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JOURNAL ASMAC No 5 - Octobre 2015

Jeu - Gynécologie/Douleur 24 000 signatures

Jeu - Gynécologie/Douleur 24 000 signatures

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Verband Schweizerischer Assistenz- und Oberärztinnen und -ärzte<br />

Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique<br />

Associazione svizzera dei medici assistenti e capiclinica<br />

SOMMAIRE<br />

Page de couverture: aebi, grafik & illustration, berne<br />

EDITORIAL<br />

5 Homo faber, homo ludens<br />

POLITIQUE<br />

6 Politique de la santé:<br />

24 198 signatures qui en disent long<br />

FORMATION POSTGRADUÉE /<br />

CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

10 Evolution de la culture d’enseignement<br />

et d’apprentissage<br />

13 Le principal en un clin d'œil:<br />

Du frigo au logbook électronique<br />

14 Apprendre à lire:<br />

Une question de confiance<br />

15 Une Rose pour Genève<br />

16 Mettre de l’ordre et apporter un soutien<br />

<strong>ASMAC</strong><br />

18 Section Berne<br />

19 Conseil juridique <strong>ASMAC</strong><br />

21 VSAO-Inside<br />

POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

22 Une théorie aux multiples facettes<br />

25 Plus qu’un jeu d’enfant<br />

27 C’est comme au cinéma …<br />

30 A la fois jeu et thérapie<br />

32 Pas d’évolution sans «jeu»<br />

PERSPECTIVES<br />

38 Série disciplines médicales – Actualités<br />

en gynécologie – Le traitement hormonal<br />

postménopausique:<br />

Ménopause – quels sont les traitements<br />

alternatifs?<br />

41 Aus der «Therapeutischen Umschau»:<br />

Der nichtkardiale Thoraxschmerz<br />

44 L’objet choisi: Une fumée enivrante<br />

MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />

45 Comprendre les assurances:<br />

la responsabilité civile professionnelle<br />

47 Boîte aux lettres<br />

48 Les dommages causés par les fouines<br />

peuvent être évités<br />

49 Règles d’imposition dans le domaine<br />

de la prévoyance<br />

50 Impressum<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

3


ÉDITORIAL<br />

Photo: Severin <strong>No</strong>vacki<br />

Catherine Aeschbacher<br />

rédactrice en chef du Journal <strong>ASMAC</strong><br />

Homo faber, homo ludens<br />

24 198 personnes exigent avec leur signature que la loi sur le<br />

travail soit respectée dans les hôpitaux et, de ce fait, de meilleures<br />

conditions de travail pour les médecins-assistant–(e)s.<br />

Les signataires se montrent ainsi solidaires avec les revendications<br />

de nos membres. Il reste à espérer que cet appel ne<br />

restera pas sans écho, mais qu’il apportera enfin les améliorations<br />

attendues depuis longtemps. Vous trouverez plus de détails<br />

concernant l’action et la remise des signatures à la rubrique<br />

Politique. <strong>No</strong>us adressons nos chaleureux remerciements<br />

à tous les signataires et à toutes celles et ceux qui ont<br />

récolté les signatures.<br />

Même si eu égard aux difficultés rencontrées pour faire respecter<br />

la loi sur le travail, cela puisse paraître ironique: jamais<br />

encore, les gens n’ont eu autant de temps libre. <strong>No</strong>tre société<br />

moderne nous a permis de nous libérer de nombreuses<br />

contraintes imposées à nos ancêtres. «Modern humans may be<br />

the only species that have some form of leisure time. We spend<br />

large amounts of time in the pursuit of pleasure; pastimes,<br />

games and activities that we find fun», constatent les scientifiques<br />

britanniques Nathan J. Emery et Nicola S. Clayton. Cette<br />

fois, nous plaçons l’un des passe-temps les plus anciens dans<br />

notre Point de mire: le jeu. Alors que les adultes – excepté les<br />

personnes dépendantes du jeu – jouent généralement par pur<br />

plaisir, le jeu des enfants sert à d’autres fins. La psychologue<br />

Carine Burkhardt Bossi nous montre la complexité des jeux<br />

d’enfants au moyen de deux formes de jeu. Un article du sociologue<br />

Andreas Diekmann prouve que la théorie du jeu n’a pas<br />

grand-chose à voir avec le jeu, mais qu’elle influence considérablement<br />

notre quotidien et permet même d’expliquer des<br />

processus physiques. Alors que les jeux traditionnels passent<br />

au second plan, les jeux vidéo connaissent un essor ininterrompu.<br />

Autrefois, les premiers jeux vidéo s’inspiraient du cinéma.<br />

Aujourd’hui, c’est Pac-Man qui fait son apparition sur<br />

le grand écran. Même si cette «chose» a dû attendre 35 ans ses<br />

débuts à Hollywood, la convergence des deux médias est évidente.<br />

Le journaliste et cyberculturiste Marc Bodmer s’intéresse<br />

à la question de savoir qui influence qui dans ce domaine.<br />

Quant à l’archéologue Beate Maria Pomberger, elle fait un<br />

retour dans un passé bien plus lointain à la recherche des<br />

formes de jeu primitives et d’autres témoins d’activités de loisirs.<br />

Pour finir, l’artiste de scène Fidelio Lippuner nous parle<br />

d’un projet de théâtre d’un autre genre.<br />

Les assurances n’ont rien de commun avec le jeu et le plaisir.<br />

En effet, qui se passionne pour la lecture de dispositions<br />

contractuelles? A la rubrique MEDISERVICE, nous lançons une<br />

série intitulée «Comprendre les assurances» qui présente et explique<br />

de façon simple et compréhensible les assurances les plus<br />

importantes.<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

5


POLITIQUE<br />

Manifestation silencieuse nocturne dans la bonne humeur Manifestation silencieuse nocturne<br />

POLITIQUE DE LA SANTÉ<br />

24 198 signatures qui en disent long<br />

Il n’y a pas que les médecins-assistantes et -assistants qui veulent que la loi sur le travail soit<br />

respectée. Début septembre, nous avons pu remettre plus de 24 000 signatures au Secrétariat d’Etat<br />

à l’économie (Seco). Les signataires étaient majoritairement des hommes et femmes issus de la<br />

population. Après dix ans d’une mise en œuvre difficile et de belles paroles, il faut enfin des actes.<br />

Nico van der Heiden, directeur adjoint/responsable politique et communication <strong>ASMAC</strong>, Lisa Loretan, assistante de projets<br />

politiques et communication <strong>ASMAC</strong>. Photos: Riechsteiner Fotografie<br />

La situation de départ ne pourrait pas être<br />

plus simple: la loi fédérale sur le travail<br />

s’applique depuis 2005 à tous les médecins-assistant(e)s<br />

(et à la plupart des<br />

chef(fe)s de clinique). Pour une loi nationale,<br />

on pourrait supposer qu’elle est respectée<br />

dans toute la Suisse. Hélas, il n’en<br />

est rien. Le sondage auprès des membres<br />

réalisé par l’<strong>ASMAC</strong> a montré que la loi sur<br />

le travail est souvent violée dans les hôpitaux<br />

suisses. C’est pourquoi l’<strong>ASMAC</strong> s’engage<br />

depuis plusieurs années avec encore<br />

plus d’énergie pour que la loi sur le travail<br />

soit respectée, par exemple en 2013 avec<br />

une vaste campagne d’information auprès<br />

du public.<br />

Cartes de protestation<br />

Que peut-on faire quand les lois ne sont<br />

pas respectées? C’est hélas bien vrai que<br />

moins il y a de contrôles, plus la probabilité<br />

est grande que l’on ne respecte pas les<br />

règles (pensons par exemple aux limitations<br />

de vitesse sur l’autoroute). C’est pour<br />

cette raison que l’<strong>ASMAC</strong> demande depuis<br />

des années que les inspectorats cantonaux<br />

du travail procèdent régulièrement à des<br />

contrôles dans tous les hôpitaux.<br />

Fin avril, l’<strong>ASMAC</strong> a donc lancé la campagne<br />

consécutive «Hôpitaux hors-la-loi»<br />

à l’occasion d’un triste jubilé: les dix ans<br />

de la loi sur le travail pour tous les méde-<br />

6 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> Nr. 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


POLITIQUE<br />

Autocollant sur les biscuits que nous avons<br />

distribués aux collaborateurs du Seco.<br />

cins-assistantes et -assistants, dix ans de<br />

violations systématiques de ces dispositions.<br />

L’<strong>ASMAC</strong> a ainsi démarré une action<br />

avec des cartes postales de protestation<br />

au moyen desquelles la population<br />

pouvait souligner qu’elle souhaite aussi<br />

que la loi sur le travail soit respectée dans<br />

les hôpitaux. En tant que patients (potentiels),<br />

tous ont intérêt à ce que les collaborateurs<br />

dans les hôpitaux ne soient pas<br />

épuisés et harassés. A notre grand plaisir,<br />

l’action a été un succès total: plus de<br />

24 000 personnes ont signé la carte postale<br />

de protestation et demandent donc au<br />

conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann<br />

d’agir. En tant que responsable du<br />

Seco, il est le premier garant du respect<br />

de la loi sur le travail en Suisse. Un<br />

nombre impressionnant de signatures a<br />

pu être récolté en un peu plus de trois<br />

mois. Cela souligne que nos revendications<br />

sont aussi largement soutenues par<br />

la population.<br />

Manifestation silencieuse<br />

nocturne<br />

Bien sûr que l’<strong>ASMAC</strong> n’a pas manqué<br />

d’associer ce succès à une action symbolique.<br />

Ainsi, les collaborateurs du secrétariat<br />

central et des médecins engagés ont<br />

entamé le 1er septembre une manifestation<br />

silencieuse à proximité du Seco. <strong>No</strong>us<br />

voulions accueillir le lendemain les collaborateurs<br />

du Seco après un «service de<br />

nuit» fatiguant. Pendant notre service de<br />

nuit, nous avons rencontré vers 3h00 du<br />

matin un membre de l’<strong>ASMAC</strong> qui rentrait<br />

justement de l’hôpital après une césarienne<br />

d’urgence. Il est venu prendre un<br />

café et nous a parlé de ses heures supplémentaires.<br />

Action de remise<br />

remarquée<br />

Très fatigués, nous avons ensuite commencé<br />

vers 6h30 à distribuer des biscuits<br />

aux collaborateurs du Seco. Les pâtisseries<br />

portaient le message clair de notre campagne<br />

«Hôpitaux hors-la-loi», ce qui a<br />

aussi permis d’engager spontanément<br />

quelques discussions intéressantes.<br />

Les signatures avaient auparavant été emballées<br />

dans des cartons et entassées devant<br />

le Seco sous forme d’une tourte immangeable<br />

à l’occasion du triste jubilé des<br />

Nr. 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

7


POLITIQUE<br />

Les contacts qui ont pu être établis nous<br />

seront certainement utiles à l’avenir. Le<br />

constat est d’ailleurs tout à fait juste: il<br />

incombe aux inspectorats cantonaux du<br />

travail, qui font preuve d’un intérêt très<br />

variable en ce qui concerne les hôpitaux,<br />

de s’activer.<br />

Remise formelle des signatures (de gauche à droite: Valentin Lagger, chef de l’Inspection<br />

fédérale du travail; Daniel Schröpfer, président de l’<strong>ASMAC</strong>; Pascal Richoz, chef du centre de<br />

prestations Conditions de travail; Rosmarie Glauser, directrice de l’<strong>ASMAC</strong> Berne; Marianne<br />

Streiff-Feller, conseillère nationale; Nico van der Heiden, responsable politique et communication<br />

VSAO<br />

Une action médiatique<br />

Déjà dans le courant de l’après-midi,<br />

lorsque la Radio Suisse Romande RTS<br />

est venu chercher un médecin-assistant<br />

pour son émission en direct du soir, nous<br />

avons constaté que l’action de remise des<br />

signatures allait avoir un large écho<br />

dans les médias (qu’elle a d’ailleurs<br />

trouvé en la personne d’Anja Zyska). Différentes<br />

plateformes médiatiques, dont<br />

blick.ch, ont immédiatement publié<br />

notre communiqué de presse. Le soir,<br />

l’émission «Rundschau» de la télévision<br />

suisse allemande a diffusé un reportage<br />

de 11 minutes consacré au sujet «Assistenzärzte<br />

am Limit: Kampf gegen<br />

illegale Überstunden» (le reportage peut<br />

être visionné en ligne). Une émission à<br />

laquelle l’<strong>ASMAC</strong> a collaboré et qui a<br />

montré par quelques exemples impressionnants<br />

que nos affirmations n’ont<br />

rien de fantaisistes, mais que les violations<br />

de la loi sur le travail sont une<br />

réalité (avec des conséquences très<br />

réelles).<br />

Les signatures sont portées dans le Seco.<br />

10 ans. Pour la remise qui s’est déroulée<br />

ensuite, nous avons été rejoints par la<br />

conseillère nationale bernoise Marianne<br />

Streiff-Feller, qui soutient l’<strong>ASMAC</strong> déjà<br />

depuis plusieurs années par son engagement<br />

pour le respect de la loi sur le travail<br />

dans les hôpitaux. Le chef du centre de<br />

prestations Conditions de travail du Seco<br />

ainsi que le chef de l’inspection fédérale<br />

du travail ont eu la lourde tâche de réceptionner<br />

notre tourte immangeable. Ils<br />

nous ont ensuite reçus pour un entretien<br />

constructif. L’entretien a porté sur les<br />

moyens limités dont dispose la Confédération<br />

pour influencer les inspectorats<br />

cantonaux du travail. Même si cette réponse<br />

évasive et négative ne nous satisfait<br />

pas, il est bien que nous ayons pu mener<br />

cet entretien avec les responsables du Seco.<br />

Conclusion<br />

L’<strong>ASMAC</strong> reste à l’affût sur tous les fronts:<br />

sur le plan national, cantonal, politique<br />

et pratique. Ce n’est que de cette façon<br />

que nous obtiendrons que la loi sur le<br />

travail soit enfin respectée pour tous les<br />

médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de<br />

clinique. Pas seulement pour protéger la<br />

santé des médecins, mais également<br />

celle des patients. ■<br />

Le pilotage des admissions sur la bonne voie<br />

Le 7 septembre, le Conseil national a décidé à une large majorité de poursuivre le<br />

pilotage des admissions actuellement en vigueur. Cela correspondait aussi à la solution<br />

souhaitée par la FMH et l’<strong>ASMAC</strong>. Le Conseil national a enterré sans discussion<br />

le projet compliqué du Conseil fédéral qui prévoyait un pilotage cantonal des admissions.<br />

La motion de l’UDC et du PLR demandant de lever l’obligation de contracter<br />

en remplacement du pilotage des admissions n’a pas non plus trouvé grâce aux yeux<br />

du Conseil national. Il reste maintenant au Conseil des Etats à confirmer le compromis<br />

avant que nos membres ne sachent définitivement quel système de pilotage<br />

des admissions s’appliquera dès juillet 2016.<br />

8 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> Nr. 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

Evolution de la culture<br />

d’enseignement et d’apprentissage<br />

Les évaluations en milieu de travail permettent de donner un feed-back sur la base de l’observation<br />

ciblée de certaines activités. Les formateurs et les médecins en formation obtiennent ainsi des<br />

informations sur l’état actuel du savoir et des aptitudes. Pour employer cet instrument avec succès,<br />

il convient de tenir compte de certaines directives.<br />

Reto A. Thomasin, médecin adjoint, responsable de la formation postgraduée; Hannes Rich, médecin-assistant; Michael T. Ganter,<br />

médecin-chef, responsable de l’établissement de formation postgraduée à l’Institut d’anesthésiologie et traitement de la douleur,<br />

Hôpital cantonal de Winterthour<br />

Les évaluations en milieu de travail<br />

(EMiT) sont des instruments de feed-back<br />

structurés 1 qui sont déjà utilisés depuis<br />

longtemps dans les pays anglo-saxons. Ils<br />

permettent d’observer directement les médecins-assistant(e)s<br />

dans leur travail clinique<br />

et de leur donner une évaluation<br />

structurée sur cette base. Les EMiT ne sont<br />

pas des examens, mais peuvent servir de<br />

base de discussion importante pour les<br />

entretiens de qualification et d’évaluation<br />

périodiques. De plus, les EMiT permettent<br />

à plusieurs formateurs de documenter<br />

l’état de la formation postgraduée de<br />

chaque médecin-assistant(e) et de définir<br />

de nouveaux objectifs de formation<br />

postgraduée.<br />

Différents instruments EMiT sont employés:<br />

le «Mini Clinical Evaluation Exercise»<br />

(Mini-CEx) ou le «Direct Observation<br />

of Procedural Skills» (DOPS) ou le<br />

«Direct Observation of Clinical Encounter»<br />

(DOCE). Les Mini-CEx servent plutôt<br />

à évaluer la communication avec le patient,<br />

alors que les DOPS ou DOCE servent<br />

à évaluer les aptitudes. L’Institut suisse<br />

pour la formation médicale postgraduée<br />

et continue ISFM prévoit au moins quatre<br />

EMiT par année 2 .<br />

Un récent sondage non représentatif réalisé<br />

auprès des médecins-assistant(e)s<br />

nouvellement engagés dans notre institut<br />

a montré que cette directive n’était pas<br />

encore mise en œuvre partout. Certaines<br />

sociétés de discipline médicale et établissements<br />

de formation postgraduée sont<br />

plus avancés que d’autres et réalisent déjà<br />

depuis quelque temps les EMiT. D’autres<br />

commencent seulement à s’intéresser au<br />

sujet. Cet article relate les expériences que<br />

nous avons faites lors de l’introduction<br />

dans notre établissement de formation<br />

postgraduée. <strong>No</strong>us aimerions présenter les<br />

éventuelles difficultés pratiques, mais<br />

également les avantages inestimables<br />

qu’offrent ces outils d’évaluation.<br />

Réalisation d’une EMiT<br />

Pour réaliser une EMiT, le médecin-assistant<br />

s’adresse à un médecin-cadre et lui<br />

propose une activité à évaluer 3 . L’évaluation<br />

peut aussi être suggérée par le médecin-cadre.<br />

L’activité doit s’effectuer comme<br />

à l’accoutumée. Il est recommandé que<br />

l’observateur prenne des notes pour avoir<br />

des exemples concrets à disposition pour<br />

le feed-back. Au terme de l’évaluation, il<br />

faut procéder sans attendre à la discussion<br />

dans un lieu tranquille. Cela peut parfois<br />

être difficile à réaliser dans le quotidien<br />

clinique où la pression est constante. Une<br />

possibilité est de convenir d’un entretien<br />

au terme de la journée de travail. Il est<br />

donc d’autant plus important de noter les<br />

points décisifs.<br />

La première étape consiste en une autoévaluation<br />

par le médecin-assistant. Ensuite,<br />

le médecin-cadre évaluateur procède<br />

au feed-back structuré selon les<br />

règles habituelles. Ce faisant, on peut déjà<br />

aborder les divergences entre la perception<br />

de soi et celle de l’évaluateur. Les deux<br />

évaluations sont consignées sous forme de<br />

résumé sur le formulaire.<br />

La dernière étape consiste ensuite à fixer<br />

les prochains objectifs de la formation<br />

postgraduée. Il est important de fixer des<br />

objectifs pouvant être atteints et de les<br />

formuler le plus concrètement possible. De<br />

plus, il faut aussi convenir d’un délai<br />

jusqu’à l’atteinte des objectifs ou la prochaine<br />

évaluation. Ce point est particulièrement<br />

important pour les médecins-assistant(e)s<br />

présentant une courbe d’apprentissage<br />

plate («underperforming<br />

trainees»), aussi bien pour le médecin en<br />

formation que pour le formateur. Cela<br />

permet de les accompagner plus étroitement.<br />

Même si l’évaluation s’effectue par un supérieur<br />

hiérarchique, il est recommandé<br />

d’aborder les problèmes et leurs causes<br />

ainsi que les possibles solutions dans le<br />

cadre d’un dialogue. <strong>No</strong>us sommes également<br />

d’avis qu’il ne faut pas que se focaliser<br />

sur les déficits. Un comportement<br />

particulièrement positif doit aussi être<br />

valorisé et donc consolidé.<br />

Les EMiT dans notre<br />

institut<br />

Dans notre établissement de formation<br />

postgraduée, nous utilisons le DOCE sur la<br />

base du modèle de notre société de discipline<br />

médicale, la Société Suisse d’Anesthésiologie<br />

et de Réanimation SSAR 4 . Dans<br />

l’intervalle, nous avons adapté le formulaire<br />

dont le contenu est assez général pour<br />

certaines activités et aptitudes cliniques.<br />

En parallèle à l’introduction des EMiT, un<br />

cours consacré aux thèmes «Clinical Teaching»<br />

et feed-back structuré 5 a eu lieu<br />

dans notre institut. Par ailleurs, deux de<br />

nos médecins-cadres suivent chaque année<br />

un des ateliers recommandés par<br />

l’ISFM du «Royal College of Physicians» 6<br />

sur les thèmes susmentionnés.<br />

Lors de l’introduction sont apparues certaines<br />

questions relatives aux conditions-cadres.<br />

Qui doit initier le DOCE? Le<br />

DOCE doit-il être annoncé? Durant la<br />

phase initiale, il fallait régulièrement rappeler<br />

aux médecins de procéder aux EMiT,<br />

ce qui a conduit à une répartition inégale<br />

dans le temps des DOCE. Entre-temps, une<br />

certaine régularité a été établie. Comme<br />

tous les médecins-cadres de notre institut<br />

participent à la formation postgraduée des<br />

médecins-assistants, tous procèdent aussi<br />

à des EMiT.<br />

10 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

Dans notre institut, les DOCE sont généralement<br />

réalisés spontanément et sans<br />

préparation dans le quotidien clinique<br />

normal. Il ne s’agit pas d’un examen et ils<br />

ne sont pas perçus ainsi. L’objectif est<br />

d’établir un état des lieux réaliste des performances<br />

cliniques du médecin-assistant.<br />

En principe, nous voulons que les<br />

médecins-assistant(e)s initient leur réalisation.<br />

Ils sont tenus d’effectuer au moins<br />

deux DOCE par semestre d’évaluation. Les<br />

résultats des EMiT sont pris en compte<br />

dans les entretiens d’évaluation semestriels.<br />

Afin de pouvoir contrôler les progrès dans<br />

la formation postgraduée et l’utilisation<br />

correcte des différentes techniques et aptitudes<br />

d’anesthésiologie, nous employons<br />

encore d’autres instruments d’évaluation<br />

en plus des DOCE: les médecins-assistant(e)s<br />

tiennent un carnet d’attestation<br />

dans lequel ils documentent le genre et le<br />

nombre de mesures effectuées. Si un médecin-assistant<br />

ou un médecin-cadre<br />

formateur sont d’avis que le médecin-assistant<br />

présente suffisamment d’assurance<br />

et d’autonomie dans l’activité correspondante,<br />

on procède à un test de validation.<br />

Outre l’activité manuelle à proprement<br />

parler, nous évaluons également le savoir<br />

relatif à l’anatomie, la physiologie et la<br />

pharmacologie ainsi que la gestion du<br />

patient et l’interaction au sein de l’équipe.<br />

Outre l’attestation du nombre minimal de<br />

techniques effectuées, la réussite de l’examen<br />

est une condition pour une activité<br />

autonome sans supervision immédiate<br />

par un médecin-cadre (p. ex. dans une<br />

clinique extérieure).<br />

d’obtenir un rapprochement progressif de<br />

la perception de soi et de celle du formateur<br />

(autoévaluation réaliste dans différentes<br />

situations).<br />

Les médecins-assistant(e)s expérimentés<br />

aussi profitent d’une évaluation des techniques<br />

qu’ils maîtrisent, étant donné qu’il<br />

peut en résulter des recommandations<br />

utiles pour l’optimisation. De plus, elle<br />

permet un échange sur les différentes façons<br />

de procéder. <strong>No</strong>us voulons que les<br />

médecins-assistant(e)s expérimentés analysent<br />

régulièrement leurs actes d’un œil<br />

critique.<br />

Comme déjà indiqué plus haut, les EMiT<br />

permettent un état des lieux et ne représentent<br />

pas une évaluation au sens d’un<br />

examen. C’est pourquoi elles peuvent et<br />

doivent être réalisées sans préavis dans le<br />

cadre du quotidien clinique normal. Cela<br />

signifie aussi qu’elles peuvent être réalisées<br />

par chaque formateur et qu’elles ne<br />

requièrent aucune préparation particulière.<br />

Elles offrent aussi au médecin-assistant<br />

la possibilité d’obtenir une évaluation<br />

réaliste de ses propres forces et faiblesses<br />

et une mise en évidence des possibilités<br />

d’amélioration.<br />

Les évaluations ne doivent pas se limiter<br />

à l’aptitude soumise à l’évaluation, mais<br />

peuvent aussi servir de base pour poser<br />

des questions sur les connaissances théoriques.<br />

Elles permettent également d’évaluer<br />

l’interaction avec le patient. L’évaluation<br />

par les différents formateurs produit<br />

une image globale des capacités et aptitudes<br />

du médecin-assistant. La condition<br />

à cela est l’existence d’un certain consensus<br />

sur la manière dont une activité clinique<br />

définie doit être effectuée correctement.<br />

Les EMiT peuvent améliorer la collaboration<br />

entre le médecin-cadre et le médecin-assistant<br />

du fait que les situations d’enseignement<br />

sont perçues plus consciemment.<br />

Possibilités et avantages<br />

Les EMiT offrent la possibilité de feedback<br />

réguliers, formalisés et structurés<br />

sur les activités observées du médecin-assistant.<br />

Ce faisant, des objectifs d’apprentissage<br />

concrets, élargis sont élaborés et<br />

fixés, ce qui donne un caractère plus<br />

contraignant à la formation postgraduée,<br />

autant pour le médecin-assistant que<br />

pour le médecin formateur. Pour le médecin-assistant,<br />

cela présente l’avantage<br />

que le formateur prend le temps nécessaire<br />

pour une évaluation personnelle et<br />

un feed-back détaillé.<br />

Un point décisif concerne la possibilité de<br />

l’autoévaluation par le médecin-assistant<br />

et la discussion de divergences dans la<br />

perception par l’observateur. L’objectif est<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

