester ! Mais comment expliquer<br />

que l’humain veuille à ce point remettre en cause sa supériorité vis-à-vis de l’animal ? Nos rues, nos<br />

quartiers sont révélateurs de ces actes antisociaux et de ces conduites plus que gênantes.<br />

L’incivilité qualifie des actes et des pratiques multiples et variées qui ont la particularité<br />

commune de produire du désordre. Nadine R oudil dira justement que l’incivilité symbolise avant<br />

tout une série de manquements aux codes de bienséance, de politesse et de vie en communauté.<br />

L’incivilité désigne également des comportements entraînant une mise en danger d’autrui, réelle ou<br />

supposée, à travers la production de nuisances de toutes sortes. L’incivilité consiste à signifier la<br />

11 Flament, C. & Rouquette, M.-L. (2003). Anatomie des idées ordinaires. Comment étudier les<br />

représentations sociales. Paris : Armand Colin.<br />

12 Rommel E. Makon<br />

http://www.academia.edu/2189356/<strong>JEUNESSE</strong>_<strong>EDUCATION</strong>_<strong>CIVIQUE</strong>_<strong>ET</strong>_CITOYENNE._Cameroun_lobli<br />

gation_civique_de_servir<br />

Rommel Erwin Makon Page 14


utalité et la rusticité de certains comportements par opposition aux principes de bienséance et de<br />

courtoisie. L’incivilité notifie alors un défaut de connaissance des usages 13 .<br />

Dans ce contexte, l’individu « incivil » adopte un comportement allant à l’encontre<br />

des valeurs dites civiles devenues légitimes alors que « l’incivique » va contre les<br />

valeurs dites républicaines. Il s’agit donc d’une notion sociologique qui agrège les<br />

comportements et actes posé avec une volonté intentionnelle ou non de contrevenir à la norme<br />

établie. La frontière entre les actes incivils et les actes inciviques est donc ténue. Ce sont des<br />

attitudes qui s’inscrivent aisément dans un environnement où la lecture des valeurs est biaisée par la<br />

tolérance des contre-valeurs ou des antivaleurs. Un célèbre philosophe camerounais, Hubert M ono<br />

Ndjana, parlait d’un contexte où l’anormal devient la norme et la norme ce qui est anormal. Jean-<br />

P hilippe M oinet, directeur de la Revue civique explique en ces termes cette dégradation du lien<br />

social «Sans doute parce que l'entorse à la règle apparaît de nos jours comme une manière<br />

d'exister et d'affirmer son identité, alors que le civisme n'est ni récompensé ni valorisé».<br />

On voit qu’il s’agit ici de deux axes de travail sensiblement différents : un domaine éthique (jugement),<br />

et un ensemble de comportements sociaux (pratique).<br />

<br />

<br />

Travailler sur les civilités signifie engager une action orientée vers l’acquisition des<br />

pratiques, d’un savoir-faire pratique, d’un savoir-être qui transparait dans l’observance des<br />

convenances et des bonnes manières en usage dans un groupe social.<br />

Le travail sur le civisme consistera essentiellement en des activités de réflexion,<br />

censées entraîner des modifications dans les représentations et entrainer une adhésion en<br />

rapport avec ce qui est souhaité.<br />

« Le travail le plus décisif (et le plus délicat) concernera (…) le civisme. À quelles conditions<br />

la réflexion sur l’action et l’opinion peut-elle aboutir à des modifications réelles ? Mais le<br />

rôle des civilités n’en est pas moins important : dans la vie quotidienne, on sait que les<br />

entorses aux rituels suscitent l’agressivité. Plus souvent que la violence, c’est le manque de «<br />

savoir-vivre » qui est couramment déploré. Certains « manques » dans les civilités sont<br />

13 Nadine Roudil « Normaliser les conduites des mineurs délinquants en CER : faire face à l'incivilité au<br />

quotidien », Empan 3/2005 (n° 59), p. 138-143.<br />

Rommel Erwin Makon Page 15


d’ailleurs explicables par des différences culturelles, et il n’est pas inutile d’en discuter avec<br />

les jeunes. » 14<br />

Et, de fait, ce qui va donner de la cohérence à une démarche civique, c’est un mouvement vers de<br />

nouvelles relations sociales, et non la pure acceptation de règles immuables. Cela passe par la<br />

constatation de contradictions dans la vie courante et dans le monde « tel qu’il est ». Cela<br />

repose sur un pari : que ces contradictions peuvent être dépassées ; qu’il n’y a pas fatalement<br />

opposition entre mes désirs et ceux des autres, entre épanouissement individuel et<br />

développement collectif, entre liberté et égalité 15 , etc. ; en résumé : que « chacun peut<br />

transformer les choses autour de lui » (Robert Kennedy).<br />

Par la permanence et la multiplicité de leurs expressions, l’incivisme et les incivilités sont<br />

susceptibles de détruire l’unité sociale qui permet de se préserver des atteintes et laissent, faute de<br />

contrôle social, des vides aussitôt comblés par des désordres de moins en moins ordinaires.<br />

[Une incivilité est] une action qui engendre un trouble anormal à la tranquillité civile.<br />

Prenons quelques exemples : le vol est une infraction. Le fait pour un individu de passer sans autorisation devant<br />

un groupe de personnes qui font la queue à un guichet ou de cracher par terre juste au moment de croiser<br />

quelqu’un est une incivilité. La dégradation d’un bâtiment est une infraction, la salissure est une incivilité. Bien<br />

entendu beaucoup d’infractions possèdent une dimension incivile. Voler, ce n’est pas seulement troubler l’ordre<br />

public, c’est aussi causer un dommage à la victime, ce qui inclut une incivilité à l’égard du volé. Inonder ses<br />

voisins de décibels constitue tout à la fois une infraction12 et une incivilité. Mais il existe bien des incivilités qui ne<br />

sont pas des infractions. Des comportements constituant une gêne sociale ne sont pas appréhendés par la loi<br />

comme des délits. Ils engendrent des désordres minimes, mais réels. Ce trouble est perçu comme anormal,<br />

injustifié, surtout s’il est répété. Mais ce n’est pas l’ordre public qui est affecté, c’est la sérénité de la cohabitation<br />

entre les êtres : la tranquillité publique. Ainsi, les incivilités constituent une sorte d’entre deux : entre de "petites"<br />

infractions au sens pénal (souvent contraventionnelles) et les innombrables désordres "normaux" et communément<br />

tolérés de la vie sociale. C’est pourquoi parfois elles mettent mal à l’aise les juristes (qui vont essayer de chercher<br />

une infraction sous chaque incivilité), parfois elles servent de prétextes pour effacer l’infraction bien réelle qui<br />

existe derrière certaines incivilités, et la notion permet alors à des acteurs de mettre en œuvre un traitement, voire<br />

des sanctions, non-judiciaires (en esquivant la nécessité des garanties procédurales).<br />

Didier PEYRAT, Habiter cohabiter La sécurité dans le logement social<br />

http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/024000101/0000.pdf<br />

14 Marie-Lou Bernard,Henri Berquin 100 idées pour une éducation civique, Collection 100 idées, Editions<br />

Tom Pousse, 2010<br />

15 idem<br />

Rommel Erwin Makon Page 16


Judith Lazar 16<br />

parle d’une forme d’incivilité qui est bien connu chez nous. L’incivilit é<br />

cognitive qu’elle définit comme des actes commis dans l’espace public, accomplis sous forme<br />

d’écrits, diffusés au sein du milieu professionnel (revues spécialisées) ou livrés au grand<br />

public (journaux et livres) et visant, pour celui qui les commet, soit à accroître sa propre<br />

notoriété scientifique, soit à démolir un adversaire (ou un groupe) qui n’appartient pas au<br />

même clan que lui – surtout sur le plan idéologique. Il n’est guère besoin d’insister sur le fait<br />

que la personne visée doit avoir une réputation, une reconnaissance, un statut suffisants pour<br />

mériter une telle attention. L’objectif est justement sinon de ruiner sa réputation, au moins de<br />

tenter de semer le doute auprès du public sur la valeur de sa production ou son « intégrité ».<br />

Lorsqu’on visite les ‘‘UNE’’ de la plupart des journaux qui paraissent chez nous, le spectacle est assez<br />

éloquent de cette forme d’incivisme. Nous ne renions pas aux journaux leur mission d’informer voir de<br />

dénoncer mais tout de même…Malcolm X parlait déjà de cette incivilité cognitive. Tout y passe…des<br />

insultes les plus basses aux caricatures les plus hostiles… des noms d’oiseaux à la calomnie la plus<br />

honteuse. Mais reconnaissons tout de même aux média leur rôle d’interpellation.<br />

16 Judith Lazar, « l’incivilité cognitive : une autre facette de la violence » Revue du MAUSS 2/2001 (n o<br />

18), p. 282-291.<br />

Rommel Erwin Makon Page 17


PREVENIR <strong>ET</strong> GERER LES RISQUES GENERES PAR L’<strong>INCIVISME</strong> <strong>ET</strong><br />

