JOURNAL ASMAC No 5 - Octobre 2015
Jeu - Gynécologie/Douleur 24 000 signatures
Jeu - Gynécologie/Douleur 24 000 signatures
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Verband Schweizerischer Assistenz- und Oberärztinnen und -ärzte<br />
Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique<br />
Associazione svizzera dei medici assistenti e capiclinica<br />
SOMMAIRE<br />
Page de couverture: aebi, grafik & illustration, berne<br />
EDITORIAL<br />
5 Homo faber, homo ludens<br />
POLITIQUE<br />
6 Politique de la santé:<br />
24 198 signatures qui en disent long<br />
FORMATION POSTGRADUÉE /<br />
CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
10 Evolution de la culture d’enseignement<br />
et d’apprentissage<br />
13 Le principal en un clin d'œil:<br />
Du frigo au logbook électronique<br />
14 Apprendre à lire:<br />
Une question de confiance<br />
15 Une Rose pour Genève<br />
16 Mettre de l’ordre et apporter un soutien<br />
<strong>ASMAC</strong><br />
18 Section Berne<br />
19 Conseil juridique <strong>ASMAC</strong><br />
21 VSAO-Inside<br />
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
22 Une théorie aux multiples facettes<br />
25 Plus qu’un jeu d’enfant<br />
27 C’est comme au cinéma …<br />
30 A la fois jeu et thérapie<br />
32 Pas d’évolution sans «jeu»<br />
PERSPECTIVES<br />
38 Série disciplines médicales – Actualités<br />
en gynécologie – Le traitement hormonal<br />
postménopausique:<br />
Ménopause – quels sont les traitements<br />
alternatifs?<br />
41 Aus der «Therapeutischen Umschau»:<br />
Der nichtkardiale Thoraxschmerz<br />
44 L’objet choisi: Une fumée enivrante<br />
MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />
45 Comprendre les assurances:<br />
la responsabilité civile professionnelle<br />
47 Boîte aux lettres<br />
48 Les dommages causés par les fouines<br />
peuvent être évités<br />
49 Règles d’imposition dans le domaine<br />
de la prévoyance<br />
50 Impressum<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
3
ÉDITORIAL<br />
Photo: Severin <strong>No</strong>vacki<br />
Catherine Aeschbacher<br />
rédactrice en chef du Journal <strong>ASMAC</strong><br />
Homo faber, homo ludens<br />
24 198 personnes exigent avec leur signature que la loi sur le<br />
travail soit respectée dans les hôpitaux et, de ce fait, de meilleures<br />
conditions de travail pour les médecins-assistant–(e)s.<br />
Les signataires se montrent ainsi solidaires avec les revendications<br />
de nos membres. Il reste à espérer que cet appel ne<br />
restera pas sans écho, mais qu’il apportera enfin les améliorations<br />
attendues depuis longtemps. Vous trouverez plus de détails<br />
concernant l’action et la remise des signatures à la rubrique<br />
Politique. <strong>No</strong>us adressons nos chaleureux remerciements<br />
à tous les signataires et à toutes celles et ceux qui ont<br />
récolté les signatures.<br />
Même si eu égard aux difficultés rencontrées pour faire respecter<br />
la loi sur le travail, cela puisse paraître ironique: jamais<br />
encore, les gens n’ont eu autant de temps libre. <strong>No</strong>tre société<br />
moderne nous a permis de nous libérer de nombreuses<br />
contraintes imposées à nos ancêtres. «Modern humans may be<br />
the only species that have some form of leisure time. We spend<br />
large amounts of time in the pursuit of pleasure; pastimes,<br />
games and activities that we find fun», constatent les scientifiques<br />
britanniques Nathan J. Emery et Nicola S. Clayton. Cette<br />
fois, nous plaçons l’un des passe-temps les plus anciens dans<br />
notre Point de mire: le jeu. Alors que les adultes – excepté les<br />
personnes dépendantes du jeu – jouent généralement par pur<br />
plaisir, le jeu des enfants sert à d’autres fins. La psychologue<br />
Carine Burkhardt Bossi nous montre la complexité des jeux<br />
d’enfants au moyen de deux formes de jeu. Un article du sociologue<br />
Andreas Diekmann prouve que la théorie du jeu n’a pas<br />
grand-chose à voir avec le jeu, mais qu’elle influence considérablement<br />
notre quotidien et permet même d’expliquer des<br />
processus physiques. Alors que les jeux traditionnels passent<br />
au second plan, les jeux vidéo connaissent un essor ininterrompu.<br />
Autrefois, les premiers jeux vidéo s’inspiraient du cinéma.<br />
Aujourd’hui, c’est Pac-Man qui fait son apparition sur<br />
le grand écran. Même si cette «chose» a dû attendre 35 ans ses<br />
débuts à Hollywood, la convergence des deux médias est évidente.<br />
Le journaliste et cyberculturiste Marc Bodmer s’intéresse<br />
à la question de savoir qui influence qui dans ce domaine.<br />
Quant à l’archéologue Beate Maria Pomberger, elle fait un<br />
retour dans un passé bien plus lointain à la recherche des<br />
formes de jeu primitives et d’autres témoins d’activités de loisirs.<br />
Pour finir, l’artiste de scène Fidelio Lippuner nous parle<br />
d’un projet de théâtre d’un autre genre.<br />
Les assurances n’ont rien de commun avec le jeu et le plaisir.<br />
En effet, qui se passionne pour la lecture de dispositions<br />
contractuelles? A la rubrique MEDISERVICE, nous lançons une<br />
série intitulée «Comprendre les assurances» qui présente et explique<br />
de façon simple et compréhensible les assurances les plus<br />
importantes.<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
5
POLITIQUE<br />
Manifestation silencieuse nocturne dans la bonne humeur Manifestation silencieuse nocturne<br />
POLITIQUE DE LA SANTÉ<br />
24 198 signatures qui en disent long<br />
Il n’y a pas que les médecins-assistantes et -assistants qui veulent que la loi sur le travail soit<br />
respectée. Début septembre, nous avons pu remettre plus de 24 000 signatures au Secrétariat d’Etat<br />
à l’économie (Seco). Les signataires étaient majoritairement des hommes et femmes issus de la<br />
population. Après dix ans d’une mise en œuvre difficile et de belles paroles, il faut enfin des actes.<br />
Nico van der Heiden, directeur adjoint/responsable politique et communication <strong>ASMAC</strong>, Lisa Loretan, assistante de projets<br />
politiques et communication <strong>ASMAC</strong>. Photos: Riechsteiner Fotografie<br />
La situation de départ ne pourrait pas être<br />
plus simple: la loi fédérale sur le travail<br />
s’applique depuis 2005 à tous les médecins-assistant(e)s<br />
(et à la plupart des<br />
chef(fe)s de clinique). Pour une loi nationale,<br />
on pourrait supposer qu’elle est respectée<br />
dans toute la Suisse. Hélas, il n’en<br />
est rien. Le sondage auprès des membres<br />
réalisé par l’<strong>ASMAC</strong> a montré que la loi sur<br />
le travail est souvent violée dans les hôpitaux<br />
suisses. C’est pourquoi l’<strong>ASMAC</strong> s’engage<br />
depuis plusieurs années avec encore<br />
plus d’énergie pour que la loi sur le travail<br />
soit respectée, par exemple en 2013 avec<br />
une vaste campagne d’information auprès<br />
du public.<br />
Cartes de protestation<br />
Que peut-on faire quand les lois ne sont<br />
pas respectées? C’est hélas bien vrai que<br />
moins il y a de contrôles, plus la probabilité<br />
est grande que l’on ne respecte pas les<br />
règles (pensons par exemple aux limitations<br />
de vitesse sur l’autoroute). C’est pour<br />
cette raison que l’<strong>ASMAC</strong> demande depuis<br />
des années que les inspectorats cantonaux<br />
du travail procèdent régulièrement à des<br />
contrôles dans tous les hôpitaux.<br />
Fin avril, l’<strong>ASMAC</strong> a donc lancé la campagne<br />
consécutive «Hôpitaux hors-la-loi»<br />
à l’occasion d’un triste jubilé: les dix ans<br />
de la loi sur le travail pour tous les méde-<br />
6 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> Nr. 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
POLITIQUE<br />
Autocollant sur les biscuits que nous avons<br />
distribués aux collaborateurs du Seco.<br />
cins-assistantes et -assistants, dix ans de<br />
violations systématiques de ces dispositions.<br />
L’<strong>ASMAC</strong> a ainsi démarré une action<br />
avec des cartes postales de protestation<br />
au moyen desquelles la population<br />
pouvait souligner qu’elle souhaite aussi<br />
que la loi sur le travail soit respectée dans<br />
les hôpitaux. En tant que patients (potentiels),<br />
tous ont intérêt à ce que les collaborateurs<br />
dans les hôpitaux ne soient pas<br />
épuisés et harassés. A notre grand plaisir,<br />
l’action a été un succès total: plus de<br />
24 000 personnes ont signé la carte postale<br />
de protestation et demandent donc au<br />
conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann<br />
d’agir. En tant que responsable du<br />
Seco, il est le premier garant du respect<br />
de la loi sur le travail en Suisse. Un<br />
nombre impressionnant de signatures a<br />
pu être récolté en un peu plus de trois<br />
mois. Cela souligne que nos revendications<br />
sont aussi largement soutenues par<br />
la population.<br />
Manifestation silencieuse<br />
nocturne<br />
Bien sûr que l’<strong>ASMAC</strong> n’a pas manqué<br />
d’associer ce succès à une action symbolique.<br />
Ainsi, les collaborateurs du secrétariat<br />
central et des médecins engagés ont<br />
entamé le 1er septembre une manifestation<br />
silencieuse à proximité du Seco. <strong>No</strong>us<br />
voulions accueillir le lendemain les collaborateurs<br />
du Seco après un «service de<br />
nuit» fatiguant. Pendant notre service de<br />
nuit, nous avons rencontré vers 3h00 du<br />
matin un membre de l’<strong>ASMAC</strong> qui rentrait<br />
justement de l’hôpital après une césarienne<br />
d’urgence. Il est venu prendre un<br />
café et nous a parlé de ses heures supplémentaires.<br />
Action de remise<br />
remarquée<br />
Très fatigués, nous avons ensuite commencé<br />
vers 6h30 à distribuer des biscuits<br />
aux collaborateurs du Seco. Les pâtisseries<br />
portaient le message clair de notre campagne<br />
«Hôpitaux hors-la-loi», ce qui a<br />
aussi permis d’engager spontanément<br />
quelques discussions intéressantes.<br />
Les signatures avaient auparavant été emballées<br />
dans des cartons et entassées devant<br />
le Seco sous forme d’une tourte immangeable<br />
à l’occasion du triste jubilé des<br />
Nr. 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
7
POLITIQUE<br />
Les contacts qui ont pu être établis nous<br />
seront certainement utiles à l’avenir. Le<br />
constat est d’ailleurs tout à fait juste: il<br />
incombe aux inspectorats cantonaux du<br />
travail, qui font preuve d’un intérêt très<br />
variable en ce qui concerne les hôpitaux,<br />
de s’activer.<br />
Remise formelle des signatures (de gauche à droite: Valentin Lagger, chef de l’Inspection<br />
fédérale du travail; Daniel Schröpfer, président de l’<strong>ASMAC</strong>; Pascal Richoz, chef du centre de<br />
prestations Conditions de travail; Rosmarie Glauser, directrice de l’<strong>ASMAC</strong> Berne; Marianne<br />
Streiff-Feller, conseillère nationale; Nico van der Heiden, responsable politique et communication<br />
VSAO<br />
Une action médiatique<br />
Déjà dans le courant de l’après-midi,<br />
lorsque la Radio Suisse Romande RTS<br />
est venu chercher un médecin-assistant<br />
pour son émission en direct du soir, nous<br />
avons constaté que l’action de remise des<br />
signatures allait avoir un large écho<br />
dans les médias (qu’elle a d’ailleurs<br />
trouvé en la personne d’Anja Zyska). Différentes<br />
plateformes médiatiques, dont<br />
blick.ch, ont immédiatement publié<br />
notre communiqué de presse. Le soir,<br />
l’émission «Rundschau» de la télévision<br />
suisse allemande a diffusé un reportage<br />
de 11 minutes consacré au sujet «Assistenzärzte<br />
am Limit: Kampf gegen<br />
illegale Überstunden» (le reportage peut<br />
être visionné en ligne). Une émission à<br />
laquelle l’<strong>ASMAC</strong> a collaboré et qui a<br />
montré par quelques exemples impressionnants<br />
que nos affirmations n’ont<br />
rien de fantaisistes, mais que les violations<br />
de la loi sur le travail sont une<br />
réalité (avec des conséquences très<br />
réelles).<br />
Les signatures sont portées dans le Seco.<br />
10 ans. Pour la remise qui s’est déroulée<br />
ensuite, nous avons été rejoints par la<br />
conseillère nationale bernoise Marianne<br />
Streiff-Feller, qui soutient l’<strong>ASMAC</strong> déjà<br />
depuis plusieurs années par son engagement<br />
pour le respect de la loi sur le travail<br />
dans les hôpitaux. Le chef du centre de<br />
prestations Conditions de travail du Seco<br />
ainsi que le chef de l’inspection fédérale<br />
du travail ont eu la lourde tâche de réceptionner<br />
notre tourte immangeable. Ils<br />
nous ont ensuite reçus pour un entretien<br />
constructif. L’entretien a porté sur les<br />
moyens limités dont dispose la Confédération<br />
pour influencer les inspectorats<br />
cantonaux du travail. Même si cette réponse<br />
évasive et négative ne nous satisfait<br />
pas, il est bien que nous ayons pu mener<br />
cet entretien avec les responsables du Seco.<br />
Conclusion<br />
L’<strong>ASMAC</strong> reste à l’affût sur tous les fronts:<br />
sur le plan national, cantonal, politique<br />
et pratique. Ce n’est que de cette façon<br />
que nous obtiendrons que la loi sur le<br />
travail soit enfin respectée pour tous les<br />
médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de<br />
clinique. Pas seulement pour protéger la<br />
santé des médecins, mais également<br />
celle des patients. ■<br />
Le pilotage des admissions sur la bonne voie<br />
Le 7 septembre, le Conseil national a décidé à une large majorité de poursuivre le<br />
pilotage des admissions actuellement en vigueur. Cela correspondait aussi à la solution<br />
souhaitée par la FMH et l’<strong>ASMAC</strong>. Le Conseil national a enterré sans discussion<br />
le projet compliqué du Conseil fédéral qui prévoyait un pilotage cantonal des admissions.<br />
La motion de l’UDC et du PLR demandant de lever l’obligation de contracter<br />
en remplacement du pilotage des admissions n’a pas non plus trouvé grâce aux yeux<br />
du Conseil national. Il reste maintenant au Conseil des Etats à confirmer le compromis<br />
avant que nos membres ne sachent définitivement quel système de pilotage<br />
des admissions s’appliquera dès juillet 2016.<br />
8 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> Nr. 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
Evolution de la culture<br />
d’enseignement et d’apprentissage<br />
Les évaluations en milieu de travail permettent de donner un feed-back sur la base de l’observation<br />
ciblée de certaines activités. Les formateurs et les médecins en formation obtiennent ainsi des<br />
informations sur l’état actuel du savoir et des aptitudes. Pour employer cet instrument avec succès,<br />
il convient de tenir compte de certaines directives.<br />
Reto A. Thomasin, médecin adjoint, responsable de la formation postgraduée; Hannes Rich, médecin-assistant; Michael T. Ganter,<br />
médecin-chef, responsable de l’établissement de formation postgraduée à l’Institut d’anesthésiologie et traitement de la douleur,<br />
Hôpital cantonal de Winterthour<br />
Les évaluations en milieu de travail<br />
(EMiT) sont des instruments de feed-back<br />
structurés 1 qui sont déjà utilisés depuis<br />
longtemps dans les pays anglo-saxons. Ils<br />
permettent d’observer directement les médecins-assistant(e)s<br />
dans leur travail clinique<br />
et de leur donner une évaluation<br />
structurée sur cette base. Les EMiT ne sont<br />
pas des examens, mais peuvent servir de<br />
base de discussion importante pour les<br />
entretiens de qualification et d’évaluation<br />
périodiques. De plus, les EMiT permettent<br />
à plusieurs formateurs de documenter<br />
l’état de la formation postgraduée de<br />
chaque médecin-assistant(e) et de définir<br />
de nouveaux objectifs de formation<br />
postgraduée.<br />
Différents instruments EMiT sont employés:<br />
le «Mini Clinical Evaluation Exercise»<br />
(Mini-CEx) ou le «Direct Observation<br />
of Procedural Skills» (DOPS) ou le<br />
«Direct Observation of Clinical Encounter»<br />
(DOCE). Les Mini-CEx servent plutôt<br />
à évaluer la communication avec le patient,<br />
alors que les DOPS ou DOCE servent<br />
à évaluer les aptitudes. L’Institut suisse<br />
pour la formation médicale postgraduée<br />
et continue ISFM prévoit au moins quatre<br />
EMiT par année 2 .<br />
Un récent sondage non représentatif réalisé<br />