11


FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

Pour le responsable de l’établissement de<br />

formation postgraduée, la somme des observations<br />

génère une image globale avec<br />

différentes facettes qui présente l’avantage<br />

que les évaluations sont effectuées par<br />

différents formateurs. De plus, l’état de la<br />

formation postgraduée est consigné formellement.<br />

Le médecin-assistant voit noir<br />

sur blanc où il en est.<br />

Risques et faiblesses<br />

Le manque d’acceptation de la part des<br />

personnes concernées peut représenter un<br />

risque. En effet, le formulaire pourrait être<br />

considéré comme un élément supplémentaire<br />

d’une bureaucratisation accrue de<br />

notre profession et être traité en minimisant<br />

la charge de travail. Les objectifs d’apprentissage<br />

et les progrès du médecin-assistant<br />

ne seraient alors pas abordés sérieusement.<br />

Les médecins-assistant(e)s de<br />

notre institut estiment que cela ne représente<br />

qu’un faible danger, étant donné que<br />

la charge administrative reste modeste.<br />

Suivant l’aménagement du formulaire, les<br />

aptitudes techniques sont surévaluées, vu<br />

que celles-ci peuvent généralement être<br />

plus facilement observées et évaluées. <strong>No</strong>tamment<br />

dans des situations ou activités<br />

complexes, l’effet d’apprentissage est souvent<br />

plus grand.<br />

Une EMiT représente un instantané lors<br />

duquel la performance peut être influencée<br />

par différents facteurs. Cela peut éventuellement<br />

avoir pour conséquence qu’elle<br />

ne reflète pas la performance maximale.<br />

Comme les sujets sont choisis au hasard,<br />

il n’existe pas de curriculum à proprement<br />

dit avec des objectifs clairement définis<br />

qui sont ensuite contrôlés. On ne peut<br />

donc pas en déduire directement une<br />

courbe d’apprentissage.<br />

Les capacités évaluées peuvent en partie<br />

être influencées de façon sélective par le<br />

médecin-assistant, si ce dernier demande<br />

à un médecin-cadre avec lequel il entretient<br />

de bonnes relations de procéder à<br />

l’évaluation. Cela peut être évité par le fait<br />

que les médecins-cadres initient aussi les<br />

EMiT.<br />

Les EMiT par différents formateurs<br />

peuvent produire des résultats différents<br />

pour le même médecin-assistant, s’il n’est<br />

pas clairement défini selon quels critères<br />

l’évaluation doit s’effectuer, respectivement<br />

ce que l’on peut attendre du médecin-assistant<br />

en fonction du niveau auquel<br />

celui-ci se trouve.<br />

Si les formateurs manquent d’expérience<br />

pour donner des feed-back, cela peut aussi<br />

présenter des difficultés. Ce problème ne<br />

se pose pas seulement pour les évaluations<br />

en milieu de travail, mais apparaîtra plus<br />

facilement lors de la réalisation de cellesci.<br />

L’on répond à cette difficulté par une<br />

formation accrue des médecins-cadres<br />

actifs dans la formation postgraduée dans<br />

le domaine de l’enseignement clinique.<br />

Le fait d’être contraint de respecter un<br />

certain horaire (p. ex. programme des<br />

interventions chirurgicales) peut entraver<br />

la réalisation d’une EMiT, par exemple<br />

parce que la répétition d’une intervention<br />

ratée s’accompagnerait de retards et<br />

qu’elle doit donc être effectuée par le médecin-cadre<br />

chargé de l’évaluation. La<br />

discussion immédiatement après l’évaluation<br />

n’est pas non plus toujours possible.<br />

En particulier chez les médecins-assistants<br />

expérimentés, on peut envisager<br />

d’étendre la période d’évaluation à un<br />

intervalle plus large (p. ex. plusieurs interventions<br />

le même jour ou séquence de<br />

plusieurs services de nuit). L’évaluation ne<br />

porte alors pas seulement sur les aptitudes<br />

techniques, mais également sur la performance<br />

globale comprenant l’interaction<br />

avec le patient, l’organisation du travail et<br />

le travail d’équipe. En particulier pour les<br />

«<strong>No</strong>n Technical Skills», cette manière de<br />

procéder convient mieux que p. ex. l’accompagnement<br />

d’un seul entretien d’information<br />

au chevet du patient.<br />

Conclusion<br />

Pour résumer, on peut dire que les avantages<br />

des EMiT sont incontestés, ce qui<br />

explique l’accueil favorable dont elles bénéficient<br />

auprès des formateurs et des<br />

médecins en formation. Les EMiT contribuent<br />

à établir une culture d’apprentissage<br />

lors de laquelle on ne procède pas<br />

seulement à l’évaluation du travail clinique<br />

des médecins en formation, mais<br />

où l’on fournit aussi un feed-back ciblé.<br />

Parallèlement, la perception du médecin-assistant<br />

est intégrée dans l’évaluation<br />

par l’autoévaluation, et les objectifs de<br />

formation postgraduée suivants sont définis.<br />

Il est important de consigner par écrit<br />

et de façon structurée, à l’aide des EMiT,<br />

les observations (évaluation de soi et par<br />

le formateur), le potentiel du médecin en<br />

formation et les futurs objectifs d’apprentissage.<br />

L’instrument conserve ainsi sa<br />

valeur et son acceptation.<br />

Bien que la réalisation structurée et la<br />

documentation écrite des EMiT représente<br />

aujourd’hui une contribution importante<br />

pour l’évaluation des collaborateurs par le<br />

responsable de l’établissement de formation<br />

postgraduée, il serait souhaitable, à<br />

long terme, que l’importance des EMiT, en<br />

tant qu’instrument d’évaluation formel,<br />

passe au second plan. L’objectif devrait<br />

être de contribuer à une évolution de la<br />

culture d’enseignement et d’apprentissage<br />

dans les hôpitaux suisses par la mise en<br />

place de cet échange constructif régulier<br />

entre les médecins-cadres et les médecins-assistant(e)s.<br />

■<br />

1 http://www.jrcptb.org.uk/assessment/<br />

workplace-based-assessment<br />

2 http://www.fmh.ch/fr/formation-isfm/<br />

formation-postgraduee/pour-candidatsspecialiste/evaluation-lieu-travail.html<br />

3 Dans notre discipline, p. ex. pour réaliser une<br />

anesthésie spinale, une anesthésie générale,<br />

poser un cathéter veineux central, mais également<br />

pour tenir un entretien d’information<br />

ou une formation continue interne.<br />

4 http://www.sgar-ssar.ch/fileadmin/user_<br />

upload/Dokumente/Weiterbildung/DOCE_<br />

V2.4.2014.pdf<br />

5 http://sfdc.stanford.edu/clinical_teaching.<br />

html<br />

6 http://www.fmh.ch/files/pdf16/Workshop-<br />

Broschuere_Apr-Sep_<strong>2015</strong>.pdf (exemple)<br />

12 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

Le principal en un clin D'ŒIL<br />

Du frigo au logbook électronique<br />

La femme d’un cousin a dernièrement<br />

entamé sa formation médicale postgraduée<br />

à Sulawesi (Indonésie). Pour obtenir<br />

un poste d’assistante en dermatologie, elle<br />

a quitté Surabaya et travaille maintenant<br />

à 800 kilomètres de chez elle à XY. En<br />

Indonésie aussi, les postes en dermatologie<br />

semblent être très prisés.<br />

Voilà pour ce qui en est des points communs<br />

entre l’Indonésie et la Suisse. Les<br />

conditions de travail par contre ne pourraient<br />

pas être plus différentes. Elle ne<br />

touche pas de salaire pour son travail. Au<br />

contraire, pour pouvoir travailler dans la<br />

clinique, elle doit s’acquitter d’un montant<br />

important. Ses tâches essentielles consistent<br />

à s’assurer que le frigo soit toujours bien<br />

rempli, que les abonnements de téléphonie<br />

mobile des médecins plus âgés soient payés<br />

et que les petits travaux (photocopies ou<br />

même cadeaux pour les proches) soient<br />

réglés. Les heures de présence sont nombreuses<br />

et les vacances ne sont pas prévues.<br />

Celles et ceux qui espèrent profiter dans<br />

de telles conditions d’une activité clinique<br />

intéressante durant leur première année<br />

d’assistanat, de nombreux contacts avec<br />

les patients et d’un bon enseignement seront<br />

hélas déçus. La jeune médecin-assistante<br />

n’a encore jamais entendu parler<br />

d’un logbook électronique ou d’évaluations<br />

en milieu de travail.<br />

Une bonne formation postgraduée est un<br />

investissement dans l’avenir et ne génère<br />

aucun bénéfice direct. Les expériences en<br />

Indonésie montrent que même des postes<br />

d’assistants aussi peu attractifs sont très<br />

prisés. <strong>No</strong>tamment les perspectives économiques<br />

intéressantes à long terme – un<br />

bon salaire pour les médecins, mais aussi<br />

des prix élevés pour les patients – dépassent<br />

les frais d’investissements du médecin.<br />

Au final, ce sont donc les patients<br />

qui prendront en charge les frais douteux<br />

de ce poste de formation postgraduée – un<br />

fait d’autant plus surprenant que la compétence<br />

technique principalement financée<br />

par les patients n’est pas enseignée<br />

pendant les premières années.<br />

Cet exemple montre de façon un peu exagérée<br />

que la formation postgraduée doit<br />

souvent être sacrifiée au bénéfice d’autres<br />

intérêts. Même si de telles conditions ne<br />

font plus partie du quotidien en Suisse,<br />

nous n’en sommes pas encore arrivés à un<br />

stade où la formation médicale postgraduée<br />

de qualité va de soi.<br />

Trop souvent, la formation postgraduée se<br />

trouve en concurrence avec d’autres intérêts.<br />

Même si ce n’est pas le frigo vide qui<br />

provoque les plus fortes pressions, ce sont<br />

malgré tout les contraintes économiques<br />

à court terme qui empêchent de prendre<br />

conscience de la nécessité d’investir à long<br />

terme dans une formation postgraduée de<br />

qualité. L’introduction, que nous espérons<br />

prochaine, de contributions cantonales à<br />

la formation médicale postgraduée dans<br />

toute la Suisse permettra probablement de<br />

désamorcer la situation.<br />

En comparaison internationale, la formation<br />

médicale postgraduée en Suisse peut<br />

être considérée comme très bonne. Cela ne<br />

nous libère cependant pas de l’obligation<br />

d’assurer et d’améliorer la qualité de la formation<br />

postgraduée. Un espace suffisant<br />

doit être accordé à la formation postgraduée<br />

dans les hôpitaux. Ce faisant, il n’y a pas<br />

que les médecins formateurs qui doivent<br />

contribuer au maintien de la formation<br />

postgraduée à un bon niveau, mais également<br />

les médecins en formation. ■<br />

Ryan Tandjung, vice-président<br />

de l’<strong>ASMAC</strong>, responsable du ressort<br />

formation postgraduée<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

13


FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

A B C D E F ...<br />

a b c d e f ...<br />

APPRENDRE À LIRE<br />

Une question de confiance<br />

Lukas Staub, membre de la rédaction du Journal <strong>ASMAC</strong><br />

Le principal résultat des études cliniques<br />

est normalement l’estimation ponctuelle<br />

de l’effet, p. ex. de l’effet thérapeutique<br />

dans une étude clinique. Il s’agit de<br />

la meilleure estimation possible, fondée<br />

sur les données de l’étude, de la véritable<br />

ampleur de l’effet. Mais comme il ne s’agit<br />

que d’une estimation, il est peu probable<br />

que l’estimation ponctuelle corresponde<br />

exactement à la vraie valeur de l’effet. Si<br />

nous pouvions nous permettre le luxe de<br />

répéter plusieurs fois la même étude, nous<br />

obtiendrions chaque fois un résultat un<br />

peu différent en raison des variations aléatoires.<br />

Vu que nous ne pouvons généralement<br />

réaliser une étude qu’une seule fois,<br />

nous avons besoin d’une valeur supplémentaire<br />

nous indiquant la précision<br />

statistique de l’estimation ponctuelle.<br />

La précision de l’estimation ponctuelle<br />

observée est exprimée par l’intervalle<br />

de confiance. Généralement, il s’agit d’un<br />

intervalle de confiance de 95% qui est interprété<br />

comme suit: si l’étude est non<br />

biaisée, la probabilité que l’intervalle inclue<br />

la vraie valeur de l’effet s’élève à 95%.<br />

Plus l’intervalle de confiance est étroit,<br />

plus nous sommes sûrs en ce qui concerne<br />

la vraie valeur de l’effet. La vraie valeur se<br />

situe très probablement à proximité de<br />

l’estimation ponctuelle. Il est moins probable<br />

qu’elle se situe aux bords de<br />

l’intervalle. Dans seulement 5 cas sur 100,<br />

il faudrait s’attendre à un vrai effet en<br />

dehors de l’intervalle de confiance. ■<br />

14 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

Une Rose pour Genève<br />

L’<strong>ASMAC</strong> récompense le Service de médecine de premier recours des Hôpitaux Universitaires de<br />

Genève avec la Rose d’hôpital 2014. Les délégués du Comité central en avaient décidé ainsi le printemps<br />

dernier. Fin août, la remise solennelle s’est déroulée en présence du Prof. Jean-Michel Gaspoz.<br />

Lisa Loretan Krummen, assistante de projets politiques et communication <strong>ASMAC</strong>. Photos: Michel Perret, Perret Photos<br />

en cas de temps partiel (et inscrit dans<br />

l’horaire de service).<br />

• Le travail à temps partiel est également<br />

possible avant l’obtention du titre FMH,<br />

avec garantie de formation postgraduée<br />

pour obtenir le titre FMH.<br />

• Les médecins peuvent faire appel à un<br />

coaching pour éviter le burnout: cette<br />

consultation confidentielle est proposée<br />

par un psychiatre qui se rend régulièrement<br />

dans le service, sur demande du<br />

médecin-chef.<br />

• Le calendrier des consultations prévoit<br />

des pauses avec pour objectif de structurer<br />

et d’alléger les journées de travail.<br />

• Il existe un groupe de travail «esprit du<br />

service» dont le but est de renforcer le<br />

sentiment d’appartenance au service et<br />

la bonne ambiance.<br />

• Un autre groupe de travail composé de<br />

médecins-assistant(e)s, chef(fe)s de<br />

clinique et médecins adjoints travaille<br />

sur les points critiqués dans le cadre de<br />

l’évaluation de l’ISFM.<br />

• Pour que les employés puissent participer<br />

à des projets internes dans les domaines<br />

de la recherche, de l’enseignement,<br />

de la qualité, etc., des heures<br />

additionnelles sont mises à leur disposition<br />

et il existe un fonds interne au<br />

service pour motiver les médecins-assistant(e)s,<br />

chef(fe)s de clinique et médecins<br />

adjoints à développer des projets<br />

de recherche.<br />

• Un groupe de travail interdisciplinaire<br />

travaille à l’amélioration des problèmes<br />

identifiés lors de l’enquête de satisfaction<br />

interne, en y incluant les ressources<br />

humaines.<br />

(de gauche à droite) Christophe Fehlmann, président de l’<strong>ASMAC</strong> Genève,<br />

Prof. Jean-Michel Gaspoz (Hôpitaux Universitaires de Genève), Nico van der Heiden,<br />

directeur adjoint de l’<strong>ASMAC</strong>/responsable politique et communication<br />

Déjà pour la deuxième fois, l’<strong>ASMAC</strong> a<br />

pu récompenser un hôpital ou une clinique<br />

pour des initiatives exceptionnelles.<br />

Après la remise du prix de l’année<br />

dernière à l’Hôpital cantonal de St-Gall<br />

pour son engagement dans le domaine<br />

de la formation médicale postgraduée,<br />

le Comité central a décidé, lors de sa<br />

séance de printemps, de récompenser le<br />

Service de médecine de premier recours<br />

des Hôpitaux Universitaires de Genève<br />

avec la Rose d’hôpital pour ses initiatives<br />

dans le domaine des conditions de travail.<br />

La clinique a initié et mis en œuvre, sous<br />

la conduite du Prof. Jean-Michel Gaspoz,<br />

de nombreux projets pour améliorer les<br />

conditions de travail des médecins-assistant(e)s<br />

et chef(e)s de clinique.<br />

• Un engagement à temps partiel est explicitement<br />

soutenu, les employés choisissent<br />

un taux d’occupation entre 50 et<br />

100%.<br />

• Le temps hebdomadaire réservé pour la<br />

formation postgraduée n’est pas réduit<br />

Christophe Fehlmann, président de l’AS-<br />

MAC Genève, a fait l’éloge de ces points<br />

dans son discours. L’<strong>ASMAC</strong> espère que ces<br />

exemples feront école ailleurs. Dans son<br />

allocution, Jean-Michel Gaspoz a chaleureusement<br />

remercié l’<strong>ASMAC</strong> pour la récompense.<br />

On a bien senti qu’il attache<br />

une grande importance aux revendications<br />

et besoins des jeunes médecins.<br />

L’augmentation du nombre de burnouts<br />

chez les médecins-assistant(e)s lui cause<br />

actuellement de grands soucis. De plus, il<br />

s’est dit convaincu qu’une bonne formation<br />

postgraduée était aussi possible avec<br />

un engagement à temps partiel. ■<br />

<strong>No</strong>mination pour<br />

la Rose d’hôpital<br />

<strong>ASMAC</strong><br />

La Rose d’hôpital est normalement<br />

décernée une fois par année à un hôpital,<br />

une clinique ou un établissement<br />

de formation postgraduée qui contribue,<br />

par un projet ou des initiatives<br />

particulières, à l’amélioration des<br />

conditions de travail des médecins ou<br />

de leur formation postgraduée. Les<br />

sections de l’<strong>ASMAC</strong> peuvent nominer<br />

les projets qu’ils considèrent comme<br />

dignes de récompense. Le Comité central<br />

décide ensuite au printemps de la<br />

remise de la Rose d’hôpital.<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

15


FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

Mettre de l’ordre et apporter<br />

un soutien<br />

L’<strong>ASMAC</strong> a introduit une nouvelle prestation en 2013: le coaching. Le Bureau UND apporte des<br />

conseils pour les questions concernant la compatibilité entre vie de famille et vie professionnelle. La<br />

conseillère et spécialiste en ressources humaines Sandra Zurbuchen Eichenberger tente d’éclaircir<br />

la situation avec les personnes concernées et de mobiliser des forces supposées perdues. Elle tire un<br />

premier bilan et recommande de revoir le profil de la profession.<br />

Simone Burkhard Schneider, juriste à l’état-major / directrice adjointe <strong>ASMAC</strong>, s’est entretenue avec Sandra Zurbuchen Eichenberger,<br />

spécialiste en ressources humaines et conseillère du Bureau UND<br />

Depuis environ deux ans, vous<br />

proposez des coachings sur<br />

mandat de l’<strong>ASMAC</strong>. Quel est le<br />

profil moyen des personnes qui<br />

demandent conseil?<br />

Sandra Zurbuchen Eichenberger:<br />

Il s’agit d’une femme, probablement âgée<br />

entre 35 et 45 ans. Les trois quarts des<br />

personnes qui demandent conseil sont des<br />

femmes. Bien que l’éventail des âges<br />

s’étende de 28 à 50 ans, la majorité est<br />

âgée de 35 à 45 ans. Du point de vue des<br />

fonctions exercées, on peut distinguer<br />

deux groupes de taille similaire: une moitié<br />

sont des médecins-assistant(e)s, l’autre<br />

moitié des chef(fe)s de clinique ou médecins<br />

adjoint(e)s.<br />

Comme se déroule un coaching<br />

dans la pratique?<br />

Les personnes intéressées peuvent contacter<br />

le Bureau UND par courriel ou téléphone.<br />

Les conseillères et conseillers se<br />

renseignent ensuite sur les problèmes<br />

concrets et conviennent d’un rendez-vous<br />

pour un entretien téléphonique. Les<br />

conseillers se préparent sur la base des<br />

premières informations récoltées. De plus,<br />

ils répondent aux questions concernant le<br />

déroulement du coaching.<br />

Partant des problèmes avancés, une manière<br />

de procéder et des solutions envisageables<br />

sont recherchées ensemble lors de<br />

l’entretien convenu. Si la personne demandant<br />

conseil a choisi de poursuivre sa<br />

démarche et que les questions ont été<br />

éclaircies, le premier conseil gratuit est<br />

terminé. Au besoin, les personnes intéressées<br />

peuvent s’inscrire chez nous pour un<br />

coaching plus poussé. Quatre à six semaines<br />

après le conseil, nous envoyons<br />

une demande de feed-back à la personne<br />

qui a fait appel à notre conseil.<br />

Quels sont les thèmes<br />

principalement abordés<br />

lors du coaching?<br />

Pour les médecins qui ont des enfants ou<br />

des proches nécessitant des soins, le travail<br />

quotidien à l’hôpital représente un grand<br />

défi. Les questions portent donc souvent<br />

sur la manière de mieux accorder les obligations<br />

privées avec la flexibilité exigée<br />

par l’employeur concernant les horaires<br />

de service, les remplacements pour les<br />

vacances, les incertitudes quant à la durée<br />

Feedback-Pool<br />

Une contribution modeste, mais<br />

utile pour une formation<br />

post-graduée et continue de<br />

bonne qualité<br />

Pour une activité ayant trait à la formation médicale postgraduée<br />

et continue, il est très utile de pouvoir sonder régulièrement<br />

l’avis des membres sur un sujet précis. C’est pour ça que<br />

le Feedback-Pool a été mis en place. Faites partie et permettez<br />

à l’<strong>ASMAC</strong> d’élargir quelque peu son horizon dans le ressort<br />

Formation postgraduée et d’appuyer plus largement ses réflexions.<br />

Plus d’informations sur www.asmac.ch et inscription par<br />

e-mail à l’adresse bertschi@asmac.ch<br />

Ton expérience compte!<br />

Les visites sont un instrument pour vérifier et garantir la qualité<br />

de la formation postgraduée dans les établissements de<br />

formation postgraduée. Une équipe de visiteurs composée de<br />

représentants de l’ISFM, de la société de discipline médicale<br />

correspondante et de l’<strong>ASMAC</strong>, visitent une clinique; le concept<br />

et les conditions de formation postgraduée peuvent ainsi être<br />

vérifiés sur place. L’objectif est de détecter et de mettre à profit<br />

les éventuels potentiels d’amélioration, le tout dans le sens<br />

d’un feed-back constructif et positif.<br />

Les médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique qui souhaitent<br />