LES INCIVILITES<br />

L’approche de la lutte contre l’incivisme et les incivilités est différente<br />

des logiques du service civique obligatoire. Dans le premier cas, il s’agit<br />

d’engager les populations (jeunes ou moins jeunes), à un devoir de considération de la<br />

société, de la communauté, de l’Etat tout en respectant leurs droits, dans un cadre qui<br />

oblige à ne pas violer la décence et la déférence dues à la république et à ses<br />

symboles. Dans le cas du service civique obligatoire, il s’agit d’un modèle qui repose<br />

sur la contrainte imposée par la loi et les textes réglementaires. Plus concrètement la logique<br />

d’action permet d’inculquer aux jeunes des notions basiques du vivre ensemble.<br />

La prévention et la gestion des risques d’incivisme et d’incivilités appellent deux types d’action :<br />

<br />

Un travail social qui inscrit ses actions dans le long terme de ses attendus définis par la<br />

perfectibilité des populations prises en charge et qui sont évalués dans leur dimension<br />

sociétale. Il s’agit d’aider à l’adaptation réciproque des individus par l’utilisation de techniques<br />

et de méthodes destinées à permettre aux individus, aux groupes, aux collectivités de faire<br />

Rommel Erwin Makon Page 18


face à leurs besoins, de résoudre les problèmes que pose leur adaptation à une société en<br />

évolution, grâce à une action coopérative, d'améliorer les conditions sociales. Définition des Nations<br />

Unies, 1959.<br />

Une Intervention sociale qui ne traite en quelque sorte que des conséquences, et ne se<br />

saisit, dans une visée pragmatique, que des situations présentes. Ce faisant, les actions<br />

d’abord appréhendables comme actions situées (locales). L’intervention sociale relève de la<br />

logique du projet qui est un ensemble finalisé d’activités et d’actions entreprises dans le but<br />

de répondre à un besoin défini dans des délais fixés et dans la limite d'une enveloppe<br />

budgétaire allouée.<br />

I- DES DISPOSITIFS POUR UNE ACTION E FFICACE<br />

Ainsi, pour prévenir et gérer les risques générés par l’incivilité, les dispositifs de prévention devraient<br />

axer leur action sur l’encadrement et l’éducation des « groupes cibles » que sont « les jeunes dans<br />

l’espace public, les décrochés scolaires, les toxicomanes » ainsi que les autres couches de la<br />

population. Cet encadrement se fait par des actions de prévention et par la mise sur pied de nouvelles<br />

interfaces dans les relations interpersonnelles au sein des quartiers, des écoles de ces quartiers et<br />

des antennes locales des administrations. Ces interfaces peuvent être sociales comme c’est le cas du<br />

travail de rue, de la médiation de voisinage, des échanges avec les autorités traditionnelles…<br />

Les constituants organiques sont une multipolarité urbaine issue de synergies locales et s’orientent<br />

vers un double objectif de diffusion de bonnes pratiques et d’attraction à partir de leurs dominantes<br />

que sont les valeurs référencées. Il appartient donc à l’instance ministérielle d’en<br />

exprimer la logique structurante qui va permettre la mise en réseau interterritoriale de ces<br />

pôles afin de mutualiser des ressources pour des projets collectifs susceptibles de présenter une<br />

autre dimension spatiale de la lutte contre l’incivisme et les incivilités.<br />

Ces dispositifs de la politique vont soutenir par leur financement, les travailleurs<br />

sociaux qui ne doivent plus agir simplement à travers la rhétorique du récit urbain<br />

mais bien plus en utilisant tous les outils de l’ingénierie sociale et de l’entreprenariat,<br />

Rommel Erwin Makon Page 19


dont la dynamique du projet et la contractualisation qui relèvent d’une politique de responsabilisation<br />

individuelle. La construction d’espaces critiques, de groupes, manifestations, instances de réflexion et<br />

de débats, comme autant de lieux de transactions relationnelles, de résistance, de conflit, relève de<br />

l’idéal d’émancipation sociale de l’animation.<br />

II-<br />

UN POSITIONNEMENT FOR T DU TR AVAILLEUR DU SOCIAL<br />

Le Ministère de la Jeunesse et de l’Education civique (au Cameroun) et les employeurs du<br />

social doivent mettre en berne le discours handicapant sur le pseudo engagement vocationnel de<br />

l’Animateur. Ces acteurs ont plus que d’autres une compétence stratégique leur permet de jouer avec<br />

la maîtrise de zones d’incertitudes et d’alliances pour mettre en œuvre des stratégies d’ajustement<br />

multiples. La participation à une régulation sociale partenariale entraîne un jeu d’interactions, entre<br />

animateurs et groupes cibles.<br />

Les éducateurs qui se revendiquent acteurs de transformations sociales ont donc pour mission :<br />

agir sur les comportements susceptibles de produire du désordre. L’intention<br />

de promouvoir les normes établies et une volonté d’encadrer l’ensemble des démarches des<br />

jeunes paraissent être au centre de leurs actions. En effet, derrière l’action des travailleurs<br />

sociaux se profile l’enjeu beaucoup plus vaste des normes qui fondent le vivre ensemble de la<br />

société.<br />

diffuser les normes d’une civilité conforme aux convenances et à la morale<br />

sociale à travers une entreprise de modification des conduites.<br />

véhiculer et vulgariser un certain nombre de valeurs afin de les rendre<br />

communes à tous les jeunes.<br />

Promouvoir des modes de sociabilité en mobilisant et en accompagnant les jeunes<br />

autours des thématiques porteuses de sens, l’objectif étant de favoriser une nouvelle<br />

organisation sociale dans laquelle les jeunes participent à l’opérationnalisation d’un<br />

référentiel de valeurs.<br />

Il s’agit de missions qui sans être entièrement nouvelles, participent de l’émergence et de l’extension<br />

d’une forme de prévention visant à atténuer la fréquence de situations que l’on juge comme<br />

Rommel Erwin Makon Page 20


génératrices des actes d’incivisme en diminuant les probabilités de commission d’infractions ou<br />

d’incivilités . Le principe est d’empêcher, de susciter et d’influencer des comportements sans recourir<br />

forcément à la coercition.<br />

Il est question de réduire les risques de production des actes d’incivilités ou<br />

d’incivisme<br />

en diminuant les situations perméables à l’incivisme ou à l’incivilité raréfiant de fait<br />

les occasions de passage à l’acte,<br />

en éduquant à partir d’un discours mobilisateur qui prend appuis sur les<br />

ressources locales.<br />

Les actions deviennent ainsi plus pragmatiques grâce à un ancrage territorial pertinent et<br />

socialement ciblé. Cette forme de prévention s’accompagne d’une forte médiatisation des actions,<br />

répond au souci d’immédiateté et de visibilité partagé par les initiateurs des dispositifs voulant<br />

montrer à l’opinion publique que la lutte contre l’incivisme et les incivilités est devenue une, voire la,<br />

priorité politique.<br />

Les différents axes peuvent alors être classés schématiquement en trois groupes d’activités:<br />

conception et mise en œuvre de projets;<br />

animation et développement local;<br />

actions de proximité (médiation – contact avec le public, conciliation, régulation sociale –,<br />

soutien, accompagnement, prévention) 17 .<br />

Dans tous les cas, il s’agit de faire vivre l’action, à l’interface des différents protagonistes (acteurs<br />

politiques, économiques, sanitaires et sociaux du territoire, professionnels du développement,<br />

habitants et autres formes de sociabilités), puisque l’activité consiste à mobiliser les acteurs locaux<br />

notamment ceux investis de la responsabilité d’agir sur le terrain, ceux qui sont légitimes pour mettre<br />

en cohérence l’horizontalité avec la verticalité des influences en vue d’une transformation des<br />

17 Beynier (d.) et Chopart(j.-n.), «Déconstruction et reconstruction du champ de l’intervention sociale sur la<br />

base des tâches accomplies », in J.-N. Chopart (dir.), Les Mutations du travail social, Dunod, 2000, pp. 57-92.<br />

Rommel Erwin Makon Page 21


elations sociales dans un espace donné. En ce sens, la compétence du travailleur social<br />

tient en<br />

sa diplomatie (négociation, concertation, coopération),<br />

sa capacité à recourir à tous les moyens disponibles pour arriver à ses fins,<br />

sa disposition à mobiliser ses réseaux (personnels, militants, professionnels…) sans trop<br />

menacer la cohérence des projets de lutte contre l’incivisme.<br />

sa capacité à mettre en œuvre les projets «sur le terrain».<br />

Rommel Erwin Makon Page 22


RECENSEMENT SOMMAIRE DES INCIVILITES <strong>ET</strong> ACTES D’<strong>INCIVISME</strong><br />

I- TYPOLOGIE E T ESSAIE DE CLASSIFICATION<br />

Différentes typologies sur les incivilités ont été développées par bon nombre d’auteurs.<br />