auprès des médecins-assistant(e)s<br />
nouvellement engagés dans notre institut<br />
a montré que cette directive n’était pas<br />
encore mise en œuvre partout. Certaines<br />
sociétés de discipline médicale et établissements<br />
de formation postgraduée sont<br />
plus avancés que d’autres et réalisent déjà<br />
depuis quelque temps les EMiT. D’autres<br />
commencent seulement à s’intéresser au<br />
sujet. Cet article relate les expériences que<br />
nous avons faites lors de l’introduction<br />
dans notre établissement de formation<br />
postgraduée. <strong>No</strong>us aimerions présenter les<br />
éventuelles difficultés pratiques, mais<br />
également les avantages inestimables<br />
qu’offrent ces outils d’évaluation.<br />
Réalisation d’une EMiT<br />
Pour réaliser une EMiT, le médecin-assistant<br />
s’adresse à un médecin-cadre et lui<br />
propose une activité à évaluer 3 . L’évaluation<br />
peut aussi être suggérée par le médecin-cadre.<br />
L’activité doit s’effectuer comme<br />
à l’accoutumée. Il est recommandé que<br />
l’observateur prenne des notes pour avoir<br />
des exemples concrets à disposition pour<br />
le feed-back. Au terme de l’évaluation, il<br />
faut procéder sans attendre à la discussion<br />
dans un lieu tranquille. Cela peut parfois<br />
être difficile à réaliser dans le quotidien<br />
clinique où la pression est constante. Une<br />
possibilité est de convenir d’un entretien<br />
au terme de la journée de travail. Il est<br />
donc d’autant plus important de noter les<br />
points décisifs.<br />
La première étape consiste en une autoévaluation<br />
par le médecin-assistant. Ensuite,<br />
le médecin-cadre évaluateur procède<br />
au feed-back structuré selon les<br />
règles habituelles. Ce faisant, on peut déjà<br />
aborder les divergences entre la perception<br />
de soi et celle de l’évaluateur. Les deux<br />
évaluations sont consignées sous forme de<br />
résumé sur le formulaire.<br />
La dernière étape consiste ensuite à fixer<br />
les prochains objectifs de la formation<br />
postgraduée. Il est important de fixer des<br />
objectifs pouvant être atteints et de les<br />
formuler le plus concrètement possible. De<br />
plus, il faut aussi convenir d’un délai<br />
jusqu’à l’atteinte des objectifs ou la prochaine<br />
évaluation. Ce point est particulièrement<br />
important pour les médecins-assistant(e)s<br />
présentant une courbe d’apprentissage<br />
plate («underperforming<br />
trainees»), aussi bien pour le médecin en<br />
formation que pour le formateur. Cela<br />
permet de les accompagner plus étroitement.<br />
Même si l’évaluation s’effectue par un supérieur<br />
hiérarchique, il est recommandé<br />
d’aborder les problèmes et leurs causes<br />
ainsi que les possibles solutions dans le<br />
cadre d’un dialogue. <strong>No</strong>us sommes également<br />
d’avis qu’il ne faut pas que se focaliser<br />
sur les déficits. Un comportement<br />
particulièrement positif doit aussi être<br />
valorisé et donc consolidé.<br />
Les EMiT dans notre<br />
institut<br />
Dans notre établissement de formation<br />
postgraduée, nous utilisons le DOCE sur la<br />
base du modèle de notre société de discipline<br />
médicale, la Société Suisse d’Anesthésiologie<br />
et de Réanimation SSAR 4 . Dans<br />
l’intervalle, nous avons adapté le formulaire<br />
dont le contenu est assez général pour<br />
certaines activités et aptitudes cliniques.<br />
En parallèle à l’introduction des EMiT, un<br />
cours consacré aux thèmes «Clinical Teaching»<br />
et feed-back structuré 5 a eu lieu<br />
dans notre institut. Par ailleurs, deux de<br />
nos médecins-cadres suivent chaque année<br />
un des ateliers recommandés par<br />
l’ISFM du «Royal College of Physicians» 6<br />
sur les thèmes susmentionnés.<br />
Lors de l’introduction sont apparues certaines<br />
questions relatives aux conditions-cadres.<br />
Qui doit initier le DOCE? Le<br />
DOCE doit-il être annoncé? Durant la<br />
phase initiale, il fallait régulièrement rappeler<br />
aux médecins de procéder aux EMiT,<br />
ce qui a conduit à une répartition inégale<br />
dans le temps des DOCE. Entre-temps, une<br />
certaine régularité a été établie. Comme<br />
tous les médecins-cadres de notre institut<br />
participent à la formation postgraduée des<br />
médecins-assistants, tous procèdent aussi<br />
à des EMiT.<br />
10 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
Dans notre institut, les DOCE sont généralement<br />
réalisés spontanément et sans<br />
préparation dans le quotidien clinique<br />
normal. Il ne s’agit pas d’un examen et ils<br />
ne sont pas perçus ainsi. L’objectif est<br />
d’établir un état des lieux réaliste des performances<br />
cliniques du médecin-assistant.<br />
En principe, nous voulons que les<br />
médecins-assistant(e)s initient leur réalisation.<br />
Ils sont tenus d’effectuer au moins<br />
deux DOCE par semestre d’évaluation. Les<br />
résultats des EMiT sont pris en compte<br />
dans les entretiens d’évaluation semestriels.<br />
Afin de pouvoir contrôler les progrès dans<br />
la formation postgraduée et l’utilisation<br />
correcte des différentes techniques et aptitudes<br />
d’anesthésiologie, nous employons<br />
encore d’autres instruments d’évaluation<br />
en plus des DOCE: les médecins-assistant(e)s<br />
tiennent un carnet d’attestation<br />
dans lequel ils documentent le genre et le<br />
nombre de mesures effectuées. Si un médecin-assistant<br />
ou un médecin-cadre<br />
formateur sont d’avis que le médecin-assistant<br />
présente suffisamment d’assurance<br />
et d’autonomie dans l’activité correspondante,<br />
on procède à un test de validation.<br />
Outre l’activité manuelle à proprement<br />
parler, nous évaluons également le savoir<br />
relatif à l’anatomie, la physiologie et la<br />
pharmacologie ainsi que la gestion du<br />
patient et l’interaction au sein de l’équipe.<br />
Outre l’attestation du nombre minimal de<br />
techniques effectuées, la réussite de l’examen<br />
est une condition pour une activité<br />
autonome sans supervision immédiate<br />
par un médecin-cadre (p. ex. dans une<br />
clinique extérieure).<br />
d’obtenir un rapprochement progressif de<br />
la perception de soi et de celle du formateur<br />
(autoévaluation réaliste dans différentes<br />
situations).<br />
Les médecins-assistant(e)s expérimentés<br />
aussi profitent d’une évaluation des techniques<br />
qu’ils maîtrisent, étant donné qu’il<br />
peut en résulter des recommandations<br />
utiles pour l’optimisation. De plus, elle<br />
permet un échange sur les différentes façons<br />
de procéder. <strong>No</strong>us voulons que les<br />
médecins-assistant(e)s expérimentés analysent<br />
régulièrement leurs actes d’un œil<br />
critique.<br />
Comme déjà indiqué plus haut, les EMiT<br />
permettent un état des lieux et ne représentent<br />
pas une évaluation au sens d’un<br />
examen. C’est pourquoi elles peuvent et<br />
doivent être réalisées sans préavis dans le<br />
cadre du quotidien clinique normal. Cela<br />
signifie aussi qu’elles peuvent être réalisées<br />
par chaque formateur et qu’elles ne<br />
requièrent aucune préparation particulière.<br />
Elles offrent aussi au médecin-assistant<br />
la possibilité d’obtenir une évaluation<br />
réaliste de ses propres forces et faiblesses<br />
et une mise en évidence des possibilités<br />
d’amélioration.<br />
Les évaluations ne doivent pas se limiter<br />
à l’aptitude soumise à l’évaluation, mais<br />
peuvent aussi servir de base pour poser<br />
des questions sur les connaissances théoriques.<br />
Elles permettent également d’évaluer<br />
l’interaction avec le patient. L’évaluation<br />
par les différents formateurs produit<br />
une image globale des capacités et aptitudes<br />
du médecin-assistant. La condition<br />
à cela est l’existence d’un certain consensus<br />
sur la manière dont une activité clinique<br />
définie doit être effectuée correctement.<br />
Les EMiT peuvent améliorer la collaboration<br />
entre le médecin-cadre et le médecin-assistant<br />
du fait que les situations d’enseignement<br />
sont perçues plus consciemment.<br />
Possibilités et avantages<br />
Les EMiT offrent la possibilité de feedback<br />
réguliers, formalisés et structurés<br />
sur les activités observées du médecin-assistant.<br />
Ce faisant, des objectifs d’apprentissage<br />
concrets, élargis sont élaborés et<br />
fixés, ce qui donne un caractère plus<br />
contraignant à la formation postgraduée,<br />
autant pour le médecin-assistant que<br />
pour le médecin formateur. Pour le médecin-assistant,<br />
cela présente l’avantage<br />
que le formateur prend le temps nécessaire<br />
pour une évaluation personnelle et<br />
un feed-back détaillé.<br />
Un point décisif concerne la possibilité de<br />
l’autoévaluation par le médecin-assistant<br />
et la discussion de divergences dans la<br />
perception par l’observateur. L’objectif est<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
11
FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
Pour le responsable de l’établissement de<br />
formation postgraduée, la somme des observations<br />
génère une image globale avec<br />
différentes facettes qui présente l’avantage<br />
que les évaluations sont effectuées par<br />
différents formateurs. De plus, l’état de la<br />
formation postgraduée est consigné formellement.<br />
Le médecin-assistant voit noir<br />
sur blanc où il en est.<br />
Risques et faiblesses<br />
Le manque d’acceptation de la part des<br />
personnes concernées peut représenter un<br />
risque. En effet, le formulaire pourrait être<br />
considéré comme un élément supplémentaire<br />
d’une bureaucratisation accrue de<br />
notre profession et être traité en minimisant<br />
la charge de travail. Les objectifs d’apprentissage<br />
et les progrès du médecin-assistant<br />
ne seraient alors pas abordés sérieusement.<br />
Les médecins-assistant(e)s de<br />
notre institut estiment que cela ne représente<br />
qu’un faible danger, étant donné que<br />
la charge administrative reste modeste.<br />
Suivant l’aménagement du formulaire, les<br />
aptitudes techniques sont surévaluées, vu<br />
que celles-ci peuvent généralement être<br />
plus facilement observées et évaluées. <strong>No</strong>tamment<br />
dans des situations ou activités<br />
complexes, l’effet d’apprentissage est souvent<br />
plus grand.<br />
Une EMiT représente un instantané lors<br />
duquel la performance peut être influencée<br />
par différents facteurs. Cela peut éventuellement<br />
avoir pour conséquence qu’elle<br />
ne reflète pas la performance maximale.<br />
Comme les sujets sont choisis au hasard,<br />
il n’existe pas de curriculum à proprement<br />
dit avec des objectifs clairement définis<br />
qui sont ensuite contrôlés. On ne peut<br />
donc pas en déduire directement une<br />
courbe d’apprentissage.<br />
Les capacités évaluées peuvent en partie<br />
être influencées de façon sélective par le<br />
médecin-assistant, si ce dernier demande<br />
à un médecin-cadre avec lequel il entretient<br />
de bonnes relations de procéder à<br />
l’évaluation. Cela peut être évité par le fait<br />
que les médecins-cadres initient aussi les<br />
EMiT.<br />
Les EMiT par différents formateurs<br />
peuvent produire des résultats différents<br />
pour le même médecin-assistant, s’il n’est<br />
pas clairement défini selon quels critères<br />
l’évaluation doit s’effectuer, respectivement<br />
ce que l’on peut attendre du médecin-assistant<br />
en fonction du niveau auquel<br />
celui-ci se trouve.<br />
Si les formateurs manquent d’expérience<br />
pour donner des feed-back, cela peut aussi<br />
présenter des difficultés. Ce problème ne<br />
se pose pas seulement pour les évaluations<br />
en milieu de travail, mais apparaîtra plus<br />
facilement lors de la réalisation de cellesci.<br />
L’on répond à cette difficulté par une<br />
formation accrue des médecins-cadres<br />
actifs dans la formation postgraduée dans<br />
le domaine de l’enseignement clinique.<br />
Le fait d’être contraint de respecter un<br />
certain horaire (p. ex. programme des<br />
interventions chirurgicales) peut entraver<br />
la réalisation d’une EMiT, par exemple<br />
parce que la répétition d’une intervention<br />
ratée s’accompagnerait de retards et<br />
qu’elle doit donc être effectuée par le médecin-cadre<br />
chargé de l’évaluation. La<br />
discussion immédiatement après l’évaluation<br />
n’est pas non plus toujours possible.<br />
En particulier chez les médecins-assistants<br />
expérimentés, on peut envisager<br />
d’étendre la période d’évaluation à un<br />
intervalle plus large (p. ex. plusieurs interventions<br />
le même jour ou séquence de<br />
plusieurs services de nuit). L’évaluation ne<br />
porte alors pas seulement sur les aptitudes<br />
techniques, mais également sur la performance<br />
globale comprenant l’interaction<br />
avec le patient, l’organisation du travail et<br />
le travail d’équipe. En particulier pour les<br />
«<strong>No</strong>n Technical Skills», cette manière de<br />
procéder convient mieux que p. ex. l’accompagnement<br />
d’un seul entretien d’information<br />
au chevet du patient.<br />
Conclusion<br />
Pour résumer, on peut dire que les avantages<br />
des EMiT sont incontestés, ce qui<br />
explique l’accueil favorable dont elles bénéficient<br />
auprès des formateurs et des<br />
médecins en formation. Les EMiT contribuent<br />
à établir une culture d’apprentissage<br />
lors de laquelle on ne procède pas<br />
seulement à l’évaluation du travail clinique<br />
des médecins en formation, mais<br />
où l’on fournit aussi un feed-back ciblé.<br />
Parallèlement, la perception du médecin-assistant<br />
est intégrée dans l’évaluation<br />
par l’autoévaluation, et les objectifs de<br />
formation postgraduée suivants sont définis.<br />
Il est important de consigner par écrit<br />
et de façon structurée, à l’aide des EMiT,<br />
les observations (évaluation de soi et par<br />
le formateur), le potentiel du médecin en<br />
formation et les futurs objectifs d’apprentissage.<br />
L’instrument conserve ainsi sa<br />
valeur et son acceptation.<br />
Bien que la réalisation structurée et la<br />
documentation écrite des EMiT représente<br />
aujourd’hui une contribution importante<br />
pour l’évaluation des collaborateurs par le<br />
responsable de l’établissement de formation<br />
postgraduée, il serait souhaitable, à<br />
long terme, que l’importance des EMiT, en<br />
tant qu’instrument d’évaluation formel,<br />
passe au second plan. L’objectif devrait<br />
être de contribuer à une évolution de la<br />
culture d’enseignement et d’apprentissage<br />
dans les hôpitaux suisses par la mise en<br />
place de cet échange constructif régulier<br />
entre les médecins-cadres et les médecins-assistant(e)s.<br />
■<br />
1 http://www.jrcptb.org.uk/assessment/<br />
workplace-based-assessment<br />
2 http://www.fmh.ch/fr/formation-isfm/<br />
formation-postgraduee/pour-candidatsspecialiste/evaluation-lieu-travail.html<br />
3 Dans notre discipline, p. ex. pour réaliser une<br />
anesthésie spinale, une anesthésie générale,<br />
poser un cathéter veineux central, mais également<br />
pour tenir un entretien d’information<br />
ou une formation continue interne.<br />
4 http://www.sgar-ssar.ch/fileadmin/user_<br />
upload/Dokumente/Weiterbildung/DOCE_<br />
V2.4.2014.pdf<br />
5 http://sfdc.stanford.edu/clinical_teaching.<br />
html<br />
6 http://www.fmh.ch/files/pdf16/Workshop-<br />
Broschuere_Apr-Sep_<strong>2015</strong>.pdf (exemple)<br />
12 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
Le principal en un clin D'ŒIL<br />
Du frigo au logbook électronique<br />
La femme d’un cousin a dernièrement<br />
entamé sa formation médicale postgraduée<br />
à Sulawesi (Indonésie). Pour obtenir<br />
un poste d’assistante en dermatologie, elle<br />
a quitté Surabaya et travaille maintenant<br />
à 800 kilomètres de chez elle à XY. En<br />
Indonésie aussi, les postes en dermatologie<br />
semblent être très prisés.<br />
Voilà pour ce qui en est des points communs<br />
entre l’Indonésie et la Suisse. Les<br />
conditions de travail par contre ne pourraient<br />
pas être plus différentes. Elle ne<br />
touche pas de salaire pour son travail. Au<br />
contraire, pour pouvoir travailler dans la<br />
clinique, elle doit s’acquitter d’un montant<br />
important. Ses tâches essentielles consistent<br />