accompagner des visites pour l’<strong>ASMAC</strong> sont priés de<br />

s’annoncer chez Béatrice Bertschi, notre gestionnaire pour la<br />

formation postgraduée et les visites à l’<strong>ASMAC</strong> (bertschi@<br />

asmac.ch).<br />

16 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />

d’un service, etc. Les attentes liées au profil<br />

de la profession et la vision des supérieurs<br />

hiérarchiques sont souvent un sujet<br />

de discussion. D’autres questions<br />

concernent les informations relatives aux<br />

cliniques ou hôpitaux menant une politique<br />

favorable à la famille. Celles-ci sont<br />

en premier lieu posées par les personnes<br />

à la recherche d’un emploi qui veulent se<br />

positionner sur le marché du travail. Les<br />

négociations et les méthodes d’entretien<br />

avec les supérieurs hiérarchiques sont<br />

discutées. Par exemple lorsqu’une femme<br />

médecin veut continuer de travailler à<br />

temps partiel après la naissance de son<br />

deuxième enfant et qu’elle rencontre certaines<br />

résistances auprès de son supérieur<br />

hiérarchique. Il s’agit toujours de conflits<br />

concrets avec les supérieurs hiérarchiques<br />

ou dans le domaine relationnel privé.<br />

Les médecins se distinguent-ils<br />

des autres professions?<br />

<strong>No</strong>us observons une forte identification<br />

avec leur activité et la profession à proprement<br />

parler, une grande capacité de réflexion<br />

ainsi que des compétences intellectuelles<br />

et émotionnelles. Parmi cellesci<br />

figurent la vivacité d’esprit et la capacité<br />

d’en venir rapidement à l’essentiel. Une<br />

autre caractéristique est une grande disposition<br />

à s’investir. Le profil de la profession<br />

est fortement orienté sur la performance<br />

avec une faible considération pour<br />

les propres limites et une capacité de résistance<br />

très élevée.<br />

Vous demandez des feed-back.<br />

Comment se présentent-ils?<br />

Les personnes qui font appel à un coaching<br />

se trouvent généralement dans une<br />

situation difficile. D’une part, il est important<br />

de les encourager et de leur permettre<br />

de regagner une certaine confiance en<br />

elles-mêmes. D’autre part, elles apprécient<br />

la possibilité de pouvoir réfléchir à leur<br />

propre situation et d’obtenir une évaluation<br />

par un spécialiste. Souvent, les personnes<br />

concernées nous disent à quel<br />

point il est important de pouvoir se rendre<br />

à un entretien avec une confiance renouvelée<br />

et de ne pas se laisser intimider, ou<br />

de ne pas faire preuve d’une reconnaissance<br />

exagérée lorsque le vis-à-vis tient<br />

compte des besoins exprimés.<br />

Dans les feed-back, les personnes conseillées<br />

indiquent aussi qu’elles sont parvenues<br />

à résoudre des blocages et à fixer plus<br />

clairement des priorités. Cela leur permet<br />

de prendre des décisions autonomes et<br />

d’investir l’énergie libérée dans la profession<br />

et la famille. Beaucoup de personnes<br />

nous disent avoir redécouvert leurs ressources<br />

et leur potentiel après le coaching.<br />

Qu’est-ce qui doit se passer du<br />

côté des employeurs pour que<br />

le coaching devienne superflu?<br />

Les directions des hôpitaux doivent développer<br />

une nouvelle compréhension pour<br />

les besoins des collaborateurs du XXI e<br />

siècle. Les mesures durables et réitérées<br />

pour encourager une culture du leadership<br />

favorable à la famille dans l’entreprise<br />

sont indispensables. Il est essentiel<br />

que le plus grand nombre possible de<br />

personnes impliquées se sentent responsables<br />

de ce sujet. Il est indispensable de<br />

former, de soutenir et d’engager la responsabilité<br />

des cadres. Un contrôle spécifique<br />

qui mesure les répercussions des dispositions<br />

et permet de définir d’autres agencements<br />

sur la base des résultats est également<br />

utile. En outre, il faut revoir les<br />

structures et déroulements. Les personnes<br />

concernées doivent être impliquées dans<br />

la recherche de solutions viables, p. ex.<br />

pour la planification des services. Finalement,<br />

il faudrait aussi remettre en question<br />

le profil de la profession. Aujourd’hui,<br />

il faut des «teamplayers» compétents et<br />

non plus des demi-dieux en blanc omniprésents.<br />

■<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

17


<strong>ASMAC</strong><br />

SECTION BERNE<br />

Financement de<br />

la formation<br />

postgraduée<br />

Une procédure de consultation est actuellement<br />

en cours pour savoir si le canton<br />

de Berne doit adhérer à la convention sur<br />

le financement de la formation postgraduée<br />

CFFP ou non. La CFFP fixe la contribution<br />

minimale des cantons (actuellement<br />

CHF 15 000.–) à leurs hôpitaux à<br />

titre de participation aux coûts de la formation<br />

médicale postgraduée structurée.<br />

Elle règle également la compensation des<br />

différences de charges entre les cantons.<br />

L’<strong>ASMAC</strong> Berne approuve l’adhésion à la<br />

CFFP, bien qu’elle ne corresponde plus au<br />

modèle initial élaboré par le groupe thématique<br />

«Financement de la formation<br />

médicale postgraduée» de l’OFSP auquel<br />

avait collaboré l’<strong>ASMAC</strong>. En effet, l’ensemble<br />

des exigences qualitatives pour le<br />

versement des contributions ont été supprimées.<br />

Dans le contexte budgétaire difficile<br />

du financement des hôpitaux en<br />

vigueur, ce n’est pas seulement le nombre<br />

des postes de formation postgraduée qui<br />

est mis en péril, mais également les prestations<br />

de formation postgraduée des hôpitaux.<br />

<strong>No</strong>us estimons donc que les exigences<br />

qualitatives du modèle initial sont<br />

essentielles pour éviter que l’on engage un<br />

nombre de médecins-assistant(e)s plus<br />

grand que ce que le permettrait la capacité<br />

de formation postgraduée de l’établissement<br />

ou le nombre de cas. Par ailleurs,<br />

il s’agissait de garantir que les fonds soient<br />

affectés à un but spécifique. <strong>No</strong>tre prise de<br />

position avec les propositions correspondantes<br />

peut être consultée sur notre site<br />

web (www.vsao-bern.ch).<br />

Externalisation<br />

de la psychiatrie<br />

Comme chacun sait, il est prévu de détacher<br />

les trois cliniques psychiatriques<br />

cantonales SPU, PZM (Münsingen) et<br />

SPJBB (Bellelay) de l’administration cantonale<br />

au 1er janvier 2017. C’est une tâche<br />

colossale, car il s’agit de résoudre de nombreuses<br />

questions par exemple concernant<br />

l’utilisation des bâtiments, la capitalisation,<br />

la caisse de pension, le droit du personnel,<br />

l’informatique, etc. Il a déjà été<br />

décidé que les trois cliniques rejoindront<br />

la CCT existante (Convention collective de<br />

travail pour le personnel des hôpitaux<br />

bernois). Les associations du personnel<br />

négocient actuellement<br />

avec les cliniques et les cantons<br />

les conditions d’affiliation et de<br />

transition. D’après la CCT, il est garanti<br />

que les éventuelles conditions plus favorables<br />

de l’ancien droit du personnel continuent<br />

de s’appliquer durant au moins<br />

douze mois. En 2017, ce sera donc la solution<br />

plus favorable au personnel qui s’appliquera.<br />

En août, le Conseil-exécutif a par ailleurs<br />

communiqué que des économies de 34<br />

millions de francs devaient être réalisées<br />

dans le cadre de l’autonomisation des cliniques<br />

psychiatriques, estimant que ce<br />

n’était que de cette façon que des comptes<br />

équilibrés pouvaient être atteints après la<br />

privatisation.<br />

L’<strong>ASMAC</strong> Berne et les autres associations<br />

du personnel concernées<br />

s’opposent à ces économies qui se<br />

feront avant tout au détriment du<br />

personnel et qui mettent en péril<br />

l’approvisionnement en soins.<br />

Suppléments<br />

pour travail de<br />

nuit et du<br />

week-end SPU,<br />

PZM, SPJBB<br />

D’après le droit du personnel cantonal qui<br />

s’applique dans les cliniques psychiatriques<br />

SPU, PZM et SPJBB, un supplément<br />

pour le travail de nuit et du weekend<br />

de 5 francs de l’heure doit être versé<br />

jusqu’à la classe de traitement 23 depuis<br />

le 1er janvier <strong>2015</strong> (auparavant jusqu’à la<br />

classe de traitement 18). Ce supplément<br />

n’est hélas pas versé aux médecins-assistant(e)s<br />

avec pour motif qu’ils sont,<br />

contrairement aux autres professions,<br />

soumis à la loi sur le travail. <strong>No</strong>us<br />

sommes d’avis que cette argumentation<br />

est indéfendable:<br />

• La loi sur le travail règle la protection<br />

des travailleurs et ne définit donc que<br />

des normes minimales. Elle ne remplace<br />

en aucun cas des dispositions<br />

contractuelles ou le droit du personnel.<br />

• L’ordonnance sur les rapports de travail<br />

des médecins-assistants et médecins-assistantes<br />

ainsi que les chefs et cheffes de<br />

clinique dans les cliniques psychiatriques<br />

cantonales (OTACP) stipule que<br />

les rapports de travail sont régis par la loi<br />

cantonale sur le personnel et l’ordonnance<br />

cantonale sur le personnel, pour<br />

autant que l’ordonnance n’en dispose<br />

autrement. De plus, les dispositions de la<br />

loi sur le travail ne s’appliquent clairement<br />

qu’à titre subsidiaire, si l’on considère<br />

la formulation de l’ordonnance.<br />

• Lors de l’élaboration de l’OTACP, les<br />

suppléments pour travail de nuit et du<br />

week-end n’étaient accordés que jusqu’à<br />

la classe de traitement 18. Il n’y avait<br />

donc pas lieu de régler ce point dans la<br />

législation particulière.<br />

• Cette question est actuellement examinée<br />

par le service juridique de la Direction<br />

de la santé publique et de la prévoyance<br />

sociale. Si cette procédure ne<br />

devait pas aboutir à une solution satisfaisante,<br />

il faudrait qu’un tribunal statue<br />

sur cette question. Les personnes<br />

concernées peuvent nous contacter.<br />

CCT 18<br />

Les négociations relatives à une nouvelle<br />

convention collective de travail pour les<br />

hôpitaux censée s’appliquer à tous les hôpitaux<br />

publics du canton de Berne ont<br />

commencé. Les désirs et suggestions de<br />

nos membres sont les bienvenus. ■<br />

Rosmarie Glauser,<br />

directrice de la section Berne<br />

Bon à savoir<br />

<strong>No</strong>s clips «Travailler à l’hôpital» apportent<br />

une aide pour de nombreuses<br />

questions relevant du droit du travail.<br />

Vous les trouverez sur notre site web<br />

www.vsao-bern.ch. La rubrique «Bon<br />

à savoir» fournit également des renseignements<br />

utiles (en allemand).<br />

18 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


<strong>ASMAC</strong><br />

Sandra P. Leemann, juriste des sections Argovie,<br />

Soleure, St-Gall-Appenzell, Thurgovie et Suisse<br />

centrale<br />

Je suis médecin-assistant<br />

dans un hôpital cantonal<br />

et père de deux enfants en<br />

âge de scolarité. En raison<br />

de mes obligations familiales,<br />

je dois connaître<br />

mon horaire de service le<br />

plus tôt possible. La loi<br />

prévoit-elle des dispositions<br />

en ce qui concerne l’obligation<br />

de l’employeur de<br />

communiquer l’horaire de<br />

service à l’avance?<br />

Les problèmes rencontrés lors de la planification<br />

des services et les changements<br />

à brève échéance sont une source de<br />

contrariétés répandue. En principe, la loi<br />

sur le travail stipule que les travailleurs<br />

doivent être informés suffisamment tôt,<br />

en règle générale deux semaines au plus<br />

tard avant une intervention prévue, du<br />

nouvel horaire de service (art. 69 al. 1<br />

OLT 1 en relation avec l’art. 47 al. 1 LTr).<br />

Ce délai ne peut pas être réduit sans motif<br />

valable. Il doit permettre aux travailleurs<br />

de planifier leur temps en fonction<br />

de la famille, du travail et des loisirs.<br />

Autrement dit, plus tôt sera le mieux.<br />

La loi va cependant encore plus loin. Ainsi,<br />

les travailleurs doivent être entendus<br />

lors de la planification et de la modification<br />

des horaires de travail (art. 69 OLT 2<br />

en relation avec l’art. 48 LTr). Certes,<br />

l’employeur n’a pas l’obligation de tenir<br />

compte des propositions de ses employés.<br />

Il ne suffit cependant pas de seulement<br />

prendre connaissance des désirs des employés<br />

concernés. Il doit concrètement en<br />

discuter et justifier son refus.<br />

Les employés avec obligations familiales<br />

sont spécialement mentionnés dans la<br />

loi. L’employeur a des obligations particulières<br />

envers eux concernant la fixation<br />

de la durée du travail et du repos<br />

(art. 46 let. d OLT 1). Parmi les obligations<br />

familiales comptent l’éducation et<br />

la prise en charge d’enfants mineurs<br />

jusqu’à l’âge de 15 ans révolus ainsi que<br />

la prise en charge de proches nécessitant<br />

des soins ou d’autres personnes proches.<br />

D’après la loi, les employés avec obligations<br />

familiales ne peuvent être sollicités<br />

pour du travail supplémentaire qu’avec<br />

leur accord. Vous avez donc le droit de<br />

refuser le travail supplémentaire. Si l’horaire<br />

de service doit être modifié à brève<br />

échéance par nécessité (p. ex. accidents,<br />

maladies), les employés avec obligations<br />

familiales ne peuvent être sollicités que<br />

s’ils donnent expressément leur accord<br />

et qu’aucune alternative valable n’est<br />

envisageable. De plus, il faut leur accorder,<br />

sur demande, une pause de midi<br />

d’au moins 1½ heure.<br />

A brève échéance, l’horaire de service ne<br />

peut être modifié que pour des raisons<br />

impérieuses. Il s’agit de raisons impérieuses<br />

lorsque du travail supplémentaire<br />

doit être ordonnée de façon imprévue<br />

dans des cas urgents (art. 12 LTr, 25 et<br />

26 OLT 1).<br />

Voilà ce que l’on peut dire sur le plan légal.<br />

La réalité quotidienne est hélas souvent<br />

différente. Le sujet a donc été repris<br />

par la politique: en mars de cette année,<br />

le conseiller national Jacques-André<br />

Maire a déposé la motion «Annonce des<br />

horaires de travail. Relèvement du délai<br />

à quatre semaines». Il n’a hélas pas été<br />

entendu par ses collègues. Ils ont rejeté la<br />

motion le 19 juin <strong>2015</strong>.<br />

Pour répondre aux problèmes dans le<br />

domaine de la planification des services,<br />

l’<strong>ASMAC</strong> met différents instruments à<br />

disposition des hôpitaux et de leurs responsables<br />

(forum pour la planification<br />

des services, conseils sur place). Dans<br />

votre cas, nous vous recommandons de<br />

contrôler dans un premier temps si les<br />

prescriptions légales minimales (deux<br />

semaines à l’avance, prise en compte des<br />

employés, prise en compte des employés<br />

avec obligations familiales) sont respectées.<br />

Si ce n’est pas le cas, adressez-vous<br />

à votre planificateur des services ou à<br />

votre supérieur hiérarchique ou au<br />

conseil juridique de votre section. ■<br />

Nr. 5 o <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

19


<strong>ASMAC</strong><br />

Conférence<br />

«Prévoyance pour indépendant: Solution LPP (2b) ou prévoyance individuelle (3a)?»<br />

Date: Mardi 27 octobre <strong>2015</strong><br />

Horaire: 17h30 – 19h00<br />

Lieu: CIP – Ch des Lovières 13 à 2720 Tramelan<br />

Inscription: m.cattin@assidu.ch<br />

Coût: CHF 80.– (réduction de 50% pour membres <strong>ASMAC</strong>)<br />

COACHING<br />

Profession de<br />

médecin & famille /vie privée<br />

Conseil téléphonique:<br />

044 462 71 23 • info@und-online.ch<br />

Comment puis-je concilier famille, loisirs et profession? Comment puis-je reprendre mon travail après mon congé<br />

maternité? Comment puis-je surmonter les défis quotidiens? L’<strong>ASMAC</strong> propose à ses membres les réponses et<br />

solutions à ces questions, et à bien d’autres encore, dans le cadre d’un coaching gratuit. Le conseil téléphonique<br />

est assuré par le Bureau UND. Vous trouverez plus de détails au sujet de cette offre de conseil de l’<strong>ASMAC</strong> sur<br />

notre site web www2.asmac.ch, dans la rubrique Profession de médecin & famille/vie privée.<br />

Vous cherchez une place<br />

de crèche – l’<strong>ASMAC</strong> vous apporte son soutien<br />

Si vous cherchez une place de crèche pour votre enfant, n’oubliez pas que depuis 2011, votre association vous<br />

apporte son soutien pour cette tâche importante. Une demande au moyen du formulaire en ligne auprès de l’<strong>ASMAC</strong><br />

suffit, et vous recevrez des informations relatives à des places disponibles dans la région de votre choix ainsi que les données<br />

de contact correspondantes des crèches. Vous trouverez d’autres informations importantes et le formulaire dans<br />

la nouvelle rubrique Profession de médecin et famille sur le site web de l’<strong>ASMAC</strong> www.asmac.ch.<br />

20 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


<strong>ASMAC</strong><br />

-INSIDE<br />

Verband Schweizerischer Assistenz- und Oberärztinnen und -ärzte<br />

Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique<br />

Associazione svizzera dei medici assistenti e capiclinica<br />

Dina-Maria Jakob<br />

Lieu de domicile: Berne<br />

A l’<strong>ASMAC</strong> depuis: 8 juillet 2009<br />

Au Comité directeur:<br />

depuis avril <strong>2015</strong><br />

Lieu de travail et fonction à<br />

l’hôpital: médecin-assistante,<br />

cardiologie pédiatrique, Hôpital<br />

de l’Ile Berne<br />

L’<strong>ASMAC</strong> en trois mots:<br />

engagée, critique, passionnante<br />

En novembre 2014, Dina-Maria avait présenté<br />

son travail pour Médecins sans Frontières<br />

(MSF) lors du congrès MEDIfuture<br />

de l’<strong>ASMAC</strong>. Suite à cela, elle avait également<br />

manifesté son intérêt à collaborer au<br />

Comité directeur de l’<strong>ASMAC</strong>. Après un<br />

stage, elle a finalement été élue lors du CC<br />

de printemps en avril <strong>2015</strong>. Depuis lors,<br />

elle participe activement aux discussions.<br />

A propos de sa nouvelle fonction, Dina-Maria<br />

déclare avoir été écoutée et prise<br />

au sérieux dès le début, chose qu’elle apprécie<br />

grandement. Sur le plan du contenu,<br />

elle veut principalement s’engager<br />

dans le domaine de la compatibilité entre<br />

vie de famille/privée et vie professionnelle<br />

ainsi que dans le domaine de la formation.<br />

Elle exige davantage de postes à<br />

temps partiel pour réduire la pénurie de<br />

médecins qui menace. «Entre-temps, il y<br />

a plus de femmes que d’hommes qui travaillent<br />

en médecine et les hommes non<br />

plus ne veulent plus toujours travailler à<br />

plein temps.» A son avis, cela a pour<br />

conséquence «qu’un trop grand nombre<br />

de personnes quittent cette belle profession,<br />

parce que les conditions de travail<br />

demeurent parfois inhumaines». Pour<br />

elle, l’<strong>ASMAC</strong> peut jouer un rôle de relais<br />

et médiateur entre les différentes disciplines<br />

et d’interlocuteur entre les différentes<br />

générations de médecins. Participer<br />

activement à l’élaboration de ce rôle est un<br />

autre domaine où elle souhaite s’engager<br />

en tant que membre du Comité directeur.<br />

«L’<strong>ASMAC</strong> essaie de trouver des solutions,<br />

de rendre attentif aux problèmes existants,<br />

d’être toujours à jour et de jeter un<br />

regard derrière les coulisses. Je trouve cela<br />

intéressant et j’aimerais y apporter ma<br />

contribution.» Actuellement, Dina-Maria<br />

travaille en tant que médecin-assistante à<br />

l’Hôpital de l’Ile à Berne et suit la formation<br />

postgraduée pour devenir spécialiste<br />

en cardiologie pédiatrique. Dès janvier<br />

2016, elle poursuivra sa formation<br />

postgraduée à la clinique de cardiologie<br />

pédiatrique à l’Hôpital pédiatrique de Zurich.<br />

Après une année passée en chirurgie<br />

cardio-vasculaire à l’Hôpital de l’Ile, elle<br />

a travaillé pendant deux ans à l’Hôpital<br />

pédiatrique de Berne et une année en pédiatrie<br />

à Fribourg. Après l’obtention de son<br />

titre de spécialiste en 2013, elle a effectué<br />

deux missions pour Médecins sans Frontières.<br />

Dans ses loisirs, elle pratique le<br />

sport: jogging, tennis, voile et ski. En complément<br />

à la médecine, elle aime cuisiner,<br />

boire de préférence du bon vin et rencontrer<br />

des amis. Pour élargir son horizon,<br />

elle assiste à des représentations au<br />

théâtre, à des concerts ou visite des expositions.<br />

Au vu de tout cela, il n’est pas<br />

étonnant que sa journée compte parfois<br />

25 heures. Depuis son enfance, elle aime<br />

voyager, si possible de façon originale. Car<br />

pour elle, ce n’est que de cette façon que<br />

l’on fait vraiment connaissance d’autres<br />

cultures, individus et coutumes. Dina-Maria<br />

se considère d’ailleurs comme<br />

quelqu’un de curieux et d’ouvert. Rien<br />

d’étonnant donc qu’elle puisse s’imaginer<br />

effectuer une nouvelle mission pour Médecins<br />

sans Frontières. ■<br />

Nr. 5 o <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

21


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

Une théorie aux multiples facettes<br />

La vendeuse ne pense-t-elle qu’à son chiffre d’affaires ou trouve-t-elle vraiment que la robe<br />

me va? L’interaction stratégique est au centre de la théorie des jeux. Pour ce faire, elle s’appuie sur<br />

des modèles mathématiques. Mais la théorie des jeux ne permet pas seulement d’analyser des<br />

problèmes sociaux. Plus récemment, c’est la théorie des jeux évolutionnaire qui a fait parler d’elle.<br />

Andreas Diekmann, professeur de sociologie à l’EPFZ<br />

Un médecin amène sa voiture à l’atelier<br />

suite à un dégât au moteur. Après quelques<br />

jours, il va rechercher son véhicule, mais<br />

s’étonne de la facture astronomique qui<br />

lui est présentée. «Eh oui», dit le mécanicien,<br />

«il n’y avait pas que la batterie qui<br />

était défectueuse. <strong>No</strong>us avons été obligés<br />

de soumettre le moteur à un contrôle. Le<br />

démarreur était défectueux et le carburateur<br />

a également dû être changé, sans<br />

parler de la culasse et du train arrière.<br />

Soyez content d’être venu à temps, sinon<br />

vous auriez prochainement pu conduire<br />

votre voiture à la casse.» «A propos»,<br />

poursuit le mécanicien, «n’avez-vous pas<br />

dernièrement traité mon frère, ne lui avezvous<br />

pas fait subir de nombreux tests de<br />

laboratoire, une ablation de l’appendicite<br />

et conseillé une autre opération, alors<br />

qu’il n’était venu vous voir que pour un<br />

simple refroidissement?»<br />

Le médecin et le mécanicien ont un point<br />

commun: leurs clients sont confrontés à<br />

un double problème de confiance. Ils<br />

doivent d’une part avoir confiance en la<br />

compétence professionnelle et d’autre<br />

part avoir confiance que le médecin ou le<br />

mécanicien choisira, en cas de conflit<br />

d’intérêt entre l’accroissement de sa fortune<br />

et le bien du client, le bien-être du<br />

client. Malgré le serment d’Hippocrate,<br />

cela ne va pas de soi. <strong>No</strong>tamment les patients<br />

privés sont exposés à un certain<br />

risque. Dans la théorie des jeux, on parle<br />

d’un jeu de confiance avec une information<br />

asymétrique. Car ni le patient, ni le<br />

client de l’atelier de réparation ne sait<br />

quelles «mesures thérapeutiques» sont<br />

effectivement justifiées. Contrairement à<br />

la roulette, la décision pour ou contre le<br />

traitement recommandé est une décision<br />

stratégique dont le résultat dépend du<br />

comportement de la partie adverse. Le<br />

patient peut faire confiance au médecin<br />

ou lui retirer sa confiance, le médecin<br />

peut être honnête ou ne penser qu’à son<br />

portemonnaie. Les deux prennent une<br />

décision stratégique; le résultat dépend de<br />

la combinaison des décisions. Il s’agit<br />

d’une interaction stratégique et c’est précisément<br />

à cela que s’intéresse la théorie<br />

des jeux. A contrario, la roulette n’est pas<br />

un jeu au sens de la théorie des jeux. Si<br />

l’on mise 1000 francs sur la couleur<br />

rouge, on peut soit gagner soit perdre,<br />

mais le résultat ne dépend pas des décisions<br />

d’autres personnes. L’interaction<br />

stratégique est l’essence de la théorie des<br />

jeux. La théorie des jeux met à disposition<br />

des modèles mathématiques pour préciser<br />

et résoudre des interactions; la théorie<br />

des jeux est en quelque sorte la mathématique<br />

des interactions sociales.<br />

22 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

Les enchères en guise<br />

de place de jeux<br />

Vu que les individus, les entreprises, les<br />

organisations et les Etats interagissent<br />

quotidiennement à des millions de reprises,<br />

la théorie des jeux est applicable à<br />

de nombreuses activités sociales, politiques<br />

et économiques. Les exemples typiques<br />

sont les cartels et les enchères, la<br />

reprise d’entreprises, la durée des droits de<br />

propriété intellectuelle ou l’analyse de<br />

problèmes de l’exploitation des ressources<br />

(problèmes des biens communs) pour ne<br />

citer que quelques exemples.<br />

La théorie des jeux peut aussi contribuer<br />

à l’invention de nouvelles règles ou institutions.<br />

Prenons un exemple de la théorie<br />

des enchères. Les compagnies aériennes<br />

proposent depuis peu des surclassements<br />

de confort moyennant un supplément de<br />

prix. Les sièges offrant plus de confort et<br />

d’espace pour les jambes sont mis aux<br />

enchères sur Internet de façon cachée;<br />

l’offre la plus élevée obtient ensuite le<br />

siège. Supposons qu’il ne s’agit que d’un<br />

siège de confort supérieur. Un passager est<br />

prêt à payer 150 francs pour ce confort sur<br />

un vol long-courrier. <strong>No</strong>tre passager hypothétique<br />

ne propose pas 150, mais seulement<br />

120 francs, parce qu’il croit que<br />

personne d’autre ne déposera d’offre plus<br />

élevée et qu’il pourra ainsi engendrer une<br />

sorte de bénéfice supplémentaire. Car la<br />

différence entre le montant qu’il est prêt à<br />

payer et les 150 francs équivaut, en cas de<br />

succès, à un bénéfice. Son calcul n’aboutit<br />

pas au résultat escompté, car un<br />

concurrent propose 140 francs. En cas<br />

d’enchère anglaise cachée, comme dans<br />

notre cas, un enchérisseur sera toujours<br />

tenté de réduire ses offres et de ne pas offrir<br />

le montant correspondant à sa véritable<br />

préférence.<br />

L’économiste et théoricien du jeu William<br />

Vickrey (1914–1996) a élaboré une proposition<br />

à la fois simple et géniale qui oblige<br />

l’enchérisseur rationnel de soumettre des<br />

offres correspondant à sa véritable préférence.<br />

Lors de l’enchère de Vickrey ou<br />

enchère au second prix, c’est de nouveau<br />

l’offre la plus élevée qui remporte la mise,<br />

mais l’enchérisseur ne doit payer que le<br />

prix de la deuxième plus haute offre. <strong>No</strong>tre<br />

passager offre maintenant 150 francs,<br />

obtient le siège confortable, paye 140<br />

francs et a donc quasiment gagné 10<br />

francs. On peut maintenant montrer que<br />

contrairement à d’autres procédés d’enchères,<br />

l’enchérisseur rationnel soumettra<br />

des offres correspondant exactement à sa<br />

véritable préférence lors de l’enchère au<br />

second prix C’est pourquoi l’enchère de<br />

Vickrey a également été désignée comme<br />

étant un sérum de vérité. On peut en effet<br />

prouver qu’indépendamment des offres<br />

d’autres joueurs, le fait de soumettre des<br />

offres correspondant à sa préférence est<br />

une stratégie toujours meilleure ou au<br />

moins aussi bonne que toute autre stratégie.<br />

Si l’offre la plus élevée dépasse la<br />

propre préférence de 150 francs, on aura<br />

ni gagné ni perdu, car le confort ne valait<br />

pas plus que 150 francs. Si par contre la<br />

deuxième plus haute offre était inférieure<br />

à 150 francs, notre passager gagne tou-<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