Damon 18 classe les incivilités en cinq catégories :<br />

Les dégradations, qui vont de la salissure au saccage;<br />

Les abandons d’objets sur la voie publique et dans les espaces collectifs<br />

Les interactions difficiles, qui vont de l’inconvenance aux insultes;<br />

Les oppositions, qui vont des conflits individuels relatifs aux bruits et aux odeurs jusqu’aux<br />

chahuts collectifs;<br />

Les occupations d’espace.<br />

S ebastian R oché fait une typologie semblable dans laquelle il place ce que Damon appelle « les<br />

oppositions » dans l’ensemble des conflits récurrents. R oché distingue quatre types d’incivilités :<br />

les dégradations;<br />

la négligence;<br />

18<br />

Julien Damon, «Incivilités et insécurité», État, société et délinquance, 308, mai-juin : 37-42. La<br />

documentation française, 2002<br />

Rommel Erwin Makon Page 23


les tensions spontanées;<br />

les conflits récurrents<br />

Une troisième typologie légèrement différente a été conceptualisée par Christiane Bonnemain qui<br />

divise les incivilités en quatre groupes :<br />

les conflits interpersonnels;<br />

l’obstacle à la jouissance de son environnement,<br />

la méconduite sociale,<br />

le délit.<br />

A présent engageons-nous dans le périlleux exercice qui consiste à faire une liste sommaire des<br />

manifestations de l’incivilité. L’inconvénient d’une liste, si judicieuse soit-elle, est qu’elle regroupe<br />

forcément des points d’inégale importance, qui parfois se recoupent, mais aussi et surtout qu’elle<br />

n’est opérationnelle, pour la compréhension du fonctionnement d’un système qu’à la condition qu’on<br />

puisse l’organiser à l’intérieur d’un modèle. D’un autre côté, face à ce qui relève des comportements<br />

humains, aucune liste ne sera jamais exhaustive.<br />

Les incivilités se manifestent sous plusieurs aspects, elles peuvent être :<br />

sonores : musique, moteur, cris, voix forte, avertisseur, tapage, pétards ...<br />

polluantes : déchets, tags, urine, excréments, crachat, fumée, olfactives, insalubrité<br />

urbaine…<br />

verbales : impolitesse, injures, autres brutalités verbales, menaces de violence<br />

physiques : bousculade, geste ...<br />

passives : obstruction de passage ...<br />

infractionnelles ou délictuelles: occupation illégale du domaine public, stationnement<br />

gênant ou non autorisé, publicité abusive, ...<br />

hostiles :<br />

destructive : vandalisme, dégradation de matériel, des infrastructures, destruction<br />

diverses, affichage sauvage<br />

Toxique : toxicomanie et délits qui en découlent<br />

Rommel Erwin Makon Page 24


Turbulente : Délinquances diverses, troubles divers…<br />

Désordres urbains et déchets abandonnés sur la voie publique<br />

Dépravante et immorales : atteintes à la pudeur et aux bonnes mœurs, obscénités<br />

diverses…<br />

Négligente et inconséquente : divagation des animaux domestiques, irresponsabilité<br />

flagrante, malhonnêteté…<br />

Irrévérencieuse : Outrages aux symboles et emblèmes de l’Etat<br />

mendicité « agressive »<br />

Inconvenante : utilisation importune de téléphones portables,…<br />

Sur le plan hygiénique<br />

La plupart des habitants des villes ne se soucient guère de la propreté de la ville. Des déchets liquides ou<br />

solides sont déversés partout dans les rues, dans les caniveaux… quelquefois même aux abords des<br />

habitations. Dans certains quartiers, des tuyaux servant à la vidange des toilettes et autres lieux d’aisance sont<br />

directement connectés dans les rigoles et en travers la rue. En plein centre urbain, les toilettes en plein air sont<br />

légion. Un journal kinois parlais du « péril fécal » pour déplorer cet état d’indécence et ‘‘d’animalisation’’ de<br />

l’espace urbain. Des exhalaisons nauséeuses à couper son souffle au plus tolérant des anosmatiques. L’autorité<br />

municipale de la ville de Yaoundé a cru bien faire de mettre à la disposition de qui, du Centre Culturel<br />

Français, voudrait rapidement rallier l’Avenue du 20 Mai…Longeant le mur du Centre Culturel français, le<br />

passant plonge dans un univers surréaliste où les relents suffocants perturbent avec insistance l’odorat, tandis<br />

que le regard s’inquiète du spectacle miasmatique de ces toilettes à ciel ouvert.<br />

Rommel Erwin Makon Page 25


II- L’OUTRAGE AUX EMBLEMES <strong>ET</strong> SYMBOLES DE LA REPUBLIQUE : ce qu’il faut<br />

savoir.<br />

Ce sont les agissements de toute nature qui portent atteinte au respect dû au<br />

drapeau national ou<br />

à l'hymne national, la destruction, la dégradation ou la<br />

détérioration, la falsification de tout autre symbole national. Les manifestations les plus<br />

visibles sont notamment les paroles et actes, écrits comme par exemple piétiner, bruler, mutiler,<br />

utiliser pour des actions contraires aux bonnes mœurs ou réprimées par la loi, transformer le<br />

contenu ou le tourner en dérision, utilisation abusive ou contraire à la loi. Sont aussi passibles des<br />

mêmes qualifications la malfaçon, la falsification du sceau de l’Etat, les drapeaux défraichis et mal<br />

entretenus dans les édifices publics, traditionnels ou dans les institutions privés.<br />

Il est fait obligation à certains corps de métier, de par leur fonction, de rendre des honneurs au<br />

drapeau et à l’hymne national. Sont ainsi astreints les corps d’armée, les fonctionnaires de police et<br />

les structures affinitaires, les fonctionnaires relevant de la territoriale affectés au commandement<br />

des unités territoriale, etc. Pour les autres citoyens ce qui est requis tient à l’attitude, au<br />

comportement qui doit démontrer une certaine déférence.<br />

Au regard de ce qui précède, il ya lieu d’éviter une confusion très répandue. Ce n’est pas le fait de<br />

s’abstenir de saluer le drapeau ou de chanter l’hymne national qui est constitutif de<br />

délit d’outrage. C’est le manque de respect dû. Ainsi, marcher, montrer une désinvolture<br />

désobligeante, perturber une cérémonie de salut au drapeau voilà qui est réprimandable. Ne pas<br />

chanter l’hymne national mais pourtant montrer du respect pour ce chant ne saurait être assimilé à<br />

un acte d’incivilité. Le débat a été vif en France avec les cas Zidane et Benzema des footballeurs<br />

n’ayant pas chanté la Marseillaise en début de match. Mais il est constant qu’au chant de l’hymne, tout<br />

le monde ne s’y met pas. Le débat tenait au fait que ces deux personnages étaient des français<br />

‘’d’origine…’’. Le débat a au moins eu l’avantage d’affirmer qu’il n’existe pas ‘‘d’obligation de<br />

chanter’’, le plus important étant ‘’ la tenue à adopter au chant de l’hymne’’.<br />

Rommel Erwin Makon Page 26


Au Cameroun, on a vu en mondovision, un artiste bien connu, emporté dans un élan de joie, essuyer<br />

ses godasses avec le drapeau de la république ; lui qui venait tout juste de chanter l’hymne national au<br />

début de la cérémonie de remise des ‘‘Canal d’Or’’.<br />

Transformer un symbole national en paillasson, ne laisse guère de doutes sur l’intention critique de<br />

l’auteur de l’acte profanatoire – qu’elle s’exprime par la dérision ou par la contestation. Il est des<br />

atteintes aux valeurs civiques, qui demeurent ambiguës quant à l’intention de leurs auteurs. C’est<br />

presque toujours le cas lorsque l’intervention de l’artiste prend la forme non d’une action, (une<br />

atteinte physique au symbole (piétiner), mais d’une représentation : exposer un objet, énoncer une<br />

parole. Seul le contexte, et l’intention explicitée de l’auteur, permet de faire le partage entre ces deux<br />

lectures.<br />

Il ya manifestement tout un programme pédagogique à engager. Mais il importe que les acteurs en<br />

comprennent le sens. Il faut sortir des logiques stéréotypées qui laissent embrigader<br />

l’action civique dans une volonté de caporalisation qui oblige tous les citoyens à se<br />

comporter sans le recul nécessaire qu’il faut avoir face aux symboles de la<br />

république.<br />

Une scène surréaliste : force du civisme ou civisme de force<br />

Deux enfants de 7 et 9 ans qui s’abstiennent de chanter l’hymne national au cours d’une cérémonie<br />

circonstancielle dans une école de la place. Qu’importe leur raison ! Dans le bureau du Directeur d’Ecole,<br />

ils subissent menaces et sévices…puis un ordre à tout le moins surprenant. Question d’être pris à défaut.<br />

Etalant le drapeau sur le sol de son bureau, Mr le Directeur demande aux jeunes incriminés de démontrer<br />

leur position rebelle en marchant sur le drapeau ! Contre toute attente, le refus des enfants est sans appel et<br />

pour cause. « Même si nous ne pouvons pas chanter l’hymne, nos parents nous ont enseigné qu’il faut<br />

avoir du respect pour le drapeau. Alors il est impossible pour nous de le piétiner». Mr le Directeur insiste,<br />

menace puis promet une récompense en cas d’obéissance. Rien n’y fait. Las, il fait venir à lui le chef de<br />

classe. Celui là même qui conduisait la cérémonie en battant la mesure au chant de l’hymne, devant les<br />

camarades de classe. C’est lui qui avait dénoncé la conduite ‘‘incivique’’ de ses deux camarades. Lui le<br />

futur bon citoyen. Voici en peu de mots les propos de Mr le Directeur : ‘‘Marche sur le drapeau pour<br />

démontrer à ces garnements qui ne respectent pas notre pays qu’ils ont tout intérêt à obéir et tu auras 100<br />