à s’assurer que le frigo soit toujours bien<br />
rempli, que les abonnements de téléphonie<br />
mobile des médecins plus âgés soient payés<br />
et que les petits travaux (photocopies ou<br />
même cadeaux pour les proches) soient<br />
réglés. Les heures de présence sont nombreuses<br />
et les vacances ne sont pas prévues.<br />
Celles et ceux qui espèrent profiter dans<br />
de telles conditions d’une activité clinique<br />
intéressante durant leur première année<br />
d’assistanat, de nombreux contacts avec<br />
les patients et d’un bon enseignement seront<br />
hélas déçus. La jeune médecin-assistante<br />
n’a encore jamais entendu parler<br />
d’un logbook électronique ou d’évaluations<br />
en milieu de travail.<br />
Une bonne formation postgraduée est un<br />
investissement dans l’avenir et ne génère<br />
aucun bénéfice direct. Les expériences en<br />
Indonésie montrent que même des postes<br />
d’assistants aussi peu attractifs sont très<br />
prisés. <strong>No</strong>tamment les perspectives économiques<br />
intéressantes à long terme – un<br />
bon salaire pour les médecins, mais aussi<br />
des prix élevés pour les patients – dépassent<br />
les frais d’investissements du médecin.<br />
Au final, ce sont donc les patients<br />
qui prendront en charge les frais douteux<br />
de ce poste de formation postgraduée – un<br />
fait d’autant plus surprenant que la compétence<br />
technique principalement financée<br />
par les patients n’est pas enseignée<br />
pendant les premières années.<br />
Cet exemple montre de façon un peu exagérée<br />
que la formation postgraduée doit<br />
souvent être sacrifiée au bénéfice d’autres<br />
intérêts. Même si de telles conditions ne<br />
font plus partie du quotidien en Suisse,<br />
nous n’en sommes pas encore arrivés à un<br />
stade où la formation médicale postgraduée<br />
de qualité va de soi.<br />
Trop souvent, la formation postgraduée se<br />
trouve en concurrence avec d’autres intérêts.<br />
Même si ce n’est pas le frigo vide qui<br />
provoque les plus fortes pressions, ce sont<br />
malgré tout les contraintes économiques<br />
à court terme qui empêchent de prendre<br />
conscience de la nécessité d’investir à long<br />
terme dans une formation postgraduée de<br />
qualité. L’introduction, que nous espérons<br />
prochaine, de contributions cantonales à<br />
la formation médicale postgraduée dans<br />
toute la Suisse permettra probablement de<br />
désamorcer la situation.<br />
En comparaison internationale, la formation<br />
médicale postgraduée en Suisse peut<br />
être considérée comme très bonne. Cela ne<br />
nous libère cependant pas de l’obligation<br />
d’assurer et d’améliorer la qualité de la formation<br />
postgraduée. Un espace suffisant<br />
doit être accordé à la formation postgraduée<br />
dans les hôpitaux. Ce faisant, il n’y a pas<br />
que les médecins formateurs qui doivent<br />
contribuer au maintien de la formation<br />
postgraduée à un bon niveau, mais également<br />
les médecins en formation. ■<br />
Ryan Tandjung, vice-président<br />
de l’<strong>ASMAC</strong>, responsable du ressort<br />
formation postgraduée<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
13
FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
A B C D E F ...<br />
a b c d e f ...<br />
APPRENDRE À LIRE<br />
Une question de confiance<br />
Lukas Staub, membre de la rédaction du Journal <strong>ASMAC</strong><br />
Le principal résultat des études cliniques<br />
est normalement l’estimation ponctuelle<br />
de l’effet, p. ex. de l’effet thérapeutique<br />
dans une étude clinique. Il s’agit de<br />
la meilleure estimation possible, fondée<br />
sur les données de l’étude, de la véritable<br />
ampleur de l’effet. Mais comme il ne s’agit<br />
que d’une estimation, il est peu probable<br />
que l’estimation ponctuelle corresponde<br />
exactement à la vraie valeur de l’effet. Si<br />
nous pouvions nous permettre le luxe de<br />
répéter plusieurs fois la même étude, nous<br />
obtiendrions chaque fois un résultat un<br />
peu différent en raison des variations aléatoires.<br />
Vu que nous ne pouvons généralement<br />
réaliser une étude qu’une seule fois,<br />
nous avons besoin d’une valeur supplémentaire<br />
nous indiquant la précision<br />
statistique de l’estimation ponctuelle.<br />
La précision de l’estimation ponctuelle<br />
observée est exprimée par l’intervalle<br />
de confiance. Généralement, il s’agit d’un<br />
intervalle de confiance de 95% qui est interprété<br />
comme suit: si l’étude est non<br />
biaisée, la probabilité que l’intervalle inclue<br />
la vraie valeur de l’effet s’élève à 95%.<br />
Plus l’intervalle de confiance est étroit,<br />
plus nous sommes sûrs en ce qui concerne<br />
la vraie valeur de l’effet. La vraie valeur se<br />
situe très probablement à proximité de<br />
l’estimation ponctuelle. Il est moins probable<br />
qu’elle se situe aux bords de<br />
l’intervalle. Dans seulement 5 cas sur 100,<br />
il faudrait s’attendre à un vrai effet en<br />
dehors de l’intervalle de confiance. ■<br />
14 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
Une Rose pour Genève<br />
L’<strong>ASMAC</strong> récompense le Service de médecine de premier recours des Hôpitaux Universitaires de<br />
Genève avec la Rose d’hôpital 2014. Les délégués du Comité central en avaient décidé ainsi le printemps<br />
dernier. Fin août, la remise solennelle s’est déroulée en présence du Prof. Jean-Michel Gaspoz.<br />
Lisa Loretan Krummen, assistante de projets politiques et communication <strong>ASMAC</strong>. Photos: Michel Perret, Perret Photos<br />
en cas de temps partiel (et inscrit dans<br />
l’horaire de service).<br />
• Le travail à temps partiel est également<br />
possible avant l’obtention du titre FMH,<br />
avec garantie de formation postgraduée<br />
pour obtenir le titre FMH.<br />
• Les médecins peuvent faire appel à un<br />
coaching pour éviter le burnout: cette<br />
consultation confidentielle est proposée<br />
par un psychiatre qui se rend régulièrement<br />
dans le service, sur demande du<br />
médecin-chef.<br />
• Le calendrier des consultations prévoit<br />
des pauses avec pour objectif de structurer<br />
et d’alléger les journées de travail.<br />
• Il existe un groupe de travail «esprit du<br />
service» dont le but est de renforcer le<br />
sentiment d’appartenance au service et<br />
la bonne ambiance.<br />
• Un autre groupe de travail composé de<br />
médecins-assistant(e)s, chef(fe)s de<br />
clinique et médecins adjoints travaille<br />
sur les points critiqués dans le cadre de<br />
l’évaluation de l’ISFM.<br />
• Pour que les employés puissent participer<br />
à des projets internes dans les domaines<br />
de la recherche, de l’enseignement,<br />
de la qualité, etc., des heures<br />
additionnelles sont mises à leur disposition<br />
et il existe un fonds interne au<br />
service pour motiver les médecins-assistant(e)s,<br />
chef(fe)s de clinique et médecins<br />
adjoints à développer des projets<br />
de recherche.<br />
• Un groupe de travail interdisciplinaire<br />
travaille à l’amélioration des problèmes<br />
identifiés lors de l’enquête de satisfaction<br />
interne, en y incluant les ressources<br />
humaines.<br />
(de gauche à droite) Christophe Fehlmann, président de l’<strong>ASMAC</strong> Genève,<br />
Prof. Jean-Michel Gaspoz (Hôpitaux Universitaires de Genève), Nico van der Heiden,<br />
directeur adjoint de l’<strong>ASMAC</strong>/responsable politique et communication<br />
Déjà pour la deuxième fois, l’<strong>ASMAC</strong> a<br />
pu récompenser un hôpital ou une clinique<br />
pour des initiatives exceptionnelles.<br />
Après la remise du prix de l’année<br />
dernière à l’Hôpital cantonal de St-Gall<br />
pour son engagement dans le domaine<br />
de la formation médicale postgraduée,<br />
le Comité central a décidé, lors de sa<br />
séance de printemps, de récompenser le<br />
Service de médecine de premier recours<br />
des Hôpitaux Universitaires de Genève<br />
avec la Rose d’hôpital pour ses initiatives<br />
dans le domaine des conditions de travail.<br />
La clinique a initié et mis en œuvre, sous<br />
la conduite du Prof. Jean-Michel Gaspoz,<br />
de nombreux projets pour améliorer les<br />
conditions de travail des médecins-assistant(e)s<br />
et chef(e)s de clinique.<br />
• Un engagement à temps partiel est explicitement<br />
soutenu, les employés choisissent<br />
un taux d’occupation entre 50 et<br />
100%.<br />
• Le temps hebdomadaire réservé pour la<br />
formation postgraduée n’est pas réduit<br />
Christophe Fehlmann, président de l’AS-<br />
MAC Genève, a fait l’éloge de ces points<br />
dans son discours. L’<strong>ASMAC</strong> espère que ces<br />
exemples feront école ailleurs. Dans son<br />
allocution, Jean-Michel Gaspoz a chaleureusement<br />
remercié l’<strong>ASMAC</strong> pour la récompense.<br />
On a bien senti qu’il attache<br />
une grande importance aux revendications<br />
et besoins des jeunes médecins.<br />
L’augmentation du nombre de burnouts<br />
chez les médecins-assistant(e)s lui cause<br />
actuellement de grands soucis. De plus, il<br />
s’est dit convaincu qu’une bonne formation<br />
postgraduée était aussi possible avec<br />
un engagement à temps partiel. ■<br />
<strong>No</strong>mination pour<br />
la Rose d’hôpital<br />
<strong>ASMAC</strong><br />
La Rose d’hôpital est normalement<br />
décernée une fois par année à un hôpital,<br />
une clinique ou un établissement<br />
de formation postgraduée qui contribue,<br />
par un projet ou des initiatives<br />
particulières, à l’amélioration des<br />
conditions de travail des médecins ou<br />
de leur formation postgraduée. Les<br />
sections de l’<strong>ASMAC</strong> peuvent nominer<br />
les projets qu’ils considèrent comme<br />
dignes de récompense. Le Comité central<br />
décide ensuite au printemps de la<br />
remise de la Rose d’hôpital.<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
15
FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
Mettre de l’ordre et apporter<br />
un soutien<br />
L’<strong>ASMAC</strong> a introduit une nouvelle prestation en 2013: le coaching. Le Bureau UND apporte des<br />
conseils pour les questions concernant la compatibilité entre vie de famille et vie professionnelle. La<br />
conseillère et spécialiste en ressources humaines Sandra Zurbuchen Eichenberger tente d’éclaircir<br />
la situation avec les personnes concernées et de mobiliser des forces supposées perdues. Elle tire un<br />
premier bilan et recommande de revoir le profil de la profession.<br />
Simone Burkhard Schneider, juriste à l’état-major / directrice adjointe <strong>ASMAC</strong>, s’est entretenue avec Sandra Zurbuchen Eichenberger,<br />
spécialiste en ressources humaines et conseillère du Bureau UND<br />
Depuis environ deux ans, vous<br />
proposez des coachings sur<br />
mandat de l’<strong>ASMAC</strong>. Quel est le<br />
profil moyen des personnes qui<br />
demandent conseil?<br />
Sandra Zurbuchen Eichenberger:<br />
Il s’agit d’une femme, probablement âgée<br />
entre 35 et 45 ans. Les trois quarts des<br />
personnes qui demandent conseil sont des<br />
femmes. Bien que l’éventail des âges<br />
s’étende de 28 à 50 ans, la majorité est<br />
âgée de 35 à 45 ans. Du point de vue des<br />
fonctions exercées, on peut distinguer<br />
deux groupes de taille similaire: une moitié<br />
sont des médecins-assistant(e)s, l’autre<br />
moitié des chef(fe)s de clinique ou médecins<br />
adjoint(e)s.<br />
Comme se déroule un coaching<br />
dans la pratique?<br />
Les personnes intéressées peuvent contacter<br />
le Bureau UND par courriel ou téléphone.<br />
Les conseillères et conseillers se<br />
renseignent ensuite sur les problèmes<br />
concrets et conviennent d’un rendez-vous<br />
pour un entretien téléphonique. Les<br />
conseillers se préparent sur la base des<br />
premières informations récoltées. De plus,<br />
ils répondent aux questions concernant le<br />
déroulement du coaching.<br />
Partant des problèmes avancés, une manière<br />
de procéder et des solutions envisageables<br />
sont recherchées ensemble lors de<br />
l’entretien convenu. Si la personne demandant<br />
conseil a choisi de poursuivre sa<br />
démarche et que les questions ont été<br />
éclaircies, le premier conseil gratuit est<br />
terminé. Au besoin, les personnes intéressées<br />
peuvent s’inscrire chez nous pour un<br />
coaching plus poussé. Quatre à six semaines<br />
après le conseil, nous envoyons<br />
une demande de feed-back à la personne<br />
qui a fait appel à notre conseil.<br />
Quels sont les thèmes<br />
principalement abordés<br />
lors du coaching?<br />
Pour les médecins qui ont des enfants ou<br />
des proches nécessitant des soins, le travail<br />
quotidien à l’hôpital représente un grand<br />
défi. Les questions portent donc souvent<br />
sur la manière de mieux accorder les obligations<br />
privées avec la flexibilité exigée<br />
par l’employeur concernant les horaires<br />
de service, les remplacements pour les<br />
vacances, les incertitudes quant à la durée<br />
Feedback-Pool<br />
Une contribution modeste, mais<br />
utile pour une formation<br />
post-graduée et continue de<br />
bonne qualité<br />
Pour une activité ayant trait à la formation médicale postgraduée<br />
et continue, il est très utile de pouvoir sonder régulièrement<br />
l’avis des membres sur un sujet précis. C’est pour ça que<br />
le Feedback-Pool a été mis en place. Faites partie et permettez<br />
à l’<strong>ASMAC</strong> d’élargir quelque peu son horizon dans le ressort<br />
Formation postgraduée et d’appuyer plus largement ses réflexions.<br />
Plus d’informations sur www.asmac.ch et inscription par<br />
e-mail à l’adresse bertschi@asmac.ch<br />
Ton expérience compte!<br />
Les visites sont un instrument pour vérifier et garantir la qualité<br />
de la formation postgraduée dans les établissements de<br />
formation postgraduée. Une équipe de visiteurs composée de<br />
représentants de l’ISFM, de la société de discipline médicale<br />
correspondante et de l’<strong>ASMAC</strong>, visitent une clinique; le concept<br />
et les conditions de formation postgraduée peuvent ainsi être<br />
vérifiés sur place. L’objectif est de détecter et de mettre à profit<br />
les éventuels potentiels d’amélioration, le tout dans le sens<br />
d’un feed-back constructif et positif.<br />
Les médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique qui souhaitent<br />
accompagner des visites pour l’<strong>ASMAC</strong> sont priés de<br />
s’annoncer chez Béatrice Bertschi, notre gestionnaire pour la<br />
formation postgraduée et les visites à l’<strong>ASMAC</strong> (bertschi@<br />
asmac.ch).<br />
16 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
FORMATION POSTGRADUÉE / CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
d’un service, etc. Les attentes liées au profil<br />
de la profession et la vision des supérieurs<br />
hiérarchiques sont souvent un sujet<br />
de discussion. D’autres questions<br />
concernent les informations relatives aux<br />
cliniques ou hôpitaux menant une politique<br />
favorable à la famille. Celles-ci sont<br />
en premier lieu posées par les personnes<br />
à la recherche d’un emploi qui veulent se<br />
positionner sur le marché du travail. Les<br />
négociations et les méthodes d’entretien<br />
avec les supérieurs hiérarchiques sont<br />
discutées. Par exemple lorsqu’une femme<br />
médecin veut continuer de travailler à<br />
temps partiel après la naissance de son<br />
deuxième enfant et qu’elle rencontre certaines<br />
résistances auprès de son supérieur<br />
hiérarchique. Il s’agit toujours de conflits<br />
concrets avec les supérieurs hiérarchiques<br />
ou dans le domaine relationnel privé.<br />
Les médecins se distinguent-ils<br />
des autres professions?<br />
<strong>No</strong>us observons une forte identification<br />
avec leur activité et la profession à proprement<br />
parler, une grande capacité de réflexion<br />
ainsi que des compétences intellectuelles<br />
et émotionnelles. Parmi cellesci<br />
figurent la vivacité d’esprit et la capacité<br />
d’en venir rapidement à l’essentiel. Une<br />
autre caractéristique est une grande disposition<br />
à s’investir. Le profil de la profession<br />
est fortement orienté sur la performance<br />
avec une faible considération pour<br />
les propres limites et une capacité de résistance<br />
très élevée.<br />
Vous demandez des feed-back.<br />
Comment se présentent-ils?<br />