23


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

jours la différence entre son offre et la<br />

deuxième plus haute offre et peut donc<br />

profiter d’un confort accru pendant le vol.<br />

La même chose vaut bien sûr aussi pour<br />

les enchères cachées de biens immobiliers,<br />

qui sont, malgré toutes les théories des<br />

enchères, généralement réalisées comme<br />

enchères au premier prix. A propos,<br />

Goethe avait déjà eu cette idée et vendu<br />

aux enchères au second prix son manuscrit<br />

«Hermann et Dorothée». Du point de<br />

vue de la théorie des jeux, cette stratégie<br />

«offre selon ta préférence» est une stratégie<br />

(faiblement) dominante. Elle est toujours<br />

meilleure ou au moins aussi bonne<br />

que toute autre stratégie, et cela indépendamment<br />

du comportement des autres<br />

joueurs.<br />

Equilibre de Nash<br />

Lorsque tous les joueurs choisissent une<br />

stratégie dominante, on obtient un équilibre<br />

de Nash, un terme essentiel de la<br />

théorie des jeux. Dans un équilibre de<br />

Nash, aucun joueur n’a intérêt à modifier<br />

sa stratégie de façon unilatérale, aussi<br />

longtemps que les autres joueurs ne<br />

changent pas la leur. Le choix réciproque<br />

d’offres correspondant à la véritable préférence<br />

est un équilibre de Nash lors de<br />

l’enchère au second prix.<br />

John Nash (1928 – <strong>2015</strong>) a non seulement<br />

défini l’équilibre qui porte son nom, mais<br />

également prouvé dans un travail célèbre<br />

qu’il existait au moins un équilibre de<br />

Nash pour chaque jeu comptant un<br />

nombre fini de stratégies. John Nash a<br />

reçu conjointement avec John Harsanyi et<br />

Reinhard Selten le Prix <strong>No</strong>bel pour ses<br />

travaux sur la théorie des jeux. Sa théorie<br />

comporte hélas un problème. En effet, sa<br />

proposition ne fournit pas toujours une<br />

solution univoque pour une décision rationnelle.<br />

Quand une voiture se dirige vers vous du<br />

côté droit, vous faites bien de rester également<br />

du côté droit. L’association des stratégies<br />

droite/droite est un équilibre de<br />

Nash. La même chose vaut cependant<br />

aussi pour la règle britannique de la circulation<br />

à gauche. Sur l’île, il vaut donc<br />

mieux rouler à gauche, sur le continent à<br />

droite. Le «jeu» rouler à gauche ou à<br />

droite a-t-il une stratégie dominante? Bien<br />

sûr que non, car la préférence pour la<br />

«gauche» ou la «droite» dépend de la<br />

stratégie choisie par l’autre joueur. Le jeu<br />

de la coordination avec les options gauche<br />

et droite compte deux équilibres de Nash.<br />

<strong>No</strong>us constatons donc que les jeux peuvent<br />

avoir plusieurs équilibres. Aussi attrayante<br />

la notion de l’équilibre de Nash soit-elle,<br />

elle implique aussi le problème qu’il<br />

n’existe pas toujours de solution univoque<br />

à un problème de décision interactif. Il<br />

faut donc d’autres critères pour restreindre<br />

la quantité des équilibres de Nash.<br />

Paradoxes sociaux<br />

L’équilibre de Nash présente encore un<br />

autre problème que l’on désigne souvent<br />

comme un paradoxe. Supposons que des<br />

voleurs de diamants prévoient de conclure<br />

une affaire illégale avec un receleur. Ils<br />

conviennent de déposer un sachet contenant<br />

des diamants à minuit sur un banc<br />

dans un parc. Le receleur doit quant à lui<br />

y déposer un sac avec un million de<br />

francs. Les deux parties profitent de l’affaire.<br />

Vont-ils coopérer? Les escrocs envisagent<br />

de remplir le sachet avec des cailloux,<br />

le receleur, lui, pourrait remplir le<br />

sac avec des feuillets de papier. On peut<br />

donc dire que les stratégies «cailloux» et<br />

«feuillets de papier» sont dominantes et<br />

qu’il en résulte un équilibre de Nash qui<br />

est même univoque dans ce jeu. Deux<br />

joueurs rationnels vont mutuellement<br />

s’escroquer, alors qu’ils pourraient les<br />

deux ressortir gagnants d’une coopération<br />

mutuelle. C’est la logique paradoxale du<br />

dilemme des prisonniers et d’autres pièges<br />

sociaux que nous pouvons observer pour<br />

de nombreux problèmes économiques et<br />

politiques dans notre société. Parmi ceuxci<br />

comptent les problèmes tels que la surpêche<br />

des océans, le déboisement des forêts<br />

tropicales et en particulier le problème<br />

des émissions mondiales de gaz à effet de<br />

serre. Ces problèmes peuvent être décrits<br />

comme des «jeux à n personnes» et représentent<br />

des variantes du dilemme social.<br />

En effet, ce que l’individu veut atteindre<br />

de façon rationnelle et dans son propre<br />

intérêt ne doit pas obligatoirement être au<br />

bénéfice du bien public. La main invisible<br />

d’Adam Smith ne parvient hélas pas toujours<br />

à concilier intérêt personnel et intérêt<br />

général. Souvent, les différents acteurs<br />

agissent de façon rationnelle, mais le résultat<br />

final peut s’avérer être hautement<br />

irrationnel et nuire à tous. La théorie des<br />

jeux analyse ce genre de dilemmes sociaux<br />

et peut présenter des pistes permettant<br />

d’arriver à de meilleures solutions<br />

collectives.<br />

La théorie des jeux<br />

évolutionnaire<br />

Aujourd’hui, la théorie des jeux n’est pas<br />

seulement appliquée aux problèmes des<br />

décideurs rationnels et prévisionnels. La<br />

dynamique évolutionnaire peut aussi<br />

conduire à un équilibre de Nash, à condition<br />

que d’autres conditions soient remplies.<br />

La percée dans la théorie a été possible<br />

avec l’idée de la stratégie évolutivement<br />

stable (SES) de Maynard-Smith et<br />

Price. La théorie des jeux évolutionnaire<br />

joue ainsi un rôle important dans la biologie<br />

du comportement et même en médecine.<br />

Un groupe de chercheurs de l’Université<br />

technique de Dresde et de la Clinique<br />

universitaire de Bonn a pu démontrer<br />

que l’interaction de deux types de<br />

cellules différents avec des cellules tumorales<br />

invasives peut être analysée par des<br />

méthodes de la théorie des jeux (Basanta<br />

et al., 2008, Cell Proliferation). Les «coûts<br />

de motilité» des cellules invasives et les<br />

cellules modifiant l’approvisionnement en<br />

énergie à la glycolyse anaérobique y<br />

jouent un rôle central. Si certaines valeurs<br />

de seuil, qui peuvent être calculées avec<br />

les équations de la théorie des jeux évolutionnaire,<br />

sont dépassées, l’équilibre stable<br />

est brouillé et il en résulte la croissance de<br />

cellules tumorales invasives.<br />

La théorie des jeux a connu un développement<br />

rapide au cours des dernières<br />

années. John von Neumann, un pionnier<br />

de la théorie des jeux, n’envisageait probablement<br />

pas ce genre d’applications en<br />

développant la théorie des jeux dans les<br />

années vingt du siècle passé.<br />

<strong>No</strong>us avons fait connaissance de l’enchère<br />

de Vickrey qui permet d’améliorer les procédures<br />

d’adjudication. La vente aux enchères<br />

de fréquences de téléphonie en<br />

Angleterre s’est déroulée avec l’aide de<br />

théoriciens des jeux. L’Etat britannique a<br />

réalisé des recettes record inattendues de<br />

22,5 milliards de livres sterling. La Confédération<br />

a par contre préféré renoncer aux<br />

bons conseils. Elle a dû se contenter de<br />

recettes maigres de 205 millions de francs.<br />

La théorie des jeux peut donc s’avérer très<br />

lucrative pour le contribuable. ■<br />

Si vous voulez en savoir plus sur la théorie<br />

des jeux: A. Diekmann, «Spieltheorie.<br />

Einführung, Beispiele, Methoden.»<br />

3. Aufl. 2013: Rowohlt Taschenbuch.<br />

24 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

Plus qu’un jeu d’enfant<br />

Les enfants se préparent à l’avenir en s’amusant. Dans des jeux de rôles, ils créent et vivent des<br />

situations quotidiennes sous un autre angle. En construisant, ils exercent leurs capacités motrices<br />

ainsi que la pensée spatiale ou la catégorisation des matériaux. Les préférences spécifiques au<br />

sexe peuvent dans une certaine mesure être compensées par l’aménagement des espaces de jeu.<br />

Carine Burkhardt Bossi, psychologue diplômée HES/SBAP<br />

Dans la société, le jeu d’enfants est généralement<br />

considéré comme un passetemps<br />

se situant à l’opposé de l’école et de<br />

l’apprentissage. Pourtant, plusieurs études<br />

(p. ex. Einsiedler, 1999; Hughes, 2010)<br />

mettent en évidence l’impact du jeu sur le<br />

développement de l’enfant. Le jeu d’enfants<br />

est haut en couleurs et nécessite des<br />

compétences multiples. La diversité du<br />

phénomène du jeu représente un défi pour<br />

la recherche et reste sans définition précise<br />

à ce jour. Dans l’article, deux formes de<br />

jeu – le jeu de rôles et le jeu de construction<br />

– sont associées aux domaines de<br />

compétence respectifs et au sexe.<br />

Comme les grands<br />

Les jeux de rôles incluent des jeux communs<br />

avec le ou la partenaire de jeu. Les<br />

jeux doivent être accordés et coordonnés<br />

avec les partenaires. Généralement, ce<br />

sont des scènes du quotidien qui sont<br />

jouées, comme par exemple la mère et<br />

l’enfant faisant des achats. Les enfants qui<br />

jouent dialoguent sur la signification des<br />

objets et doivent se mettre d’accord sur la<br />

répartition des rôles et les règles. Cela requiert<br />

des compétences linguistiques et<br />

socio-émotionnelles et permet d’exercer la<br />

métacommunication. La reprise de rôles<br />

et perspectives se répercute aussi positivement<br />

sur le développement des aptitudes<br />

empathiques (Fisher et al., 2010). Selon<br />

Ogawa & Takahashi (2012), il existe<br />

même un lien entre les jeux de rôles et le<br />

développement de la cognition sociale.<br />

Dans le jeu de rôles, les enfants gèrent<br />

leurs émotions et doivent apprendre à les<br />

verbaliser de façon appropriée. De plus, ils<br />

intègrent des contenus imaginaires et<br />

suivent leurs propres objectifs et plans, ce<br />

qui représente une performance cognitive.<br />

On peut donc résumer que le jeu de rôles<br />

est très important pour le développement<br />

linguistique et cognitif ainsi qu’en particulier<br />

pour le développement socio-émotionnel.<br />

Châteaux forts et tours<br />

Les jeux de construction permettent à<br />

l’enfant de travailler avec du matériau à<br />

l’horizontale, à la verticale et, plus tard,<br />

en trois dimensions. Ce travail de<br />

construction peut se faire seul ou avec des<br />

partenaires de jeu. Il permet d’exercer la<br />

pensée spatiale et pourrait de ce fait se<br />

répercuter positivement sur les performances<br />

mathématiques (Einsiedler, 1999;<br />

Hughes, 2010). De plus, lors de la construction,<br />

le matériau est souvent trié et classifié,<br />

ce qui permet à l’enfant d’acquérir des<br />

aptitudes essentielles.<br />

En observant le comportement de jeu au<br />

jardin d’enfants, on constatera rapidement<br />

que ce sont souvent les partenaires<br />

de jeu du même sexe qui jouent ensemble<br />

et qu’il existe des matériaux et lieux de jeu<br />

spécifiques au sexe (Hughes, 2010). Les<br />

garçons seront plus souvent absorbés dans<br />

le coin réservé à la construction et les filles<br />

se retrouveront plus fréquemment dans le<br />

coin famille ou peinture (Einsiedler,<br />

1999). Pellegrini & Bjorklund (2004) ont<br />

constaté que les filles restent plus souvent<br />

et plus longtemps dans le jeu de rôles et<br />

développent des sujets de jeu plus complexes.<br />

Du fait que les garçons choisissent<br />

plus souvent des jeux de construction et<br />

les filles des jeux de rôles, les tâches spatiales<br />

et mathématiques sont plus souvent<br />

exercées par les garçons, alors que les<br />

domaines linguistiques et socio-émotionnels<br />

sont davantage exercés dans le jeu des<br />

filles (Hughes, 2010). Comme le comportement<br />

de jeu des enfants se trouve en<br />

interaction avec leur environnement social,<br />

spatial et matériel, il faudrait donc<br />

tenter de faciliter les interactions sociales<br />

entre les sexes par des cadres aménagés<br />

en conséquence. Dans l’étude exploratoire<br />

de Mayer, Bernhard et Peters (2013), les<br />

répercussions des environnements de jeu<br />

sur le comportement de jeu des sexes et<br />

leur développement ont été analysées. Les<br />

domaines de jeu typiques ont été réamé-<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

25


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

nagés et regroupés selon des critères unisexes.<br />

Après l’aménagement des locaux,<br />

les enfants ont joué ensemble et les différences<br />

entre les sexes n’étaient presque<br />

plus perceptibles. Les garçons ont amélioré<br />

leurs compétences socio-émotionnelles<br />

et les filles leur pensée spatiale (ibidem,<br />

2013).<br />

Le tableau ci-après résume les différentes<br />

formes de jeu et leurs répercussions.<br />

Si les enfants présentent des tendances<br />

d’évitement dans leur comportement de<br />

jeu, se pose la question de savoir à quoi<br />

cela pourrait être dû. Le tableau avec les<br />

formes de jeux et leurs répercussions met<br />

en évidence que les tendances d’évitement<br />

en raison de difficultés, par exemple dans<br />

la perception émotionnelle, peuvent<br />

conduire à un déficit d’expériences sociales<br />

et linguistiques. Cela peut ensuite se<br />

traduire par un isolement accru. Les enfants<br />

doivent donc bénéficier d’espaces<br />

d’expérience dans le jeu leur permettant<br />

d’interagir avec d’autres enfants. Beaucoup<br />

d’enfants aiment la routine et les<br />

rituels quotidiens (à la crèche/au jardin<br />

d’enfants). Cela les sécurise et leur permet<br />

de découvrir de nouvelles choses et d’aller<br />

au contact des autres.<br />

■<br />

Bibliographie<br />

Einsiedler, W. (1999). Das Spiel der Kinder. Bad<br />

Heilbrunn: Klinkhardt, 3. Auflage.<br />

Hughes, F. (2010). Children, Play, and Development.<br />

SAGE Publications.<br />

Ogawa, M. & Takahashi, N. (2012). The developmental<br />

relationship between role play, pretend<br />

play, and theory of mind in young<br />

children. Japanese Journal of Developmental<br />

Psychology, 23 (1), 85–94.<br />

Fisher, K.; Hirsh-Pasek, K.; Golinkoff, R.; Singer,<br />

D. & Berk, L. (2010). Playing Around in<br />

School: Implications for Learning and Educational<br />

Policy. The Oxford Handbook of<br />

the Development of Play, 341–353.<br />

Mayer, M.; Bernhard C. und Peters, A. (2013).<br />

Spielumwelten im Kindergarten: Auswirkungen<br />

auf Geschlechterunterschiede in<br />

Spielverhalten und Kompetenzentwicklung.<br />

Frühe Bildung, 2 (4), 185–195.<br />

Stamm, M. (2014). Frühförderung als Kinderspiel.<br />

Ein Plädoyer für das Recht der Kinder<br />

auf das freie Spiel. Dossier 14/5. Online:<br />

http://www.netzwerk-kinderbetreuung.<br />

ch/files/KWPYLNA/stamm_2014_<br />

dossier_spiel.pdf (abgefragt am 08.06.15).<br />

Pellegrini, A. P. & Bjorklund, D. F. (2004). The<br />

ontogeny and phylogeny of children’s object<br />

and fantasy play. Human Nature, 15 (1),<br />

23–43.<br />

Formes de jeu Répercussion d’un jeu fréquent Répercussion d’une absence de jeu/ d’un jeu rare<br />

Jeux de mouvement – Entraînement des fonctions physiques<br />

(force, endurance, adresse, etc.)<br />

– Contrôle de l’agressivité et construction de relations<br />

Jeux de<br />

fonctionnement<br />

Jeux de<br />

construction<br />

Jeux de rôles<br />

– Saisir les phénomènes<br />

– Expériences sensomotrices et tactiles<br />

– Acquisition de compétences techniques,<br />

artistiques et manuelles<br />

– Saisir et catégoriser les quantités<br />

– Saisir les relations spatiales<br />

– Planifier les déroulements des actions<br />

– Acquisition de compétences linguistiques et sociales<br />

(aussi intelligence émotionnelle)<br />

– Contrôle des sentiments<br />

Tableau 1: Formes de jeu et leurs répercussions (adapté selon Stamm, 2014)<br />

– Maladresse motrice<br />

– Tendance à l’obésité<br />

– Isolement, peurs<br />

– Peu voire aucune expérience liée à l’expérimentation<br />

– Peu d’expériences motrices, tactiles, notamment dans<br />

la coordination œil-main<br />

– Capacités motrices fines déficientes<br />

– Manque d’expériences dans le triage<br />

– Compétences linguistiques et sociales déficientes<br />

pouvant aller jusqu’à l’isolement<br />

26 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

Batman Arkham Knight © Warner Bros. Interactive<br />

C’est comme au cinéma …<br />

Les jeux vidéo modernes ont autant de points communs avec leurs prédécesseurs Pac-Man ou<br />

Space Invaders que le TGV n’en a avec une trottinette. Rien d’étonnant donc que les jeux ont déjà,<br />

du moins sur le plan commercial, largement dépassé les longs métrages. Mais même si la frontière<br />

entre film et jeu vidéo s’estompe, chaque média continuera d’exister.<br />

Marc Bodmer, cyberculturiste et journaliste RP<br />

Une ombre se détache dans l’obscurité<br />

humide. Sans bruit, elle se précipite dans<br />

le vide. Les canailles réunies remarquent<br />

trop tard ce qui leur arrive. Vêtu d’un habit<br />

gris-noir, Batman se lance à leur rencontre,<br />

se baisse en évitant les coups de feu<br />

et distribue des crochets. C’est un ballet<br />

ininterrompu de coups. Si je réagis à<br />

temps et j’appuie sur les bonnes touches,<br />

car je suis Batman.<br />

«C’est comme dans un film …», s’exclame<br />

plus d’un amateur en apercevant<br />

un court instant «Batman: Arkham<br />

Knight», le chapitre final de la série de<br />

jeux vidéo récompensée Arkham. La numérisation<br />

croissante conduit à un rapprochement<br />

entre Hollywood et l’industrie des<br />

jeux vidéo. Il y a une trentaine d’années,<br />

les cinéastes considéraient les arrivistes<br />

interactifs d’un regard à la fois amusé et<br />

méfiant. Ils ne voulaient pas vraiment<br />

prendre au sérieux les personnages pixélisés<br />

tels que Super Mario et Pac-Man qui<br />

déambulaient sur l’écran. Ils auraient<br />

mieux fait d’avoir un peu plus de considération<br />

à leur égard, car entre-temps, le<br />

petit frère de l’époque dépasse le cinéma<br />

en termes de chiffre d’affaires et connaît<br />

un engouement croissant. En <strong>2015</strong>, les<br />

spécialistes de Newzoo estiment que l’industrie<br />

des jeux vidéo atteindra un chiffre<br />

d’affaires de 91 milliards de dollars. A titre<br />

de comparaison: l’ensemble de l’industrie<br />

américaine du film – recettes des cinémas,<br />

ventes de films, droits de diffusion,<br />

etc. – devra se contenter d’un chiffre d’affaires<br />

de 62 milliards de dollars.<br />

Un langage visuel<br />

commun<br />

<strong>No</strong>tamment quand il s’agit d’images générées<br />

par ordinateur, de graphiques créés<br />

par ordinateur et d’images dans les films<br />

d’animation, mais aussi dans les films<br />

d’action et fantastiques, on a l’impression<br />

que le film et le jeu vidéo se rapprochent.<br />

En effet, dans certains domaines, les technologies<br />

employées se ressemblent. Dans<br />

le film d’animation, on utilise plus souvent<br />

des instruments en temps réel grâce<br />

à la meilleure capacité de calcul. Dans les<br />

jeux vidéo, on fait davantage appel à un<br />

langage visuel cinématographique. C’est<br />

pour cette raison que les caméramans<br />

d’Hollywood travaillent de plus en plus<br />

souvent à titre de conseiller dans les studios<br />

de jeux.<br />

Alors que pour le long métrage, seule la<br />

vision du réalisateur doit être mise en<br />

œuvre et que celle-ci est ensuite calculée<br />

pendant plusieurs mois par des ordinateurs<br />

haute performance pour obtenir le<br />

meilleur résultat possible, pour le jeu vidéo,<br />

les perspectives de la représentation<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

27


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

graphique dépendent du joueur. Il ne<br />

suffit donc pas qu’un personnage fasse<br />

bonne figure d’un côté dans un jeu. Il doit<br />

être élaboré en trois dimensions et pouvoir<br />

être représenté en temps réel, étant donné<br />

que le joueur entre en quelque sorte dans<br />

la peau du réalisateur et déplace l’avatar<br />

selon son bon plaisir dans l’environnement<br />

virtuel.<br />

Une utilisation différente<br />

Ce fait contredit aussi les fans de cinéma<br />

qui craignent que les jeux vidéo ne supplantent<br />

une fois les films. La pomme n’a<br />

pas non plus été chassée du marché par la<br />

poire. Il est donc peu probable que les jeux<br />

cannibalisent le marché du cinéma. Depuis<br />

que nous sommes assis autour du feu,<br />

nous adorons raconter des histoires et en<br />

entendre. Hollywood maîtrise toujours<br />

encore mieux cet art que l’industrie des<br />

jeux vidéo, même si cette dernière a réalisé<br />

d’importants progrès au cours des<br />

dernières années. Le film est un média<br />

narratif classique qui convient parfaitement<br />

pour faire naître le suspens. Mais il<br />

définit un diktat auquel les spectateurs<br />

doivent se plier. Ces derniers n’ont aucune<br />

liberté de décision ou d’action, ils ne sont<br />

pas libres d’aller à gauche ou à droite,<br />

mais doivent suivre le mouvement. Le film<br />

peut donc être qualifié de média «passif»<br />

qui peut être apprécié en toute détente<br />

dans un fauteuil, alors que les jeux vidéo<br />

sont un média «actif» nécessitant une<br />

participation du joueur.<br />

Trouver un média adéquat<br />

Malgré tout, le rêve du film interactif est<br />

plus vivant que jamais. Ainsi, lors de l’appel<br />

à projets: Swiss Games de la Fondation<br />

Batman Arkham Knight © Warner Bros. Interactive<br />

suisse pour la culture Pro Helvetia, le projet<br />

novateur «CtrlMovie» a été déposé.<br />

Celui-ci présente un polar avec de vrais<br />

acteurs dont le déroulement est déterminé<br />

par les décisions des utilisateurs. Alors que<br />

des tentatives antérieures n’avaient pas<br />

produit de résultats satisfaisants, «CtrlMovie»<br />

présente un potentiel important<br />

grâce à la technologie actuelle et à sa<br />

narration raffinée.<br />

Retenir son souffle jusqu’à ce que la<br />

grande vague des films interactifs déferle<br />

Halo 5 Guardians © Microsoft Studios<br />

28 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

sur nous n’est pas une bonne idée. Autant<br />

l’idée de participer à la création de son<br />

propre film est tentante, autant il est<br />

confortable de ne tout simplement rien<br />

faire. C’est sur cette attitude que l’industrie<br />

des jeux vidéo mise grâce à son influence<br />

croissante. Les éditeurs renommés<br />

comme Ubisoft, Electronic Arts et<br />

Microsoft mettent à l’écran leurs best-sellers<br />

tels que «Assassin’s Creed», «Need for<br />

Speed» ou «Halo» ou en font des séries<br />

télévisées. Il s’agit alors non seulement de<br />

réaliser une mise en scène cinématographique<br />

d’un contenu de jeu, mais aussi<br />

d’éléments complémentaires qui font<br />

partie de l’histoire. Ainsi, la série télévisée<br />

«Halo: Nightfall» du réalisateur de «Gladiator»,<br />

Ridley Scott, établit un pont narratif<br />

entre la partie 4 et 5 de la série de jeu<br />

et contribue ainsi à l’expérience de l’épopée<br />

«Halo».<br />

L’approche décrite ci-dessus est résumée<br />

par le terme «transmédia», où différents<br />

contenus médiatiques d’un grand ensemble<br />

s’imbriquent comme les pièces<br />

d’un puzzle, mais continuent d’exister<br />

individuellement. Qu’il s’agisse d’un livre,<br />

d’un film, d’un jeu ou d’une bande dessinée,<br />

les histoires qui y sont racontées font<br />

partie d’un univers narratif dont les frontières<br />

deviennent de plus en plus floues.<br />

Mais le noyau du divertissement et ses<br />

formes d’expression demeurent intactes.<br />

Le point décisif est de trouver le média le<br />

mieux adapté au contenu respectif. Si<br />

l’histoire et les personnages sont au centre<br />

de l’attention, le livre sera le premier<br />

choix. Alors que le long métrage se démarque<br />

en tant que média narratif audio-visuel.<br />

Bien sûr que lorsqu’il s’agit<br />

d’interaction, les jeux sont gagnants. Ils<br />

transforment une histoire en aventure et<br />

font du joueur un héros, voire un superhéros<br />

comme Batman.<br />

■<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

29


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

A la fois jeu et thérapie<br />

La créativité sous toutes ses formes compte depuis longtemps parmi l’effectif des mesures<br />