Frs CFA’’. Pas besoin de se reprendre. L’exécution est immédiate devant ses camarades interloqués. Sûr<br />

de son fait, Mr le Directeur refait la même requête aux deux enfants. Mais ceux-ci refusent de changer leur<br />

position. Les sévices reprennent puis les malheureux sont renvoyés chez leurs parents. Une question : où se<br />

situe l’incivisme et qui en est coupable ? Certainement pas les deux enfants qui bien que n’ayant pas<br />

chanté l’hymne ont manifesté du respect pour cet emblème qu’est le drapeau national. Le chef de classe est<br />

coupable d’outrage au drapeau car bien qu’ayant chanté l’hymne, il n’en connait ni la signification<br />

profonde, ni ce qui est requis du citoyen. Le directeur est tout aussi coupable au même titre…c’est dire !!<br />

Scène vécue et rapportée<br />

Rommel Erwin Makon Page 27


COMPRENDRE, EDUQUER, INFORMER, RESPONSABILISER,<br />

CULPABILISER, SANCTIONNER<br />

I- EXPLICATIONS POTENTIELLES DES ACTES D’<strong>INCIVISME</strong> <strong>ET</strong> D’INCIVILITES<br />

CHEZ LES JEUNES 19<br />

Inventaire d’explications diverses, en fonction des auteurs, qui relèvent de plusieurs systèmes<br />

d’analyse.<br />

AP P ROCHE S OCIALE<br />

La perte des repères<br />

Les liens sociaux de base qui<br />

ne compensent plus<br />

Le rapport à la société<br />

L'autorité familiale<br />

L’échec qui disqualifie le jeune<br />

et même temps qu’il le<br />

déclassifie<br />

La confusion entre le bien et le mal, le coupable et la victime est de plus en plus évidente. Les<br />

droits priment sur les devoirs. On vit dans un environnement où la réussite éclatante des<br />

tricheurs, des escrocs et margoulins appelle à revisiter l’échelle des valeurs. Les arrivistes se<br />

posent en modèle pour les jeunes…<br />

certains parents sont complètement déconnectés des lieux de vie de leur progéniture (à<br />

l’école comme dans la rue où ils sont envoyés jouer les commerçants ambulants). Le jeune a<br />

alors du mal à se constituer de repères, s'ancrer dans le système.<br />

la perte des repères va entrainer une frustration développée par l'étalage des richesses et<br />

une injustice vécue devant l'entrée dans la vie active.<br />

L’autorité familiale tend à se dissoudre dans la permissivité et la mise en avant des droits au<br />

détriment des devoirs. La démission de parents qui laissent leur rôle d’éducateurs à des média<br />

réputés efficaces : la télévision, internet…<br />

Cette explication est de plus en plus pondérée par les difficultés d’insertion des jeunes<br />

diplômés qui rejoignent dans la rue les anciens camarades en décrochage scolaire. Se sentant<br />

alors rejetés, dévalorisés, détestant l'école et eux- mêmes. Ils entretiennent souvent une<br />

ambiance de tension, d'hostilité permanente.<br />

L'incapacité d'exprimer<br />

verbalement un malaise<br />

(échec, dévalorisation, angoisse,<br />

frustration...).<br />

Les incivilités deviennent une tentative pour se faire entendre<br />

communiquer, d'interpeller, provoquant souvent l'effet inverse<br />

(insultes...), un désir de<br />

19 Cette synthèse a été faite à partir des travaux de Julien DAMON, ‘‘Les incivilités, problèmes Politiques et<br />

Sociaux’’, n° 836, La Documentation française, Op cit, ‘‘L’exclusion’’, Puf, « Que sais-je ? », 2008, ‘‘Vivre en<br />

ville ‘’. Observatoire mondial des modes de vie urbains, Puf, 2008<br />

Rommel Erwin Makon Page 28


AP P ROCHE DEVE LOP P EMENTALE<br />

Un ego surdimensionné<br />

L’affirmation de soi par<br />

l’affrontement<br />

Le Jeune surestime sa propre puissance mais se trouve incapable de réaliser ses rêves.<br />

Cette désillusion qui atteint son estime de soi peut engendrer des conflits.<br />

La recherche dans la désobéissance civique, les incivilités l’affirmation d’une personnalité<br />

que l’on peine à maitriser.<br />

Les pulsions incontrôlées<br />

Les difficultés à gérer les pulsions nouvelles, agressives et sexuelles dues aux<br />

transformations corporelles, représentations erronées vis- à- vis des adultes...La violence<br />

s'extériorise sur autrui ou sur lui - même.<br />

AP P ROCHE PS YCHOLOGIQUE<br />

une vision erronée, tronquée<br />

des situations vécues :<br />

L'interprétation d'une situation pourrait être un déclencheur privilégié de comportements<br />

répréhensibles.<br />

Les frustrations vécues :<br />

la propension à l’incivisme peut être favorisée par l’incapacité à se construire des<br />

compétences pour s’affirmer et s’intégrer.<br />

La tension interne.<br />

Le malaise, les afflictions et les souffrances peuvent se transformer en énergie négative et<br />

s’exprimer à travers des actes réprimandables.<br />

L’incivisme peut être un<br />

ensemble de comportement<br />

appris par observation<br />

Les scènes véhiculées par les média, jeux vidéo... L'enfant est surtout touché dans le sens où<br />

il juge les agressions non en fonction de leur signification morale mais en fonction du<br />

résultat et de leur efficacité.<br />

Le sentiment d'injustice<br />

tendance irrésistibles à<br />

l'accomplissement d'un acte,<br />

L’intolérance à l'ennui, la recherche de sensations immédiates. Un cycle s'opère : impulsivité,<br />

perte de contrôle, plaisir et soulagement.<br />

Toute personne a une aptitude<br />

à la délinquance lorsqu'elle<br />

Les réactions délictuelles associées à la recherche de sensations dans "l'ici et maintenant".<br />

Le jeune ne peut alors se reconnaître comme agressif car la prise de conscience serait très<br />

Rommel Erwin Makon Page 29


est soumise à dévalorisation<br />

douloureuse (remise en cause par soi - même impossible à assumer)<br />

II-<br />

REGULATIONS POSSIB LES<br />

Bonjour Madame, merci monsieur, au revoir. Ces<br />

petits mots magiques que l’on inculque aux tout<br />

petits à grands renforts de formules d’adultes du<br />

type « qu’est-ce qu’on dit » aurait bien besoin<br />

d’être redonnés comme une formule ou une<br />

phrase sacrée servant à atteindre un état de<br />

civilité ou de civisme attendu de tous. Avec un<br />

bon rappel des règles du bien vivre ensemble. La<br />

Niveau structurel<br />

société, ça n’est pas que des droits, c’est aussi des<br />

devoirs.<br />

Une politique forte d'un chef de projet, équipe<br />

soudée, solidarité entre les acteurs de terrain<br />

et l’administration centrale. Bien entendu, la<br />

logique de fonctionnement des institutions au<br />

Cameroun ne répond pas toujours à une<br />

organisation orientée vers le résultat comme<br />

c’est le cas dans les logiques de projets.<br />

Le projet des luttes contre les<br />

incivilités est un levier permettant de<br />

développer une politique pédagogique qui<br />

s’attache l’éducation civique à la fois des<br />

masses et des individus. Il prévoit des<br />

dispositifs d’actions concrètes et une<br />

plateforme de mise en synergie d’acteurs<br />

pluriels le projet global doit être développé et<br />

partagé avec tous les acteurs.<br />

- les structures déconcentrées du Ministère de la Jeunesse et de l’Education civique doivent<br />

travailler de plus en plus étroitement avec les municipalités et les autres acteurs<br />

de la politique de la Ville pour conjuguer les efforts afin de faire reculer<br />

l’incivisme. Il est possible de créer des commissions locales de lutte contre les incivilités avec pour<br />

objectifs spécifiques d’éduquer mais aussi de contrôler, de sanctionner et d’agir en réparation.<br />

L'objectif global étant de repenser (‘‘re-panser’’) le lien social en harmonisant les décisions.<br />

- La médiation à travers un travail d'analyse et d'évaluation, le travailleur social découvre les<br />

mécanismes du passage à l’acte et le processus de transformation qui vit au cœur même de la<br />

médiation.<br />

Rommel Erwin Makon Page 30


- L’écoute et la communication pour aider à trouver des solutions satisfaisantes pour toutes<br />

les parties, des tables rondes et des causeries éducatives afin d’aborder des thèmes particuliers qui<br />

donnent un droit à la parole aux individus et groupes.<br />

- L’organisation des rencontres entre habitants dans un centre social (lieu neutre)<br />

Intervention globale sur les individus<br />

- Etre particulièrement attentif aux signes annonciateurs, aux premières manifestations<br />

d’incivilités ou de violences<br />

- Organiser des journées d’échanges dans les établissements scolaires, Dans les administrations,<br />

certains jours de fortes affluences peuvent être consacrés à la distribution de dépliants avec des<br />

informations pertinentes. Expliquer le fonctionnement des structures, insister sur l’accueil, la<br />

politesse, clarifier les situations problèmes…<br />

Niveau affectif<br />

- Apprendre aux groupes cibles à verbaliser les émotions et sentiments au lieu de les<br />

décharger de manière brute. Faire comprendre qu'un comportement qui paraît acceptable ne<br />

l'est pas dans certain cas et demande des formes de relation permettant une écoute mutuelle.<br />