Les personnes qui font appel à un coaching<br />
se trouvent généralement dans une<br />
situation difficile. D’une part, il est important<br />
de les encourager et de leur permettre<br />
de regagner une certaine confiance en<br />
elles-mêmes. D’autre part, elles apprécient<br />
la possibilité de pouvoir réfléchir à leur<br />
propre situation et d’obtenir une évaluation<br />
par un spécialiste. Souvent, les personnes<br />
concernées nous disent à quel<br />
point il est important de pouvoir se rendre<br />
à un entretien avec une confiance renouvelée<br />
et de ne pas se laisser intimider, ou<br />
de ne pas faire preuve d’une reconnaissance<br />
exagérée lorsque le vis-à-vis tient<br />
compte des besoins exprimés.<br />
Dans les feed-back, les personnes conseillées<br />
indiquent aussi qu’elles sont parvenues<br />
à résoudre des blocages et à fixer plus<br />
clairement des priorités. Cela leur permet<br />
de prendre des décisions autonomes et<br />
d’investir l’énergie libérée dans la profession<br />
et la famille. Beaucoup de personnes<br />
nous disent avoir redécouvert leurs ressources<br />
et leur potentiel après le coaching.<br />
Qu’est-ce qui doit se passer du<br />
côté des employeurs pour que<br />
le coaching devienne superflu?<br />
Les directions des hôpitaux doivent développer<br />
une nouvelle compréhension pour<br />
les besoins des collaborateurs du XXI e<br />
siècle. Les mesures durables et réitérées<br />
pour encourager une culture du leadership<br />
favorable à la famille dans l’entreprise<br />
sont indispensables. Il est essentiel<br />
que le plus grand nombre possible de<br />
personnes impliquées se sentent responsables<br />
de ce sujet. Il est indispensable de<br />
former, de soutenir et d’engager la responsabilité<br />
des cadres. Un contrôle spécifique<br />
qui mesure les répercussions des dispositions<br />
et permet de définir d’autres agencements<br />
sur la base des résultats est également<br />
utile. En outre, il faut revoir les<br />
structures et déroulements. Les personnes<br />
concernées doivent être impliquées dans<br />
la recherche de solutions viables, p. ex.<br />
pour la planification des services. Finalement,<br />
il faudrait aussi remettre en question<br />
le profil de la profession. Aujourd’hui,<br />
il faut des «teamplayers» compétents et<br />
non plus des demi-dieux en blanc omniprésents.<br />
■<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
17
<strong>ASMAC</strong><br />
SECTION BERNE<br />
Financement de<br />
la formation<br />
postgraduée<br />
Une procédure de consultation est actuellement<br />
en cours pour savoir si le canton<br />
de Berne doit adhérer à la convention sur<br />
le financement de la formation postgraduée<br />
CFFP ou non. La CFFP fixe la contribution<br />
minimale des cantons (actuellement<br />
CHF 15 000.–) à leurs hôpitaux à<br />
titre de participation aux coûts de la formation<br />
médicale postgraduée structurée.<br />
Elle règle également la compensation des<br />
différences de charges entre les cantons.<br />
L’<strong>ASMAC</strong> Berne approuve l’adhésion à la<br />
CFFP, bien qu’elle ne corresponde plus au<br />
modèle initial élaboré par le groupe thématique<br />
«Financement de la formation<br />
médicale postgraduée» de l’OFSP auquel<br />
avait collaboré l’<strong>ASMAC</strong>. En effet, l’ensemble<br />
des exigences qualitatives pour le<br />
versement des contributions ont été supprimées.<br />
Dans le contexte budgétaire difficile<br />
du financement des hôpitaux en<br />
vigueur, ce n’est pas seulement le nombre<br />
des postes de formation postgraduée qui<br />
est mis en péril, mais également les prestations<br />
de formation postgraduée des hôpitaux.<br />
<strong>No</strong>us estimons donc que les exigences<br />
qualitatives du modèle initial sont<br />
essentielles pour éviter que l’on engage un<br />
nombre de médecins-assistant(e)s plus<br />
grand que ce que le permettrait la capacité<br />
de formation postgraduée de l’établissement<br />
ou le nombre de cas. Par ailleurs,<br />
il s’agissait de garantir que les fonds soient<br />
affectés à un but spécifique. <strong>No</strong>tre prise de<br />
position avec les propositions correspondantes<br />
peut être consultée sur notre site<br />
web (www.vsao-bern.ch).<br />
Externalisation<br />
de la psychiatrie<br />
Comme chacun sait, il est prévu de détacher<br />
les trois cliniques psychiatriques<br />
cantonales SPU, PZM (Münsingen) et<br />
SPJBB (Bellelay) de l’administration cantonale<br />
au 1er janvier 2017. C’est une tâche<br />
colossale, car il s’agit de résoudre de nombreuses<br />
questions par exemple concernant<br />
l’utilisation des bâtiments, la capitalisation,<br />
la caisse de pension, le droit du personnel,<br />
l’informatique, etc. Il a déjà été<br />
décidé que les trois cliniques rejoindront<br />
la CCT existante (Convention collective de<br />
travail pour le personnel des hôpitaux<br />
bernois). Les associations du personnel<br />
négocient actuellement<br />
avec les cliniques et les cantons<br />
les conditions d’affiliation et de<br />
transition. D’après la CCT, il est garanti<br />
que les éventuelles conditions plus favorables<br />
de l’ancien droit du personnel continuent<br />
de s’appliquer durant au moins<br />
douze mois. En 2017, ce sera donc la solution<br />
plus favorable au personnel qui s’appliquera.<br />
En août, le Conseil-exécutif a par ailleurs<br />
communiqué que des économies de 34<br />
millions de francs devaient être réalisées<br />
dans le cadre de l’autonomisation des cliniques<br />
psychiatriques, estimant que ce<br />
n’était que de cette façon que des comptes<br />
équilibrés pouvaient être atteints après la<br />
privatisation.<br />
L’<strong>ASMAC</strong> Berne et les autres associations<br />
du personnel concernées<br />
s’opposent à ces économies qui se<br />
feront avant tout au détriment du<br />
personnel et qui mettent en péril<br />
l’approvisionnement en soins.<br />
Suppléments<br />
pour travail de<br />
nuit et du<br />
week-end SPU,<br />
PZM, SPJBB<br />
D’après le droit du personnel cantonal qui<br />
s’applique dans les cliniques psychiatriques<br />
SPU, PZM et SPJBB, un supplément<br />
pour le travail de nuit et du weekend<br />
de 5 francs de l’heure doit être versé<br />
jusqu’à la classe de traitement 23 depuis<br />
le 1er janvier <strong>2015</strong> (auparavant jusqu’à la<br />
classe de traitement 18). Ce supplément<br />
n’est hélas pas versé aux médecins-assistant(e)s<br />
avec pour motif qu’ils sont,<br />
contrairement aux autres professions,<br />
soumis à la loi sur le travail. <strong>No</strong>us<br />
sommes d’avis que cette argumentation<br />
est indéfendable:<br />
• La loi sur le travail règle la protection<br />
des travailleurs et ne définit donc que<br />
des normes minimales. Elle ne remplace<br />
en aucun cas des dispositions<br />
contractuelles ou le droit du personnel.<br />
• L’ordonnance sur les rapports de travail<br />
des médecins-assistants et médecins-assistantes<br />
ainsi que les chefs et cheffes de<br />
clinique dans les cliniques psychiatriques<br />
cantonales (OTACP) stipule que<br />
les rapports de travail sont régis par la loi<br />
cantonale sur le personnel et l’ordonnance<br />
cantonale sur le personnel, pour<br />
autant que l’ordonnance n’en dispose<br />
autrement. De plus, les dispositions de la<br />
loi sur le travail ne s’appliquent clairement<br />
qu’à titre subsidiaire, si l’on considère<br />
la formulation de l’ordonnance.<br />
• Lors de l’élaboration de l’OTACP, les<br />
suppléments pour travail de nuit et du<br />
week-end n’étaient accordés que jusqu’à<br />
la classe de traitement 18. Il n’y avait<br />
donc pas lieu de régler ce point dans la<br />
législation particulière.<br />
• Cette question est actuellement examinée<br />
par le service juridique de la Direction<br />
de la santé publique et de la prévoyance<br />
sociale. Si cette procédure ne<br />
devait pas aboutir à une solution satisfaisante,<br />
il faudrait qu’un tribunal statue<br />
sur cette question. Les personnes<br />
concernées peuvent nous contacter.<br />
CCT 18<br />
Les négociations relatives à une nouvelle<br />
convention collective de travail pour les<br />
hôpitaux censée s’appliquer à tous les hôpitaux<br />
publics du canton de Berne ont<br />
commencé. Les désirs et suggestions de<br />
nos membres sont les bienvenus. ■<br />
Rosmarie Glauser,<br />
directrice de la section Berne<br />
Bon à savoir<br />
<strong>No</strong>s clips «Travailler à l’hôpital» apportent<br />
une aide pour de nombreuses<br />
questions relevant du droit du travail.<br />
Vous les trouverez sur notre site web<br />
www.vsao-bern.ch. La rubrique «Bon<br />
à savoir» fournit également des renseignements<br />
utiles (en allemand).<br />
18 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
<strong>ASMAC</strong><br />
Sandra P. Leemann, juriste des sections Argovie,<br />
Soleure, St-Gall-Appenzell, Thurgovie et Suisse<br />
centrale<br />
Je suis médecin-assistant<br />
dans un hôpital cantonal<br />
et père de deux enfants en<br />
âge de scolarité. En raison<br />
de mes obligations familiales,<br />
je dois connaître<br />
mon horaire de service le<br />
plus tôt possible. La loi<br />
prévoit-elle des dispositions<br />
en ce qui concerne l’obligation<br />
de l’employeur de<br />
communiquer l’horaire de<br />
service à l’avance?<br />
Les problèmes rencontrés lors de la planification<br />
des services et les changements<br />
à brève échéance sont une source de<br />
contrariétés répandue. En principe, la loi<br />
sur le travail stipule que les travailleurs<br />
doivent être informés suffisamment tôt,<br />
en règle générale deux semaines au plus<br />
tard avant une intervention prévue, du<br />
nouvel horaire de service (art. 69 al. 1<br />
OLT 1 en relation avec l’art. 47 al. 1 LTr).<br />
Ce délai ne peut pas être réduit sans motif<br />
valable. Il doit permettre aux travailleurs<br />
de planifier leur temps en fonction<br />
de la famille, du travail et des loisirs.<br />
Autrement dit, plus tôt sera le mieux.<br />
La loi va cependant encore plus loin. Ainsi,<br />
les travailleurs doivent être entendus<br />
lors de la planification et de la modification<br />
des horaires de travail (art. 69 OLT 2<br />
en relation avec l’art. 48 LTr). Certes,<br />
l’employeur n’a pas l’obligation de tenir<br />
compte des propositions de ses employés.<br />
Il ne suffit cependant pas de seulement<br />
prendre connaissance des désirs des employés<br />
concernés. Il doit concrètement en<br />
discuter et justifier son refus.<br />
Les employés avec obligations familiales<br />
sont spécialement mentionnés dans la<br />
loi. L’employeur a des obligations particulières<br />
envers eux concernant la fixation<br />
de la durée du travail et du repos<br />
(art. 46 let. d OLT 1). Parmi les obligations<br />
familiales comptent l’éducation et<br />
la prise en charge d’enfants mineurs<br />
jusqu’à l’âge de 15 ans révolus ainsi que<br />
la prise en charge de proches nécessitant<br />
des soins ou d’autres personnes proches.<br />
D’après la loi, les employés avec obligations<br />
familiales ne peuvent être sollicités<br />
pour du travail supplémentaire qu’avec<br />
leur accord. Vous avez donc le droit de<br />
refuser le travail supplémentaire. Si l’horaire<br />
de service doit être modifié à brève<br />
échéance par nécessité (p. ex. accidents,<br />
maladies), les employés avec obligations<br />
familiales ne peuvent être sollicités que<br />
s’ils donnent expressément leur accord<br />
et qu’aucune alternative valable n’est<br />
envisageable. De plus, il faut leur accorder,<br />
sur demande, une pause de midi<br />
d’au moins 1½ heure.<br />
A brève échéance, l’horaire de service ne<br />
peut être modifié que pour des raisons<br />
impérieuses. Il s’agit de raisons impérieuses<br />
lorsque du travail supplémentaire<br />
doit être ordonnée de façon imprévue<br />
dans des cas urgents (art. 12 LTr, 25 et<br />
26 OLT 1).<br />
Voilà ce que l’on peut dire sur le plan légal.<br />
La réalité quotidienne est hélas souvent<br />
différente. Le sujet a donc été repris<br />
par la politique: en mars de cette année,<br />
le conseiller national Jacques-André<br />
Maire a déposé la motion «Annonce des<br />
horaires de travail. Relèvement du délai<br />
à quatre semaines». Il n’a hélas pas été<br />
entendu par ses collègues. Ils ont rejeté la<br />
motion le 19 juin <strong>2015</strong>.<br />
Pour répondre aux problèmes dans le<br />
domaine de la planification des services,<br />
l’<strong>ASMAC</strong> met différents instruments à<br />
disposition des hôpitaux et de leurs responsables<br />
(forum pour la planification<br />
des services, conseils sur place). Dans<br />
votre cas, nous vous recommandons de<br />
contrôler dans un premier temps si les<br />
prescriptions légales minimales (deux<br />
semaines à l’avance, prise en compte des<br />
employés, prise en compte des employés<br />
avec obligations familiales) sont respectées.<br />
Si ce n’est pas le cas, adressez-vous<br />
à votre planificateur des services ou à<br />
votre supérieur hiérarchique ou au<br />
conseil juridique de votre section. ■<br />
Nr. 5 o <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
19
<strong>ASMAC</strong><br />
Conférence<br />
«Prévoyance pour indépendant: Solution LPP (2b) ou prévoyance individuelle (3a)?»<br />
Date: Mardi 27 octobre <strong>2015</strong><br />
Horaire: 17h30 – 19h00<br />
Lieu: CIP – Ch des Lovières 13 à 2720 Tramelan<br />
Inscription: m.cattin@assidu.ch<br />
Coût: CHF 80.– (réduction de 50% pour membres <strong>ASMAC</strong>)<br />
COACHING<br />
Profession de<br />
médecin & famille /vie privée<br />
Conseil téléphonique:<br />
044 462 71 23 • info@und-online.ch<br />
Comment puis-je concilier famille, loisirs et profession? Comment puis-je reprendre mon travail après mon congé<br />
maternité? Comment puis-je surmonter les défis quotidiens? L’<strong>ASMAC</strong> propose à ses membres les réponses et<br />
solutions à ces questions, et à bien d’autres encore, dans le cadre d’un coaching gratuit. Le conseil téléphonique<br />
est assuré par le Bureau UND. Vous trouverez plus de détails au sujet de cette offre de conseil de l’<strong>ASMAC</strong> sur<br />
notre site web www2.asmac.ch, dans la rubrique Profession de médecin & famille/vie privée.<br />
Vous cherchez une place<br />
de crèche – l’<strong>ASMAC</strong> vous apporte son soutien<br />
Si vous cherchez une place de crèche pour votre enfant, n’oubliez pas que depuis 2011, votre association vous<br />
apporte son soutien pour cette tâche importante. Une demande au moyen du formulaire en ligne auprès de l’<strong>ASMAC</strong><br />
suffit, et vous recevrez des informations relatives à des places disponibles dans la région de votre choix ainsi que les données<br />
de contact correspondantes des crèches. Vous trouverez d’autres informations importantes et le formulaire dans<br />
la nouvelle rubrique Profession de médecin et famille sur le site web de l’<strong>ASMAC</strong> www.asmac.ch.<br />
20 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
<strong>ASMAC</strong><br />
-INSIDE<br />
Verband Schweizerischer Assistenz- und Oberärztinnen und -ärzte<br />
Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique<br />
Associazione svizzera dei medici assistenti e capiclinica<br />
Dina-Maria Jakob<br />
Lieu de domicile: Berne<br />
A l’<strong>ASMAC</strong> depuis: 8 juillet 2009<br />
Au Comité directeur:<br />
depuis avril <strong>2015</strong><br />
Lieu de travail et fonction à<br />
l’hôpital: médecin-assistante,<br />
cardiologie pédiatrique, Hôpital<br />
de l’Ile Berne<br />
L’<strong>ASMAC</strong> en trois mots:<br />
engagée, critique, passionnante<br />
En novembre 2014, Dina-Maria avait présenté<br />
son travail pour Médecins sans Frontières<br />
(MSF) lors du congrès MEDIfuture<br />
de l’<strong>ASMAC</strong>. Suite à cela, elle avait également<br />
manifesté son intérêt à collaborer au<br />
Comité directeur de l’<strong>ASMAC</strong>. Après un<br />
stage, elle a finalement été élue lors du CC<br />
de printemps en avril <strong>2015</strong>. Depuis lors,<br />
elle participe activement aux discussions.<br />
A propos de sa nouvelle fonction, Dina-Maria<br />
déclare avoir été écoutée et prise<br />
au sérieux dès le début, chose qu’elle apprécie<br />
grandement. Sur le plan du contenu,<br />
elle veut principalement s’engager<br />