thérapeutiques. Ce qui est par contre inhabituel, c’est de rendre les résultats accessibles à un plus<br />

large public. A Bâle, des personnes atteintes d’un trouble psychique ont réalisé un projet de<br />

théâtre d’un autre genre avec des acteurs professionnels.<br />

Fidelio Lippuner, musicien et artiste de scène<br />

Prologue<br />

«ELFe (11e – un processus rédactionnel)»<br />

était un projet de théâtre consacré aux<br />

troubles psychiques. La première s’est déroulée<br />

le 20 novembre 2013 dans le foyer<br />

du Théâtre de Bâle. Les acteurs étaient des<br />

personnes souffrant de troubles psychiques<br />

logées dans le cadre d’une offre<br />

de l’association Mobile Basel ainsi que des<br />

actrices et acteurs professionnels et danseurs<br />

du Théâtre de Bâle. Les participants<br />

se sont confrontés (ainsi que le public)<br />

avec les normes et valeurs de la société en<br />

posant la question: «Qu’est-ce qui est normal?»,<br />

«Qu’est-ce qui est anormal?»<br />

Accompagnés sur le plan agogique et artistique,<br />

le sujet des troubles psychiques a<br />

été travaillé dans le cadre d’ateliers, répétitions<br />

et finalement de la représentation.<br />

Le résultat: un projet intéressant et interdisciplinaire<br />

pour professionnels et amateurs,<br />

acteurs et danseurs.<br />

1 er acte: la genèse<br />

Une résidente de l’association Mobile Basel<br />

écrit depuis de nombreuses années de la<br />

prose et de la poésie. Dans ses textes, elle<br />

parle de ses sentiments et de ses observations<br />

dans la manière dont les troubles<br />

psychiques sont abordés. Ses travaux<br />

m’ont beaucoup touché. Son langage clair<br />

et appuyé, la légèreté inattendue de ses<br />

textes m’ont plu. L’intention de l’auteure<br />

d’écrire une pièce de théâtre a été l’évènement<br />

déclencheur pour le projet. Je trouvais<br />

cette idée passionnante et j’ai participé<br />

à son travail. En accord avec elle, j’ai<br />

placé l’action à une autre époque et complété<br />

la pièce avec de la poésie et de la<br />

prose des ouvrages de l’auteure. Il en a<br />

résulté une matière première intéressante<br />

qui n’était plus tellement axée sur les<br />

troubles psychiques, mais davantage sur<br />

les conflits humains. J’étais convaincu<br />

30 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

que n’importe qui pouvait se sentir interpellé<br />

par le contenu. L’idée pour un projet<br />

élargi était née. Il était prévu de proposer<br />

les rôles à des acteurs et danseurs professionnels<br />

ainsi qu’aux résidents de Mobile<br />

Basel.<br />

2 e acte:<br />

contenu de l’œuvre<br />

La pièce commence par une fête estivale.<br />

Parmi les invités se trouve une femme de<br />

42 ans qui s’amuse et discute dans un<br />

cercle de connaissances élargi. Dans le<br />

courant de la fête, elle commence à se<br />

sentir mal à l’aise et se retire. C’est le début<br />

d’un processus qui la conduira finalement<br />

à l’isolement total. Elle n’est plus socialement<br />

acceptée. Quant à l’écriture, son<br />

élixir de vie, elle en devient dépendante et<br />

y trouve une échappatoire. Sa famille rejette<br />

ce comportement et tente de l’influencer.<br />

Les fantômes du passé, qui<br />

trouvent leur origine dans une situation<br />

familiale difficile restée enfouie, reviennent.<br />

Que doit-elle faire pour que sa<br />

situation évolue? Elle décide d’affronter les<br />

sujets tabous du passé et commence à<br />

briser les schémas familiaux et personnels.<br />

Par une ouverture silencieuse, mais<br />

explosive, de sa personnalité, elle brise ses<br />

propres liens qui l’entravent et emprunte<br />

un chemin nouveau.<br />

3 e acte: la réalisation<br />

Attribuer les rôles: les rôles étaient en premier<br />

lieu ouverts à toutes les personnes<br />

prises en charge par Mobile Basel qui souhaitaient<br />

s’engager artistiquement. Certains<br />

participants possédaient déjà une<br />

certaine assurance et autonomie dans le<br />

travail artistique, d’autres voulaient découvrir<br />

leurs capacités dans ce domaine.<br />

Le projet devait bénéficier au plus grand<br />

nombre de malades psychiques possibles,<br />

raison pour laquelle le projet était conçu<br />

de façon à être facilement accessible. Une<br />

approche agogique orientée sur la<br />

confrontation avait pour but de permettre<br />

d’affronter les situations problématiques<br />

afin de les gérer de façon plus constructive<br />

que jusqu’à présent. Par la prescription du<br />

contenu de la pièce, les participants<br />

étaient confrontés à une problématique<br />

pouvant les concerner eux-mêmes. La<br />

confrontation sur le plan théâtral et sous<br />

une conduite agogique leur permettait de<br />

s’approcher de nouvelles expériences au<br />

moyen d’une voie artistique protégée. Les<br />

développements de la personnalité, les<br />

défis et les succès vécus ainsi que les éventuels<br />

échecs, revers et la capacité à surmonter<br />

des phases de résistance créatrice<br />

ont eu un impact considérable en ce qui<br />

concerne l’expérience et la perception de<br />

soi. Ces expériences ont marqué durablement<br />

tous les participants. Je pense que<br />

certains sont ressortis du projet plus forts.<br />

Ils ont pu acquérir davantage d’assurance<br />

pour gérer les crises quotidiennes, ce qui<br />

a eu un effet stabilisateur sur le cours de<br />

leur existence.<br />

4 e acte: la rétrospective<br />

La confrontation avec les normes sociales<br />

en vigueur sous nos latitudes, les termes<br />

quotidiens «normal/anormal» me préoccupent<br />

depuis de nombreuses années et<br />

reviennent toujours de nouveau au premier<br />

plan: quel chemin est le bon? Que<br />

faut-il pour être capable de gérer sa vie de<br />

manière responsable? Comment abordons-nous<br />

les personnes souffrant de<br />

troubles?<br />

La pièce «ELFe» a abordé ces questions et<br />

bien d’autres encore: quand sais-je qu’une<br />

étape suivante doit être franchie, et comment<br />

se présente-t-elle? Qui peut m’aider?<br />

Qu’est-ce qui m’empêche de le faire? Estce<br />

que j’ose franchir le pas?<br />

Le fait d’avoir été personnellement<br />

confronté à des questions semblables m’a<br />

permis, avec l’accord de l’auteure, d’intégrer<br />

mes propres expériences dans<br />

l’œuvre. Il en a résulté un processus ayant<br />

pour objectif d’emprunter de nouveaux<br />

chemins et de montrer des alternatives.<br />

Comment l’idée de mettre en scène la<br />

pièce avec des acteurs amateurs de Mobile<br />

Basel se trouvant dans une situation semblable<br />

à celle du personnage principal<br />

est-elle née? Cette décision a été motivée<br />

par les réflexions suivantes: d’une part, je<br />

voulais mettre en scène une pièce authentique<br />

et artistiquement attrayante. Je ne<br />

voulais ni imposer des rôles aux acteurs,<br />

ni les exposer inutilement. D’autre part, la<br />

pièce était pour toutes les personnes impliquées<br />

une opportunité d’aborder leur<br />

problématique de manière ludique et de<br />

trouver éventuellement d’autres façons<br />

d’aborder leur existence. Le jeu, également<br />

transmis par les acteurs et danseurs professionnels,<br />

avait pour but de mettre en<br />

évidence des aptitudes pouvant renforcer<br />

l’estime de soi. L’œuvre ne traitait pas de<br />

la situation entre victime et agresseur,<br />

mais du pardon et du lâcher-prise. Au final,<br />

la pièce ne répondait pas à la question<br />

de savoir si le chemin choisi était le bon<br />

ou non. Mais peut-être que ce chemin<br />

pouvait défaire des blocages et permettre<br />

le franchissement d’une prochaine étape.<br />

Après-coup, je suis convaincu que cela<br />

s’est produit chez certains protagonistes.<br />

Au début du projet, il m’importait de ne<br />

pas connaître l’histoire personnelle de ces<br />

individus, afin de pouvoir aborder les participants<br />

sans préjugés. J’étais conscient<br />

du fait que trop d’informations entraveraient<br />

le niveau relationnel et le travail<br />

commun. Ainsi sont nées des rencontres<br />

très positives et enrichissantes.<br />

Epilogue<br />

Après la présentation d’ELFe, d’ailleurs<br />

couronnée de succès, les participants de<br />

l’association Mobile Basel ont exprimé le<br />

désir de poursuivre leur travail. Ils voulaient<br />

écrire et mettre en scène leur propre<br />

pièce, ce que j’ai salué et volontiers soutenu.<br />

Depuis l’été 2014, je dirige un atelier<br />

dans lequel nous écrivons ensemble une<br />

nouvelle version de la pièce. L’objectif est<br />

de pouvoir présenter le résultat en automne<br />

2016. La pièce traite de l’exclusion<br />

ou du désir de ne plus être victime et d’être<br />

accepté dans notre société en tant que<br />

personne «normale». C’est avec cette philosophie<br />

à l’esprit que nous entamons<br />

notre route …<br />

■<br />

Contact et informations:<br />

www.fideliolippuner.ch<br />

Remerciements<br />

J’adresse mes vifs remerciements à<br />

Thekla Michel (assistante sociale/éducatrice<br />

sociale) pour la collaboration<br />

pédagogique et rédactionnelle ainsi<br />

que le soutien quotidien dans mon<br />

travail.<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

31


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

Pas d’évolution sans «jeu»<br />

Avec quoi s’amusaient les enfants il y a 40 000 ans? Et comment les adultes passaient-ils leur temps<br />

libre? Au vu de ce qui apparaît de notre point de vue actuel comme des conditions de vie rudes et<br />

une espérance de vie brève, on serait tenté de croire que les loisirs n’existaient pas. Des découvertes<br />

archéologiques démontrent cependant qu’à l’âge de pierre aussi, la vie humaine était plus que<br />

de la simple survie.<br />

Beate Maria Pomberger, archéologue de la musique et chanteuse, Vienne<br />

Lorsque l’on se pose la question du «jeu»<br />

et des activités de «loisir» durant la Préhistoire,<br />

il semble que les termes «travail» et<br />

«temps libre» ne s’appliquent pas aux<br />

hommes préhistoriques, ceux-ci étant<br />

avant tout chasseurs-cueilleurs, avant de<br />

devenir agriculteurs. Il y a certainement eu<br />

une transition entre les activités purement<br />

nécessaires à la survie, que nous désignons<br />

aujourd’hui comme «travail», et les activités<br />

non liées à la survie, que nous associons<br />

aux loisirs, hobbies et temps libre.<br />

Pour les époques dont témoignent des objets<br />

et découvertes archéologiques, mais<br />

dont nous n’avons pas de traces écrites, le<br />

thème est difficile à cerner et requiert une<br />

recherche minutieuse d’indices.<br />

Ill. 1: Ours – Dolní Vˇ estonice, République tchèque<br />

Jeu – musique –<br />

danse – art<br />

Si l’on considère le jeu comme un «ensemble<br />

de comportements chez l’humain<br />

et l’animal, caractérisé par des<br />

activités ludiques qui suivent leurs<br />

propres règles, délimitées de celles de<br />

tout autre comportement, et qui se déroulent<br />

libres de toute contrainte et<br />

englobent donc pour l’humain un espace<br />

de liberté et d’ouverture de l’action<br />

individuelle» et si le jeu est perçu<br />

«comme un principe d’organisation<br />

créatif de la nature et de toute l’évolution»<br />

1 , il est possible de tirer des conclusions<br />

sur des époques préhistoriques. Le<br />

philosophe Mircea Eliade est d’avis que:<br />

«Si on laisse inexplorée une grande<br />

partie de l’histoire de l’esprit humain,<br />

on favorise la conception que pendant<br />

ce temps, l’activité intellectuelle se limitait<br />

au maintien et à la transmission<br />

des technologies. Or, une telle supposition<br />

est non seulement erronée, mais<br />

aussi funeste en termes de connaissance<br />

des humains. L’homo faber était<br />

aussi un homo ludens, sapiens et religiosus.»<br />

2 – sans oublier un homo musicus,<br />

saltans et artifex. Dans ce sens, il est<br />

possible de tirer quelques conclusions.<br />

Innovation et jeu:<br />

le Paléolithique<br />

Il y a env. 43 500 ans, l’homme moderne<br />

a migré vers l’Europe centrale, dans une<br />

région de steppe froide 3 . De petits groupes<br />

vivaient dans des cavernes, sous des abris,<br />

des campements ouverts. Ils vivaient de la<br />

chasse et de la cueillette. Grâce à la nouvelle<br />

technique de lames, il leur était devenu<br />

possible d’utiliser le silex de manière<br />

optimale et de créer de nombreux outils<br />

plus fins, comme des pointes, poinçons,<br />

burins, grattoirs et racloirs. A l’aide de ces<br />

outils, ils réalisèrent des pointes en os, des<br />

aiguilles à coudre, des crochets en os ou<br />

en corne, mais aussi des instruments en<br />

bois. On chassait au javelot, au harpon et<br />

probablement à l’arc 4 . Le propulseur permettait<br />

au javelot d’atteindre une plus<br />

grande distance. Lorsque l’on n’était pas<br />

occupé à la quête de nourriture, on se<br />

consacrait probablement à améliorer son<br />

équipement, tresser des contenants,<br />

coudre des vêtements, ou encore à des<br />

activités «ludiques». C’est ainsi que naissaient<br />

de nouvelles inventions, que les<br />

vêtements étaient décorés, que l’on créait<br />

et sculptait des bijoux en dents d’animaux,<br />

en coquilles de mollusques, en<br />

petites pierres, osselets et ivoire 5 . Les Vénus<br />

du Gravettien 6 – p. ex. en molasse, comme<br />

la Vénus de Willendorf en Autriche 7 , ou en<br />

ivoire comme celle de Hohle Fels en Allemagne<br />

8 , mais aussi en argile cuit, comme<br />

la Vénus de Dolní Vˇ estonice en République<br />

tchèque 9 – sont vraisemblablement des<br />

produits issus d’activités de «loisir». La<br />

dernière porte encore les empreintes digitales<br />

de l’artiste, âgé d’env. 14 ans, qui a<br />

créé l’impressionnante figurine 10 . On<br />

pense que les statuettes étaient des poupées/figurines<br />

utilisées entre autres à des<br />

fins rituelles 11 . On connaît aussi les petites<br />

figurines en argile cuites au feu et représentant<br />

des lions, ours (ill. 1), mammouths,<br />

rhinocéros ou bisons de Dolní<br />

Vˇ estonice, en République tchèque, et de<br />

Krems-Wachtberg, en Autriche, mais aussi<br />

des figurines animales en ivoire comme<br />

celles de la grotte de Vogelherd, Allemagne<br />

13 . Ces figurines sont également<br />

associées à des cultes, mais elles sont aussi<br />

empreintes d’un certain caractère ludique.<br />

32 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


Ill. 2: Vénus de Stratzing, Autriche<br />

La masse à modeler et à former est un<br />

matériel fascinant, et probablement des<br />

enfants talentueux s’en sont servi, laissant<br />

libre cours à leur imagination. Il devait<br />

aussi être passionnant de voir comment<br />

un morceau d’ivoire peut être sculpté en<br />

mammouth ou en homme-lion 14 . Avec des<br />

traits vifs, les femmes dansantes de Gönnersdorf,<br />

Allemagne, ainsi que divers<br />

animaux ont été gravés dans des plaques<br />

de pierre 15 . L’artiste a-t-il d’abord exercé et<br />

essayé ses traits sur le sol, comme pour les<br />

ébauches des peintures rupestres? Des<br />

enfants ont-ils copié ces gestes?<br />

Les peintures étaient fabriquées à partir<br />

d’ocre jaune et rouge, d’hématite, de graphite,<br />

de calcaire coquillier 16 ou de charbon<br />

de bois. Elles étaient utilisées aussi<br />

bien pour des peintures corporelles que<br />

pour orner les murs de roche.<br />

Combien de temps les artistes de ces peintures<br />

rupestres ont-ils observé leurs modèles,<br />

spécimens de la faune de l’époque<br />

ou humains. Combien de temps ont-ils<br />

passé à tenter de les représenter aussi fidèlement<br />

que possible avant de graver ou<br />

de peindre leurs œuvres à l’emplacement<br />

approprié de la caverne? Les images, animées<br />

par la lueur dansante des flammes,<br />

ont certainement fasciné adultes et enfants.<br />

Quelles histoires se sont-ils racontées,<br />

quelles chansons ont-ils chanté? Le<br />

chant et la danse constituent une unité<br />

harmonieuse originelle. Alors que le<br />

chant noue des liens émotionnels au sein<br />

du groupe 17 , la danse est illustrée par la<br />

Vénus du Galgenberg en Autriche – une<br />

petite figurine de serpentine 18 (ill. 2) – ,<br />

par les gravures sur pierre des femmes<br />

élancées de Gönnersdorf en Allemagne 19 ,<br />

par les deux «sorciers» de la grotte des<br />

Trois-Frères, mais aussi par les traces de<br />

pas d’enfants dans le sol argileux de<br />

Montespan 20 , en France. Les enfants ont<br />

sans doute participé aux chants et aux<br />

danses.<br />

On utilisait pour l’expression musicale des<br />

flûtes en os de vautour, en ivoire de mammouth<br />

et en os de rennes (ill. 3), des<br />

racleurs en os et en bois, des phalanges<br />

sifflantes, des percussions en os, des<br />

rhombes, arcs musicaux, hochets en<br />

corne et osier ainsi que des cadres de tambours<br />

en branches souples 21 . De simples<br />

hochets – petits morceaux de silex agités<br />

dans le creux de la main – émettent un<br />

son haut et cristallin. Le cri du hibou,<br />

imité par un ocarina formé en joignant<br />

Ill. 3: Flûte en os de Grubgraben,<br />

Autriche<br />

les mains, était certainement connu des<br />

enfants du Paléolithique. Les trois tombes<br />

de nourrissons de Krems-Wachtberg, en<br />

Autriche, ne nous renseignent pas sur les<br />

«jouets», néanmoins, des colliers en<br />

perles d’ivoire ont été déposés dans la<br />

tombe à côté des jumeaux nouveau-nés 22 .<br />

Les jeunes enfants ont probablement joué<br />

à l’intérieur avec des pierres, des os, des<br />

cornes et des morceaux de bois. Les enfants<br />

plus âgés mesuraient certainement<br />

leur force dans des bagarres et comparaient<br />

leur souplesse, endurance et vitesse<br />

en courant, en se battant et en grimpant.<br />

Ces aptitudes constituaient un avantage<br />

certain dans un environnement qu’il fallait<br />

partager avec des bêtes sauvages et des<br />

animaux de proie. La chasse à la lance et<br />

au javelot ainsi que toutes les stratégies de<br />

survie devaient être apprises dès le plus<br />

jeune âge, car avec une espérance de vie<br />

moyenne de 30 ans, il fallait vite être autonome<br />

et participer à la quête de nourriture<br />

pour la communauté. La maturité<br />

sexuelle, qui avait lieu entre 10 et 14 ans,<br />

et un rite d’initiation marquaient le passage<br />

vers l’âge adulte. Les deux garçons de<br />

Sungir, Russie, ont été enterrés avec les<br />

armes de chasseur 24 .<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

33


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

Ill. 4: Les garçons de Sungir, Russie<br />

Innovation et jeu:<br />

le Néolithique<br />

Un climat plus doux, la sédentarisation,<br />

l’agriculture et l’élevage ont caractérisé la<br />

vie des hommes du Néolithique dont l’espérance<br />

de vie était de 25 à 30 ans 25 . Ils<br />

ont continué à développer des outils en<br />

pierre et en os, à modeler et cuire des pots<br />

en terre glaise. Le «jeu» de la céramique,<br />

de ses ornements et de ses couleurs s’est<br />

transformé tout au long de cette période.<br />

La poterie n’était pas une activité réservée<br />

aux adultes, les enfants aussi apprenaient<br />

cet artisanat à un jeune âge. On reconnaît<br />

leurs artéfacts aux formes et décorations<br />

irrégulières 26 . On a retrouvé des contenants<br />

miniatures de la culture chalcolithique<br />

de Vuc ˇ edol 27 dont on estime qu’il<br />

s’agissait de jouets d’enfants 28 . Des figurines<br />

de glaise anthropomorphes et zoomorphes<br />

existent dans de nombreuses<br />

cultures du Néolithique 29 . On leur attribue<br />

la plupart du temps une fonction liée à un<br />

culte, mais il pourrait aussi s’agir de<br />

jouets. Sur les figurines de cochons découvertes<br />

dans la cité lacustre de Mondsee,<br />

Autriche, des empreintes digitales d’enfants<br />

ont été constatées (ill. 5) 30 . Les nombreuses<br />

sculptures de glaise – notamment<br />

des moutons et des chèvres, retrouvées<br />

dans des décharges à Çatal Hüyük, en<br />

Turquie, sont aujourd’hui considérées<br />

comme des jouets préparant l’enfant à la<br />

vie paysanne 31 . Les enfants s’amusaient-ils<br />

aussi avec des figurines de paille, de<br />

Ill.. 5: Figurine représentant un cochon; Mondsee, Autriche<br />

branches et d’herbe tressée ou encore de<br />

bois taillé? L’étroite cohabitation de<br />

l’homme et de l’animal implique certainement<br />

que les enfants jouaient avec de<br />

jeunes animaux vivants. A Franzhausen,<br />

Autriche, on a mis au jour la tombe d’une<br />

fillette tenant deux objets en os dans les<br />

bras. Il s’agissait d’un métacarpe et d’un<br />

morceau de fémur de Caproviden. Ces<br />

pièces sont interprétées comme «poupée»<br />

– il est possible qu’elle ait été vêtue, car les<br />

tissus organiques ne se conservent habituellement<br />

pas dans le sol – et «sifflet»<br />

(ill. 6) 32 . Comme nous le démontre la<br />

découverte à Zurich 33 d’un petit arc de<br />

chasse de l’époque lacustre, le maniement<br />

de l’arc et des flèches était certainement<br />

appris très tôt. Cependant, il n’y avait pas<br />

beaucoup de temps consacré au jeu, car<br />

«…les enfants sont impliqués dès que<br />

possible dans les tâches de travail des<br />

adultes afin d’être préparés à une vie autonome<br />

et autarcique à la ferme. (…) Les<br />

enfants aidaient à l’exploitation familiale<br />

de manière très active (…)» 34 . Ils gardaient<br />

par exemple les troupeaux, récoltaient<br />

les fruits dans les champs, ramassaient<br />

de la matière première, cueillaient<br />

des fruits sauvages. Peut-être que les enfants<br />

avaient aussi des cachettes secrètes<br />

où ils se retrouvaient sans être dérangés?<br />

Les activités manuelles, qui permettent de<br />

s’entretenir merveilleusement avec<br />

d’autres personnes, étaient légion: fila-<br />

34 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

Ill. 6: Tombe de fillette Franzhausen IV, tombe 4335, Autriche et reconstitution expérimentale<br />

Ill. 8: Peinture murale géométrique,<br />

Dja’de, Syrie<br />

Ill. 7: Ocarina Brunn am Gebirge/Flur Wolfholz,<br />

Autriche<br />

ture, tissage, taillage, poterie, fabrication<br />

d’outils. On s’ornait de colliers de coquillages,<br />

de perles en terre glaise ou en calcaire,<br />

de dents de verrat ou encore de<br />

pendentifs de céramique en forme de<br />

clochette. Les instruments de musique<br />

étaient des ocarinas (ill. 7), des flûtes en<br />

os et en bois de sureau, des clochettes en<br />

céramique, des tambours et hochets en<br />

terre glaise, mais aussi des sifflets et flûtes<br />

de pan en os, des cors en céramique et des<br />

trompettes de conche 35 . On a retrouvé des<br />

coquilles d’escargot, dont la présence en<br />

Europe centrale est prouvée à partir du<br />

Néolithique ancien 36 , et qui pouvaient<br />

avoir fait office de jouets, de bijoux ou de<br />

sifflets, tout comme les coquilles de<br />

moules ont pu être utilisées comme instruments<br />

de résonnance. Le plaisir de la<br />

danse a été immortalisé sur les fresques<br />

et parois de pierre. Une peinture murale<br />

du sanctuaire de chasse de Çatal Hüyük 37<br />

représente une danse extatique autour<br />

d’un grand taureau. Un danseur bat le<br />

rythme sur un tambour. Les silhouettes<br />

dansantes aux bras levés sont déjà<br />

connues des peintures rupestres<br />

macroschématiques de Levante en Espagne<br />

38 . Des scènes d’une ronde dansée<br />

sont aussi représentées sur la roche n° 3<br />

de Valcamonica, en Italie 39 . Des parois de<br />

huttes ornées, telles que celles de la<br />

culture de Lengyel 40 du Néolithique<br />

moyen, les peintures murales multicolores<br />

de Dja’de, en Syrie 41 (ill. 8) ou de Levante 42<br />

en Espagne, témoignent d’activités de<br />

«loisir» et de la joie de vivre des hommes<br />

du Néolithique.<br />

Le thème n’est que brièvement esquissé<br />

dans cet article, mais le développement<br />

passionnant de l’humanité repose sur le<br />

jeu: curiosité, découverte, essais, création,<br />

innovation. Il n’y a que des ébauches de<br />

recherche sur le thème des jouets durant<br />

la Préhistoire, mais la question mérite<br />

d’être examinée et offre un champ de réflexion<br />

pour des travaux à venir. ■<br />

Bibliographie:<br />

E. Altenmüller 2004: Singen – die Ursprache?<br />

Zur Evolution und Hirnphysiologie des<br />

Gesanges. In: E. Hickmann, R. Eichmann<br />

(Hrsg.) Music-Archaeological Sources:<br />

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Study Group on Music Archeology<br />

at Monastery Michaelstein, 9–16 June 2002.<br />

Studien zur Musikarchäologie IV, = Orient-<br />

Archäologie 14, Rahden/Westfahlen 2004,<br />

3–9.<br />

W. Antl-Weiser 2008: Die Frau von W. – Die Venus<br />

von Willendorf, ihre Zeit und die Geschichte(n)<br />

um ihre Auffindung. Naturhistorisches<br />

Museum, Wien 2008.<br />

O. N. Bader 1970: Das zweite Grab in der paläolithischen<br />

Siedlung Sungir im mittleren<br />

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G. Bosinski 1981: Gönnersdorf. Eiszeitjäger am<br />