- Construire ou reconstruire en direction des jeunes et moins jeunes un discours sur les<br />

valeurs qui fondent l’action civique.<br />

- Favoriser les qualités humaines dites citoyennes : solidarité, responsabilité notamment en<br />

permettant la création de sociabilités permettant le partage de valeurs.<br />

R égulations lors du passage à l'acte<br />

La prise de décision n'aura un effet positif que si toutes les parties en cause coopèrent, ce qui<br />

ne vise pas à neutraliser des perceptions différentes mais à résoudre d es problèmes.<br />

Niveau administratif, relation à l'institution<br />

- Les chefs de quartier, les chefs d'établissement ou les responsables administratifs doivent être<br />

tenus de signaler tout délit à la commission locale de lutte contre l’incivisme. Ce signalement<br />

systématique doit être fait selon une procédure arrêtée d’avance et en temps réel.<br />

- Afin de restaurer le lien social dans les espaces ouverts au public, prendre plusieurs mesures visant<br />

à rapprocher les groupes qui ont tendance à se distinguer, notamment lorsqu’ils n’ont pas d’autres<br />

exutoires, à travers des conduites dites d’incivilité.<br />

Aucune de ces mesures ne peut, bien entendu, être considérée comme suffisante<br />

mais il faut agir car…nous devons apprendre à vivre ensemble.<br />

Rommel Erwin Makon Page 31


Rommel Erwin Makon Page 32


BIBLIOGRAPHIE :<br />

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des tâches accomplies », in J.-N. Chopart (dir.), Les Mutations du travail social, Dunod, 2000.<br />

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française, 2002<br />

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Goffman E, La Mise en scène de la vie quotidienne 1959, trad. fr. 1973, rééd. Minuit, coll. « Le Sens commun<br />

», 1996.<br />

Larguèche E , « Dominique Picard, Pourquoi la politesse ? Le savoir-vivre contre l’incivilité », L’Homme,<br />

189 | 2009<br />

Lazar J, « l’incivilité cognitive : une autre facette de la violence » Revue du MAUSS 2/2001 (n o 18).<br />

Makon R E « ANIMATION SOCIOCULTURELLE DANS LES UNIVERSITES CAMEROUNAISES. Actions de<br />

Actions de terrain…interrogation globale » www.academia.edu<br />

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servir » www.academia.edu<br />

Moser G Psychologie environnementale : les relations homme-environnement, de Boeck, DL Bruxelles 2009.<br />

Piednoir J., La police à l’épreuve des incivilités : la dynamique du désordre. L’harmattan, Sciences criminelles<br />

Roudil N, « Normaliser les conduites des mineurs délinquants en CER : faire face à l'incivilité au quotidien »,<br />

Empan 3/2005 (n° 59).<br />

Rommel Erwin Makon Page 33


A N N E X E S<br />

Rommel Erwin Makon Page 34


QUE LQUES DE FINITIONS LES P LUS USUE LLES …<br />

LE CIVISME<br />

CIVISME<br />

Etymologie.<br />

du latin civis, celui qui a<br />

droit de cité, citoyen.<br />

définitions simples<br />

Respect, attachement et dévouement du citoyen pour son pays ou pour la collectivité dans<br />

laquelle il vit. Cela s'applique en particulier à l'institution qui représente cette collectivité,<br />

à ses conventions et à ses lois, son intégrité, son indépendance et ses engagements.<br />

dévouement pour l'intérêt public, pour la "chose publique".<br />

Le civisme nécessite une "conscience politique" et implique la connaissance de ses droits<br />

en tant que citoyen ainsi que de ses devoirs vis-à-vis de la collectivité.<br />

Sens des devoirs collectifs au sein d'une société.<br />

Respect de la collectivité dans tous ses constituants<br />

Etat du citoyen respectueux de ses devoirs et des principes collectifs<br />

Affirmer sa conscience politique sans qu’il soit nécessaire de s'engager dans une action<br />

politique mais bien plus avoir connaissance des règles fondamentales organisant la<br />

collectivité, la connaissance de sa place dans cette collectivité, de ses droits et de ses<br />

devoirs et d'en comprendre la portée.<br />

LA CIVILITE<br />

CIVILITE<br />

Etymologie.<br />

du latin civilitas, sociabilité,<br />

courtoisie, lui-même issu<br />

du latin civis, citoyen<br />

.<br />

définitions simples<br />

Ensemble des règles et des comportements de la vie en communauté (politesse, la<br />

courtoisie, le savoir-vivre.<br />

Le savoir-vivre privé concerne l'ensemble des règles communément admises pour se<br />

comporter de façon courtoise en famille, en réunion, dans les réceptions...La civilité, c'est<br />

la même chose mais porté au niveau des relations sociales. Les règles à respecter seront<br />

des principes collectifs parfois non codifiés<br />

affichage du caractère pacifique d'une personne dans ses relations à autrui. Elle montre<br />

également l'appartenance à une même communauté, communauté humaine au minimum.<br />

Observation des convenances, des bonnes manières en usage dans un groupe social.<br />

Politesse, respect de l'individu ou d'autrui, courtoisie et beaucoup de savoir vivre.<br />

Au pluriel, les civilités sont les actes et les paroles qui sont considérés comme des<br />

témoignages de politesse<br />

Rommel Erwin Makon Page 35


<strong>INCIVISME</strong><br />

<strong>INCIVISME</strong><br />

Etymologie<br />

préfixe in, négation, et<br />

civisme, venant du latin<br />

civis, celui qui a droit de<br />

cité, citoyen<br />

définitions<br />

l'incivisme est donc « Manque de civisme, de dévouement pour le bien de la nation. »<br />

L’incivisme peut être un ensemble de petits faits qualifiables quelquefois comme délits par<br />

le code pénal mais aussi les comportements entraînant des « troubles à l’ordre public », «<br />

l’injure ou la diffamation », des « atteintes à l’intégrité physique ou psychique de la<br />

personne » ou de la violence sous des formes diverses, dépendant du code pénal.<br />

INCIVILITES<br />

INCIVILITES<br />

Etymologie<br />

préfixe in, négation, et de<br />

civilité, venant du latin<br />

civilitas, sociabilité,<br />

courtoisie<br />

définitions<br />

L'incivilité est le manque de civilité. C'est un comportement qui ne respecte pas les règles<br />

de la vie en société comme la politesse, le respect d'autrui, la courtoisie, l’ordre public,<br />

c'est-à-dire ce qu'on attend d'un individu "normalement civilisé".<br />

Une incivilité est une action ou une parole contraire à la civilité<br />

L’incivilité est aussi un ensemble de faits non forcément qualifiables. Ex : petites injures,<br />

refus systématique d'écoute, remarques blessantes sur un bulletin, expressions<br />

malheureuses dites en classe, en salle de réunion…<br />

Actes qui impliquent une « détérioration de biens publics ou privés » ou des « troubles de<br />

voisinage » et qui relèvent du code civil<br />

Rommel Erwin Makon Page 36


PRÉPARATION DE LA CEREMONIE OFFICIELLE<br />

DE LANCEMENT DES ACTIVITES DU<br />

PROGRAMME REGIONAL SUR LE RESPECT DES<br />

EMBLEMES <strong>ET</strong> SYMBOLES NATIONAUX<br />

DESCRIPTIF<br />

DOCUMENT DE TRAVAIL<br />

Rommel Erwin Makon Page 37


INTRODUCTION<br />

1. PLANIFICATION <strong>ET</strong> ORGANISATION<br />

1.2 Planification de la cérémonie<br />

1.3 Invitations<br />

1.4 Personnes invitées à la cérémonie et conviées à prendre la parole<br />

1.4 Relations de presse et les autres média<br />

2. DÉROULEMENT DE LA CÉRÉMONIE<br />

2.1 Place des invités à la table d’honneur<br />

2.2 Mot de bienvenue et présentation des invités d’honneur<br />

2.3 Allocutions<br />

2.4 Levée symbolique des couleurs<br />

2.5 Remise des drapeaux et plaquettes<br />

2.6 Réception<br />

2.7 Fin de la cérémonie<br />

Rommel Erwin Makon Page 38


INTRODUCTION<br />

Le présent guide s’adresse aux personnels de la Délégation Régionale du MINJEC du Centre.<br />

Il est conçu principalement pour les aider à préparer et à organiser, de concert avec les<br />

services du Gouverneur de la Région du Centre, la cérémonie de lancement des activités du<br />

programme régionale du respect des emblèmes et symboles nationaux. Il peut également<br />

servir à l’organisation d’autres cérémonies futures.<br />

Ce document établit les responsabilités respectives de la Délégation Régionale du MINJEC<br />

du Centre et des services du Gouverneur de la Région du Centre pour planifier les diverses<br />

activités, obtenir un déroulement sans faille et assurer le succès de la cérémonie.<br />

On retrouvera ainsi dans le document des renseignements utiles sur les activités à prévoir, les<br />

questions de protocole, etc.<br />

Bien que la Délégation Régionale du MINJEC du Centre soit responsable de la planification<br />

et du déroulement de la cérémonie, tout autre organisme interpellé par les problématiques du<br />

civisme et de l’Education peut apporter une touche personnelle à cette journée de lancement:<br />

il doit toutefois, dans ce cas, en faire part au Délégué Régional de la Jeunesse et de<br />

l’éducation civique du Centre, maître d’œuvre de la cérémonie.<br />

1. PLANIFICATION <strong>ET</strong> ORGANISATION<br />

1.1 Choix de la date<br />

Le Délégué Régional de la Jeunesse et de l’éducation civique du Centre propose en<br />

concertation avec les services du Gouverneur, une date pour la tenue de la cérémonie<br />

officielle de lancement. Par la suite, il s’assure de la disponibilité des moyens à mettre en<br />