dans le domaine de la compatibilité entre<br />
vie de famille/privée et vie professionnelle<br />
ainsi que dans le domaine de la formation.<br />
Elle exige davantage de postes à<br />
temps partiel pour réduire la pénurie de<br />
médecins qui menace. «Entre-temps, il y<br />
a plus de femmes que d’hommes qui travaillent<br />
en médecine et les hommes non<br />
plus ne veulent plus toujours travailler à<br />
plein temps.» A son avis, cela a pour<br />
conséquence «qu’un trop grand nombre<br />
de personnes quittent cette belle profession,<br />
parce que les conditions de travail<br />
demeurent parfois inhumaines». Pour<br />
elle, l’<strong>ASMAC</strong> peut jouer un rôle de relais<br />
et médiateur entre les différentes disciplines<br />
et d’interlocuteur entre les différentes<br />
générations de médecins. Participer<br />
activement à l’élaboration de ce rôle est un<br />
autre domaine où elle souhaite s’engager<br />
en tant que membre du Comité directeur.<br />
«L’<strong>ASMAC</strong> essaie de trouver des solutions,<br />
de rendre attentif aux problèmes existants,<br />
d’être toujours à jour et de jeter un<br />
regard derrière les coulisses. Je trouve cela<br />
intéressant et j’aimerais y apporter ma<br />
contribution.» Actuellement, Dina-Maria<br />
travaille en tant que médecin-assistante à<br />
l’Hôpital de l’Ile à Berne et suit la formation<br />
postgraduée pour devenir spécialiste<br />
en cardiologie pédiatrique. Dès janvier<br />
2016, elle poursuivra sa formation<br />
postgraduée à la clinique de cardiologie<br />
pédiatrique à l’Hôpital pédiatrique de Zurich.<br />
Après une année passée en chirurgie<br />
cardio-vasculaire à l’Hôpital de l’Ile, elle<br />
a travaillé pendant deux ans à l’Hôpital<br />
pédiatrique de Berne et une année en pédiatrie<br />
à Fribourg. Après l’obtention de son<br />
titre de spécialiste en 2013, elle a effectué<br />
deux missions pour Médecins sans Frontières.<br />
Dans ses loisirs, elle pratique le<br />
sport: jogging, tennis, voile et ski. En complément<br />
à la médecine, elle aime cuisiner,<br />
boire de préférence du bon vin et rencontrer<br />
des amis. Pour élargir son horizon,<br />
elle assiste à des représentations au<br />
théâtre, à des concerts ou visite des expositions.<br />
Au vu de tout cela, il n’est pas<br />
étonnant que sa journée compte parfois<br />
25 heures. Depuis son enfance, elle aime<br />
voyager, si possible de façon originale. Car<br />
pour elle, ce n’est que de cette façon que<br />
l’on fait vraiment connaissance d’autres<br />
cultures, individus et coutumes. Dina-Maria<br />
se considère d’ailleurs comme<br />
quelqu’un de curieux et d’ouvert. Rien<br />
d’étonnant donc qu’elle puisse s’imaginer<br />
effectuer une nouvelle mission pour Médecins<br />
sans Frontières. ■<br />
Nr. 5 o <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
21
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
Une théorie aux multiples facettes<br />
La vendeuse ne pense-t-elle qu’à son chiffre d’affaires ou trouve-t-elle vraiment que la robe<br />
me va? L’interaction stratégique est au centre de la théorie des jeux. Pour ce faire, elle s’appuie sur<br />
des modèles mathématiques. Mais la théorie des jeux ne permet pas seulement d’analyser des<br />
problèmes sociaux. Plus récemment, c’est la théorie des jeux évolutionnaire qui a fait parler d’elle.<br />
Andreas Diekmann, professeur de sociologie à l’EPFZ<br />
Un médecin amène sa voiture à l’atelier<br />
suite à un dégât au moteur. Après quelques<br />
jours, il va rechercher son véhicule, mais<br />
s’étonne de la facture astronomique qui<br />
lui est présentée. «Eh oui», dit le mécanicien,<br />
«il n’y avait pas que la batterie qui<br />
était défectueuse. <strong>No</strong>us avons été obligés<br />
de soumettre le moteur à un contrôle. Le<br />
démarreur était défectueux et le carburateur<br />
a également dû être changé, sans<br />
parler de la culasse et du train arrière.<br />
Soyez content d’être venu à temps, sinon<br />
vous auriez prochainement pu conduire<br />
votre voiture à la casse.» «A propos»,<br />
poursuit le mécanicien, «n’avez-vous pas<br />
dernièrement traité mon frère, ne lui avezvous<br />
pas fait subir de nombreux tests de<br />
laboratoire, une ablation de l’appendicite<br />
et conseillé une autre opération, alors<br />
qu’il n’était venu vous voir que pour un<br />
simple refroidissement?»<br />
Le médecin et le mécanicien ont un point<br />
commun: leurs clients sont confrontés à<br />
un double problème de confiance. Ils<br />
doivent d’une part avoir confiance en la<br />
compétence professionnelle et d’autre<br />
part avoir confiance que le médecin ou le<br />
mécanicien choisira, en cas de conflit<br />
d’intérêt entre l’accroissement de sa fortune<br />
et le bien du client, le bien-être du<br />
client. Malgré le serment d’Hippocrate,<br />
cela ne va pas de soi. <strong>No</strong>tamment les patients<br />
privés sont exposés à un certain<br />
risque. Dans la théorie des jeux, on parle<br />
d’un jeu de confiance avec une information<br />
asymétrique. Car ni le patient, ni le<br />
client de l’atelier de réparation ne sait<br />
quelles «mesures thérapeutiques» sont<br />
effectivement justifiées. Contrairement à<br />
la roulette, la décision pour ou contre le<br />
traitement recommandé est une décision<br />
stratégique dont le résultat dépend du<br />
comportement de la partie adverse. Le<br />
patient peut faire confiance au médecin<br />
ou lui retirer sa confiance, le médecin<br />
peut être honnête ou ne penser qu’à son<br />
portemonnaie. Les deux prennent une<br />
décision stratégique; le résultat dépend de<br />
la combinaison des décisions. Il s’agit<br />
d’une interaction stratégique et c’est précisément<br />
à cela que s’intéresse la théorie<br />
des jeux. A contrario, la roulette n’est pas<br />
un jeu au sens de la théorie des jeux. Si<br />
l’on mise 1000 francs sur la couleur<br />
rouge, on peut soit gagner soit perdre,<br />
mais le résultat ne dépend pas des décisions<br />
d’autres personnes. L’interaction<br />
stratégique est l’essence de la théorie des<br />
jeux. La théorie des jeux met à disposition<br />
des modèles mathématiques pour préciser<br />
et résoudre des interactions; la théorie<br />
des jeux est en quelque sorte la mathématique<br />
des interactions sociales.<br />
22 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
Les enchères en guise<br />
de place de jeux<br />
Vu que les individus, les entreprises, les<br />
organisations et les Etats interagissent<br />
quotidiennement à des millions de reprises,<br />
la théorie des jeux est applicable à<br />
de nombreuses activités sociales, politiques<br />
et économiques. Les exemples typiques<br />
sont les cartels et les enchères, la<br />
reprise d’entreprises, la durée des droits de<br />
propriété intellectuelle ou l’analyse de<br />
problèmes de l’exploitation des ressources<br />
(problèmes des biens communs) pour ne<br />
citer que quelques exemples.<br />
La théorie des jeux peut aussi contribuer<br />
à l’invention de nouvelles règles ou institutions.<br />
Prenons un exemple de la théorie<br />
des enchères. Les compagnies aériennes<br />
proposent depuis peu des surclassements<br />
de confort moyennant un supplément de<br />
prix. Les sièges offrant plus de confort et<br />
d’espace pour les jambes sont mis aux<br />
enchères sur Internet de façon cachée;<br />
l’offre la plus élevée obtient ensuite le<br />
siège. Supposons qu’il ne s’agit que d’un<br />
siège de confort supérieur. Un passager est<br />
prêt à payer 150 francs pour ce confort sur<br />
un vol long-courrier. <strong>No</strong>tre passager hypothétique<br />
ne propose pas 150, mais seulement<br />
120 francs, parce qu’il croit que<br />
personne d’autre ne déposera d’offre plus<br />
élevée et qu’il pourra ainsi engendrer une<br />
sorte de bénéfice supplémentaire. Car la<br />
différence entre le montant qu’il est prêt à<br />
payer et les 150 francs équivaut, en cas de<br />
succès, à un bénéfice. Son calcul n’aboutit<br />
pas au résultat escompté, car un<br />
concurrent propose 140 francs. En cas<br />
d’enchère anglaise cachée, comme dans<br />
notre cas, un enchérisseur sera toujours<br />
tenté de réduire ses offres et de ne pas offrir<br />
le montant correspondant à sa véritable<br />
préférence.<br />
L’économiste et théoricien du jeu William<br />
Vickrey (1914–1996) a élaboré une proposition<br />
à la fois simple et géniale qui oblige<br />
l’enchérisseur rationnel de soumettre des<br />
offres correspondant à sa véritable préférence.<br />
Lors de l’enchère de Vickrey ou<br />
enchère au second prix, c’est de nouveau<br />
l’offre la plus élevée qui remporte la mise,<br />
mais l’enchérisseur ne doit payer que le<br />
prix de la deuxième plus haute offre. <strong>No</strong>tre<br />
passager offre maintenant 150 francs,<br />
obtient le siège confortable, paye 140<br />
francs et a donc quasiment gagné 10<br />
francs. On peut maintenant montrer que<br />
contrairement à d’autres procédés d’enchères,<br />
l’enchérisseur rationnel soumettra<br />
des offres correspondant exactement à sa<br />
véritable préférence lors de l’enchère au<br />
second prix C’est pourquoi l’enchère de<br />
Vickrey a également été désignée comme<br />
étant un sérum de vérité. On peut en effet<br />
prouver qu’indépendamment des offres<br />
d’autres joueurs, le fait de soumettre des<br />
offres correspondant à sa préférence est<br />
une stratégie toujours meilleure ou au<br />
moins aussi bonne que toute autre stratégie.<br />
Si l’offre la plus élevée dépasse la<br />
propre préférence de 150 francs, on aura<br />
ni gagné ni perdu, car le confort ne valait<br />
pas plus que 150 francs. Si par contre la<br />
deuxième plus haute offre était inférieure<br />
à 150 francs, notre passager gagne tou-<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
23
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
jours la différence entre son offre et la<br />
deuxième plus haute offre et peut donc<br />
profiter d’un confort accru pendant le vol.<br />
La même chose vaut bien sûr aussi pour<br />
les enchères cachées de biens immobiliers,<br />
qui sont, malgré toutes les théories des<br />
enchères, généralement réalisées comme<br />
enchères au premier prix. A propos,<br />
Goethe avait déjà eu cette idée et vendu<br />
aux enchères au second prix son manuscrit<br />
«Hermann et Dorothée». Du point de<br />
vue de la théorie des jeux, cette stratégie<br />
«offre selon ta préférence» est une stratégie<br />
(faiblement) dominante. Elle est toujours<br />
meilleure ou au moins aussi bonne<br />
que toute autre stratégie, et cela indépendamment<br />
du comportement des autres<br />
joueurs.<br />
Equilibre de Nash<br />
Lorsque tous les joueurs choisissent une<br />
stratégie dominante, on obtient un équilibre<br />
de Nash, un terme essentiel de la<br />
théorie des jeux. Dans un équilibre de<br />
Nash, aucun joueur n’a intérêt à modifier<br />
sa stratégie de façon unilatérale, aussi<br />
longtemps que les autres joueurs ne<br />
changent pas la leur. Le choix réciproque<br />
d’offres correspondant à la véritable préférence<br />
est un équilibre de Nash lors de<br />
l’enchère au second prix.<br />
John Nash (1928 – <strong>2015</strong>) a non seulement<br />
défini l’équilibre qui porte son nom, mais<br />
également prouvé dans un travail célèbre<br />
qu’il existait au moins un équilibre de<br />
Nash pour chaque jeu comptant un<br />
nombre fini de stratégies. John Nash a<br />
reçu conjointement avec John Harsanyi et<br />
Reinhard Selten le Prix <strong>No</strong>bel pour ses<br />
travaux sur la théorie des jeux. Sa théorie<br />
comporte hélas un problème. En effet, sa<br />
proposition ne fournit pas toujours une<br />
solution univoque pour une décision rationnelle.<br />
Quand une voiture se dirige vers vous du<br />
côté droit, vous faites bien de rester également<br />
du côté droit. L’association des stratégies<br />
droite/droite est un équilibre de<br />
Nash. La même chose vaut cependant<br />
aussi pour la règle britannique de la circulation<br />
à gauche. Sur l’île, il vaut donc<br />
mieux rouler à gauche, sur le continent à<br />
droite. Le «jeu» rouler à gauche ou à<br />
droite a-t-il une stratégie dominante? Bien<br />
sûr que non, car la préférence pour la<br />
«gauche» ou la «droite» dépend de la<br />
stratégie choisie par l’autre joueur. Le jeu<br />
de la coordination avec les options gauche<br />
et droite compte deux équilibres de Nash.<br />
<strong>No</strong>us constatons donc que les jeux peuvent<br />
avoir plusieurs équilibres. Aussi attrayante<br />
la notion de l’équilibre de Nash soit-elle,<br />
elle implique aussi le problème qu’il<br />
n’existe pas toujours de solution univoque<br />
à un problème de décision interactif. Il<br />
faut donc d’autres critères pour restreindre<br />
la quantité des équilibres de Nash.<br />
Paradoxes sociaux<br />
L’équilibre de Nash présente encore un<br />
autre problème que l’on désigne souvent<br />
comme un paradoxe. Supposons que des<br />
voleurs de diamants prévoient de conclure<br />
une affaire illégale avec un receleur. Ils<br />
conviennent de déposer un sachet contenant<br />
des diamants à minuit sur un banc<br />
dans un parc. Le receleur doit quant à lui<br />
y déposer un sac avec un million de<br />
francs. Les deux parties profitent de l’affaire.<br />
Vont-ils coopérer? Les escrocs envisagent<br />
de remplir le sachet avec des cailloux,<br />
le receleur, lui, pourrait remplir le<br />
sac avec des feuillets de papier. On peut<br />
donc dire que les stratégies «cailloux» et<br />
«feuillets de papier» sont dominantes et<br />
qu’il en résulte un équilibre de Nash qui<br />
est même univoque dans ce jeu. Deux<br />
joueurs rationnels vont mutuellement<br />
s’escroquer, alors qu’ils pourraient les<br />
deux ressortir gagnants d’une coopération<br />
mutuelle. C’est la logique paradoxale du<br />
dilemme des prisonniers et d’autres pièges<br />
sociaux que nous pouvons observer pour<br />
de nombreux problèmes économiques et<br />
politiques dans notre société. Parmi ceuxci<br />
comptent les problèmes tels que la surpêche<br />
des océans, le déboisement des forêts<br />
tropicales et en particulier le problème<br />
des émissions mondiales de gaz à effet de<br />
serre. Ces problèmes peuvent être décrits<br />
comme des «jeux à n personnes» et représentent<br />
des variantes du dilemme social.<br />
En effet, ce que l’individu veut atteindre<br />
de façon rationnelle et dans son propre<br />
intérêt ne doit pas obligatoirement être au<br />
bénéfice du bien public. La main invisible<br />
d’Adam Smith ne parvient hélas pas toujours<br />
à concilier intérêt personnel et intérêt<br />
général. Souvent, les différents acteurs<br />
agissent de façon rationnelle, mais le résultat<br />
final peut s’avérer être hautement<br />
irrationnel et nuire à tous. La théorie des<br />
jeux analyse ce genre de dilemmes sociaux<br />
et peut présenter des pistes permettant<br />
d’arriver à de meilleures solutions<br />
collectives.<br />
La théorie des jeux<br />
évolutionnaire<br />
Aujourd’hui, la théorie des jeux n’est pas<br />
seulement appliquée aux problèmes des<br />
décideurs rationnels et prévisionnels. La<br />
dynamique évolutionnaire peut aussi<br />
conduire à un équilibre de Nash, à condition<br />
que d’autres conditions soient remplies.<br />
La percée dans la théorie a été possible<br />
avec l’idée de la stratégie évolutivement<br />
stable (SES) de Maynard-Smith et<br />
Price. La théorie des jeux évolutionnaire<br />
joue ainsi un rôle important dans la biologie<br />
du comportement et même en médecine.<br />
Un groupe de chercheurs de l’Université<br />
technique de Dresde et de la Clinique<br />
universitaire de Bonn a pu démontrer<br />
que l’interaction de deux types de<br />
cellules différents avec des cellules tumorales<br />
invasives peut être analysée par des<br />
méthodes de la théorie des jeux (Basanta<br />
et al., 2008, Cell Proliferation). Les «coûts<br />
de motilité» des cellules invasives et les<br />
cellules modifiant l’approvisionnement en<br />
énergie à la glycolyse anaérobique y<br />
jouent un rôle central. Si certaines valeurs<br />
de seuil, qui peuvent être calculées avec<br />
les équations de la théorie des jeux évolutionnaire,<br />
sont dépassées, l’équilibre stable<br />
est brouillé et il en résulte la croissance de<br />
cellules tumorales invasives.<br />
