JOURNAL ASMAC No 5 - Octobre 2015

Jeu - Gynécologie/Douleur 24 000 signatures Jeu - Gynécologie/Douleur 24 000 signatures

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FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL Pour le responsable de l’établissement de formation postgraduée, la somme des observations génère une image globale avec différentes facettes qui présente l’avantage que les évaluations sont effectuées par différents formateurs. De plus, l’état de la formation postgraduée est consigné formellement. Le médecin-assistant voit noir sur blanc où il en est. Risques et faiblesses Le manque d’acceptation de la part des personnes concernées peut représenter un risque. En effet, le formulaire pourrait être considéré comme un élément supplémentaire d’une bureaucratisation accrue de notre profession et être traité en minimisant la charge de travail. Les objectifs d’apprentissage et les progrès du médecin-assistant ne seraient alors pas abordés sérieusement. Les médecins-assistant(e)s de notre institut estiment que cela ne représente qu’un faible danger, étant donné que la charge administrative reste modeste. Suivant l’aménagement du formulaire, les aptitudes techniques sont surévaluées, vu que celles-ci peuvent généralement être plus facilement observées et évaluées. Notamment dans des situations ou activités complexes, l’effet d’apprentissage est souvent plus grand. Une EMiT représente un instantané lors duquel la performance peut être influencée par différents facteurs. Cela peut éventuellement avoir pour conséquence qu’elle ne reflète pas la performance maximale. Comme les sujets sont choisis au hasard, il n’existe pas de curriculum à proprement dit avec des objectifs clairement définis qui sont ensuite contrôlés. On ne peut donc pas en déduire directement une courbe d’apprentissage. Les capacités évaluées peuvent en partie être influencées de façon sélective par le médecin-assistant, si ce dernier demande à un médecin-cadre avec lequel il entretient de bonnes relations de procéder à l’évaluation. Cela peut être évité par le fait que les médecins-cadres initient aussi les EMiT. Les EMiT par différents formateurs peuvent produire des résultats différents pour le même médecin-assistant, s’il n’est pas clairement défini selon quels critères l’évaluation doit s’effectuer, respectivement ce que l’on peut attendre du médecin-assistant en fonction du niveau auquel celui-ci se trouve. Si les formateurs manquent d’expérience pour donner des feed-back, cela peut aussi présenter des difficultés. Ce problème ne se pose pas seulement pour les évaluations en milieu de travail, mais apparaîtra plus facilement lors de la réalisation de cellesci. L’on répond à cette difficulté par une formation accrue des médecins-cadres actifs dans la formation postgraduée dans le domaine de l’enseignement clinique. Le fait d’être contraint de respecter un certain horaire (p. ex. programme des interventions chirurgicales) peut entraver la réalisation d’une EMiT, par exemple parce que la répétition d’une intervention ratée s’accompagnerait de retards et qu’elle doit donc être effectuée par le médecin-cadre chargé de l’évaluation. La discussion immédiatement après l’évaluation n’est pas non plus toujours possible. En particulier chez les médecins-assistants expérimentés, on peut envisager d’étendre la période d’évaluation à un intervalle plus large (p. ex. plusieurs interventions le même jour ou séquence de plusieurs services de nuit). L’évaluation ne porte alors pas seulement sur les aptitudes techniques, mais également sur la performance globale comprenant l’interaction avec le patient, l’organisation du travail et le travail d’équipe. En particulier pour les «Non Technical Skills», cette manière de procéder convient mieux que p. ex. l’accompagnement d’un seul entretien d’information au chevet du patient. Conclusion Pour résumer, on peut dire que les avantages des EMiT sont incontestés, ce qui explique l’accueil favorable dont elles bénéficient auprès des formateurs et des médecins en formation. Les EMiT contribuent à établir une culture d’apprentissage lors de laquelle on ne procède pas seulement à l’évaluation du travail clinique des médecins en formation, mais où l’on fournit aussi un feed-back ciblé. Parallèlement, la perception du médecin-assistant est intégrée dans l’évaluation par l’autoévaluation, et les objectifs de formation postgraduée suivants sont définis. Il est important de consigner par écrit et de façon structurée, à l’aide des EMiT, les observations (évaluation de soi et par le formateur), le potentiel du médecin en formation et les futurs objectifs d’apprentissage. L’instrument conserve ainsi sa valeur et son acceptation. Bien que la réalisation structurée et la documentation écrite des EMiT représente aujourd’hui une contribution importante pour l’évaluation des collaborateurs par le responsable de l’établissement de formation postgraduée, il serait souhaitable, à long terme, que l’importance des EMiT, en tant qu’instrument d’évaluation formel, passe au second plan. L’objectif devrait être de contribuer à une évolution de la culture d’enseignement et d’apprentissage dans les hôpitaux suisses par la mise en place de cet échange constructif régulier entre les médecins-cadres et les médecins-assistant(e)s. ■ 1 http://www.jrcptb.org.uk/assessment/ workplace-based-assessment 2 http://www.fmh.ch/fr/formation-isfm/ formation-postgraduee/pour-candidatsspecialiste/evaluation-lieu-travail.html 3 Dans notre discipline, p. ex. pour réaliser une anesthésie spinale, une anesthésie générale, poser un cathéter veineux central, mais également pour tenir un entretien d’information ou une formation continue interne. 4 http://www.sgar-ssar.ch/fileadmin/user_ upload/Dokumente/Weiterbildung/DOCE_ V2.4.2014.pdf 5 http://sfdc.stanford.edu/clinical_teaching. html 6 http://www.fmh.ch/files/pdf16/Workshop- Broschuere_Apr-Sep_2015.pdf (exemple) 12 VSAO JOURNAL ASMAC N o 5 Octobre 2015

FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL Le principal en un clin D'ŒIL Du frigo au logbook électronique La femme d’un cousin a dernièrement entamé sa formation médicale postgraduée à Sulawesi (Indonésie). Pour obtenir un poste d’assistante en dermatologie, elle a quitté Surabaya et travaille maintenant à 800 kilomètres de chez elle à XY. En Indonésie aussi, les postes en dermatologie semblent être très prisés. Voilà pour ce qui en est des points communs entre l’Indonésie et la Suisse. Les conditions de travail par contre ne pourraient pas être plus différentes. Elle ne touche pas de salaire pour son travail. Au contraire, pour pouvoir travailler dans la clinique, elle doit s’acquitter d’un montant important. Ses tâches essentielles consistent à s’assurer que le frigo soit toujours bien rempli, que les abonnements de téléphonie mobile des médecins plus âgés soient payés et que les petits travaux (photocopies ou même cadeaux pour les proches) soient réglés. Les heures de présence sont nombreuses et les vacances ne sont pas prévues. Celles et ceux qui espèrent profiter dans de telles conditions d’une activité clinique intéressante durant leur première année d’assistanat, de nombreux contacts avec les patients et d’un bon enseignement seront hélas déçus. La jeune médecin-assistante n’a encore jamais entendu parler d’un logbook électronique ou d’évaluations en milieu de travail. Une bonne formation postgraduée est un investissement dans l’avenir et ne génère aucun bénéfice direct. Les expériences en Indonésie montrent que même des postes d’assistants aussi peu attractifs sont très prisés. Notamment les perspectives économiques intéressantes à long terme – un bon salaire pour les médecins, mais aussi des prix élevés pour les patients – dépassent les frais d’investissements du médecin. Au final, ce sont donc les patients qui prendront en charge les frais douteux de ce poste de formation postgraduée – un fait d’autant plus surprenant que la compétence technique principalement financée par les patients n’est pas enseignée pendant les premières années. Cet exemple montre de façon un peu exagérée que la formation postgraduée doit souvent être sacrifiée au bénéfice d’autres intérêts. Même si de telles conditions ne font plus partie du quotidien en Suisse, nous n’en sommes pas encore arrivés à un stade où la formation médicale postgraduée de qualité va de soi. Trop souvent, la formation postgraduée se trouve en concurrence avec d’autres intérêts. Même si ce n’est pas le frigo vide qui provoque les plus fortes pressions, ce sont malgré tout les contraintes économiques à court terme qui empêchent de prendre conscience de la nécessité d’investir à long terme dans une formation postgraduée de qualité. L’introduction, que nous espérons prochaine, de contributions cantonales à la formation médicale postgraduée dans toute la Suisse permettra probablement de désamorcer la situation. En comparaison internationale, la formation médicale postgraduée en Suisse peut être considérée comme très bonne. Cela ne nous libère cependant pas de l’obligation d’assurer et d’améliorer la qualité de la formation postgraduée. Un espace suffisant doit être accordé à la formation postgraduée dans les hôpitaux. Ce faisant, il n’y a pas que les médecins formateurs qui doivent contribuer au maintien de la formation postgraduée à un bon niveau, mais également les médecins en formation. ■ Ryan Tandjung, vice-président de l’ASMAC, responsable du ressort formation postgraduée N o 5 Octobre 2015 VSAO JOURNAL ASMAC 13

FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

Le principal en un clin D'ŒIL<br />

Du frigo au logbook électronique<br />

La femme d’un cousin a dernièrement<br />

entamé sa formation médicale postgraduée<br />

à Sulawesi (Indonésie). Pour obtenir<br />

un poste d’assistante en dermatologie, elle<br />

a quitté Surabaya et travaille maintenant<br />

à 800 kilomètres de chez elle à XY. En<br />

Indonésie aussi, les postes en dermatologie<br />

semblent être très prisés.<br />

Voilà pour ce qui en est des points communs<br />

entre l’Indonésie et la Suisse. Les<br />

conditions de travail par contre ne pourraient<br />

pas être plus différentes. Elle ne<br />

touche pas de salaire pour son travail. Au<br />

contraire, pour pouvoir travailler dans la<br />

clinique, elle doit s’acquitter d’un montant<br />

important. Ses tâches essentielles consistent<br />

à s’assurer que le frigo soit toujours bien<br />

rempli, que les abonnements de téléphonie<br />

mobile des médecins plus âgés soient payés<br />

et que les petits travaux (photocopies ou<br />

même cadeaux pour les proches) soient<br />

réglés. Les heures de présence sont nombreuses<br />

et les vacances ne sont pas prévues.<br />

Celles et ceux qui espèrent profiter dans<br />

de telles conditions d’une activité clinique<br />

intéressante durant leur première année<br />

d’assistanat, de nombreux contacts avec<br />

les patients et d’un bon enseignement seront<br />

hélas déçus. La jeune médecin-assistante<br />

n’a encore jamais entendu parler<br />

d’un logbook électronique ou d’évaluations<br />

en milieu de travail.<br />

Une bonne formation postgraduée est un<br />

investissement dans l’avenir et ne génère<br />

aucun bénéfice direct. Les expériences en<br />

Indonésie montrent que même des postes<br />

d’assistants aussi peu attractifs sont très<br />

prisés. <strong>No</strong>tamment les perspectives économiques<br />

intéressantes à long terme – un<br />

bon salaire pour les médecins, mais aussi<br />

des prix élevés pour les patients – dépassent<br />

les frais d’investissements du médecin.<br />

Au final, ce sont donc les patients<br />

qui prendront en charge les frais douteux<br />

de ce poste de formation postgraduée – un<br />

fait d’autant plus surprenant que la compétence<br />

technique principalement financée<br />

par les patients n’est pas enseignée<br />

pendant les premières années.<br />

Cet exemple montre de façon un peu exagérée<br />

que la formation postgraduée doit<br />

souvent être sacrifiée au bénéfice d’autres<br />

intérêts. Même si de telles conditions ne<br />

font plus partie du quotidien en Suisse,<br />

nous n’en sommes pas encore arrivés à un<br />

stade où la formation médicale postgraduée<br />

de qualité va de soi.<br />

Trop souvent, la formation postgraduée se<br />

trouve en concurrence avec d’autres intérêts.<br />

Même si ce n’est pas le frigo vide qui<br />

provoque les plus fortes pressions, ce sont<br />

malgré tout les contraintes économiques<br />

à court terme qui empêchent de prendre<br />

conscience de la nécessité d’investir à long<br />

terme dans une formation postgraduée de<br />

qualité. L’introduction, que nous espérons<br />

prochaine, de contributions cantonales à<br />

la formation médicale postgraduée dans<br />

toute la Suisse permettra probablement de<br />

désamorcer la situation.<br />

En comparaison internationale, la formation<br />

médicale postgraduée en Suisse peut<br />

être considérée comme très bonne. Cela ne<br />

nous libère cependant pas de l’obligation<br />

d’assurer et d’améliorer la qualité de la formation<br />

postgraduée. Un espace suffisant<br />

doit être accordé à la formation postgraduée<br />

dans les hôpitaux. Ce faisant, il n’y a pas<br />

que les médecins formateurs qui doivent<br />

contribuer au maintien de la formation<br />

postgraduée à un bon niveau, mais également<br />

les médecins en formation. ■<br />

Ryan Tandjung, vice-président<br />

de l’<strong>ASMAC</strong>, responsable du ressort<br />

formation postgraduée<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

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