œuvre et il confirme la date de l’événement à Mr le Gouverneur.<br />

Il est à noter que certaines journées de la semaine ne peuvent être retenues pour tenir une<br />

cérémonie compte tenue des programmations statutaires des administrations conviées.<br />

Toutefois, il appartiendra aux services de Mr le Gouverneur de donner des orientations dans<br />

ce sens.<br />

1.2 Planification de la cérémonie<br />

Étape 1<br />

Communiquer par écrit avec les services de Mr le Gouverneur pour leur faire<br />

savoir que le désir de la DRMINJEC du Centre d’organiser une cérémonie de<br />

Rommel Erwin Makon Page 39


lancement des activités du programme régionale du respect des emblèmes et<br />

symboles nationaux<br />

<br />

<br />

<br />

Confirmer la date choisie avec le personnel du service du protocole de Mr le<br />

Gouverneur.<br />

Trouver un lieu susceptible de recevoir un grand nombre de personnes et faire<br />

confirmer ce choix par les services de Mr le Gouverneur.<br />

Une réunion de planification peut être tenue avec le personnel du service du<br />

protocole de Mr le Gouverneur pour déterminer le nombre de personnes prévues,<br />

choisir les invités spéciaux et le maitre des cérémonies.<br />

Étape 2<br />

<br />

Planifier la cérémonie, notamment la disposition des chaises, de l’estrade, etc.<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

Faire une liste d’invités et la communiquer au du service du protocole de Mr le<br />

Gouverneur.<br />

Envoyer les invitations.<br />

Inviter des journalistes.<br />

Prévoir la possibilité d’un intermède musical.<br />

Planifier la réception.<br />

Trouver des volontaires pour agir en tant que placeurs ou hôtes lors de la<br />

réception.<br />

Engager un photographe.<br />

Prendre des dispositions auprès du traiteur, des musiciens, etc.<br />

Examiner le plan détaillé préparé par le greffier de la cérémonie (service de la<br />

DRMINJEC).<br />

Étape 3<br />

Élaborer et réexaminer le programme de la cérémonie avec le personnel du service<br />

du protocole de Mr le Gouverneur.<br />

<br />

<br />

<br />

Confirmer les dispositions spéciales (Expert, invités, musique).<br />

Confirmer le menu pour la réception.<br />

Commencer à faire la promotion de la cérémonie auprès des médias.<br />

Rommel Erwin Makon Page 40


Passer commande du matériel de promotion (drapeau, plaquettes et paroles de<br />

l’hymne national).<br />

Réviser, si c’est possible, les discours et autres propos avec le service du protocole<br />

de Mr le Gouverneur.<br />

Recueillir le matériel de promotion (drapeau, plaquettes et paroles de l’hymne<br />

national).<br />

Étape 4<br />

Préparer le lieu et vérifier l’état de fonctionnement du système de son et de<br />

l’éclairage.<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

Donner des instructions aux préposés à l’accueil et leur assigner des tâches.<br />

Préparer, pour l’impression, la version définitive du programme.<br />

Faites imprimer un nombre suffisant de programmes.<br />

Confirmer toutes les composantes de la réception.<br />

Étape 5<br />

<br />

Arriver bien à l’avance au lieu de la cérémonie.<br />

<br />

<br />

<br />

<br />

S’assurer que tout est en ordre.<br />

Préparer la réception.<br />

Accueillir les invités selon le protocole établi.<br />

Chercher les journalistes.<br />

Étape 6<br />

Départ de Mr le Gouverneur et des invités.<br />

1.3 Invitations<br />

Le Gouverneur de région invite, au nom du ministre de la Jeunesse et de l’Education civique,<br />

les autorités administratives de son ressort, les délégués départementaux de la Jeunesse et de<br />

l’Education civique et les intervenants à la cérémonie officielle. Un programme de la journée<br />

sera joint à chaque invitation.<br />

À cet effet, le Délégué Régional de la Jeunesse et de l’éducation civique du Centre a la<br />

responsabilité de dresser la liste des invités. En tant que de besoin, il prépare et propose une<br />

lettre d’invitation dans les deux (2) semaines précédant la cérémonie.<br />

Rommel Erwin Makon Page 41


1.4 Personnes invitées à la cérémonie et conviées à prendre la parole<br />

En plus de Mr le Gouverneur de la Région du Centre, les personnes conviées à prendre la<br />

parole sont:<br />

- (pour mémoire)<br />

Dans ce cas, ces personnes prendraient la parole immédiatement après Mr le Gouverneur.<br />

(Cas de l’expert convié pour une leçon inaugurale sur les emblèmes et symboles nationaux.)<br />

Personnes qui peuvent être invitées à la cérémonie<br />

- Délégué du Gouvernement;<br />

- Les exécutifs communaux représentés par les maires des communes de la ville de<br />

Yaoundé.<br />

1.5 Relations de presse et les autres média<br />

La Délégué Régional de la Jeunesse et de l’éducation civique du Centre est responsable de la<br />

rédaction du communiqué de presse ainsi que de tout ce qui est attendu pour une forte<br />

médiatisation de l’évènement.<br />

2. DÉROULEMENT DE LA CÉRÉMONIE<br />

L’ensemble des activités de la cérémonie dure généralement de 60 à 90 minutes.<br />

Le Délégué Régional de la Jeunesse et de l’éducation civique du Centre a la responsabilité de<br />

choisir un maître de cérémonie. Il rencontrera cette personne environ une heure avant le début<br />

de la cérémonie afin de finaliser les détails relatifs au déroulement et y apporter des<br />

modifications, s’il y a lieu.<br />

Le déroulement de la cérémonie est préparé par le Délégué Régional de la Jeunesse et de<br />

l’éducation civique du Centre, en collaboration avec les services du Gouverneur.<br />

Les différentes étapes du déroulement de la cérémonie seront transmises au service de Mr le<br />

Gouverneur au moins une semaine avant la cérémonie.<br />

2.1 Place des invités à la table d’honneur<br />

La Délégation régionale de la Jeunesse et de l’Education civique élabore un plan de table, en<br />

collaboration avec les services du Gouverneur, en tenant compte de la qualité des invités et<br />

des personnes qui prendront la parole à l’avant-scène. Toutefois, seules les règles<br />

protocolaires du service du Gouverneur prévalent.<br />

Rommel Erwin Makon Page 42


Lorsque les dimensions de la salle ne permettent pas l’installation d’une table d’honneur, des<br />

chaises peuvent être placées en rangée à l’avant de la salle, face aux invités.<br />

Les étapes suivantes seront respectées :<br />

- Mise en place de la musique de L’Institut National de la Jeunesse et des Sports.<br />

- Mise en place des invités<br />

- Arrivée et mise en place des personnalités.<br />

Le Maitre de la cérémonie guidera les invités vers leur emplacement, selon les règles de<br />

préséance. Il peut-être utile de prévoir le nom des autorités sur les sièges afin de faciliter la<br />

mise en place. La cérémonie peut commencer dès que Mr le Gouverneur est installée.<br />

2.2 Mot de bienvenue.<br />

Le maître de cérémonie souhaite la bienvenue aux invités à l’occasion de cette journée de<br />

lancement et présente les grandes articulations du programme de la journée.<br />

Le succès d’une cérémonie officielle dépend notamment de la compréhension de l’événement<br />

par les personnes présentes et de leur intérêt vis-à-vis du déroulement. Pour atteindre cet<br />

objectif, il peut être intéressant de prévoir que le maître de cérémonie annonce et commente le<br />

déroulement des différentes phases de la cérémonie. En décrivant succinctement le sens de la<br />

cérémonie (pourquoi cette cérémonie, qui sont les participants).<br />

2.3 Allocutions<br />

Le maître de cérémonie invite Mr le Gouverneur à prononcer son discours de lancement<br />

Les intervenants invités à prendre la parole le feront après l’allocution prononcée par Mr le<br />

Gouverneur. Le choix de ces intervenants devra avoir été convenu lors de la préparation du<br />

déroulement de la cérémonie. (Notamment le cas de l’expert convié pour une leçon inaugurale<br />

sur les emblèmes et symboles nationaux. L’expert devra dans sa leçon insister sur le signifié<br />

et le signifiant, sur les constituants de l’outrage…).<br />

2.4 Levée symbolique des couleurs<br />

Le maître de cérémonie demande aux invités d’honneur de s’avancer vers le mât du drapeau<br />

qui pour la circonstance sera descendu avant. La préparation de cette activité se fera<br />

concomitamment avec le service du protocole de Mr le Gouverneur.<br />

Rommel Erwin Makon Page 43


(S’assurer que cela convient aux usages républicains car il peut avoir une contrainte horaire<br />

pour ce qui est de la cérémonie du Drapeau. sinon cette cérémonie ne se fera pas et on<br />

passera à l’articulation suivante).<br />

Les personnes responsables de l’envoi des couleurs sont au pied du mât dès la mise en place.<br />