La théorie des jeux a connu un développement<br />
rapide au cours des dernières<br />
années. John von Neumann, un pionnier<br />
de la théorie des jeux, n’envisageait probablement<br />
pas ce genre d’applications en<br />
développant la théorie des jeux dans les<br />
années vingt du siècle passé.<br />
<strong>No</strong>us avons fait connaissance de l’enchère<br />
de Vickrey qui permet d’améliorer les procédures<br />
d’adjudication. La vente aux enchères<br />
de fréquences de téléphonie en<br />
Angleterre s’est déroulée avec l’aide de<br />
théoriciens des jeux. L’Etat britannique a<br />
réalisé des recettes record inattendues de<br />
22,5 milliards de livres sterling. La Confédération<br />
a par contre préféré renoncer aux<br />
bons conseils. Elle a dû se contenter de<br />
recettes maigres de 205 millions de francs.<br />
La théorie des jeux peut donc s’avérer très<br />
lucrative pour le contribuable. ■<br />
Si vous voulez en savoir plus sur la théorie<br />
des jeux: A. Diekmann, «Spieltheorie.<br />
Einführung, Beispiele, Methoden.»<br />
3. Aufl. 2013: Rowohlt Taschenbuch.<br />
24 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
Plus qu’un jeu d’enfant<br />
Les enfants se préparent à l’avenir en s’amusant. Dans des jeux de rôles, ils créent et vivent des<br />
situations quotidiennes sous un autre angle. En construisant, ils exercent leurs capacités motrices<br />
ainsi que la pensée spatiale ou la catégorisation des matériaux. Les préférences spécifiques au<br />
sexe peuvent dans une certaine mesure être compensées par l’aménagement des espaces de jeu.<br />
Carine Burkhardt Bossi, psychologue diplômée HES/SBAP<br />
Dans la société, le jeu d’enfants est généralement<br />
considéré comme un passetemps<br />
se situant à l’opposé de l’école et de<br />
l’apprentissage. Pourtant, plusieurs études<br />
(p. ex. Einsiedler, 1999; Hughes, 2010)<br />
mettent en évidence l’impact du jeu sur le<br />
développement de l’enfant. Le jeu d’enfants<br />
est haut en couleurs et nécessite des<br />
compétences multiples. La diversité du<br />
phénomène du jeu représente un défi pour<br />
la recherche et reste sans définition précise<br />
à ce jour. Dans l’article, deux formes de<br />
jeu – le jeu de rôles et le jeu de construction<br />
– sont associées aux domaines de<br />
compétence respectifs et au sexe.<br />
Comme les grands<br />
Les jeux de rôles incluent des jeux communs<br />
avec le ou la partenaire de jeu. Les<br />
jeux doivent être accordés et coordonnés<br />
avec les partenaires. Généralement, ce<br />
sont des scènes du quotidien qui sont<br />
jouées, comme par exemple la mère et<br />
l’enfant faisant des achats. Les enfants qui<br />
jouent dialoguent sur la signification des<br />
objets et doivent se mettre d’accord sur la<br />
répartition des rôles et les règles. Cela requiert<br />
des compétences linguistiques et<br />
socio-émotionnelles et permet d’exercer la<br />
métacommunication. La reprise de rôles<br />
et perspectives se répercute aussi positivement<br />
sur le développement des aptitudes<br />
empathiques (Fisher et al., 2010). Selon<br />
Ogawa & Takahashi (2012), il existe<br />
même un lien entre les jeux de rôles et le<br />
développement de la cognition sociale.<br />
Dans le jeu de rôles, les enfants gèrent<br />
leurs émotions et doivent apprendre à les<br />
verbaliser de façon appropriée. De plus, ils<br />
intègrent des contenus imaginaires et<br />
suivent leurs propres objectifs et plans, ce<br />
qui représente une performance cognitive.<br />
On peut donc résumer que le jeu de rôles<br />
est très important pour le développement<br />
linguistique et cognitif ainsi qu’en particulier<br />
pour le développement socio-émotionnel.<br />
Châteaux forts et tours<br />
Les jeux de construction permettent à<br />
l’enfant de travailler avec du matériau à<br />
l’horizontale, à la verticale et, plus tard,<br />
en trois dimensions. Ce travail de<br />
construction peut se faire seul ou avec des<br />
partenaires de jeu. Il permet d’exercer la<br />
pensée spatiale et pourrait de ce fait se<br />
répercuter positivement sur les performances<br />
mathématiques (Einsiedler, 1999;<br />
Hughes, 2010). De plus, lors de la construction,<br />
le matériau est souvent trié et classifié,<br />
ce qui permet à l’enfant d’acquérir des<br />
aptitudes essentielles.<br />
En observant le comportement de jeu au<br />
jardin d’enfants, on constatera rapidement<br />
que ce sont souvent les partenaires<br />
de jeu du même sexe qui jouent ensemble<br />
et qu’il existe des matériaux et lieux de jeu<br />
spécifiques au sexe (Hughes, 2010). Les<br />
garçons seront plus souvent absorbés dans<br />
le coin réservé à la construction et les filles<br />
se retrouveront plus fréquemment dans le<br />
coin famille ou peinture (Einsiedler,<br />
1999). Pellegrini & Bjorklund (2004) ont<br />
constaté que les filles restent plus souvent<br />
et plus longtemps dans le jeu de rôles et<br />
développent des sujets de jeu plus complexes.<br />
Du fait que les garçons choisissent<br />
plus souvent des jeux de construction et<br />
les filles des jeux de rôles, les tâches spatiales<br />
et mathématiques sont plus souvent<br />
exercées par les garçons, alors que les<br />
domaines linguistiques et socio-émotionnels<br />
sont davantage exercés dans le jeu des<br />
filles (Hughes, 2010). Comme le comportement<br />
de jeu des enfants se trouve en<br />
interaction avec leur environnement social,<br />
spatial et matériel, il faudrait donc<br />
tenter de faciliter les interactions sociales<br />
entre les sexes par des cadres aménagés<br />
en conséquence. Dans l’étude exploratoire<br />
de Mayer, Bernhard et Peters (2013), les<br />
répercussions des environnements de jeu<br />
sur le comportement de jeu des sexes et<br />
leur développement ont été analysées. Les<br />
domaines de jeu typiques ont été réamé-<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
25
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
nagés et regroupés selon des critères unisexes.<br />
Après l’aménagement des locaux,<br />
les enfants ont joué ensemble et les différences<br />
entre les sexes n’étaient presque<br />
plus perceptibles. Les garçons ont amélioré<br />
leurs compétences socio-émotionnelles<br />
et les filles leur pensée spatiale (ibidem,<br />
2013).<br />
Le tableau ci-après résume les différentes<br />
formes de jeu et leurs répercussions.<br />
Si les enfants présentent des tendances<br />
d’évitement dans leur comportement de<br />
jeu, se pose la question de savoir à quoi<br />
cela pourrait être dû. Le tableau avec les<br />
formes de jeux et leurs répercussions met<br />
en évidence que les tendances d’évitement<br />
en raison de difficultés, par exemple dans<br />
la perception émotionnelle, peuvent<br />
conduire à un déficit d’expériences sociales<br />
et linguistiques. Cela peut ensuite se<br />
traduire par un isolement accru. Les enfants<br />
doivent donc bénéficier d’espaces<br />
d’expérience dans le jeu leur permettant<br />
d’interagir avec d’autres enfants. Beaucoup<br />
d’enfants aiment la routine et les<br />
rituels quotidiens (à la crèche/au jardin<br />
d’enfants). Cela les sécurise et leur permet<br />
de découvrir de nouvelles choses et d’aller<br />
au contact des autres.<br />
■<br />
Bibliographie<br />
Einsiedler, W. (1999). Das Spiel der Kinder. Bad<br />
Heilbrunn: Klinkhardt, 3. Auflage.<br />
Hughes, F. (2010). Children, Play, and Development.<br />
SAGE Publications.<br />
Ogawa, M. & Takahashi, N. (2012). The developmental<br />
relationship between role play, pretend<br />
play, and theory of mind in young<br />
children. Japanese Journal of Developmental<br />
Psychology, 23 (1), 85–94.<br />
Fisher, K.; Hirsh-Pasek, K.; Golinkoff, R.; Singer,<br />
D. & Berk, L. (2010). Playing Around in<br />
School: Implications for Learning and Educational<br />
Policy. The Oxford Handbook of<br />
the Development of Play, 341–353.<br />
Mayer, M.; Bernhard C. und Peters, A. (2013).<br />
Spielumwelten im Kindergarten: Auswirkungen<br />
auf Geschlechterunterschiede in<br />
Spielverhalten und Kompetenzentwicklung.<br />
Frühe Bildung, 2 (4), 185–195.<br />
Stamm, M. (2014). Frühförderung als Kinderspiel.<br />
Ein Plädoyer für das Recht der Kinder<br />
auf das freie Spiel. Dossier 14/5. Online:<br />
http://www.netzwerk-kinderbetreuung.<br />
ch/files/KWPYLNA/stamm_2014_<br />
dossier_spiel.pdf (abgefragt am 08.06.15).<br />
Pellegrini, A. P. & Bjorklund, D. F. (2004). The<br />
ontogeny and phylogeny of children’s object<br />
and fantasy play. Human Nature, 15 (1),<br />
23–43.<br />
Formes de jeu Répercussion d’un jeu fréquent Répercussion d’une absence de jeu/ d’un jeu rare<br />
Jeux de mouvement – Entraînement des fonctions physiques<br />
(force, endurance, adresse, etc.)<br />
– Contrôle de l’agressivité et construction de relations<br />
Jeux de<br />
fonctionnement<br />
Jeux de<br />
construction<br />
Jeux de rôles<br />
– Saisir les phénomènes<br />
– Expériences sensomotrices et tactiles<br />
– Acquisition de compétences techniques,<br />
artistiques et manuelles<br />
– Saisir et catégoriser les quantités<br />
– Saisir les relations spatiales<br />
– Planifier les déroulements des actions<br />
– Acquisition de compétences linguistiques et sociales<br />
(aussi intelligence émotionnelle)<br />
– Contrôle des sentiments<br />
Tableau 1: Formes de jeu et leurs répercussions (adapté selon Stamm, 2014)<br />
– Maladresse motrice<br />
– Tendance à l’obésité<br />
– Isolement, peurs<br />
– Peu voire aucune expérience liée à l’expérimentation<br />
– Peu d’expériences motrices, tactiles, notamment dans<br />
la coordination œil-main<br />
– Capacités motrices fines déficientes<br />
– Manque d’expériences dans le triage<br />
– Compétences linguistiques et sociales déficientes<br />
pouvant aller jusqu’à l’isolement<br />
26 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
Batman Arkham Knight © Warner Bros. Interactive<br />
C’est comme au cinéma …<br />
Les jeux vidéo modernes ont autant de points communs avec leurs prédécesseurs Pac-Man ou<br />
Space Invaders que le TGV n’en a avec une trottinette. Rien d’étonnant donc que les jeux ont déjà,<br />
du moins sur le plan commercial, largement dépassé les longs métrages. Mais même si la frontière<br />
entre film et jeu vidéo s’estompe, chaque média continuera d’exister.<br />
Marc Bodmer, cyberculturiste et journaliste RP<br />
Une ombre se détache dans l’obscurité<br />
humide. Sans bruit, elle se précipite dans<br />
le vide. Les canailles réunies remarquent<br />
trop tard ce qui leur arrive. Vêtu d’un habit<br />
gris-noir, Batman se lance à leur rencontre,<br />
se baisse en évitant les coups de feu<br />
et distribue des crochets. C’est un ballet<br />
ininterrompu de coups. Si je réagis à<br />
temps et j’appuie sur les bonnes touches,<br />
car je suis Batman.<br />
«C’est comme dans un film …», s’exclame<br />
plus d’un amateur en apercevant<br />
un court instant «Batman: Arkham<br />
Knight», le chapitre final de la série de<br />
jeux vidéo récompensée Arkham. La numérisation<br />
croissante conduit à un rapprochement<br />
entre Hollywood et l’industrie des<br />
jeux vidéo. Il y a une trentaine d’années,<br />
les cinéastes considéraient les arrivistes<br />
interactifs d’un regard à la fois amusé et<br />
méfiant. Ils ne voulaient pas vraiment<br />
prendre au sérieux les personnages pixélisés<br />
tels que Super Mario et Pac-Man qui<br />
déambulaient sur l’écran. Ils auraient<br />
mieux fait d’avoir un peu plus de considération<br />
à leur égard, car entre-temps, le<br />
petit frère de l’époque dépasse le cinéma<br />
en termes de chiffre d’affaires et connaît<br />
un engouement croissant. En <strong>2015</strong>, les<br />
spécialistes de Newzoo estiment que l’industrie<br />
des jeux vidéo atteindra un chiffre<br />
d’affaires de 91 milliards de dollars. A titre<br />
de comparaison: l’ensemble de l’industrie<br />
américaine du film – recettes des cinémas,<br />
ventes de films, droits de diffusion,<br />
etc. – devra se contenter d’un chiffre d’affaires<br />
de 62 milliards de dollars.<br />
Un langage visuel<br />
commun<br />
<strong>No</strong>tamment quand il s’agit d’images générées<br />
par ordinateur, de graphiques créés<br />
par ordinateur et d’images dans les films<br />
d’animation, mais aussi dans les films<br />
d’action et fantastiques, on a l’impression<br />
que le film et le jeu vidéo se rapprochent.<br />
En effet, dans certains domaines, les technologies<br />
employées se ressemblent. Dans<br />
le film d’animation, on utilise plus souvent<br />
des instruments en temps réel grâce<br />
à la meilleure capacité de calcul. Dans les<br />
jeux vidéo, on fait davantage appel à un<br />
langage visuel cinématographique. C’est<br />
pour cette raison que les caméramans<br />
d’Hollywood travaillent de plus en plus<br />
souvent à titre de conseiller dans les studios<br />
de jeux.<br />
Alors que pour le long métrage, seule la<br />
vision du réalisateur doit être mise en<br />
œuvre et que celle-ci est ensuite calculée<br />
pendant plusieurs mois par des ordinateurs<br />
haute performance pour obtenir le<br />
meilleur résultat possible, pour le jeu vidéo,<br />
les perspectives de la représentation<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
27
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
graphique dépendent du joueur. Il ne<br />
suffit donc pas qu’un personnage fasse<br />
bonne figure d’un côté dans un jeu. Il doit<br />
être élaboré en trois dimensions et pouvoir<br />
être représenté en temps réel, étant donné<br />
que le joueur entre en quelque sorte dans<br />
la peau du réalisateur et déplace l’avatar<br />
selon son bon plaisir dans l’environnement<br />
virtuel.<br />
Une utilisation différente<br />
Ce fait contredit aussi les fans de cinéma<br />
qui craignent que les jeux vidéo ne supplantent<br />
une fois les films. La pomme n’a<br />
pas non plus été chassée du marché par la<br />
poire. Il est donc peu probable que les jeux<br />
cannibalisent le marché du cinéma. Depuis<br />
que nous sommes assis autour du feu,<br />
nous adorons raconter des histoires et en<br />
entendre. Hollywood maîtrise toujours<br />
encore mieux cet art que l’industrie des<br />
jeux vidéo, même si cette dernière a réalisé<br />
d’importants progrès au cours des<br />
dernières années. Le film est un média<br />
narratif classique qui convient parfaitement<br />
pour faire naître le suspens. Mais il<br />
définit un diktat auquel les spectateurs<br />
doivent se plier. Ces derniers n’ont aucune<br />
liberté de décision ou d’action, ils ne sont<br />
pas libres d’aller à gauche ou à droite,<br />
mais doivent suivre le mouvement. Le film<br />
peut donc être qualifié de média «passif»<br />
qui peut être apprécié en toute détente<br />
dans un fauteuil, alors que les jeux vidéo<br />
sont un média «actif» nécessitant une<br />
participation du joueur.<br />
Trouver un média adéquat<br />
Malgré tout, le rêve du film interactif est<br />
plus vivant que jamais. Ainsi, lors de l’appel<br />
à projets: Swiss Games de la Fondation<br />
Batman Arkham Knight © Warner Bros. Interactive<br />
suisse pour la culture Pro Helvetia, le projet<br />
novateur «CtrlMovie» a été déposé.<br />
Celui-ci présente un polar avec de vrais<br />
acteurs dont le déroulement est déterminé<br />
par les décisions des utilisateurs. Alors que<br />
des tentatives antérieures n’avaient pas<br />
produit de résultats satisfaisants, «CtrlMovie»<br />
présente un potentiel important<br />
grâce à la technologie actuelle et à sa<br />
narration raffinée.<br />
Retenir son souffle jusqu’à ce que la<br />
grande vague des films interactifs déferle<br />
Halo 5 Guardians © Microsoft Studios<br />
28 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
sur nous n’est pas une bonne idée. Autant<br />
l’idée de participer à la création de son<br />
propre film est tentante, autant il est<br />
confortable de ne tout simplement rien<br />
faire. C’est sur cette attitude que l’industrie<br />
des jeux vidéo mise grâce à son influence<br />
croissante. Les éditeurs renommés<br />
comme Ubisoft, Electronic Arts et<br />
Microsoft mettent à l’écran leurs best-sellers<br />
tels que «Assassin’s Creed», «Need for<br />
Speed» ou «Halo» ou en font des séries<br />
télévisées. Il s’agit alors non seulement de<br />
réaliser une mise en scène cinématographique<br />
d’un contenu de jeu, mais aussi<br />
d’éléments complémentaires qui font<br />