Mittelrhein. Koblenz 1981.<br />

Brockhaus 2006 (hrsg. von A. Zwar, M. Winkenbach,<br />

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basal Aurignacian of Hohle Fels Cave in southwestern<br />

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248–252.<br />

E. Coqueugniot 2014: «Dja›de (Syrie) et les représentations<br />

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cal. BC», in C. Manen, T. Perrin, J. Guilaine<br />

(éd.), La transition néolithique en Méditerranée<br />

(Actes du colloque de Toulouse, 14–15<br />

avril 2011). Archives d’écologie préhistorique,<br />

éditions Errance-Actes Sud, Arles,<br />

91–108.<br />

A. Durmann 1988: Vuc ˇdol – three thousand<br />

years B. C., Zagreb 1988.<br />

N. Ebinger-Rist, C.-J. Kind, S. Wolf, K. Wehrberger<br />

2013: Der Löwenmensch bekommt ein<br />

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der Elfenbeinstatuette aus der Stadel-<br />

Höhle im Hohlenstein, Gemeinde Asselfingen,<br />

Alb-Donau-Kreis. Denkmalpflege in<br />

Baden-Württemberg 4 | 2013, 194–200.<br />

M. Eliade 1978: Geschichte der religiösen Ideen.<br />

Band 1: Von der Steinzeit bis zu den Mysterien<br />

von Eleusis. Freiburg-Basel-Wien 1978.<br />

J. Fernández-López de Pablo 2014: Art traditions,<br />

cultural interactions and symbolic contexts<br />

during the Neolithic transition in the Eastern<br />

Iberian Peninsula. In: C. Manen, T.<br />

Perrin, J. Guilaine (éd.), La transition néo-<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

35


POINT DE MIRE ▶ JEU<br />

lithique en Méditerranée. (Actes du colloque<br />

de Toulouse, 14–15 avril 2011). Archives<br />

d’écologie préhistorique, éditions Errance-Actes<br />

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A. Fossati, G. Ragazzi 2001: Musik und Tanzdarstellungen<br />

in den Felszeichnungen der Valcamonica<br />

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(Hrsg.), Musikgeschichte Tirols. Schlernschriften<br />

315, Innsbruck 2001, 37–51.<br />

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Krems-Wachtberg – A Gravettian Settlement<br />

Site in the Middle Danube Region. Wissenschaftliche<br />

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Landesmuseum, 19, 91–108, St. Pölten<br />

2008.<br />

M. Händel, U. Simon, Th. Einwögerer, Chr. Neugebauer-Maresch<br />

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Krems-Wachtberg – Approaching a Well-preserved<br />

Gravettian Settlement Site in the<br />

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D. Kern, W. Lobisser 2010: Pupperl und Pfeiferl<br />

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Museum im alten Zeughaus (Kantonsmuseum<br />

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Museen und Archäologie des Kantons Baselland<br />

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1999: Jungsteinzeit im Osten Österreichs.<br />

Wissenschaftliche Schriftenreihe Niederösterreich<br />

102/103/104/105, St. Pölten 1999.<br />

J. Mellaart 1967: Çatal Hüyük. Stadt aus der<br />

Steinzeit. Bergisch-Gladbach 1967.<br />

Chr. Neugebauer-Maresch 2008: Galgenberg-<br />

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Chr. Neugebauer Maresch, M. Bachner, J. M.<br />

Tuzar 2008: Kammern-Grubgraben. Wissenschaftliche<br />

Mitteilungen Niederösterreichisches<br />

Landesmuseum 19, St. Pölten 2008,<br />

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Ph. R. Nigst, P. Haesaerts, F. Damblonc, Chr.<br />

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im Gebiet zwischen der Salzach und<br />

dem Donauknie. Frequenzanalysen, Schallpegelmessungen,<br />

Reichweiten. Unpublizierte<br />

Dissertation Universität Wien 2014 – im<br />

Druck (UPA).<br />

E. Pucher, E. Ruttkay 2006: Votivfiguren oder<br />

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im oberösterreichischen Mondsee.<br />

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G. Rosendahl, K.-W. Beinhauer, M. Löscher, K.<br />

Kreipl, R. Walter, W. Rosendahl 2006: Le plus<br />

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2008, http://donsmaps.com/dolni.<br />

html, 28.4.<strong>2015</strong>.<br />

Ill. 2: Venusfigur von Stratzing, Alice Schumacher,<br />

NHM Wien; nach Chr. Neugebauer-<br />

Maresch 2008, Fig. 6.<br />

Ill. 3: Knochenflöte von Grubgraben-Kammern;<br />

Foto NÖ Museum für Urgeschichte, http://<br />

insmuseum.com/post/30567819957/<br />

knochenfloete-grubgraben-kammern.<br />

Ill. 4: Knaben von Sungir. https://erlangenwladimir.wordpress.com/tag/walter-leitner/<br />

29.4.<strong>2015</strong>.<br />

Ill. 5: Schweinefigur mit Fingerabdrücken aus<br />

Mondsee; nach Pucher, Ruttkay 2006, 231,<br />

Ill. 1/6480.<br />

Ill. 6: Mädchengrab von Franzhausen, Foto BDA;<br />

nach Kern, Lobisser 2010, 25, Ill.2. und Ill. 5.<br />

Ill. 7: Gefässflöte Brunn am Gebirge, Niederösterreich;<br />

nach Pomberger, 2014, Ill. 39, Fototaf.<br />

1/Ill. 1.<br />

Ill. 8: Geometrisches Felsbild Dja’de, Syrien;<br />

nach: Coqueugniot 2014, Fig. 14.<br />

<strong>No</strong>tes en bas de page:<br />

1 Brockhaus 2006, Bd. 25, 752<br />

2 Eliade 1978, 20<br />

3 Nigst et al. 2014, 1–6<br />

4 Rosendahl et al. 2006, 371–382<br />

5 Klíma 1991, 20–21<br />

6 Antl-Weiser 2008, 135–161. Das Gravettien<br />

ist die Kultur des mittleren Jungpaläolithikums.<br />

7 Antl-Weiser 2008, 107–117<br />

8 Conard 2009, 248–252<br />

9 Klíma 1991, 22, Abb. 17<br />

10 Králik et al. 2002, 107–113<br />

11 Antl-Weiser 2008, 140, 148<br />

12 Klíma 1991, 21–23, Abb. 16; Händel et al.<br />

2009<br />

13 Niven 2006, 36<br />

14 Ebinger-Rist et al. 2013, 194–200<br />

15 Bosinski 1981, 90–117<br />

16 Händel et al. 2008, 93<br />

17 Altenmüller 2004, 3–9<br />

18 Neugebauer-Maresch 2008, 119–128<br />

19 Bosinski 1981, 108–114, Abb. 114, 115, 116,<br />

117, 118, 119, 120, 121<br />

20 Sachs 1937, 124, 208<br />

21 Pomberger 2014/im Druck<br />

22 Händel et al. 2007, 91–108<br />

23 Erste Hälfte der Phase Juvenil, 13–18/20<br />

Jahre.<br />

24 Bader 1970, 103–105.<br />

25 Mitteilung Maria Teschler-Nicola, Naturhistorisches<br />

Museum Wien, Anthropologische<br />

Abteilung<br />

26 Grömer, Kern 2010, 3144<br />

27 Ausbreitung in Slowenien und Slawonien<br />

28 Durman 1988, 84<br />

29 Lenneis, Neugebauer-Marsch, Ruttkay 1999<br />

30 Pucher, Ruttkay 2006, 229–250<br />

31 http://www.dailymail.co.uk/sciencetech/<br />

article-1212320/Ancient-figurines-toysmother-goddess-statues-say-experts-9-000-<br />

year-old-artefacts-discovered.html,<br />

22.4.<strong>2015</strong><br />

32 Kern, Lobisser 2010, 23–38<br />

33 Von Niels Bleicher, Amt für Städtebau der<br />

Stadt Zürich, entdeckt. Mündliche Mitteilung<br />

der Pfahlbaukommission<br />

34 Pucher, Ruttkay 2006, 246<br />

35 Pomberger 2014, 40–89<br />

36 Mitteilung Eva Lenneis, Dozentin, Institut<br />

für Urgeschichte und historische Archäologien,<br />

Universität Wien, Fachgebiet Frühneolithikum<br />

37 Mellaart 1967, 166, Taf. 61, 206<br />

38 Fernández-López de Pablo 2014, 371–404,<br />

Fig. 4<br />

39 Fossati, Ragazzi 2001, 47, 49, Abb. 17<br />

40 Lenneis et al. 1999, 91, Abb. 42/3 und 4<br />

41 Coqueugniot 2014, 91–108, Abb. Fig. 8 und 9<br />

42 Fernández-López de Pablo 2014, 371–404<br />

36 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


PERSPECTIVES<br />

SÉRIE DISCIPLINES MÉDICALES – ACTUALITÉS EN GYNÉCOLOGIE:<br />

LE TRAITEMENT HORMONAL POSTMÉNOPAUSIQUE<br />

Ménopause: quels sont<br />

les traitements alternatifs?<br />

La ménopause est une transition qui s’étend sur plusieurs années. Jusqu’à trois quarts des femmes<br />

souffrent pendant des années de bouffées de chaleur, de troubles du sommeil ainsi que d’autres<br />

entraves physiques et psychiques. Le traitement hormonal s’est retrouvé sous le feu de critiques en<br />

raison des risques cardio-vasculaires et de carcinome. Que peut-on dire au sujet des risques et<br />

bénéfices? Existe- t-il des alternatives?<br />

Prof. Jürgen M. Weiss, chef de l’unité de médecine de reproduction et d’endocrinologie gynécologique, Hôpital cantonal de Lucerne<br />

La ménopause correspond à la fin de la<br />

période de reproduction de la femme.<br />

L’âge moyen de la ménopause se situe autour<br />

de 51 ans en Europe. Jusqu’à trois<br />

quarts des femmes postménopausiques se<br />

plaignent de symptômes climatériques.<br />

D’après les derniers critères du Stages of<br />

Reproductive Aging Workshop (STRAW), la<br />

durée de la période de reproduction de la<br />

femme est divisée en dix stades, des premières<br />

règles jusqu’à la ménopause tardive<br />

qui débute sept ans après les dernières<br />

règles (Harlow et al. 2012). Après la dernière<br />

menstruation, on distingue encore quatre<br />

phases différentes. Cela illustre que la péri/<br />

postménopause n’est pas un évènement<br />

uniforme survenant de façon abrupte, mais<br />

plutôt une transition en plusieurs phases.<br />

Les cycles deviennent d’abord plus irréguliers<br />

et généralement plus courts. La FSH<br />

augmente, l’œstrogène chute. Dans certaines<br />

phases, on atteint aussi des taux<br />

d’œstrogènes élevés associés généralement<br />

à une persistance des follicules. On constate<br />

souvent aussi un déficit en progestérone.<br />

Les femmes présentant des symptômes<br />

vasomoteurs souffrent en moyenne pendant<br />

7,4 ans de troubles climatériques.<br />

C’est ce qui est ressorti de l’étude d’observation<br />

américaine «Study of Women’s<br />

Health Across the Nation (SWAN)» réalisée<br />

auprès de 1449 femmes. Chez les femmes<br />

qui présentent déjà des troubles avant la<br />

ménopause, les symptômes durent plus<br />

longtemps que chez celles qui ne rencontrent<br />

des problèmes qu’après la ménopause<br />

(12 ans vs 3,4 ans) (Avis et al. <strong>2015</strong>).<br />

Ces données et d’autres montrent que les<br />

troubles climatériques représentent un<br />

problème plus persistant et pertinent que<br />

ce que l’on pense généralement.<br />

<strong>No</strong>tons que d’autres risques et<br />

conclusions s’appliquent aux<br />

femmes qui souffrent d’une insuffisance<br />

ovarienne prématurée<br />

(5<br />

ans) entraîne une augmentation du nombre<br />

de cancers du sein. En 1997 déjà, le Collaborative<br />

Group avait publié ce constat dans<br />

la revue «Lancet». Au début des années<br />

2000, les résultats de l’étude WHI ont été<br />

publiés (Rossouw et al. 2002; (Anderson et<br />

al. 2004). La nouveauté de l’étude WHI résidait<br />

dans le fait qu’il s’agissait d’une étude<br />

randomisée, contrôlée par placebo réalisée<br />

sur 16 000 femmes dans le bras œstrogène-gestagène<br />

et plus de 10 000 femmes<br />

dans le bras œstrogène. Le public avait aussi<br />

été sensibilisé au sujet de l’étude parce que<br />

les deux groupes expérimentaux avaient été<br />

interrompus prématurément: dans le<br />

groupe œstrogène-gestagène en 2002, dans<br />

le groupe œstrogène en 2004. Le risque<br />

global dépassait les bénéfices escomptés.<br />

L’administration d’hormones avait conduit<br />

à une augmentation des évènements cardio-vasculaires.<br />

C’était surprenant, car<br />

l’étude avait pour objectif de prouver l’effet<br />

positif sur le système cardio-vasculaire<br />

connu d’études d’observation antérieures.<br />

Contrairement au traitement combiné œstrogène-gestagène,<br />

le traitement à l’œstrogène<br />

s’accompagnait d’un risque accru de<br />

cancer du sein. Le traitement combiné<br />

conduit aussi à une mortalité accrue. Cela<br />

ne vaut cependant que pour les substances<br />

testées, notamment l’estradiol conjugué<br />

équin (CEE) et l’acétate de médroxyprogestérone<br />

(MPA). Malgré l’engouement pour<br />

l’étude WHI, il est important de connaître<br />

certains faits pour son interprétation:<br />

• Les risques absolus sont faibles. Ainsi,<br />

le risque d’être atteint d’un carcinome<br />

mammaire augmente de 8 cas sur<br />

10 000 personnes/années.<br />

• L’étude WHI n’a testé que deux médicaments:<br />

CEE et MPA. Il n’a pas été établi<br />

si les résultats pouvaient être reportés<br />

sur d’autres régimes thérapeutiques et<br />

médicaments.<br />

• Les patientes testées étaient en moyenne<br />

âgées de 63 ans.<br />

Carcinome ovarien: Un traitement hormonal<br />

postménopausique augmente le<br />

risque du carcinome ovarien. En particulier<br />

pour les tumeurs endométroïdes et séreuses.<br />

Une grande analyse des données disponibles<br />

à ce jour, réalisée par le Collaborative<br />

Group on Epidemiological Studies on Ovarian<br />

Cancer en <strong>2015</strong>, montre un risque relatif<br />

de 1,25 (traitement œstrogène) à 1,32<br />

(traitement œstrogène/gestagène) (Collaborative<br />

Groupe <strong>2015</strong>). L’augmentation<br />

absolue du risque se situe à 10 sur 10 000.<br />

Le risque n’augmente plus si le traitement<br />

hormonal a duré moins de cinq ans et que<br />

la dernière prise remonte à plus de cinq ans.<br />

Pour tous les autres scénarios, on constate<br />

une augmentation du risque. Il n’a pas été<br />

opéré de distinction entre les régimes thérapeutiques<br />

ou médicaments.<br />

Carcinome endométrial: Une analyse<br />

récente montre une augmentation du carcinome<br />

endométrial sous traitement par<br />

œstrogène/gestagène (Fournier et al.<br />

2014). Dans cette analyse, on a effectué la<br />

distinction entre différents gestagènes. Une<br />

prise prolongée (>5 ans) montre pour la<br />

progestérone micronisée et la dydrogestérone<br />

une augmentation des carcinomes<br />

38 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


PERSPECTIVES<br />

endométriaux, alors que d’autres gestagènes<br />

n’ont montré aucune augmentation.<br />

C’est en contradiction avec les données de<br />

la même étude de cohorte française (EN3)<br />

relative au carcinome mammaire. Ici, la<br />

dydrogestérone et la progestérone présentent<br />

un profil plus favorable que les<br />

gestagènes synthétiques.<br />

Choix du gestagène par rapport au<br />

risque de cancer<br />

Actuellement, les données concernant les<br />

différents carcinomes et gestagènes sont<br />

contradictoires. Globalement, il n’est donc<br />

pas possible de déterminer un avantage<br />

pour un gestagène plutôt qu’un autre.<br />

Conclusion<br />

Le traitement hormonal postménopausique<br />

augmente le risque de carcinome<br />

ovarien et, dans certaines combinaisons,<br />

également celui du carcinome endométrial.<br />

Un traitement conjugué œstrogène/<br />

MPA augmente le risque de carcinome<br />

mammaire, alors que l’œstrogène conjugué<br />

isolé n’entraîne pas d’augmentation<br />

du risque de carcinome mammaire. La<br />

plupart de ces effets varient en fonction du<br />

temps. Si le traitement dure plus de cinq<br />

ans, le risque augmente.<br />

Alternatives au traitement<br />

hormonal<br />

Changement du style de vie et sport<br />

Il n’existe aucune preuve indiquant qu’un<br />

changement du style de vie ou une activité<br />

sportive accrue conduise à une amélioration<br />

des troubles climatériques (Daley<br />

et al. Cochrane 2014 et Daley et al. <strong>2015</strong>).<br />

Produits phytothérapeutiques<br />

Les phyto-œstrogène dans le soja (isoflavones),<br />

le houblon (humulus lupulus), le<br />

black cohosh (cimicifuga), le millepertuis,<br />

le ginseng, le ginkgo biloba, le trèfle<br />

rouge et le dong quai ont fait l’objet de<br />

nombreuses analyses. Une preuve suffisante<br />

n’a pu être établie pour aucune de<br />

ces substances (Lethaby et al. Cochrane<br />

2013; Leach et Moore Cochrane 2012).<br />

ISRN/gabapentine<br />

Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de<br />

la noradrénaline (ISRN) tels que la venlafaxine<br />

et la desvenlafaxine peuvent être<br />

utilisés pour traiter les symptômes de la<br />

ménopause. Généralement lorsqu’un traitement<br />

hormonal est contre-indiqué.<br />

D’autres données montrent que la<br />

gabapentine, un acide gamma-amino-butyrique<br />

(GABA), peut également<br />

améliorer les troubles climatériques.<br />

Récemment, un ERC (essai randomisé<br />

contrôlé) relatif à la venlafaxine est paru.<br />

Il portait sur la comparaison de la venlafaxine<br />

(75 mg/jour) avec de l’estradiol<br />

faiblement dosé (0,5 mg/jour) et un placebo.<br />

Le placebo a réduit la fréquence des<br />

troubles vasomoteurs de 28,6%, la venlafaxine<br />

de 47,4% et l’estradiol de 52,9%. La<br />

venlafaxine a donc présenté un effet<br />

presque équivalent à celui de l’estradiol<br />

(Joffe et al. 2014).<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

39


PERSPECTIVES<br />

Une autre étude sur 339 femmes postménopausiques<br />

relative à la qualité de vie,<br />

aux symptômes vasomoteurs et au sommeil<br />

a montré, comme pour l’étude susmentionnée,<br />

des effets positifs similaires<br />

pour un dosage équivalent (Caan et al.<br />

2014 et Ensrud et al. <strong>2015</strong>).<br />

Dans une étude croisée, les patientes après<br />

un cancer du sein ont préféré la venlafaxine<br />

par rapport à la gabapentine. Les<br />

deux substances ont réduit d’un tiers la<br />

fréquence des évènements vasomoteurs. Le<br />

profil d’effets indésirables de la venlafaxine<br />

était toutefois plus favorable que celui de la<br />

gabapentine, raison pour laquelle 68%<br />

donneraient la préférence à la venlafaxine<br />

par rapport à la gabapentine (Bordeleau et<br />

al. 2010). La venlafaxine a provoqué des<br />

malaises, de la constipation et une perte<br />

d’appétit, alors que la gabapentine était<br />

plus souvent associée à des vertiges et à une<br />

augmentation de l’appétit.<br />

ISRS<br />

Parmi les alternatives au traitement hormonal,<br />

les inhibiteurs de la recapture de<br />

la sérotonine (ISRS) ont été le mieux étudiés.<br />

Paroxétine, escitalopram, citalopram<br />

et sertraline réduisent la fréquence et<br />

l’ampleur des bouffées de chaleur.<br />

Dans un ERC, un traitement sur huit semaines<br />

avec 10–20 mg d’escitalopram a<br />

entraîné une réduction significative des<br />

bouffées de chaleur et une amélioration<br />

de la qualité de vie par rapport au placebo<br />

(Carpenter et al. 2012). La paroxétine à la<br />

faible dose de 7,5 mg/jour a été autorisée<br />

en 2013 par la FDA pour le traitement des<br />

troubles vasomoteurs. Les effets indésirables<br />

étaient: céphalées, épuisement et<br />

malaise. L’étude d’autorisation a été réalisée<br />

sur près de 1200 femmes (Simon et<br />

al. 2013). Par rapport au placebo, la paroxétine<br />

était significativement plus efficace<br />

pour réduire la fréquence et l’ampleur<br />

des bouffées de chaleur.<br />

Clonidine<br />

Les agonistes alpha-2, principalement la<br />

clonidine, peuvent aussi être employés pour<br />

traiter les bouffées de chaleur. La clonidine<br />

est admise pour ce traitement dans certains<br />

pays. Elle permet de réduire la survenance<br />

de bouffées de chaleur après une prise de<br />

trois mois. Ainsi, Boekhout et al. (2011) ont<br />

montré que les bouffées de chaleur avaient<br />

baissé de manière significative par rapport<br />

au placebo après douze semaines de traitement<br />

avec 0,1 mg de clonidine.<br />

Conclusion<br />

Avec les ISRS et ISRN, on dispose de<br />

groupes de substance qui ont démontré<br />

dans plusieurs ERC leur efficacité par<br />

rapport au placebo pour réduire les bouffées<br />

de chaleur. La FDA a également autorisé<br />

la paroxétine à faible dose pour<br />

cette indication. Ils représentent donc des<br />

alternatives par rapport au traitement<br />

hormonal.<br />

■<br />

Bibliographie<br />

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Trial with Estradiol testing the menopausal<br />

hormone timing hypothesis. <br />

Menopause. <strong>2015</strong> Apr; 22 (4): 391–401<br />

Joffe H., Guthrie K. A., LaCroix A. Z., Reed S. D.,<br />

Ensrud K. E., Manson J. E., Newton K. M., Freeman<br />

E. W., Anderson G. L., Larson J. C., Hunt<br />

J., Shifren J., Rexrode K. M., Caan B., Sternfeld<br />

B., Carpenter J. S., Cohen L. Low-dose estradiol<br />

and the serotonin-norepinephrine reuptake<br />

inhibitor venlafaxine for vasomotor symptoms:<br />

a randomized clinical trial. JAMA Intern<br />

Med. 2014 Jul; 174 (7): 1058–66<br />

Leach, M. J. and Moore, V. Black cohosh (Cimicifuga<br />

spp.) for menopausal symptoms.<br />

Cochrane Database Syst Rev. 2012; 9:<br />

CD007244<br />

Lethaby, A., Marjoribanks, J., Kronenberg, F., Roberts,<br />

H., Eden, J., and Brown, J. Phytoestrogens<br />

for menopausal vasomotor symptoms.<br />

Cochrane Database Syst Rev. 2013; 12: CD001395<br />

Manson et al. <br />

JAMA. 2013 Oct 2; 310(13): 1353–68<br />

Mintziori G., Lambrinoudaki I., Goulis D. G.,<br />

Ceausu I., Depypere H., Erel C. T., Pérez-López<br />

F. R., Schenck-Gustafsson K., Simoncini T.,<br />

Tremollieres F., Rees M. EMAS position statement:<br />

<strong>No</strong>n-hormonal management of menopausal<br />

vasomotor symptoms. <br />

Maturitas. <strong>2015</strong> Apr 22<br />

Rossouw et al. <br />

JAMA. 2002 Jul 17; 288 (3): 321–33<br />

Schierbeck, L. L. et al. Effect of hormone replacement<br />

therapy on cardiovascular events in recently<br />

postmenopausal women: randomised<br />

trial. <br />

BMJ 345, e6409 2012<br />

Simon J. A , Portman D. J., Kaunitz A. M., Mekonnen<br />

H., Kazempour K., Bhaskar S., Lippman<br />

J. Low-dose paroxetine 7.5 mg for menopausal<br />

vasomotor symptoms: two randomized<br />

controlled trials.<br />

Menopause. 2013 Oct 20; (10): 1027–35<br />

40 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


PERSPECTIVES<br />

AUS DER «THERAPEUTISCHEN UMSCHAU» *<br />

Der nichtkardiale Thoraxschmerz<br />

Ziel der Arbeit ist eine kurzgefasste Übersicht der klinischen Symptome, Befunde und<br />

Differentialdiagnose von nichtkardialen Thoraxschmerzen. Gezielte Anamnese und klinische<br />

Untersuchung erlauben meist mit hoher Treffsicherheit eine Wahrscheinlichkeitsdiagnose,<br />

die in der Folge gezielt mit EKG, Laboruntersuchungen und allenfalls einem bildgebenden<br />