L’exécution se fait après le commandement : « attention pour les couleurs » ; le ou les<br />

responsables répondent : « prêt » ; « Envoyez ». L’hymne national (refrain) peut être joué<br />

après la sonnerie des couleurs. Elle peut être jouée par la formation musicale. Mais en<br />

l’absence de musique, elle peut également être interprétée par la sono.<br />

Le Délégué Régional de la Jeunesse et de l’Education civique aura au préalable pris attache<br />

avec le Directeur de l’INJS pour la mise à disposition de la Fanfare de son établissement (au<br />

cas où le choix d’une fanfare s’avère pertinent.)<br />

2.5 Remise des drapeaux et plaquettes<br />

Après la levée des couleurs, Le maître de cérémonie demande à Mr le Gouverneur de<br />

remettre un exemplaire du drapeau et un lot de plaquettes à chaque préfet accompagné du<br />

Délégué départemental de la Jeunesse de son ressort.<br />

Le drapeau sera plié selon les usages et les plaquettes contenues dans un carton unique, à<br />

raison d’un drapeau et un carton par département.<br />

2.6 Réception<br />

Un vin d’honneur peut être servi aux invités lors du buffet. Autant que possible, il faut prévoir<br />

des tables et des chaises pour les invités dans une salle aménagée à cet effet.<br />

2.7 Fin de la cérémonie<br />

Après la cérémonie, l’autorité occupant le premier rang dans l’ordre des préséances (le<br />

Gouverneur en l’occurrence) se retire la première, la cérémonie est alors terminée.<br />

Rommel Erwin Makon Page 44


IMPLEMENTATION DES RESOLUTIONS DU<br />

COLLOQUE INTERNATIONAL SUR L’<strong>EDUCATION</strong><br />

<strong>CIVIQUE</strong> <strong>ET</strong> L’INTEGRATION DANS LA REGION<br />

DU CENTRE<br />

LUTTE CONTRE LES OUTRAGES AUX<br />

SYMBOLES <strong>ET</strong> EMBLEMES DE L’<strong>ET</strong>AT.<br />

TERMES DE REFERENCE<br />

Document de travail.<br />

Rommel Erwin Makon Page 45


I- JUSTIFICATION <strong>ET</strong> PERTINENCE<br />

Il a semblé aux participants du Colloque international sur l’Education civique et l’intégration<br />

qu’aucun développement n’est possible sans mise à niveau des comportements et des attitudes<br />

et sans participation citoyenne. C’est une affaire de tous car nos attitudes et nos gestes les plus<br />

quotidiens peuvent favoriser ou entraver notre développement.<br />

Les résolutions du Colloque sonnent donc comme un appel urgent à l’action contre les formes<br />

d’incivilité et d’incivisme qui tendent à fragiliser le tissu social. Chacun doit faire en sorte que<br />

les lieux partagés soient à la disposition des autres autant qu’à la sienne.<br />

Le Président de la République, Paul Biya, faisait encore le triste constat dans son discours à la<br />

jeunesse le 10 février 2013.Selon le Chef de l’Etat « Le niveau de moralité de notre jeunesse<br />

se dégrade (…) la société apaisée et prospère que nous voulons construire sera minée de<br />

l’intérieur si ces avancées ne sont pas accompagnées par un progrès de la moralité<br />

publique ». C’est dire l’urgence qu’il y a à agir afin de conforter notre pays dans sa quête<br />

d’émergence. Le Colloque international sur l’Education civique et l’intégration à par ailleurs<br />

relevé cette urgence dans la mise en œuvre des « stratégies appropriées permettant<br />

d’inculquer aux citoyens les notions de civilité, de civisme, de patriotisme, d’unité et<br />

d’intégration nationale développées ». il a donc été question de « développer, de manière<br />

participative, des stratégies et des mécanismes devant, d’une part, affiner davantage en<br />

chaque Camerounais l’esprit civique, patriotique et, d’autre part, le déterminer à toujours<br />

promouvoir un vivre ensemble harmonieux ».<br />

La Délégation régionale de la Jeunesse et de l’Education civique du Centre pour s’inscrire<br />

dans le continuum de cet engagement global, s’engage dans la lutte contre les outrages aux<br />

symboles de l’Etat. Il s’agit d’aller en guerre contre ceux qui profanent parfois<br />

inconsciemment les fondamentaux de la république.<br />

II- OBJECTIFS GENERAUX<br />

Promouvoir le respect des emblèmes nationaux du Cameroun à travers la responsabilisation<br />

des populations en matière d’éducation civique.<br />

III-<br />

LES LEVIERS D’ACTION.<br />

<br />

diagnostiquer les situations sources d’incivilité en étant à l’écoute des groupes cibles.<br />

Rommel Erwin Makon Page 46


mettre en place des actions locales ciblées et adaptées afin de répondre au mieux aux<br />

réalités des situations diagnostiquées sur chaque lieu.<br />

former les agents à la gestion des situations difficiles.<br />

lancer des campagnes d’information innovantes et pédagogiques pour mieux expliquer<br />

les règles.<br />

développer des échanges extérieurs entre les pouvoirs publics et les autres entreprises<br />

en vue de partager les bonnes pratiques<br />

mettre en place un dispositif d’affichage, suscitant la réaction des populations, des<br />

usagers et des agents des services publics.<br />

IV-<br />

TYPOLOGIE SOMMAIRE DES ACTES D’<strong>INCIVISME</strong> <strong>ET</strong><br />

D’INCIVILITES<br />

Occupation anarchique de la voie publique (avenues et rues parfois<br />

barrées anarchiquement et sans autorisation préalable sous prétexte<br />

de veillées mortuaires…)<br />

les nuisances sonores des églises, bars, buvettes, des vendeurs<br />

ambulants qui s’installent à même le sol et occupent<br />

anarchiquement l’espace public,<br />

mauvais stationnement des véhicules<br />

utilisation des murs et cours des écoles, des caniveaux, des terrains<br />

vagues, des coins de rue, des constructions non achevées ou<br />

abandonnées, des ruelles sombres, des parcelles non désherbées, des<br />

bas-côtés des routes, comme toilettes publiques.<br />

Le Non respect du code de la route<br />

Les faits de délinquances et de vandalisme urbain (Destructions et<br />

dégradations des édifices)<br />

Atteinte volontaire à l'intégrité physique des personnes<br />

NON RESPECT DES SYMBOLES <strong>ET</strong> EMBLEMES DE<br />

L’<strong>ET</strong>AT<br />

Toxicomanie et les délits qui en découlent<br />

Insalubrité urbaine<br />

Brutalités verbales, menaces de violence<br />

Rommel Erwin Makon Page 47


la délinquance des mineurs sous l’angle de l’absentéisme scolaire et<br />

de l’accompagnement hors temps scolaire des élèves en difficultés.<br />

Désordres urbains et déchets abandonnés sur la voie publique<br />

Atteintes à la pudeur et aux bonnes mœurs<br />

Divagation des animaux domestiques<br />

V- CONSIDERATIONS GENERALES : LES SYMBOLES <strong>ET</strong> EMBLEMES<br />

DE L’<strong>ET</strong>AT.<br />

C'est l'ensemble des signes particuliers qui permettent de distinguer un Etat.<br />

<br />

Le blason du Cameroun<br />

L'écu est posé sur deux faisceaux de licteur et reprend les couleurs du drapeau du Cameroun.<br />

En son centre se trouvent la silhouette de la carte du pays et une balance de la justice<br />

superposée, les deux éléments surmontés d'une étoile d'or.<br />

La bannière du bas reprend le nom du pays en anglais et en français. La bannière du haut<br />

contient la devise nationale dans les deux langues: Paix, Travail, Patrie (français), Peace,<br />

Work, Fatherland (anglais). Les faisceaux sont le symbole de l'autorité de la République et les<br />

balances de la justice représentent la justice.<br />

Rommel Erwin Makon Page 48


Le Drapeau du Cameroun.<br />

Ce drapeau a trois bandes verticales égales de couleurs verte (du côté de la hampe), rouge et<br />

jaune, avec un jaune étoile à cinq branches au centre de la bande rouge. Ces couleurs<br />

correspondent aux couleurs panafricaines de l'Ethiopie<br />

Le Vert présente la végétation luxuriante de la forêt du Sud toujours verte et pleine de vie.<br />

Le Rouge représente le sang versé par les martyrs, les terres fertiles des plateaux de l'Ouest,<br />

c'est aussi le trait d'union entre la forêt dense du Sud et la savane du Nord.<br />

Le Jaune représente la savane du Nord et du soleil qui brille continuellement sur le Cameroun.<br />

L'Etoile représente l'unification en un Etat indivisible et unique.<br />

<br />

<br />

Hymne national : O Cameroun, Berceau de nos Ancêtres, également connu sous le<br />

titre de Chant de Ralliement.<br />

La Devise<br />

"Paix, travail, Patrie".<br />

C'est une règle de vie pour tous les Camerounais. Celle du Cameroun est Paix Travail Patrie.<br />