partie de l’histoire. Ainsi, la série télévisée<br />
«Halo: Nightfall» du réalisateur de «Gladiator»,<br />
Ridley Scott, établit un pont narratif<br />
entre la partie 4 et 5 de la série de jeu<br />
et contribue ainsi à l’expérience de l’épopée<br />
«Halo».<br />
L’approche décrite ci-dessus est résumée<br />
par le terme «transmédia», où différents<br />
contenus médiatiques d’un grand ensemble<br />
s’imbriquent comme les pièces<br />
d’un puzzle, mais continuent d’exister<br />
individuellement. Qu’il s’agisse d’un livre,<br />
d’un film, d’un jeu ou d’une bande dessinée,<br />
les histoires qui y sont racontées font<br />
partie d’un univers narratif dont les frontières<br />
deviennent de plus en plus floues.<br />
Mais le noyau du divertissement et ses<br />
formes d’expression demeurent intactes.<br />
Le point décisif est de trouver le média le<br />
mieux adapté au contenu respectif. Si<br />
l’histoire et les personnages sont au centre<br />
de l’attention, le livre sera le premier<br />
choix. Alors que le long métrage se démarque<br />
en tant que média narratif audio-visuel.<br />
Bien sûr que lorsqu’il s’agit<br />
d’interaction, les jeux sont gagnants. Ils<br />
transforment une histoire en aventure et<br />
font du joueur un héros, voire un superhéros<br />
comme Batman.<br />
■<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
29
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
A la fois jeu et thérapie<br />
La créativité sous toutes ses formes compte depuis longtemps parmi l’effectif des mesures<br />
thérapeutiques. Ce qui est par contre inhabituel, c’est de rendre les résultats accessibles à un plus<br />
large public. A Bâle, des personnes atteintes d’un trouble psychique ont réalisé un projet de<br />
théâtre d’un autre genre avec des acteurs professionnels.<br />
Fidelio Lippuner, musicien et artiste de scène<br />
Prologue<br />
«ELFe (11e – un processus rédactionnel)»<br />
était un projet de théâtre consacré aux<br />
troubles psychiques. La première s’est déroulée<br />
le 20 novembre 2013 dans le foyer<br />
du Théâtre de Bâle. Les acteurs étaient des<br />
personnes souffrant de troubles psychiques<br />
logées dans le cadre d’une offre<br />
de l’association Mobile Basel ainsi que des<br />
actrices et acteurs professionnels et danseurs<br />
du Théâtre de Bâle. Les participants<br />
se sont confrontés (ainsi que le public)<br />
avec les normes et valeurs de la société en<br />
posant la question: «Qu’est-ce qui est normal?»,<br />
«Qu’est-ce qui est anormal?»<br />
Accompagnés sur le plan agogique et artistique,<br />
le sujet des troubles psychiques a<br />
été travaillé dans le cadre d’ateliers, répétitions<br />
et finalement de la représentation.<br />
Le résultat: un projet intéressant et interdisciplinaire<br />
pour professionnels et amateurs,<br />
acteurs et danseurs.<br />
1 er acte: la genèse<br />
Une résidente de l’association Mobile Basel<br />
écrit depuis de nombreuses années de la<br />
prose et de la poésie. Dans ses textes, elle<br />
parle de ses sentiments et de ses observations<br />
dans la manière dont les troubles<br />
psychiques sont abordés. Ses travaux<br />
m’ont beaucoup touché. Son langage clair<br />
et appuyé, la légèreté inattendue de ses<br />
textes m’ont plu. L’intention de l’auteure<br />
d’écrire une pièce de théâtre a été l’évènement<br />
déclencheur pour le projet. Je trouvais<br />
cette idée passionnante et j’ai participé<br />
à son travail. En accord avec elle, j’ai<br />
placé l’action à une autre époque et complété<br />
la pièce avec de la poésie et de la<br />
prose des ouvrages de l’auteure. Il en a<br />
résulté une matière première intéressante<br />
qui n’était plus tellement axée sur les<br />
troubles psychiques, mais davantage sur<br />
les conflits humains. J’étais convaincu<br />
30 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
que n’importe qui pouvait se sentir interpellé<br />
par le contenu. L’idée pour un projet<br />
élargi était née. Il était prévu de proposer<br />
les rôles à des acteurs et danseurs professionnels<br />
ainsi qu’aux résidents de Mobile<br />
Basel.<br />
2 e acte:<br />
contenu de l’œuvre<br />
La pièce commence par une fête estivale.<br />
Parmi les invités se trouve une femme de<br />
42 ans qui s’amuse et discute dans un<br />
cercle de connaissances élargi. Dans le<br />
courant de la fête, elle commence à se<br />
sentir mal à l’aise et se retire. C’est le début<br />
d’un processus qui la conduira finalement<br />
à l’isolement total. Elle n’est plus socialement<br />
acceptée. Quant à l’écriture, son<br />
élixir de vie, elle en devient dépendante et<br />
y trouve une échappatoire. Sa famille rejette<br />
ce comportement et tente de l’influencer.<br />
Les fantômes du passé, qui<br />
trouvent leur origine dans une situation<br />
familiale difficile restée enfouie, reviennent.<br />
Que doit-elle faire pour que sa<br />
situation évolue? Elle décide d’affronter les<br />
sujets tabous du passé et commence à<br />
briser les schémas familiaux et personnels.<br />
Par une ouverture silencieuse, mais<br />
explosive, de sa personnalité, elle brise ses<br />
propres liens qui l’entravent et emprunte<br />
un chemin nouveau.<br />
3 e acte: la réalisation<br />
Attribuer les rôles: les rôles étaient en premier<br />
lieu ouverts à toutes les personnes<br />
prises en charge par Mobile Basel qui souhaitaient<br />
s’engager artistiquement. Certains<br />
participants possédaient déjà une<br />
certaine assurance et autonomie dans le<br />
travail artistique, d’autres voulaient découvrir<br />
leurs capacités dans ce domaine.<br />
Le projet devait bénéficier au plus grand<br />
nombre de malades psychiques possibles,<br />
raison pour laquelle le projet était conçu<br />
de façon à être facilement accessible. Une<br />
approche agogique orientée sur la<br />
confrontation avait pour but de permettre<br />
d’affronter les situations problématiques<br />
afin de les gérer de façon plus constructive<br />
que jusqu’à présent. Par la prescription du<br />
contenu de la pièce, les participants<br />
étaient confrontés à une problématique<br />
pouvant les concerner eux-mêmes. La<br />
confrontation sur le plan théâtral et sous<br />
une conduite agogique leur permettait de<br />
s’approcher de nouvelles expériences au<br />
moyen d’une voie artistique protégée. Les<br />
développements de la personnalité, les<br />
défis et les succès vécus ainsi que les éventuels<br />
échecs, revers et la capacité à surmonter<br />
des phases de résistance créatrice<br />
ont eu un impact considérable en ce qui<br />
concerne l’expérience et la perception de<br />
soi. Ces expériences ont marqué durablement<br />
tous les participants. Je pense que<br />
certains sont ressortis du projet plus forts.<br />
Ils ont pu acquérir davantage d’assurance<br />
pour gérer les crises quotidiennes, ce qui<br />
a eu un effet stabilisateur sur le cours de<br />
leur existence.<br />
4 e acte: la rétrospective<br />
La confrontation avec les normes sociales<br />
en vigueur sous nos latitudes, les termes<br />
quotidiens «normal/anormal» me préoccupent<br />
depuis de nombreuses années et<br />
reviennent toujours de nouveau au premier<br />
plan: quel chemin est le bon? Que<br />
faut-il pour être capable de gérer sa vie de<br />
manière responsable? Comment abordons-nous<br />
les personnes souffrant de<br />
troubles?<br />
La pièce «ELFe» a abordé ces questions et<br />
bien d’autres encore: quand sais-je qu’une<br />
étape suivante doit être franchie, et comment<br />
se présente-t-elle? Qui peut m’aider?<br />
Qu’est-ce qui m’empêche de le faire? Estce<br />
que j’ose franchir le pas?<br />
Le fait d’avoir été personnellement<br />
confronté à des questions semblables m’a<br />
permis, avec l’accord de l’auteure, d’intégrer<br />
mes propres expériences dans<br />
l’œuvre. Il en a résulté un processus ayant<br />
pour objectif d’emprunter de nouveaux<br />
chemins et de montrer des alternatives.<br />
Comment l’idée de mettre en scène la<br />
pièce avec des acteurs amateurs de Mobile<br />
Basel se trouvant dans une situation semblable<br />
à celle du personnage principal<br />
est-elle née? Cette décision a été motivée<br />
par les réflexions suivantes: d’une part, je<br />
voulais mettre en scène une pièce authentique<br />
et artistiquement attrayante. Je ne<br />
voulais ni imposer des rôles aux acteurs,<br />
ni les exposer inutilement. D’autre part, la<br />
pièce était pour toutes les personnes impliquées<br />
une opportunité d’aborder leur<br />
problématique de manière ludique et de<br />
trouver éventuellement d’autres façons<br />
d’aborder leur existence. Le jeu, également<br />
transmis par les acteurs et danseurs professionnels,<br />
avait pour but de mettre en<br />
évidence des aptitudes pouvant renforcer<br />
l’estime de soi. L’œuvre ne traitait pas de<br />
la situation entre victime et agresseur,<br />
mais du pardon et du lâcher-prise. Au final,<br />
la pièce ne répondait pas à la question<br />
de savoir si le chemin choisi était le bon<br />
ou non. Mais peut-être que ce chemin<br />
pouvait défaire des blocages et permettre<br />
le franchissement d’une prochaine étape.<br />
Après-coup, je suis convaincu que cela<br />
s’est produit chez certains protagonistes.<br />
Au début du projet, il m’importait de ne<br />
pas connaître l’histoire personnelle de ces<br />
individus, afin de pouvoir aborder les participants<br />
sans préjugés. J’étais conscient<br />
du fait que trop d’informations entraveraient<br />
le niveau relationnel et le travail<br />
commun. Ainsi sont nées des rencontres<br />
très positives et enrichissantes.<br />
Epilogue<br />
Après la présentation d’ELFe, d’ailleurs<br />
couronnée de succès, les participants de<br />
l’association Mobile Basel ont exprimé le<br />
désir de poursuivre leur travail. Ils voulaient<br />
écrire et mettre en scène leur propre<br />
pièce, ce que j’ai salué et volontiers soutenu.<br />
Depuis l’été 2014, je dirige un atelier<br />
dans lequel nous écrivons ensemble une<br />
nouvelle version de la pièce. L’objectif est<br />
de pouvoir présenter le résultat en automne<br />
2016. La pièce traite de l’exclusion<br />
ou du désir de ne plus être victime et d’être<br />
accepté dans notre société en tant que<br />
personne «normale». C’est avec cette philosophie<br />
à l’esprit que nous entamons<br />
notre route …<br />
■<br />
Contact et informations:<br />
www.fideliolippuner.ch<br />
Remerciements<br />
J’adresse mes vifs remerciements à<br />
Thekla Michel (assistante sociale/éducatrice<br />
sociale) pour la collaboration<br />
pédagogique et rédactionnelle ainsi<br />
que le soutien quotidien dans mon<br />
travail.<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
31
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
Pas d’évolution sans «jeu»<br />
Avec quoi s’amusaient les enfants il y a 40 000 ans? Et comment les adultes passaient-ils leur temps<br />
libre? Au vu de ce qui apparaît de notre point de vue actuel comme des conditions de vie rudes et<br />
une espérance de vie brève, on serait tenté de croire que les loisirs n’existaient pas. Des découvertes<br />
archéologiques démontrent cependant qu’à l’âge de pierre aussi, la vie humaine était plus que<br />
de la simple survie.<br />
Beate Maria Pomberger, archéologue de la musique et chanteuse, Vienne<br />
Lorsque l’on se pose la question du «jeu»<br />
et des activités de «loisir» durant la Préhistoire,<br />
il semble que les termes «travail» et<br />
«temps libre» ne s’appliquent pas aux<br />
hommes préhistoriques, ceux-ci étant<br />
avant tout chasseurs-cueilleurs, avant de<br />
devenir agriculteurs. Il y a certainement eu<br />
une transition entre les activités purement<br />
nécessaires à la survie, que nous désignons<br />
aujourd’hui comme «travail», et les activités<br />
non liées à la survie, que nous associons<br />
aux loisirs, hobbies et temps libre.<br />
Pour les époques dont témoignent des objets<br />
et découvertes archéologiques, mais<br />
dont nous n’avons pas de traces écrites, le<br />
thème est difficile à cerner et requiert une<br />
recherche minutieuse d’indices.<br />
Ill. 1: Ours – Dolní Vˇ estonice, République tchèque<br />
Jeu – musique –<br />
danse – art<br />
Si l’on considère le jeu comme un «ensemble<br />
de comportements chez l’humain<br />
et l’animal, caractérisé par des<br />
activités ludiques qui suivent leurs<br />
propres règles, délimitées de celles de<br />
tout autre comportement, et qui se déroulent<br />
libres de toute contrainte et<br />
englobent donc pour l’humain un espace<br />
de liberté et d’ouverture de l’action<br />
individuelle» et si le jeu est perçu<br />
«comme un principe d’organisation<br />
créatif de la nature et de toute l’évolution»<br />
1 , il est possible de tirer des conclusions<br />
sur des époques préhistoriques. Le<br />
philosophe Mircea Eliade est d’avis que:<br />
«Si on laisse inexplorée une grande<br />
partie de l’histoire de l’esprit humain,<br />
on favorise la conception que pendant<br />
ce temps, l’activité intellectuelle se limitait<br />
au maintien et à la transmission<br />
des technologies. Or, une telle supposition<br />
est non seulement erronée, mais<br />
aussi funeste en termes de connaissance<br />
des humains. L’homo faber était<br />
aussi un homo ludens, sapiens et religiosus.»<br />
2 – sans oublier un homo musicus,<br />
saltans et artifex. Dans ce sens, il est<br />
possible de tirer quelques conclusions.<br />
Innovation et jeu:<br />
le Paléolithique<br />
Il y a env. 43 500 ans, l’homme moderne<br />
a migré vers l’Europe centrale, dans une<br />
région de steppe froide 3 . De petits groupes<br />
vivaient dans des cavernes, sous des abris,<br />
des campements ouverts. Ils vivaient de la<br />
chasse et de la cueillette. Grâce à la nouvelle<br />
technique de lames, il leur était devenu<br />
possible d’utiliser le silex de manière<br />
optimale et de créer de nombreux outils<br />
plus fins, comme des pointes, poinçons,<br />
burins, grattoirs et racloirs. A l’aide de ces<br />
outils, ils réalisèrent des pointes en os, des<br />
aiguilles à coudre, des crochets en os ou<br />
en corne, mais aussi des instruments en<br />
bois. On chassait au javelot, au harpon et<br />
probablement à l’arc 4 . Le propulseur permettait<br />
au javelot d’atteindre une plus<br />
grande distance. Lorsque l’on n’était pas<br />
occupé à la quête de nourriture, on se<br />
consacrait probablement à améliorer son<br />
équipement, tresser des contenants,<br />
coudre des vêtements, ou encore à des<br />
activités «ludiques». C’est ainsi que naissaient<br />
de nouvelles inventions, que les<br />
vêtements étaient décorés, que l’on créait<br />
et sculptait des bijoux en dents d’animaux,<br />
en coquilles de mollusques, en<br />
petites pierres, osselets et ivoire 5 . Les Vénus<br />
du Gravettien 6 – p. ex. en molasse, comme<br />
la Vénus de Willendorf en Autriche 7 , ou en<br />
ivoire comme celle de Hohle Fels en Allemagne<br />
8 , mais aussi en argile cuit, comme<br />
la Vénus de Dolní Vˇ estonice en République<br />
tchèque 9 – sont vraisemblablement des<br />
produits issus d’activités de «loisir». La<br />
dernière porte encore les empreintes digitales<br />
de l’artiste, âgé d’env. 14 ans, qui a<br />
créé l’impressionnante figurine 10 . On<br />
pense que les statuettes étaient des poupées/figurines<br />
utilisées entre autres à des<br />
fins rituelles 11 . On connaît aussi les petites<br />
figurines en argile cuites au feu et représentant<br />
des lions, ours (ill. 1), mammouths,<br />
rhinocéros ou bisons de Dolní<br />
Vˇ estonice, en République tchèque, et de<br />
Krems-Wachtberg, en Autriche, mais aussi<br />
des figurines animales en ivoire comme<br />
celles de la grotte de Vogelherd, Allemagne<br />
13 . Ces figurines sont également<br />
associées à des cultes, mais elles sont aussi<br />
empreintes d’un certain caractère ludique.<br />
32 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
Ill. 2: Vénus de Stratzing, Autriche<br />
La masse à modeler et à former est un<br />
matériel fascinant, et probablement des<br />
enfants talentueux s’en sont servi, laissant<br />
libre cours à leur imagination. Il devait<br />
aussi être passionnant de voir comment<br />
un morceau d’ivoire peut être sculpté en<br />
mammouth ou en homme-lion 14 . Avec des<br />
traits vifs, les femmes dansantes de Gönnersdorf,<br />
Allemagne, ainsi que divers<br />
animaux ont été gravés dans des plaques<br />
