JOURNAL ASMAC No 5 - Octobre 2015

POINT DE MIRE ▶ JEU
Batman Arkham Knight © Warner Bros. Interactive
C’est comme au cinéma …
Les jeux vidéo modernes ont autant de points communs avec leurs prédécesseurs Pac-Man ou
Space Invaders que le TGV n’en a avec une trottinette. Rien d’étonnant donc que les jeux ont déjà,
du moins sur le plan commercial, largement dépassé les longs métrages. Mais même si la frontière
entre film et jeu vidéo s’estompe, chaque média continuera d’exister.
Marc Bodmer, cyberculturiste et journaliste RP
Une ombre se détache dans l’obscurité
humide. Sans bruit, elle se précipite dans
le vide. Les canailles réunies remarquent
trop tard ce qui leur arrive. Vêtu d’un habit
gris-noir, Batman se lance à leur rencontre,
se baisse en évitant les coups de feu
et distribue des crochets. C’est un ballet
ininterrompu de coups. Si je réagis à
temps et j’appuie sur les bonnes touches,
car je suis Batman.
«C’est comme dans un film …», s’exclame
plus d’un amateur en apercevant
un court instant «Batman: Arkham
Knight», le chapitre final de la série de
jeux vidéo récompensée Arkham. La numérisation
croissante conduit à un rapprochement
entre Hollywood et l’industrie des
jeux vidéo. Il y a une trentaine d’années,
les cinéastes considéraient les arrivistes
interactifs d’un regard à la fois amusé et
méfiant. Ils ne voulaient pas vraiment
prendre au sérieux les personnages pixélisés
tels que Super Mario et Pac-Man qui
déambulaient sur l’écran. Ils auraient
mieux fait d’avoir un peu plus de considération
à leur égard, car entre-temps, le
petit frère de l’époque dépasse le cinéma
en termes de chiffre d’affaires et connaît
un engouement croissant. En 2015, les
spécialistes de Newzoo estiment que l’industrie
des jeux vidéo atteindra un chiffre
d’affaires de 91 milliards de dollars. A titre
de comparaison: l’ensemble de l’industrie
américaine du film – recettes des cinémas,
ventes de films, droits de diffusion,
etc. – devra se contenter d’un chiffre d’affaires
de 62 milliards de dollars.
Un langage visuel
commun
Notamment quand il s’agit d’images générées
par ordinateur, de graphiques créés
par ordinateur et d’images dans les films
d’animation, mais aussi dans les films
d’action et fantastiques, on a l’impression
que le film et le jeu vidéo se rapprochent.
En effet, dans certains domaines, les technologies
employées se ressemblent. Dans
le film d’animation, on utilise plus souvent
des instruments en temps réel grâce
à la meilleure capacité de calcul. Dans les
jeux vidéo, on fait davantage appel à un
langage visuel cinématographique. C’est
pour cette raison que les caméramans
d’Hollywood travaillent de plus en plus
souvent à titre de conseiller dans les studios
de jeux.
Alors que pour le long métrage, seule la
vision du réalisateur doit être mise en
œuvre et que celle-ci est ensuite calculée
pendant plusieurs mois par des ordinateurs
haute performance pour obtenir le
meilleur résultat possible, pour le jeu vidéo,
les perspectives de la représentation
N o 5 Octobre 2015
VSAO JOURNAL ASMAC
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