PAIX: elle crée les conditions favorables à l'épanouissement de chaque citoyen par l'éducation<br />

et l'exploitation rationnelle des richesses nationales et culturelles.<br />

TRAVAIL: les richesses d'un pays sont produites par le travail de ses enfants. La victoire de<br />

la lutte contre la pauvreté sera celle du triomphe du travail.<br />

PATRIE: Celle Camerounaise est l'histoire commune de son peuple. Elle est représentée par<br />

la terre de nos ancêtres, chaque citoyen envers sa patrie a un devoir d'amour, de défense et de<br />

travail.<br />

Rommel Erwin Makon Page 49


Le sceau<br />

C'est un cachet dont l'empreinte rend un acte authentique. Celui du Cameroun est une<br />

médaille de 46mm de diamètre à l'envers (C'est le côté face et au centre le profil d'une tête de<br />

jeune fille tournée à droite vers une branche de caféier à 2 feuilles.<br />

VI-<br />

LES OUTRAGES AUX SYMBOLES NATIONAUX<br />

Ce sont les agissements de toute nature qui portent atteinte au respect dû au drapeau national<br />

ou à l'hymne national : la destruction, la dégradation ou la détérioration, la falsification de<br />

tout autre symbole national. Les manifestations les plus visibles sont notamment les paroles et<br />

actes, écrits (internet, ouvrages dénigrants, piétiner bruler, mutiler, utiliser pour des actions<br />

contraires aux bonnes mœurs ou réprimées par la loi, transformer le contenu ou le tourner en<br />

dérision, utilisation abusive, malfaçon, falsification du sceau de l’Etat, drapeaux défraichis et<br />

mal entretenus dans les édifices publics, traditionnels ou dans les institutions privés …)<br />

Au regard de ce qui précède, il ya lieu d’éviter une confusion très répandue. Ce n’est pas le<br />

refus de saluer le drapeau ou de chanter l’hymne national qui est constitutif de délit d’outrage.<br />

C’est le manque de respect dû.<br />

VII- AXES D’ACTIONS<br />

‣ Sur le plan opérationnel, ce programme s’articulait sur 3 autres axes<br />

complémentaires :<br />

renforcer les moyens de prévention<br />

favoriser l’évolution des comportements: prévention des comportements incivils par<br />

des interventions éducatives.<br />

Réprimer les actes d’outrages aux symboles<br />

La stratégie se base sur plusieurs axes :<br />

• Axe n°1 : la prévention primaire a pour but de sensibiliser les populations aux règles<br />

générales de civisme et de respect des symboles. (Prévention au niveau des établissements<br />

scolaires, universités et grandes écoles, structures socioculturelles…; et/ou animations et<br />

campagnes de prévention dans les places publiques…; rencontres avec les associations de<br />

quartier et les autorités traditionnelles…).<br />

Rommel Erwin Makon Page 50


• Axe n°2 : la prévention secondaire s’adresse à des groupes cibles repérés comme à risque<br />

en terme de comportements incivils et turbulents. L’objectif est d’obtenir de ces publics<br />

ciblés, une modification de leur comportement en intervenant sur ses causes, en les<br />

responsabilisant et leur faisant prendre conscience de l’exigence de respect dû aux symboles<br />

de l’Etat<br />

<br />

<br />

Axe n°3 : la répression des actes d’incivisme et d’outrage<br />

Axe n°4 : la prévention de la récidive vise les personnes ayant été impliquées dans des<br />

actes d’incivilité avérés:<br />

‣ Sur le plan pédagogique<br />

Les actions pédagogiques de prévention visent à :<br />

• sensibiliser au respect des symboles et emblèmes de l’Etat<br />

• prévenir les comportements incivils (réalisation d’outils de communication et<br />

pédagogiques…).<br />

• apporter un soutien aux délinquants primaires à travers des lieux d’éducation à la<br />

citoyenneté.<br />

• favoriser et développer le sentiment de respect de la république et ses emblèmes<br />

• Lutter contre toutes formes d’acte d’incivisme: formations et en mettant en place<br />

une stratégie en trois axes : réglementation, information et sensibilisation.<br />

Rommel Erwin Makon Page 51


PLAN D’ACTION<br />

AXES D’ACTIONS ACTIONS A MENER OBJECTIFS SPECIFIQUES<br />

(à titre indicatif)<br />

CIBLES<br />

INDICATEURS DE<br />

REALISATIONS (à quantifier)<br />

RESSOURCES<br />

FINANCIERES<br />

1- Assurer les suivis éducatifs, les<br />

investigations, enquêtes ainsi que certaines<br />

mesures et sanctions éducatives.<br />

La structure de coordination est<br />

mise en place et son<br />

fonctionnement est effectif<br />

################<br />

############<br />

Mise en place d’une<br />

structure permanente<br />

de coordination des<br />

actions de lutte contre<br />

les incivilités et<br />

l’incivisme.<br />

2-animer et coordonner, en appui sur les<br />

structures partenaires, le suivi des activités<br />

3-améliorer de la vigilance par le développement<br />

des partenariats avec les acteurs locaux de la<br />

sécurité, de la prévention et de l’éducation et en<br />

premier lieu les communes, les autorités<br />

traditionnelles,<br />

################<br />

############<br />

################<br />

############<br />

################<br />

############<br />

4-Animer et développer les dispositifs de veille<br />

mis en place avec les partenaires locaux.<br />

Des rencontres partenariales sont<br />

organisées suivant un calendrier<br />

pertinent<br />

################<br />

############<br />

Rommel Erwin Makon Page 52


RENFORCER LES<br />

MOYENS DE<br />

PREVENTION <strong>ET</strong><br />

DE CONTROLE<br />

Animations et<br />

campagnes de<br />

prévention dans les<br />

places publiques<br />

communication<br />

5-Organiser des campagnes de communication,<br />

de sensibilisation pour la promotion de<br />

comportements, de valeurs, d’attitudes,<br />

6-réaliser et diffuser des outils de<br />

communication et pédagogiques en matière de<br />

prévention des actes de vandalisme et d’incivisme<br />

des animations dans les<br />

établissements scolaires et<br />

universitaires, des rencontres des<br />

groupes cibles, des<br />

expositions…sont organisées<br />

des articles dans les média, des<br />

campagnes d’affichages sont<br />

effectives<br />

réalisation effective d’outils de<br />

communication et des outils<br />

pédagogiques<br />

################<br />

############<br />

################<br />

############<br />

################<br />

############<br />

7-former au repérage et la prise en charge des<br />

cas d’outrage, les correspondants de sécurité<br />

civique<br />

mémento, guide pour les<br />

################<br />

############<br />

Contrôle conduites à tenir en cas<br />

################<br />

8-généraliser les partenariats avec la police, la<br />

justice et la possibilité d’installer des<br />

permanences au sein des établissements et des<br />

lieux publics<br />

d’infraction élaboré<br />

############<br />

9-Informer et sensibiliser sur les risques et les<br />

sanctions encourues (précision des procédures à<br />

appliquer en cas d’incidents et la constitution<br />

d’outils supports)<br />

Des dépliants et plaquettes<br />

d’information sur les procédures<br />

et sanctions judiciaires sont<br />

élaborés et distribués<br />

################<br />

############<br />

La cohérence, la ################<br />

Rommel Erwin Makon Page 53


10-Constater précocement les velléités<br />

(orientation, suivi éducatif)<br />

fermeté, la rapidité et l’effectivité<br />

des réponses judiciaires sont<br />

perceptibles<br />

############<br />

REPRIMER LES<br />

ACTES<br />

D’OUTRAGES AUX<br />

SYMBOLES<br />

Traitement judiciaire et<br />

prise en charge<br />

11-Sanctionner les actes d’outrage (réfléchir sur<br />

la mise en place de sanctions civiles de types<br />

travaux d’intérêt public…)<br />

Transmission des dossiers<br />

afférents aux autorités judicaires<br />

################<br />

############<br />

12-systématiser les diagnostics de sécurité<br />

civique et des plans de prévention dans chaque<br />

localité<br />

Descentes dans les localités et<br />

échanges avec les agents locaux et<br />

les partenaires.<br />

################<br />

############<br />

13-renforcer les liens avec les services sociaux<br />

et les Maires pour le signalement des individus ou<br />

groupes posant des difficultés.<br />

équipes de contrôle mixte à<br />

constituer (comité local de lutte<br />

contre l’incivisme)<br />

Rommel Erwin Makon Page 54


PLAN D’ACTIVITES<br />

OBJECTIF<br />

SPECIFIQUE<br />

<strong>ET</strong>APES MOYENS RESPONSABLES RESSOURCES<br />

HUMAINES<br />

RESSOURCES<br />

FINANCIERES<br />

ECHEANCIER<br />

SUPPORT<br />

############## ############# ############# ############<br />

N°1<br />

############## ############# ############# ###########<br />

############## ############# ############# ############<br />

OBJECTIF<br />

SPECIFIQUE<br />

<strong>ET</strong>APES MOYENS RESPONSABLES RESSOURCES<br />

HUMAINES<br />

RESSOURCES<br />

FINANCIERES<br />

ECHEANCIER<br />

SUPPORT<br />

############## ############# ############# ############<br />

N°2<br />

############## ############# ############# ############<br />

############## ############# ############# ############<br />

Rommel Erwin Makon Page 55


OBJECTIF<br />

SPECIFIQUE<br />

<strong>ET</strong>APES MOYENS RESPONSABLES RESSOURCES<br />

HUMAINES<br />

RESSOURCES<br />

FINANCIERES<br />

ECHEANCIER<br />

SUPPORT<br />

############## ############# ############# ############<br />

############## ############# ############# ############<br />

N°3<br />

############## ############# ############# ############<br />

Rommel Erwin Makon Page 56

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