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JOURNAL ASMAC No 5 - Octobre 2015

Jeu - Gynécologie/Douleur 24 000 signatures

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PERSPECTIVES<br />

SÉRIE DISCIPLINES MÉDICALES – ACTUALITÉS EN GYNÉCOLOGIE:<br />

LE TRAITEMENT HORMONAL POSTMÉNOPAUSIQUE<br />

Ménopause: quels sont<br />

les traitements alternatifs?<br />

La ménopause est une transition qui s’étend sur plusieurs années. Jusqu’à trois quarts des femmes<br />

souffrent pendant des années de bouffées de chaleur, de troubles du sommeil ainsi que d’autres<br />

entraves physiques et psychiques. Le traitement hormonal s’est retrouvé sous le feu de critiques en<br />

raison des risques cardio-vasculaires et de carcinome. Que peut-on dire au sujet des risques et<br />

bénéfices? Existe- t-il des alternatives?<br />

Prof. Jürgen M. Weiss, chef de l’unité de médecine de reproduction et d’endocrinologie gynécologique, Hôpital cantonal de Lucerne<br />

La ménopause correspond à la fin de la<br />

période de reproduction de la femme.<br />

L’âge moyen de la ménopause se situe autour<br />

de 51 ans en Europe. Jusqu’à trois<br />

quarts des femmes postménopausiques se<br />

plaignent de symptômes climatériques.<br />

D’après les derniers critères du Stages of<br />

Reproductive Aging Workshop (STRAW), la<br />

durée de la période de reproduction de la<br />

femme est divisée en dix stades, des premières<br />

règles jusqu’à la ménopause tardive<br />

qui débute sept ans après les dernières<br />

règles (Harlow et al. 2012). Après la dernière<br />

menstruation, on distingue encore quatre<br />

phases différentes. Cela illustre que la péri/<br />

postménopause n’est pas un évènement<br />

uniforme survenant de façon abrupte, mais<br />

plutôt une transition en plusieurs phases.<br />

Les cycles deviennent d’abord plus irréguliers<br />

et généralement plus courts. La FSH<br />

augmente, l’œstrogène chute. Dans certaines<br />

phases, on atteint aussi des taux<br />

d’œstrogènes élevés associés généralement<br />

à une persistance des follicules. On constate<br />

souvent aussi un déficit en progestérone.<br />

Les femmes présentant des symptômes<br />

vasomoteurs souffrent en moyenne pendant<br />

7,4 ans de troubles climatériques.<br />

C’est ce qui est ressorti de l’étude d’observation<br />

américaine «Study of Women’s<br />

Health Across the Nation (SWAN)» réalisée<br />

auprès de 1449 femmes. Chez les femmes<br />

qui présentent déjà des troubles avant la<br />

ménopause, les symptômes durent plus<br />

longtemps que chez celles qui ne rencontrent<br />

des problèmes qu’après la ménopause<br />

(12 ans vs 3,4 ans) (Avis et al. <strong>2015</strong>).<br />

Ces données et d’autres montrent que les<br />

troubles climatériques représentent un<br />

problème plus persistant et pertinent que<br />

ce que l’on pense généralement.<br />

<strong>No</strong>tons que d’autres risques et<br />

conclusions s’appliquent aux<br />

femmes qui souffrent d’une insuffisance<br />

ovarienne prématurée<br />

(5<br />

ans) entraîne une augmentation du nombre<br />

de cancers du sein. En 1997 déjà, le Collaborative<br />

Group avait publié ce constat dans<br />

la revue «Lancet». Au début des années<br />

2000, les résultats de l’étude WHI ont été<br />

publiés (Rossouw et al. 2002; (Anderson et<br />

al. 2004). La nouveauté de l’étude WHI résidait<br />

dans le fait qu’il s’agissait d’une étude<br />

randomisée, contrôlée par placebo réalisée<br />

sur 16 000 femmes dans le bras œstrogène-gestagène<br />

et plus de 10 000 femmes<br />

dans le bras œstrogène. Le public avait aussi<br />

été sensibilisé au sujet de l’étude parce que<br />

les deux groupes expérimentaux avaient été<br />

interrompus prématurément: dans le<br />

groupe œstrogène-gestagène en 2002, dans<br />

le groupe œstrogène en 2004. Le risque<br />

global dépassait les bénéfices escomptés.<br />

L’administration d’hormones avait conduit<br />

à une augmentation des évènements cardio-vasculaires.<br />

C’était surprenant, car<br />

l’étude avait pour objectif de prouver l’effet<br />

positif sur le système cardio-vasculaire<br />

connu d’études d’observation antérieures.<br />

Contrairement au traitement combiné œstrogène-gestagène,<br />

le traitement à l’œstrogène<br />

s’accompagnait d’un risque accru de<br />

cancer du sein. Le traitement combiné<br />

conduit aussi à une mortalité accrue. Cela<br />

ne vaut cependant que pour les substances<br />

testées, notamment l’estradiol conjugué<br />

équin (CEE) et l’acétate de médroxyprogestérone<br />

(MPA). Malgré l’engouement pour<br />

l’étude WHI, il est important de connaître<br />

certains faits pour son interprétation:<br />

• Les risques absolus sont faibles. Ainsi,<br />

le risque d’être atteint d’un carcinome<br />

mammaire augmente de 8 cas sur<br />

10 000 personnes/années.<br />

• L’étude WHI n’a testé que deux médicaments:<br />

CEE et MPA. Il n’a pas été établi<br />

si les résultats pouvaient être reportés<br />

sur d’autres régimes thérapeutiques et<br />

médicaments.<br />

• Les patientes testées étaient en moyenne<br />

âgées de 63 ans.<br />

Carcinome ovarien: Un traitement hormonal<br />

postménopausique augmente le<br />

risque du carcinome ovarien. En particulier<br />

pour les tumeurs endométroïdes et séreuses.<br />

Une grande analyse des données disponibles<br />

à ce jour, réalisée par le Collaborative<br />

Group on Epidemiological Studies on Ovarian<br />

Cancer en <strong>2015</strong>, montre un risque relatif<br />

de 1,25 (traitement œstrogène) à 1,32<br />

(traitement œstrogène/gestagène) (Collaborative<br />

Groupe <strong>2015</strong>). L’augmentation<br />

absolue du risque se situe à 10 sur 10 000.<br />

Le risque n’augmente plus si le traitement<br />

hormonal a duré moins de cinq ans et que<br />

la dernière prise remonte à plus de cinq ans.<br />

Pour tous les autres scénarios, on constate<br />

une augmentation du risque. Il n’a pas été<br />

opéré de distinction entre les régimes thérapeutiques<br />

ou médicaments.<br />

Carcinome endométrial: Une analyse<br />

récente montre une augmentation du carcinome<br />

endométrial sous traitement par<br />

œstrogène/gestagène (Fournier et al.<br />

2014). Dans cette analyse, on a effectué la<br />

distinction entre différents gestagènes. Une<br />

prise prolongée (>5 ans) montre pour la<br />

progestérone micronisée et la dydrogestérone<br />

une augmentation des carcinomes<br />

38 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>

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