Verfahren bestätigt werden kann. Der Text über nichtkardiale Thoraxschmerzen wäre<br />

unvollständig ohne kurze Rekapitulation kardialer Thoraxschmerzen.<br />

Benedikt Horn, Hausarzt i. R., Interlaken<br />

Die Medizin war, ist und bleibt eine aufregende<br />

Herausforderung. Wer sich langweilt,<br />

macht etwas falsch! (Siehe Faustregel<br />

von G. Engel am Schluss der Arbeit).<br />

Der Thoraxschmerz beim<br />

akuten Koronarsyndrom<br />

(AKS)<br />

Der Thoraxschmerz beim akuten Koronarsyndrom<br />

(AKS) manifestiert sich meist<br />

• retrosternal, zu Beginn häufig im Epigastrium,<br />

oft ausstrahlend in Schultern<br />

oder Nacken<br />

• drückend, würgend, oft als vernichtend<br />

empfunden, «jetzt ist gleich Schluss»,<br />

Todesangst<br />

• «stärker als der Patient»: Der Schmerz<br />

zwingt zu körperlicher Ruhe<br />

• abhängig von oder ausgelöst durch körperliche<br />

oder auch psychische Belastung<br />

• vom Patienten nicht mit einem Finger<br />

(punktförmig) sondern mit der Faust<br />

gezeigt<br />

Ätiologisch sind oft mehrere Risikofaktoren<br />

kombiniert (familiäre Belastung,<br />

Hypertonie, Diabetes mellitus, Hyperlipidämie,<br />

Stress, aktivierte Gerinnung).<br />

Das EKG zeigt eine ST-Hebung (STEMI),<br />

eine ST-Senkung oder es ist (noch) normal.<br />

Die Labor-Parameter (Troponin,<br />

CPK) sind zu Beginn oft noch nicht erhöht!<br />

Da tödliche Komplikationen (Arrhythmien)<br />

zu Beginn am häufigsten<br />

* Der Artikel erschien ursprünglich in der «Therapeutischen<br />

Umschau» (Therapeutische Umschau <strong>2015</strong>;<br />

72 (1): 62–65). VSAO-Mitglieder können die «Therapeutische<br />

Umschau» zu äusserst günstigen Konditionen<br />

abonnieren. <br />

Details siehe unter www.verlag-hanshuber.com/vsao.<br />

sind, ist eine notfallmässige Spitaleinweisung<br />

sinnvoll, sofern ein AKS klinisch<br />

wahrscheinlich ist [1].<br />

Perikarditis<br />

Stechende Schmerzen, verstärkt bei Inspiration,<br />

bessern im Sitzen. Retrosternal,<br />

oft ausstrahlend in Rücken, Hals, Schultern.<br />

Ein Perikardreiben muss man «suchen»,<br />

d. h. den Patienten täglich mehrmals<br />

sorgfältig liegend und sitzend auskultieren.<br />

Es beweist die Perikarditis, sagt<br />

aber über die Ursache nichts aus: Dressler-<br />

Syndrom (2 – 5 Tage nach Infarkt oder<br />

Herz-Opera tion), Virusinfekt (inkl. HIV!),<br />

selten bakterielle Infektionen (Borrelliose,<br />

Tbc), Urämie, Neoplasien, Autoimmun,<br />

Bestrahlung.<br />

CAVE! Das Perikard ist nicht dehnbar.<br />

Eine grössere Flüssigkeitsansammlung<br />

führt zur Kompression des Myokards und<br />

zu rasch auftretender und lebensbedrohlicher<br />

Reduktion der Herzleistung (Perikardtamponade).<br />

Transthorakale Echokardiographie!<br />

[3]. Interessant ist die<br />

Therapie der akut-rezidivierenden Perikarditis<br />

mit Colchizin [4].<br />

Bei ambulanten Patienten<br />

ist der nichtkardiale<br />

Thoraxschmerz viel<br />

häufiger als der kardiale<br />

Abklärung im Rahmen einer Kurzhospitalisation<br />

(6 bis 8 Std.) mit Anamnese,<br />

klinischer Untersuchung, EKG, Sonografie,<br />

Röntgen-Thorax und wenigen gezielten<br />

Laboruntersuchungen kostet gerechnet<br />

aktuell über CHF 1000.–, Fallkostenpauschalen<br />

geben ein verzerrtes Bild effektiver<br />

Kosten! Es gilt somit, anhand<br />

einiger aussagekräftiger Kriterien rasch<br />

zu beurteilen, ob eine Hospitalisation<br />

zwingend ist oder nicht. Im Vordergrund<br />

steht (einmal mehr) die Anamnese:<br />

• frühere gleiche oder ähnliche Schmerzepisoden?<br />

Häufigkeit, Dauer, Verlauf?<br />

• Auslösende Faktoren (Bewegung, Essen,<br />

Trauma, psychische Belastung,<br />

Infekt)<br />

Nach wie vor eine der besten Übersichten<br />

findet sich bei [5]. Weist der Patient Zeichen<br />

von Instabilität auf (vergl. unten,<br />

Abschnitt G), muss er notfallmässig hospitalisiert<br />

werden.<br />

A) Die wichtigste Differentialdiagnose<br />

zum AKS stellt die<br />

Aorten-Dissektion dar<br />

An diese muss immer gedacht werden, sie<br />

zu übersehen, kann tödliche Folgen haben.<br />

Es handelt sich um ein schweres, oft<br />

dramatisches Krankheitsbild. Am Beginn<br />

steht ähnlich wie beim akuten Koronarsyndrom<br />

ein heftiger («reissender») Thoraxschmerz,<br />

mit zunehmender Dissektion<br />

wandert der Schmerz gegen Rücken und<br />

Abdomen. AZ schlecht, Patient mit kaltem<br />

Schweiss. BD initial häufig erhöht, später<br />

Radialispuls bei tiefem BD (unter 100) und<br />

wegen Dissektion oft nicht palpabel. 144<br />

alarmieren, Sauerstoff, Venflon, Mo 5 mg<br />

iv, dann «titrieren» (2,5 mg-weise). Ein<br />

gutes Merkblatt gibt es von der Kardiologie<br />

des Kantonsspitals St.Gallen [6].<br />

B) Der Patient erwähnt ein<br />

Trauma: Meist Rippenkontusion<br />

oder Fraktur<br />

CAVE! Meldet sich der Patient trotz heftiger<br />

Schmerzen erst am folgenden Tag, besteht<br />

Verdacht auf ein Alkoholproblem! Es gibt<br />

aber auch «harte Burschen», die nicht<br />

trinken.<br />

• meist Sturz, gelegentlich direkte Gewaltanwendung<br />

(Faust, Fusstritt, Kickboxen<br />

[7])<br />

• Schmerz meist streng lokalisiert, bewegungs-<br />

und atemabhängig<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

41


PERSPECTIVES<br />

• von Sonographie und/oder Röntgen-<br />

Thorax profitieren Arzt und Spital häufig<br />

mehr als der Patient, aber unter<br />

Druck von Patient, Arbeitgeber, Versicherung<br />

und Jurist oft nötig<br />

• Schmerzen dauern lange, tags meist<br />

drei, nachts sechs Wochen (Patienten<br />

informieren!)<br />

Therapie: Analgesie grosszügig mit<br />

Paracetamol 3 × 1 gr plus Ibuprofen<br />

3 × 600 mg. Cingulum (Rippengürtel)<br />

subjektiv oft sehr wirkungsvoll: Bei COPD<br />

und Rauchern mehrmals täglich entfernen<br />

und 2 Minuten gegen Widerstand<br />

atmen und husten lassen.<br />

CAVE! Bei zunehmender Dyspnoe/Zyanose<br />

an Spannungspneumothorax denken<br />

[8]! Wiederholte sorgfältige klinische Untersuchung<br />

(vergl. unten, Abschnitt I).<br />

C) Der Schmerz beginnt mit<br />

einer «blöden Bewegung»<br />

Beginn akut oft morgens (Zähneputzen,<br />

Aufstehen aus Bett, Rasieren, Kind hochheben).<br />

Der Schmerz ist oft, aber nicht<br />

immer lokalisiert, er strahlt gegen vorne<br />

und hinten aus und ist ausgesprochen<br />

bewegungs- und atem abhängig: Kostovertebrales<br />

Schmerzsyndrom (früher «Interkostalneuralgie»<br />

genannt). Meist kann<br />

der Schmerz durch lokalen Druck ausgelöst<br />

werden («Trigger»). Um nicht einen<br />

Herpes Zoster zu verpassen, muss die Haut<br />

im betroffenen Segment sehr exakt auf<br />

eventuelle Flecken und Bläschen untersucht<br />

werden. Weiterführende Untersuchungen<br />

sind nicht indiziert (EGK, Sono,<br />

Röntgenthorax, Labor), hingegen können<br />

wir dem Pa tienten mit Paracetamol, Ibuprofen<br />

® , ev. Cingulum (siehe Abschnitt B)<br />

helfen. Das kostovertebrale Schmerzsyndrom<br />

ist der häufigste organische Thoraxschmerz<br />

überhaupt!<br />

D) Der Herpes Zoster<br />

Der Herpes Zoster in einem thorakalen<br />

Hautsegment äussert sich nicht selten<br />

durch Schmerzen bereits zwei, drei Tage<br />

bevor Rötung und Bläschen auftreten. Es<br />

ist deshalb klug, Patienten mit einem kostovertebralen<br />

Schmerzsyndrom (C) darauf<br />

aufmerksam zu machen, sich bei<br />

Auftreten von Flecken und Bläschen zu<br />

einer Neubeurteilung zu melden. Im Alter<br />

unter 50 Jahren sind persistierende Zoster-<br />

Neuralgien ausgesprochen selten. Bei Patienten<br />

über 50 sollte eine Therapie mit<br />

Aciclovir ® diskutiert werden.<br />

CAVE! Hat der Patient Kontakt mit Patienten<br />

unter Immunsuppression, sollte die<br />

Situation dringend mit einem Infektiologen<br />

besprochen werden. Wie weit ein Herpes<br />

Zoster Hinweis auf eine maligne Erkrankung<br />

sein kann, und damit eine<br />

gezielte Abklärung rechtfertigt, ist nach<br />

wie vor nicht geklärt [9, 10, 11]. Der Herpes<br />

Zoster geniesst bei der Bevölkerung<br />

einen ausgesprochen schlechten Ruf<br />

(Neuralgien, gelegentlich Vorbote eines<br />

Lymphoms).<br />

E) Der Thoraxschmerz bei<br />

gastro-oesophagealem Reflux<br />

Er tritt vor allem beim Liegen und Bücken<br />

auf. Häufig wird der Schmerz durch «Säurelocker»<br />

(Senf, Pfeffer, Blätterteig-Gebäck,<br />

Rahm, tanninhaltiger Rotwein)<br />

provoziert. Damit ist auch die wichtigste<br />

Prävention klar: Verzicht auf die genannten<br />

Nahrungsmittel. Oft lassen sich die<br />

Beschwerden auch durch Vermeiden von<br />

Arbeit in gebückter Haltung (kauern und<br />

knien statt bücken) und durch Liegen mit<br />

erhöhtem Oberkörper vermeiden. Wie weit<br />

«Chemie statt Verzicht» mit einem Säureblocker<br />

(«-prazol») gerechtfertigt ist, ist<br />

letztlich nicht nur eine finanzielle, sondern<br />

eine ethische Frage: Wie weit lassen<br />

sich individuelle Wünsche und Bedürfnisse<br />

mit einem hohem finanziellen Aufwand<br />

rechtfertigen? «Ohne Säurelocker<br />

braucht es keine Säureblocker».<br />

CAVE: Ein akutes Koronarsyndrom (AKS)<br />

manifestiert sich oft zuerst mit «Magenbrennen».<br />

Tritt nach Verabreichung von<br />

40 mg Omeprazol plus Aluminiumhydroxyd<br />

innert 30 Minuten keine Besserung<br />

ein, muss ein AKS dringend in Betracht<br />

gezogen werden!<br />

F) Tietze-Syndrom<br />

Der heute halb informierte und völlig verunsicherte<br />

Patient ist alarmiert: Er hat<br />

unterhalb der Klavikula links eine<br />

schmerzhafte Schwellung, hat die halbe<br />

Nacht gegoogelt und kommt zum Schluss,<br />

dass es sich wohl um eine Metastase eines<br />

Prostata- oder Bronchus- Karzinoms<br />

handle, wegen der Eternitziegel auf dem<br />

Haus komme sicher auch ein Pleura-Mesotheliom<br />

in Frage. Wir beruhigen ihn,<br />

möglichst mit Bild (im «Siegenthaler» seit<br />

50 Jahren in jeder Ausgabe!), es ist ein<br />

Tietze-Syndrom. Und seit 50 Jahren wissen<br />

wir nicht, was das eigentlich ist. Sicher<br />

eine entzündliche Schwellung, die auf<br />

Verabreichung von Ibuprofen meist verschwindet,<br />

wie sie gekommen ist. Lokalisiert<br />

am Knorpel der 2., ev. 3. Rippe, häufiger<br />

links als rechts. Entzündungsparameter<br />

negativ, die überflüssige Bildgebung<br />

zeigt das, was wir sehen und palpieren:<br />

Eine Schwellung. Falls die Rippe betroffen<br />

ist, vergl. Abschnitt L.<br />

G) Die Lungenembolie<br />

Die Lungenembolie (LE) gehört nach wie<br />

vor zu den häufig «verpassten» Diagnosen<br />

[12].<br />

Viele Patienten mit einer LE sind schwere<br />

<strong>No</strong>tfälle (Zeichen von Instabilität). Die LE<br />

wird hier erwähnt, weil dem Hausarzt bei<br />

der Beurteilung der Vortest-Wahrscheinlichkeit<br />

eine hohe Bedeutung zukommt.<br />

Die Lungenembolie ist selbstverständlich<br />

kein «kleiner <strong>No</strong>tfall»!<br />

Es gibt mehrere diagnostische Scores [13]<br />

deren «Extrakt» etwa lautet: 1. Anamnese<br />

(Trauma, Geburt, Operation, Bettruhe<br />

> 24 h, lange Flug/Busreise) plus 2. Wadenschmerz<br />

(spontan oder auf Druck)<br />

plus 3. Tachycardie über 100/Min. bedeutet<br />

Lungenembolie, bis das Gegenteil bewiesen<br />

ist (in der Regel mittels Spiral-CT).<br />

Labor: D-Dimer sehr sensitiv, aber wenig<br />

spezifisch. Ein negativer D-Dimer-Test<br />

macht eine LE wenig wahrscheinlich,<br />

schliesst sie aber nicht aus [13]. Die Klinik<br />

entscheidet!<br />

Welcher Patient muss ins Spital? Jeder<br />

Patient, der instabil ist. Zeichen von Instabilität<br />

sind Dyspnoe, Cyanose, ausgeprägte<br />

Tachycardie, BD unter 100 mHg<br />

syst., Schock-Symptome, Bewusstseinstrübung,<br />

Angst, ungünstige soziale Verhältnisse,<br />

alleinstehende Menschen. Der Patient<br />

muss auch ins Spital, wenn der Arzt<br />

Angst hat, den Patienten mit einer potentiell<br />

tödlichen Erkrankung zu Hause zu<br />

betreuen! Angst ist ein schlechter Berater!<br />

Die Therapie der LE ist anspruchsvoll,<br />

siehe (neben [12] und [14]) prägnante<br />

Beschreibung bei Furger [15].<br />

H) Die Pleuritis<br />

Die Pleuritis führt zu scharfen, lokalisierten<br />

Schmerzen, verstärkt bei Husten, Niesen<br />

und tiefer Inspiration. Bei Pleuraerguss<br />

sind Stimmfremitus, Klopfschall und<br />

Atemgeräusch vermindert. Die Differentialdiagnose<br />

ist eine Herausforderung und<br />

verlangt häufig eine enge Kooperation mit<br />

dem Pneumologen und Infektiologen. Als<br />

erste Massnahme ist Paracetamol (ev.<br />

kombiniert mit Codein) und Ibuprofen<br />

42 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


PERSPECTIVES<br />

sinnvoll. Die Abklärung des Pleuraergusses<br />

ist bei [16] ausführlich und praxisnah<br />

beschrieben.<br />

I) Pneumothorax<br />

Die Diagnose erfolgt auch hier primär<br />

klinisch: Akut einsetzende unilaterale<br />

Thoraxschmerzen, leichte Dyspnoe. Atemgeräusch<br />

und Stimmfremitus vermindert,<br />

Klopfschall erhöht. Der primäre Pneumothorax<br />

tritt in erster Linie bei jungen,<br />

schlanken Männern auf, der Sekundäre<br />

bei Patienten mit COPD, Asthma und<br />

zahlreichen weiteren (chronischen) Lungenerkrankungen.<br />

CAVE! Nimmt die Dyspnoe zu, begleitet<br />

von schlechter O 2 -Sättigung und Oppressionsgefühl,<br />

liegt ein Spannungs-Pneumothorax<br />

vor. Kann der Patient nicht<br />

innert Minuten im Spital sein, ist die<br />

Punktion mit der grösstmöglichen Venflon-Kanüle<br />

lebensrettend (2. ICR in der<br />

Medioclavicular linie, senkrecht zur Haut).<br />

J) Morbus Bornholm<br />

(Epidemische Pleurodynie). Es handelt<br />

sich nicht um eine Pleuritis, sondern um<br />

einen interkostalen Schmerz bei einer<br />

viralen Infektion (oft Coxsackie B). Dauer<br />

eine Woche, Prognose gut. Therapie mit<br />

NSAR.<br />

K) Rippenmetastasen<br />

CAVE! Ist die Schwellung beim «Tietze-<br />

Syndrom» (s. Abschnitt F) nicht streng auf<br />

den Rippenknorpel lokalisiert, hat der<br />

Patient möglicherweise recht! CT, ev. MRI,<br />

usw.<br />

L) Funktionelle Probleme<br />

Last but not least: Zu den häufigsten Thoraxschmerzen<br />

gehören funktionelle Probleme<br />

(Effort Syndrom, «soldiers heart»,<br />

psychogene Schmerzen). Während Standardwerke<br />

der Inneren Medizin [17] immerhin<br />

in vier Zeilen auf psychische Ursachen<br />

von Thoraxschmerzen hinweisen<br />

(Depression, Angst, Panikstörung), widmet<br />

der Orthopäde A. M. Debrunner [18]<br />

Themen wie Zuhören, Gespräch, Betreuung<br />

und Beratung gar mehrere Seiten.<br />

Erschöpfend Auskunft über funktionelle<br />

Schmerz-Syndrome gibt das Standardwerk<br />

von Uexküll [19], unter anderem in<br />

einer Tabelle über «Merkmale vorwiegend<br />

organischer und vorwiegend nichtorganischer<br />

Schmerzen».<br />

Die Faustregel von G. Engel [20] gilt nach<br />

50 Jahren unverändert: Patienten mit<br />

organischem Hintergrund für die<br />

Schmerzen ziehen als Ursache psychische<br />

Gründe heran, und solche mit<br />

psychogen bedingten Schmerzen betonen,<br />

dass hinter ihrem Schmerz eine<br />

nur noch nicht erfasste organische Störung<br />

liege.<br />

■<br />

Korrespondenzadresse<br />

Prof. em. Dr. med. Benedikt Horn<br />

FMH Allgemeine Medizin<br />

Marktgasse 66<br />

3800 Interlaken<br />

dr.horn@tcnet.ch<br />

Manuskript gegengelesen von:<br />

Dr. med. Hans U. Marty<br />

Ehem. Chefarzt Spital Zweisimmen<br />

Ehem. Leiter Medizin am<br />

Universitären <strong>No</strong>tfall-Zentrum<br />

Inselspital Bern<br />

Literatur<br />

1. Neuner-Jehle S. Diagnose-Scores für das<br />

ACS. PrimaryCare 2012, 12: 383.<br />

2. Schneider T et al. Myokarditis – eine wichtige<br />

Differentialdiagnose. SMF 2012,12:<br />

812 – 816.<br />

3. Horn R, Krähenbühl G. <strong>No</strong>tfallsonografie<br />

des Thorax für internistische und traumatologische<br />

Patienten. PRAXIS 2014, 103:<br />

689 – 695.<br />

4. de Torrenté A. Akute Pericarditis, eine wirksame<br />

Behandlung. SMF 2014, 14: 167.<br />

5. Raetzo MA, Restellini A. (Hrsg): Alltagsbeschwerden<br />

Verlag Huber 1998.<br />

6. Kardiovaskuläres Manual Kt.-Spital St. Gallen<br />

2011. www. kv_manual_2011.pdf<br />

7. Extremer k.o. beim Kickboxen. www. youtube.com:<br />

kickbox k.o.<br />

8. Petke S. Der Spannungspneumothorax<br />

(2011). www.Petke_Spannungspneu.pdf.<br />

9. Egli A. Herpes Zoster. Pharma-Kritik 12,04<br />

www.infomed.ch (pdf).<br />

10. Wareham DW, J. Breuer: Herpes Zoster. BMJ<br />

2007, 334: 1211 – 1215.<br />

11. CME Herpes Zoster. PRAXIS 2013, 102:<br />

185 – 194.<br />

12. Benz R et al. Akute Lungenembolie, aktuelle<br />

Diagnostik und Therapie. SMF 2014, 14,<br />

195 – 201.<br />

13. Neuner-Jehle S. Diagnose von tiefer Venenthrombose<br />

& Lungenembolien PrimaryCare<br />

2013, 13: 294 – 295.<br />

14. Kucher N et al. Behandlung der venösen<br />

Thromboembolie. SMF 2013, 13: 715 – 718.<br />

15. Furger Ph et al. TURBO <strong>No</strong>tfallmedizin,<br />

Guidelines 2010, update www.investimed.ch.<br />

16. CME Pleuraerguss. PRAXIS 2014, 103,<br />

739 – 752.<br />

17. Papadakis MA et al. Current medical Diagnosis<br />

and treatment 2014.<br />

18. Debrunner AM. Orthopädische Chirurgie. 4.<br />

Aufl. 2005, 261 – 274.<br />

19. Uexküll Th. (Hrsg. R. Adler) Psychosomatische<br />

Medizin. Urban und Schwarzenberg<br />

1990.<br />

20. Engel G. signs and symptoms. Lipincott 1970,<br />

5. Aufl., Kap. 30.<br />

Chest pain<br />

Chest pain in ambulatory setting is predominantly not<br />

heart-associated. Most patients suffer from muskuloskeletal<br />

or functional (psychogenic) chest pain. Differential<br />

diagnosis covers aortic dissection, rib-fracture, shingles,<br />

GERD, Tietze-Syndrome, pul monary embolism, pleuritis,<br />

pneumothorax, pleurodynia and metastatic disease.<br />

In most cases history, symptoms and signs allow a<br />

clinical diagnosis of high pretest-probability.<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

43


PERSPECTIVES<br />

L’objet choisi<br />

Une fumée enivrante<br />

Prof. Iris Ritzmann, historienne de la médecine, Zurich<br />

Pipe à opium richement décorée du Viêtnam, XX e siècle<br />

<br />

© MKB; photographe: Derek Li Wan Po<br />

«Fumée interdite!» Les panneaux<br />

d’interdiction de plus en plus nombreux<br />

visent le tabac. Le tabac, autrefois mâché<br />

et sniffé, est aujourd’hui le plus souvent<br />

fumé ou, pour s’en désaccoutumer, la nicotine<br />

est prise sous forme de patch ou<br />

autres. Pourtant, la pipe ornée d’une décoration<br />

en argent n’est pas une pipe à<br />

tabac. Elle servait à la consommation<br />

d’opium.<br />

L’opium aussi peut être consommé de différentes<br />

manières. L’injection de la morphine<br />

n’est apparue qu’après l’isolement<br />

de cet alcaloïde et la propagation des seringues.<br />

Comment utilisait-on cet antidouleur<br />

auparavant? Au XVIIIe siècle, le<br />

célèbre médecin et érudit universel Albrecht<br />

von Haller s’administrait régulièrement<br />

des lavements à l’opium. Cela lui<br />

permettait de mieux supporter les douleurs<br />

invalidantes provoquées par son<br />

calcul urinaire. Souvent, les personnes<br />

atteintes de douleurs prenaient l’opium<br />

sous forme de pilules, plaquettes ou sous<br />

sa forme dissoute: le laudanum.<br />

En tant que produit de consommation,<br />

l’opium était mâché et fumé, notamment<br />

en Chine. Malgré les interdictions strictes,<br />

il se répandit toujours plus, en particulier<br />

aussi en raison de sa capacité à réduire la<br />

sensation de faim. Or, l’opium n’était pas<br />

seulement fumé dans les célèbres fumeries<br />

d’opium de la Chine lointaine, mais<br />

également dans le <strong>No</strong>uveau-Monde. Même<br />

des artistes européens ou des citoyens<br />

aisés aimaient fumer leur pipe à opium<br />

pour ressentir l’ivresse.<br />

Voulez-vous aussi vivre l’ivresse de<br />

l’opium, sans le fumer ni l’avaler? Alors<br />

visitez le Musée des cultures à Bâle et<br />

laissez-vous surprendre! ■<br />

Opium.<br />

Une exposition du<br />

Musée des cultures<br />

de Bâle<br />

20 mars <strong>2015</strong> – 24 janvier 2016<br />

Ma–di: 10h00–17h00<br />

Münsterplatz 20<br />

CH–4051 Basel<br />

www.mkb.ch<br />

44 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />

Comprendre les assurances: la<br />

responsabilité civile professionnelle<br />

Pour quels médecins l’assurance responsabilité civile professionnelle est-elle indispensable?<br />

De quoi faut-il tenir compte lors de la conclusion d’une telle assurance? MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />

répond à ces questions avec le modèle des phases de vie.<br />

Christoph Bohn, collaborateur indépendant MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />

Celui qui s’engage quotidiennement pour<br />

ses patients doit aussi réfléchir aux propres<br />

risques qu’il encourt. En particulier les<br />

médecins sont exposés à des risques considérables<br />

dans leur vie professionnelle. Les<br />

expectatives vis-à-vis des médecins indépendants<br />

de toutes les disciplines sont de<br />

plus en plus grandes. Aujourd’hui, les<br />

patients s’attendent à ce que leur traitement<br />

soit réalisé avec succès. A cela<br />

s’ajoute que les patients sont généralement<br />

bien informés et peu disposés à accepter<br />

sans commentaire les résultats d’un traitement<br />

qui n’a pas rempli leurs attentes.<br />

A cela viennent s’ajouter les propositions<br />

politiques visant à améliorer les droits des<br />

patients (p. ex. inversement du fardeau de<br />

la preuve). Les risques de responsabilité<br />

des médecins s’accroissent donc continuellement.<br />

Ainsi, l’Office fédéral des assurances<br />

sociales précise: «Les médecins,<br />

les dentistes, les architectes, les ingénieurs<br />

et les avocats sont particulièrement exposés<br />

à des risques professionnels spéciaux,<br />

car, en règle générale, le produit de leur<br />

activité est étroitement lié aux personnes.<br />

(…) On co nstate un accroissement certain<br />

du nombre de plaintes contre des<br />

médecins et des dentistes accusés de<br />

n’avoir pas respecté les règles de leur art.»<br />

Dans ses explications relatives à la responsabilité<br />

civile du médecin, Christian Brückner<br />

souligne que cette évolution n’est pas toujours<br />

à l’avantage des patients. «D’une manière<br />

générale, on peut dire qu’une médecine<br />

soucieuse d’éviter les risques de responsabilité<br />

civile pénalise les patients. Dans un environnement<br />

toujours plus intolérant en<br />

matière de responsabilité civile, cela équivaut<br />

à des médecins craignant de plus en plus les<br />

risques et conduit donc globalement à une<br />

qualité réduite de l’approvisionnement en<br />

soins de la population.» 1<br />

Bien que nous soyons encore loin d’une<br />

situation à l’américaine avec ses sommes<br />

de réparation exorbitantes, il vaut la peine<br />

d’analyser à temps et en détail sa propre<br />

situation et d’entreprendre les démarches<br />

nécessaires.<br />

Un must pour les médecins<br />

exerçant à titre indépendant<br />

Même si les besoins en matière d’assurance<br />

sont très individuels, pour les médecins<br />

exerçant à titre indépendant, la conclusion<br />

d’une assurance responsabilité professionnelle<br />

est un must absolu. Elle offre d’une<br />

part une protection en cas de dommages<br />

matériels ou de lésions corporelles. D’autre<br />

part, elle permet de répondre à d’éventuelles<br />

demandes de dommages-intérêts de<br />

la part des patients et de protéger sa fortune<br />

personnelle. Les assistantes médicales sont<br />

automatiquement couvertes par la police<br />

de leur employeur.<br />

Suivant la discipline et l’activité exercée, il<br />

existe des solutions de responsabilité civile<br />

professionnelle sur mesure ou standard.<br />

Dans ce contexte, c’est la liste complète des<br />

activités professionnelles exercées par la<br />

personne qui est déterminante. La mention<br />

d’un titre de spécialiste ne suffit donc<br />

pas. La société d’assurance doit connaître<br />

exactement les traitements effectués par le<br />

médecin, respectivement ceux qu’il n’effectue<br />

pas. Celui qui déclare travailler en<br />

tant que spécialiste en «médecine interne»<br />

ne peut pas assumer que le risque gastroentérologie,<br />

endoscopie ou angiologie<br />

sera aussi inclus. De plus en plus souvent,<br />

les médecins proposent des prestations<br />

médicales spécifiques telles les traitements<br />

de botox ou au laser. La société d’assurance<br />

doit être au courant de toutes ces activités,<br />

faute de quoi un dommage résultant sur<br />

une personne ne sera éventuellement pas<br />

couvert. Les répercussions d’un tel cas<br />

peuvent alors avoir de lourdes conséquences<br />

pour le médecin traitant. Par<br />

ailleurs, il est important que l’assurance<br />

responsabilité civile professionnelle soit<br />

valable également en dehors du cabinet et<br />

si possible dans le monde entier (en raison<br />

de l’obligation du médecin de secourir des<br />

personnes en danger).<br />

Conseil compétent pour<br />

des cas complexes<br />

D’une manière générale, on peut dire que<br />

plus un médecin pratique des interven-<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

45


MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />

tions invasives, plus son risque et par<br />

conséquent sa prime d’assurance seront<br />

élevés. «Les sommes d’assurance se situent<br />

généralement entre 5 et 10 millions<br />

de francs, et les primes s’élèvent souvent à<br />

plusieurs milliers ou dizaines de milliers<br />

de francs. En effectuant une comparaison<br />

des offres de la concurrence, on peut facilement<br />

économiser jusqu’à 30% de ces<br />

montants», constate Reto Spring, président<br />

du Finanzplaner Verband Schweiz.<br />

En ce qui concerne l’aménagement individuel<br />

d’une solution de responsabilité<br />

civile professionnelle adéquate et axée sur<br />

le long terme, il faut également tenir<br />

compte de nombreux facteurs et conditions<br />

parfois très complexes. L’analyse<br />

personnelle et le conseil est donc essentiel<br />

pour chaque médecin. MEDISERVICE est<br />

le partenaire idéal pour tous les médecins<br />

indépendants de toutes les disciplines,<br />

grâce à son savoir-faire et à son réseau.<br />

Attention: les médecins employés sont couverts<br />

de par la loi par leur employeur (hôpital,<br />

clinique, cabinet, etc.) et peuvent<br />

donc se passer d’une assurance responsabilité<br />

civile professionnelle.<br />

La responsabilité civile professionnelle en un clin d’œil:<br />

• un must pour les médecins indépendants de toutes les disciplines pendant leur période active et<br />

durant la phase de retraite/règlement de la succession;<br />

• les médecins et le personnel médical employés sont assurés par leur employeur;<br />

• assurance responsabilité civile pour les dommages corporels, matériels et pécuniaires résultant de<br />

l’activité médicale (selon les dispositions légales);<br />

• assurance contre les dommages aux locaux loués, etc.;<br />

• primes et prestations de service particulièrement attractives pour les membres de MEDISERVICE;<br />

pour d’autres renseignements et conseils: MEDISERVICE, 031 350 44 22 ou info@mediservice-asmac.ch.<br />

MEDISERVICE se tient à disposition de ses<br />

membres pour répondre à leurs questions<br />

dans ce domaine. En tant qu’organisation<br />

de prestations de service de l’<strong>ASMAC</strong>, ME-<br />

DISERVICE connaît très bien les profils de<br />

risque des médecins dans les différentes<br />

disciplines médicales. Le modèle des phases<br />

de vie spécialement développé (www.mediservice-vsao.ch/fr)<br />

montre quelles personnes<br />

doivent se pencher de plus près sur<br />

le thème de la responsabilité civile professionnelle<br />

et d’autres sujets d’assurance. Il<br />

s’agit ainsi d’éviter des surprises qui peuvent<br />

s’avérer très coûteuses et mettre en péril la<br />

carrière du médecin.<br />

■<br />

A ne pas manquer: dans le prochain<br />

numéro du Journal <strong>ASMAC</strong> de décembre<br />

<strong>2015</strong> (n° 6/15), nous aborderons<br />

plus en détail l’assurance responsabilité<br />

civile privée.<br />

1 Arzthaftpflicht, Juristischer Ratgeber für<br />

Ärzte und Kliniken. Prof. Dr. iur. Christian<br />

Brückner. 1. Mai 2011.<br />

46 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />

BOÎTE<br />

AUX LETTRES<br />

Contribution au courrier des assurés<br />

Dans une lettre, santésuisse me reproche d’avoir fait des erreurs dans<br />

l’application de tarifs et de pratiquer la surmédicalisation. Qu’est-ce<br />

que cela signifie au juste? Que dois-je faire?<br />

L’objectif de santésuisse/tarifsuisse est d’obtenir, dans la mesure du possible, un tarif<br />

homogène à l’échelle de la Suisse pour une même prestation. Pour ce faire, elle contrôle<br />

systématiquement les pratiques en matière de décompte des prestataires quant à leur<br />

caractère économique.<br />

Ce contrôle passe d’une part par l’analyse de factures isolées, au cours de laquelle l’on<br />

vérifie si des positions tarifaires ou des prix facturés figurant sur la facture d’un prestataire<br />

sont erronés ou injustifiés. Ce contrôle est effectué par l’assureur-maladie. D’autre<br />

part, santésuisse applique l’examen du caractère économique des prestations, conformément<br />

à l’art. 56, al. 1 LAMal afin d’identifier les prestataires dont les coûts sont significativement<br />

supérieurs à la moyenne.<br />

Depuis peu, santésuisse procède également à un contrôle tarifaire dans le cadre d’une<br />

procédure d’économicité. Cela signifie qu’elle contrôle les pratiques de facturation du<br />

médecin. Ainsi, en plus d’être soupçonné de surmédicalisation, le médecin se voit accusé<br />

d’application «erronée» de tarifs. L’attention est alors portée sur les positions tarifaires<br />

mises en facture, ce qui conduit à une analyse de l’application tarifaire. Si les tarifs<br />

appliqués par le prestataire paraissent suspects, une analyse de tous les prestataires ayant<br />

la même spécialisation est effectuée. Il ne s’agit pas là de rechercher une anomalie<br />

statistique, mais plutôt les pratiques dans l’application des tarifs ainsi que la présence<br />

de certificats de capacité et de valeurs intrinsèques. En cas d’application abusive d’un<br />

tarif, une demande de remboursement est établie.<br />

lic. iur. Patrick Boschi, AXA-ARAG Protection<br />

juridique, Droit de la responsabilité civile et des<br />

assurances sociales (tél. 0848 11 11 00,<br />

http://www.mediservice-vsao.ch/fr/assurances/<br />

protection-juridique/)<br />

Si, en tant que prestataire, vous recevez une lettre de santésuisse vous reprochant des<br />

valeurs moyennes trop élevées et vous demandant de vous justifier à ce propos, vous<br />

devez vous attendre à un travail de clarification fastidieux et onéreux. En plus de la<br />

rédaction d’une prise de position et de la participation à un entretien avec santésuisse,<br />

vous devez tenir compte de l’éventualité d’une procédure judiciaire si un accord ne peut<br />

être trouvé. <strong>No</strong>us vous recommandons donc de vous adresser à votre assurance de protection<br />

juridique le plus tôt possible pour bénéficier de l’assistance juridique nécessaire<br />

et éviter les écueils d’une telle procédure. Les experts de l’assurance de protection juridique<br />

vous apportent leur soutien tout au long de la procédure. Ils vous aident dans<br />

l’analyse des risques basée sur la statistique des factureurs, dans l’évaluation des statistiques,<br />

dans la rédaction de la prise de position destinée à santésuisse et vous accompagnent<br />

lors de l’entretien avec santésuisse. De plus, ils peuvent vous représenter en cas<br />

de procédure judiciaire.<br />

AXA-ARAG propose une assurance de protection juridique à des conditions très<br />

avantageuses aux membres de MEDISERVICE. N’hésitez pas à vous adresser à votre<br />

interlocuteur MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong> si vous avez d’autres questions. ■<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

47


MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />

Les dommages causés par les<br />

fouines peuvent être évités<br />

Quelle que soit la marque de votre voiture – les fouines les trouvent toutes à croquer.<br />

Un câble sectionné par une morsure entraîne bien souvent des réparations onéreuses.<br />

Mais si vous êtes bien assuré, vous pouvez appeler le service de dépannage.<br />

Vous avez préparé votre équipement de<br />

randonnée, les enfants s’agitent et la famille<br />

se prépare à partir en week-end pour<br />

l’excursion de la semaine tant attendue.<br />

Seulement, l’ennui, c’est que la voiture ne<br />

démarre pas – dommage causé par les<br />

fouines! Lorsque la fouine a fait son œuvre<br />

et qu’elle a sectionné câbles et tuyaux avec<br />

ses dents pointues, souvent plus rien ne va.<br />

Les câbles de démarrage, les tuyaux en<br />

plastique ou les manchettes de direction<br />

sont tout particulièrement appréciés de ces<br />

rongeurs à fourrure. Mais qui paye les<br />

réparations et le service de dépannage?<br />

La casco partielle couvre<br />

même les voitures de remplacement<br />

Les frais de réparation entraînés par les<br />

dommages causés par les fouines sont<br />

généralement pris en charge par l’assurance,<br />

sans franchise à condition d’avoir<br />

une assurance casco partielle. La plupart<br />

des dommages consécutifs aux morsures<br />

de fouines sur le véhicule sont assurés<br />

ainsi que le remorquage du véhicule endommagé<br />

jusqu’au garage le plus proche.<br />

Dans les régions abritant de nombreuses<br />

populations de fouines, la souscription<br />

d’une assurance casco partielle est vraiment<br />

à envisager.<br />

Au printemps, elles ont<br />

plus d’appétit encore<br />

Les fouines sont comme de jeunes enfants<br />

ou de jeunes chiens: elles découvrent leur<br />

environnement en mordillant. A cela<br />

s’ajoute leur instinct du jeu. En particulier<br />

au moment des amours, au printemps, les<br />

fouines réagissent de manière agressive<br />

aux odeurs de leur espèce. Mais même<br />

lorsque les températures chutent, le compartiment<br />

moteur n’est pas à l’abri des<br />

petites dents incisives de ces petites bêtes<br />

car la fouine n’hiberne pas.<br />

Jeter un œil sous le capot<br />

peut s’avérer payant<br />

Pour pouvoir agir en temps voulu, il peut<br />

être utile de discuter avec les voisins. Car<br />

s’il y a eu des dommages causés par les<br />

fouines dans les parages, il est prudent d’y<br />

regarder à deux fois. En particulier, les<br />

voitures garées à différents emplacements<br />

la nuit sont particulièrement victimes de<br />

morsures de fouines. Pour vous prémunir,<br />

lavez régulièrement votre moteur afin<br />

d’enlever les odeurs laissées par les fouines.<br />

La seule véritable protection contre les<br />

morsures de fouine est un dispositif à décharges<br />

électriques qui fait fuir les fouines<br />

affamées.<br />

■<br />

Zurich Connect –<br />

souscription facile<br />

en ligne!<br />

Vous trouverez toutes les informations<br />

sur les offres de Zurich Connect à<br />

l’adresse www.zurichconnect.ch/<br />

partnerfirmen. Vous pourrez y calculer<br />

votre prime individuelle et établir votre<br />

offre personnalisée. Pour ce faire, vous<br />

aurez besoin des données de connexion<br />

suivantes:<br />

ID: asmac Mot de passe: docteur<br />

Vous pouvez aussi demander une offre<br />

sans engagement au 0848 890 190. Ce<br />

numéro est exclusivement réservé aux<br />

membres de MEDISERVICE <strong>ASMAC</strong>. Le<br />

centre clientèle de Zurich Connect est<br />

ouvert en continu du lundi au vendredi<br />

de 8h00 à 17h30.<br />

48 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>


MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />

Règles d’imposition dans<br />

le domaine de la prévoyance<br />

<strong>No</strong>tre système de prévoyance est constitué de trois piliers. Toutefois, le troisième pilier opère<br />

une distinction entre le pilier 3a (prévoyance liée) et 3b (prévoyance libre). Ci-après, une tentative<br />

d’explication des différentes modalités d’imposition dans les différents piliers.<br />

Werner A. Räber, associé gérant de la Dr. Thomas Fischer & Partner AG, Baar (werner.raeber@xantrium.ch)<br />

1 er pilier (AVS/AI)<br />

Toutes les cotisations à l’AVS sont déductibles.<br />

Cela vaut également pour les contributions<br />

dont les personnes n’exerçant pas<br />

d’activité lucrative ou au bénéfice d’une<br />

retraite anticipée jusqu’à l’atteinte de l’âge<br />

de la retraite ordinaire doivent s’acquitter<br />

sur la base de leur fortune. En contrepartie,<br />

les rentes AVS et AI sont imposées au<br />

même titre qu’un revenu normal et additionnées<br />

aux autres revenus. Si une personne<br />

touche des prestations complémentaires<br />

ou des allocations pour impotents,<br />

elle n’a pas besoin de les déclarer. Les<br />

montants versés au titre de mesures de<br />

réinsertion de l’AI sont également exonérés<br />

de l’impôt, étant donné qu’il s’agit d’un<br />

remboursement de frais.<br />

2 e pilier (LPP)<br />

Les cotisations pour la caisse de pension<br />

sont également entièrement déductibles.<br />

Cela vaut sans restriction pour les cotisations<br />

ordinaires sur le salaire. Les rachats<br />

dépassant ces montants sont déductibles<br />

lorsque la personne assurée présente une<br />

lacune de cotisations correspondante. Par<br />

ailleurs, il faut également tenir compte du<br />

fait que pour une période de trois ans à<br />

compter du dernier versement complémentaire,<br />

aucun retrait sous forme de<br />

capital n’est autorisé. Un retrait entraînant<br />

la perte de l’avantage fiscal.<br />

Depuis le 1 er janvier 2002, les versements<br />

de rente sont considérés comme revenu<br />

imposable. Les rentes versées selon l’ancien<br />

droit restent, suivant le cas, imposable<br />

à seulement 60 ou 80%. Les versements<br />

sous forme de capital sont soumis<br />

à un impôt spécial perçu séparément du<br />

revenu restant au lieu de domicile au moment<br />

du versement. Le barème d’imposition<br />

est fortement progressif et dépend<br />

donc du montant du versement sous forme<br />

de capital. Au niveau fédéral, l’impôt correspond<br />

à un cinquième de l’impôt sur le<br />

revenu ordinaire. Le taux maximal s’élève<br />

donc à 2,3%. Les différences entre cantons<br />

sont considérables. L’imposition maximale<br />

par la Confédération et le canton<br />

peut varier de 7 à 28% suivant le lieu de<br />

domicile.<br />

Les règles d’imposition susmentionnées ne<br />

s’appliquent pas seulement à la prévoyance<br />

vieillesse, mais également à<br />

d’éventuelles prestations d’invalidité. Les<br />

rentes de la SUVA et les indemnités journalières<br />

de l’assurance-maladie ou -militaire<br />

comptent comme revenu normal et<br />

sont imposées à 100%. Concernant l’imposition<br />

des prestations de l’assurance-accidents,<br />

vous trouverez un article dans le<br />

Journal <strong>ASMAC</strong> 3/2014.<br />

Pilier 3a (prévoyance liée)<br />

Pour le pilier 3a, ce sont les mêmes principes<br />

que ceux du 2 e pilier qui s’appliquent.<br />

Les versements annuels sont déductibles,<br />

toutefois seulement jusqu’à concurrence<br />

du montant maximal autorisé d’actuellement<br />

CHF 6768 (salariés) et CHF 33 840<br />

(indépendants). Les versements sous<br />

forme de capital sont imposés comme les<br />

retraits en capital de la caisse de pension.<br />

Si un retrait en capital est effectué la<br />

même année dans la caisse de pension et<br />

le 3 e pilier, les montants sont additionnés,<br />

ce qui conduit à une plus forte progression.<br />

Il est donc recommandé de procéder<br />

à des versements échelonnés. Le pilier 3a<br />

peut être vidé tous les cinq ans, si le montant<br />

retiré est utilisé pour amortir une<br />

hypothèque ou acheter un bien immobilier<br />

à usage personnel.<br />

Pilier 3b<br />

(prévoyance libre)<br />

L’épargne privée dans le pilier 3b est également<br />

encouragée par certains privilèges<br />

fiscaux. En principe, les cotisations<br />

ne peuvent être déduites fiscalement que<br />

dans le cadre de la déduction générale<br />

pour les assurances et l’épargne. En<br />

contrepartie, les versements sont dans la<br />

plupart des cas exonérés de l’impôt. La<br />

multitude de produits d’assurance proposés<br />

ne facilite cependant pas les<br />

choses:<br />

• assurances de capitaux susceptibles de<br />

rachat avec primes périodiques: versement<br />

exonéré<br />

• assurances susceptibles de rachat à<br />

prime unique: versement exonéré, à<br />

certaines conditions<br />

• assurances risque décès: impôt spécial<br />

sur le versement selon le tarif applicable<br />

à la prévoyance<br />

• rente viagère: rente, rachat ou restitution<br />

imposable respectivement à 40%<br />

• assurance à terme: part d’intérêt imposable<br />

à 100%.<br />

Vous trouverez de plus amples informations<br />

dans les notices correspondantes sur<br />

les sites web de votre intendance des impôts.<br />

Versements à l’étranger<br />

Concernant les modalités d’imposition<br />

pour les versements à des destinataires<br />

résidant à l’étranger, vous trouverez un<br />

article dans le Journal <strong>ASMAC</strong> 6/2013. ■<br />

N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />

49


IMPRESSUM<br />

ADRESSES DE CONTACT DES SECTIONS<br />

N o 5 • 34 e année • <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />

Editeur<br />

AG<br />

VSAO Sektion Aargau, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />

Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />

téléphone 044 250 43 23, fax 044 250 43 20<br />

MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />

Bahnhofplatz 10A, case postale, 3001 Berne<br />

Téléphone 031 350 44 88, fax 031 350 44 89<br />

journal@asmac.ch, journal@vsao.ch<br />

www.asmac.ch, www.vsao.ch<br />

Sur mandat de l’<strong>ASMAC</strong><br />

Rédaction<br />

Catherine Aeschbacher (rédactrice en chef),<br />

Christiane Arnold, Franziska Holzner-Arnold,<br />

Kerstin Jost, Lukas Staub, Jan Vontobel,<br />

Sophie Yammine<br />

Comité directeur<br />

Daniel Schröpfer, président<br />

Ryan Tandjung, vice-président<br />

Christoph Bosshard, Cyrill Bühlmann, Karin Etter,<br />

Lars Frauchiger, Dina-Maria Jakob, Gert Printzen,<br />

Miodrag Savic, Hervé Spechbach, Raphael Stolz,<br />

Marino Urbinelli, Felix Widmer (swimsa)<br />

Impression et expédition<br />

Stämpfli AG, Wölflistrasse 1, CH-3001 Bern<br />

Téléphone +41 31 300 66 66, info@staempfli.com<br />

www.staempfli.com<br />

BL/BS<br />

BE<br />

VSAO Sektion beider Basel,<br />

Geschäftsleiterin und Sekretariat: lic. iur. Claudia von Wartburg, Advokatin,<br />

Hauptstrasse 104, 4102 Binningen, téléphone 061 421 05 95,<br />

Fax 061 421 25 60, sekretariat@vsao-basel.ch, www.vsao-basel.ch<br />

VSAO Sektion Bern, Geschäftsführerin: Rosmarie Glauser, Fürsprecherin,<br />

Schwarztorstrasse 7, 3007 Berne, téléphone 031 381 39 39,<br />

fax 031 381 82 41, bern@asmac.ch, www.vsao-bern.ch<br />

FR <strong>ASMAC</strong> section fribourgeoise, Gabriela Kaufmann-Hostettler, Wattenwylweg 21,<br />

3006 Bern, tél. 031 332 41 10, fax 031 332 41 12, info@gkaufmann.ch<br />

GE Associations des Médecins d’Institutions de Genève, case postale 23,<br />

Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, 1211 Genève 14, amig@amig.ch, www.amig.ch<br />

GR<br />

JU<br />

Verband Schweizerischer Assistenz- und Oberärztinnen und -ärzte Sektion<br />

Graubünden, 7000 Chur, Samuel B. Nadig, lic. iur. HSG, RA Geschäftsführer/<br />

Verbandsjurist, Tel. +41 78 880 81 64, info@vsao-gr.ch / www.vsao-gr.ch<br />

ASMAJ c/o Karim Bayoumy, Rue de l’Église 6, 2800 Delémont,<br />

<strong>ASMAC</strong>.jura@gmail.com<br />

NE <strong>ASMAC</strong> section neuchâteloise, Joël Vuilleumier, avocat, Rue du Musée 6,<br />

Case postale 2247, 2001 Neuchâtel, tél. 032 725 10 11, vuilleumier@valegal.ch<br />

SG/AI/AR VSAO Sektion St.Gallen-Appenzell, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />

Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />

téléphone 044 250 43 23, fax 044 250 43 20<br />

Maquette: Tom Wegner<br />

Annonces<br />

Axel Springer Schweiz AG, Fachmedien<br />

Förrlibuckstrasse 70, case postale, 8021 Zurich<br />

Téléphone 043 444 51 05, fax 043 444 51 01<br />

vsao@fachmedien.ch<br />

SO<br />

TI<br />

VSAO Sektion Solothurn, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />

Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />

téléphone 044 250 43 23, fax 044 250 43 20<br />

<strong>ASMAC</strong>T, Associazione Medici Assistenti e Capiclinica Ticinesi,<br />

Avv. Marina Pietra Ponti, Viale S. Franscini 17, 6904 Lugano,<br />

telefono 091 922 95 22, fax 091 923 61 71, pietraponti@ticino.com<br />

Tirage<br />

Exemplaires imprimés: 22 155<br />

Certification des tirages par la REMP/FRP 2014:<br />

21 009 exemplaires<br />

Fréquence de parution: 6 numéros par année<br />

L’abonnement est inclus dans la contribution<br />

annuelle pour les membres de l’<strong>ASMAC</strong><br />

ISSN 1422-2086<br />

L’édition n o 6/<strong>2015</strong> paraîtra en décembre <strong>2015</strong>.<br />

Sujet: Visions<br />

© <strong>2015</strong> by <strong>ASMAC</strong>, 3001 Berne<br />

Printed in Switzerland<br />

TG<br />

VD<br />

VS<br />

VSAO Sektion Thurgau, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />

Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />

téléphone 044 250 43 23, fax 044 250 43 20<br />

ASMAV, case postale 9, 1011 Lausanne-CHUV,<br />

www.asmav.ch, asmav@asmav.ch<br />

ASMAVal, p.a. Maître Valentine Gétaz Kunz,<br />

Ruelle du Temple 4, CP 20, 1096 Cully, contact@asmaval.ch<br />

Suisse centrale<br />

VSAO Sektion Zentralschweiz, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />

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ZH<br />

Zürcher Spitalärzte und Spitalärztinnen VSAO, Dr. R. M. Reck,<br />

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50 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>

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