de pierre 15 . L’artiste a-t-il d’abord exercé et<br />
essayé ses traits sur le sol, comme pour les<br />
ébauches des peintures rupestres? Des<br />
enfants ont-ils copié ces gestes?<br />
Les peintures étaient fabriquées à partir<br />
d’ocre jaune et rouge, d’hématite, de graphite,<br />
de calcaire coquillier 16 ou de charbon<br />
de bois. Elles étaient utilisées aussi<br />
bien pour des peintures corporelles que<br />
pour orner les murs de roche.<br />
Combien de temps les artistes de ces peintures<br />
rupestres ont-ils observé leurs modèles,<br />
spécimens de la faune de l’époque<br />
ou humains. Combien de temps ont-ils<br />
passé à tenter de les représenter aussi fidèlement<br />
que possible avant de graver ou<br />
de peindre leurs œuvres à l’emplacement<br />
approprié de la caverne? Les images, animées<br />
par la lueur dansante des flammes,<br />
ont certainement fasciné adultes et enfants.<br />
Quelles histoires se sont-ils racontées,<br />
quelles chansons ont-ils chanté? Le<br />
chant et la danse constituent une unité<br />
harmonieuse originelle. Alors que le<br />
chant noue des liens émotionnels au sein<br />
du groupe 17 , la danse est illustrée par la<br />
Vénus du Galgenberg en Autriche – une<br />
petite figurine de serpentine 18 (ill. 2) – ,<br />
par les gravures sur pierre des femmes<br />
élancées de Gönnersdorf en Allemagne 19 ,<br />
par les deux «sorciers» de la grotte des<br />
Trois-Frères, mais aussi par les traces de<br />
pas d’enfants dans le sol argileux de<br />
Montespan 20 , en France. Les enfants ont<br />
sans doute participé aux chants et aux<br />
danses.<br />
On utilisait pour l’expression musicale des<br />
flûtes en os de vautour, en ivoire de mammouth<br />
et en os de rennes (ill. 3), des<br />
racleurs en os et en bois, des phalanges<br />
sifflantes, des percussions en os, des<br />
rhombes, arcs musicaux, hochets en<br />
corne et osier ainsi que des cadres de tambours<br />
en branches souples 21 . De simples<br />
hochets – petits morceaux de silex agités<br />
dans le creux de la main – émettent un<br />
son haut et cristallin. Le cri du hibou,<br />
imité par un ocarina formé en joignant<br />
Ill. 3: Flûte en os de Grubgraben,<br />
Autriche<br />
les mains, était certainement connu des<br />
enfants du Paléolithique. Les trois tombes<br />
de nourrissons de Krems-Wachtberg, en<br />
Autriche, ne nous renseignent pas sur les<br />
«jouets», néanmoins, des colliers en<br />
perles d’ivoire ont été déposés dans la<br />
tombe à côté des jumeaux nouveau-nés 22 .<br />
Les jeunes enfants ont probablement joué<br />
à l’intérieur avec des pierres, des os, des<br />
cornes et des morceaux de bois. Les enfants<br />
plus âgés mesuraient certainement<br />
leur force dans des bagarres et comparaient<br />
leur souplesse, endurance et vitesse<br />
en courant, en se battant et en grimpant.<br />
Ces aptitudes constituaient un avantage<br />
certain dans un environnement qu’il fallait<br />
partager avec des bêtes sauvages et des<br />
animaux de proie. La chasse à la lance et<br />
au javelot ainsi que toutes les stratégies de<br />
survie devaient être apprises dès le plus<br />
jeune âge, car avec une espérance de vie<br />
moyenne de 30 ans, il fallait vite être autonome<br />
et participer à la quête de nourriture<br />
pour la communauté. La maturité<br />
sexuelle, qui avait lieu entre 10 et 14 ans,<br />
et un rite d’initiation marquaient le passage<br />
vers l’âge adulte. Les deux garçons de<br />
Sungir, Russie, ont été enterrés avec les<br />
armes de chasseur 24 .<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
33
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
Ill. 4: Les garçons de Sungir, Russie<br />
Innovation et jeu:<br />
le Néolithique<br />
Un climat plus doux, la sédentarisation,<br />
l’agriculture et l’élevage ont caractérisé la<br />
vie des hommes du Néolithique dont l’espérance<br />
de vie était de 25 à 30 ans 25 . Ils<br />
ont continué à développer des outils en<br />
pierre et en os, à modeler et cuire des pots<br />
en terre glaise. Le «jeu» de la céramique,<br />
de ses ornements et de ses couleurs s’est<br />
transformé tout au long de cette période.<br />
La poterie n’était pas une activité réservée<br />
aux adultes, les enfants aussi apprenaient<br />
cet artisanat à un jeune âge. On reconnaît<br />
leurs artéfacts aux formes et décorations<br />
irrégulières 26 . On a retrouvé des contenants<br />
miniatures de la culture chalcolithique<br />
de Vuc ˇ edol 27 dont on estime qu’il<br />
s’agissait de jouets d’enfants 28 . Des figurines<br />
de glaise anthropomorphes et zoomorphes<br />
existent dans de nombreuses<br />
cultures du Néolithique 29 . On leur attribue<br />
la plupart du temps une fonction liée à un<br />
culte, mais il pourrait aussi s’agir de<br />
jouets. Sur les figurines de cochons découvertes<br />
dans la cité lacustre de Mondsee,<br />
Autriche, des empreintes digitales d’enfants<br />
ont été constatées (ill. 5) 30 . Les nombreuses<br />
sculptures de glaise – notamment<br />
des moutons et des chèvres, retrouvées<br />
dans des décharges à Çatal Hüyük, en<br />
Turquie, sont aujourd’hui considérées<br />
comme des jouets préparant l’enfant à la<br />
vie paysanne 31 . Les enfants s’amusaient-ils<br />
aussi avec des figurines de paille, de<br />
Ill.. 5: Figurine représentant un cochon; Mondsee, Autriche<br />
branches et d’herbe tressée ou encore de<br />
bois taillé? L’étroite cohabitation de<br />
l’homme et de l’animal implique certainement<br />
que les enfants jouaient avec de<br />
jeunes animaux vivants. A Franzhausen,<br />
Autriche, on a mis au jour la tombe d’une<br />
fillette tenant deux objets en os dans les<br />
bras. Il s’agissait d’un métacarpe et d’un<br />
morceau de fémur de Caproviden. Ces<br />
pièces sont interprétées comme «poupée»<br />
– il est possible qu’elle ait été vêtue, car les<br />
tissus organiques ne se conservent habituellement<br />
pas dans le sol – et «sifflet»<br />
(ill. 6) 32 . Comme nous le démontre la<br />
découverte à Zurich 33 d’un petit arc de<br />
chasse de l’époque lacustre, le maniement<br />
de l’arc et des flèches était certainement<br />
appris très tôt. Cependant, il n’y avait pas<br />
beaucoup de temps consacré au jeu, car<br />
«…les enfants sont impliqués dès que<br />
possible dans les tâches de travail des<br />
adultes afin d’être préparés à une vie autonome<br />
et autarcique à la ferme. (…) Les<br />
enfants aidaient à l’exploitation familiale<br />
de manière très active (…)» 34 . Ils gardaient<br />
par exemple les troupeaux, récoltaient<br />
les fruits dans les champs, ramassaient<br />
de la matière première, cueillaient<br />
des fruits sauvages. Peut-être que les enfants<br />
avaient aussi des cachettes secrètes<br />
où ils se retrouvaient sans être dérangés?<br />
Les activités manuelles, qui permettent de<br />
s’entretenir merveilleusement avec<br />
d’autres personnes, étaient légion: fila-<br />
34 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
Ill. 6: Tombe de fillette Franzhausen IV, tombe 4335, Autriche et reconstitution expérimentale<br />
Ill. 8: Peinture murale géométrique,<br />
Dja’de, Syrie<br />
Ill. 7: Ocarina Brunn am Gebirge/Flur Wolfholz,<br />
Autriche<br />
ture, tissage, taillage, poterie, fabrication<br />
d’outils. On s’ornait de colliers de coquillages,<br />
de perles en terre glaise ou en calcaire,<br />
de dents de verrat ou encore de<br />
pendentifs de céramique en forme de<br />
clochette. Les instruments de musique<br />
étaient des ocarinas (ill. 7), des flûtes en<br />
os et en bois de sureau, des clochettes en<br />
céramique, des tambours et hochets en<br />
terre glaise, mais aussi des sifflets et flûtes<br />
de pan en os, des cors en céramique et des<br />
trompettes de conche 35 . On a retrouvé des<br />
coquilles d’escargot, dont la présence en<br />
Europe centrale est prouvée à partir du<br />
Néolithique ancien 36 , et qui pouvaient<br />
avoir fait office de jouets, de bijoux ou de<br />
sifflets, tout comme les coquilles de<br />
moules ont pu être utilisées comme instruments<br />
de résonnance. Le plaisir de la<br />
danse a été immortalisé sur les fresques<br />
et parois de pierre. Une peinture murale<br />
du sanctuaire de chasse de Çatal Hüyük 37<br />
représente une danse extatique autour<br />
d’un grand taureau. Un danseur bat le<br />
rythme sur un tambour. Les silhouettes<br />
dansantes aux bras levés sont déjà<br />
connues des peintures rupestres<br />
macroschématiques de Levante en Espagne<br />
38 . Des scènes d’une ronde dansée<br />
sont aussi représentées sur la roche n° 3<br />
de Valcamonica, en Italie 39 . Des parois de<br />
huttes ornées, telles que celles de la<br />
culture de Lengyel 40 du Néolithique<br />
moyen, les peintures murales multicolores<br />
de Dja’de, en Syrie 41 (ill. 8) ou de Levante 42<br />
en Espagne, témoignent d’activités de<br />
«loisir» et de la joie de vivre des hommes<br />
du Néolithique.<br />
Le thème n’est que brièvement esquissé<br />
dans cet article, mais le développement<br />
passionnant de l’humanité repose sur le<br />
jeu: curiosité, découverte, essais, création,<br />
innovation. Il n’y a que des ébauches de<br />
recherche sur le thème des jouets durant<br />
la Préhistoire, mais la question mérite<br />
d’être examinée et offre un champ de réflexion<br />
pour des travaux à venir. ■<br />
Bibliographie:<br />
E. Altenmüller 2004: Singen – die Ursprache?<br />
Zur Evolution und Hirnphysiologie des<br />
Gesanges. In: E. Hickmann, R. Eichmann<br />
(Hrsg.) Music-Archaeological Sources:<br />
Finds, Oral Transmission, Written Evidence.<br />
Papers from the 3 rd Symposium of the International<br />
Study Group on Music Archeology<br />
at Monastery Michaelstein, 9–16 June 2002.<br />
Studien zur Musikarchäologie IV, = Orient-<br />
Archäologie 14, Rahden/Westfahlen 2004,<br />
3–9.<br />
W. Antl-Weiser 2008: Die Frau von W. – Die Venus<br />
von Willendorf, ihre Zeit und die Geschichte(n)<br />
um ihre Auffindung. Naturhistorisches<br />
Museum, Wien 2008.<br />
O. N. Bader 1970: Das zweite Grab in der paläolithischen<br />
Siedlung Sungir im mittleren<br />
Russland. 1970_10_Bahder_Pdf.<br />
G. Bosinski 1981: Gönnersdorf. Eiszeitjäger am<br />
Mittelrhein. Koblenz 1981.<br />
Brockhaus 2006 (hrsg. von A. Zwar, M. Winkenbach,<br />
J. Weiss): Spiel. Brockhaus. Enzyklopädie.<br />
Bd. 25, Mannheim – Leipzig 2006,<br />
752–756.<br />
N. J. Conard 2009: A female figurine from the<br />
basal Aurignacian of Hohle Fels Cave in southwestern<br />
Germany. Nature 459, 2009,<br />
248–252.<br />
E. Coqueugniot 2014: «Dja›de (Syrie) et les représentations<br />
symboliques au IX e millénaire<br />
cal. BC», in C. Manen, T. Perrin, J. Guilaine<br />
(éd.), La transition néolithique en Méditerranée<br />
(Actes du colloque de Toulouse, 14–15<br />
avril 2011). Archives d’écologie préhistorique,<br />
éditions Errance-Actes Sud, Arles,<br />
91–108.<br />
A. Durmann 1988: Vuc ˇdol – three thousand<br />
years B. C., Zagreb 1988.<br />
N. Ebinger-Rist, C.-J. Kind, S. Wolf, K. Wehrberger<br />
2013: Der Löwenmensch bekommt ein<br />
neues Gesicht. Auffindung und Restaurierung<br />
der Elfenbeinstatuette aus der Stadel-<br />
Höhle im Hohlenstein, Gemeinde Asselfingen,<br />
Alb-Donau-Kreis. Denkmalpflege in<br />
Baden-Württemberg 4 | 2013, 194–200.<br />
M. Eliade 1978: Geschichte der religiösen Ideen.<br />
Band 1: Von der Steinzeit bis zu den Mysterien<br />
von Eleusis. Freiburg-Basel-Wien 1978.<br />
J. Fernández-López de Pablo 2014: Art traditions,<br />
cultural interactions and symbolic contexts<br />
during the Neolithic transition in the Eastern<br />
Iberian Peninsula. In: C. Manen, T.<br />
Perrin, J. Guilaine (éd.), La transition néo-<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
35
POINT DE MIRE ▶ JEU<br />
lithique en Méditerranée. (Actes du colloque<br />
de Toulouse, 14–15 avril 2011). Archives<br />
d’écologie préhistorique, éditions Errance-Actes<br />
Sud, Arles 2014, 371–403.<br />
A. Fossati, G. Ragazzi 2001: Musik und Tanzdarstellungen<br />
in den Felszeichnungen der Valcamonica<br />
und des Veltlins. In: K. Drexel, M. Fink<br />
(Hrsg.), Musikgeschichte Tirols. Schlernschriften<br />
315, Innsbruck 2001, 37–51.<br />
K. Grömer, D. Kern 2010: Technical data and<br />
experiments on corded ware. Journal of Archaeological<br />
Science 37 (2010), 3136–3145.<br />
M. Händel, Th. Einwögerer, U. Simon 2008:<br />
Krems-Wachtberg – A Gravettian Settlement<br />
Site in the Middle Danube Region. Wissenschaftliche<br />
Mitteilungen Niederösterreichisches<br />
Landesmuseum, 19, 91–108, St. Pölten<br />
2008.<br />
M. Händel, U. Simon, Th. Einwögerer, Chr. Neugebauer-Maresch<br />
2009: New Excavationes at<br />
Krems-Wachtberg – Approaching a Well-preserved<br />
Gravettian Settlement Site in the<br />
Middle Danube Region. Quartär 56, Rahden<br />
2009.<br />
D. Kern, W. Lobisser 2010: Pupperl und Pfeiferl<br />
– Zu einer schnurkeramischen Kinderbestattung<br />
von Franzhausen, Niederösterreich.<br />
Mitteilungen der Anthropologischen Gesellschaft<br />
in Wien (MSGW) Band 140, 2010,<br />
23–38.<br />
B. Klíma 1991: Ausstellung Mensch und Mammut,<br />
1991, Liestal: Die jungpaläolithischen<br />
Mammutjäger-Siedlungen Dolní Ve ˇstonice<br />
und Pavlov in Südmähren – C ˇSFR :/.Z/ zur<br />
Ausstellung «Mensch und Mammut» im<br />
Museum im alten Zeughaus (Kantonsmuseum<br />
Baselland) in Liestal (Schweiz) 1991/Amt für<br />
Museen und Archäologie des Kantons Baselland<br />
, Basel 1991.<br />
M. Králik, V. <strong>No</strong>votný, M. Oliva 2002: Fingerprints<br />
on the Venus of Dolní Ve ˇstonice I. Anthropologie<br />
XL/2, 2002, 107–113.<br />
E. Lenneis, Chr. Neugebauer-Marsch, E. Ruttkay<br />
1999: Jungsteinzeit im Osten Österreichs.<br />
Wissenschaftliche Schriftenreihe Niederösterreich<br />
102/103/104/105, St. Pölten 1999.<br />
J. Mellaart 1967: Çatal Hüyük. Stadt aus der<br />
Steinzeit. Bergisch-Gladbach 1967.<br />
Chr. Neugebauer-Maresch 2008: Galgenberg-<br />
Stratzing/Krems-Rehberg and its 32,000<br />
years old female statuette. Wissenschaftliche<br />
Mitteilungen Niederösterreichisches Landesmuseum<br />
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Chr. Neugebauer Maresch, M. Bachner, J. M.<br />
Tuzar 2008: Kammern-Grubgraben. Wissenschaftliche<br />
Mitteilungen Niederösterreichisches<br />
Landesmuseum 19, St. Pölten 2008,<br />
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Ph. R. Nigst, P. Haesaerts, F. Damblonc, Chr.<br />
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2014: Departments of a Human Evolution<br />
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im Gebiet zwischen der Salzach und<br />
dem Donauknie. Frequenzanalysen, Schallpegelmessungen,<br />
Reichweiten. Unpublizierte<br />
Dissertation Universität Wien 2014 – im<br />
Druck (UPA).<br />
E. Pucher, E. Ruttkay 2006: Votivfiguren oder<br />
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im oberösterreichischen Mondsee.<br />
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2008, http://donsmaps.com/dolni.<br />
html, 28.4.<strong>2015</strong>.<br />
Ill. 2: Venusfigur von Stratzing, Alice Schumacher,<br />
NHM Wien; nach Chr. Neugebauer-<br />
Maresch 2008, Fig. 6.<br />
Ill. 3: Knochenflöte von Grubgraben-Kammern;<br />
Foto NÖ Museum für Urgeschichte, http://<br />
insmuseum.com/post/30567819957/<br />
knochenfloete-grubgraben-kammern.<br />
Ill. 4: Knaben von Sungir. https://erlangenwladimir.wordpress.com/tag/walter-leitner/<br />
29.4.<strong>2015</strong>.<br />
Ill. 5: Schweinefigur mit Fingerabdrücken aus<br />
Mondsee; nach Pucher, Ruttkay 2006, 231,<br />
Ill. 1/6480.<br />
Ill. 6: Mädchengrab von Franzhausen, Foto BDA;<br />
nach Kern, Lobisser 2010, 25, Ill.2. und Ill. 5.<br />
Ill. 7: Gefässflöte Brunn am Gebirge, Niederösterreich;<br />
nach Pomberger, 2014, Ill. 39, Fototaf.<br />
1/Ill. 1.<br />
Ill. 8: Geometrisches Felsbild Dja’de, Syrien;<br />
nach: Coqueugniot 2014, Fig. 14.<br />
<strong>No</strong>tes en bas de page:<br />
1 Brockhaus 2006, Bd. 25, 752<br />
2 Eliade 1978, 20<br />
3 Nigst et al. 2014, 1–6<br />
4 Rosendahl et al. 2006, 371–382<br />
5 Klíma 1991, 20–21<br />
6 Antl-Weiser 2008, 135–161. Das Gravettien<br />
ist die Kultur des mittleren Jungpaläolithikums.<br />
7 Antl-Weiser 2008, 107–117<br />
8 Conard 2009, 248–252<br />
9 Klíma 1991, 22, Abb. 17<br />
10 Králik et al. 2002, 107–113<br />
11 Antl-Weiser 2008, 140, 148<br />
12 Klíma 1991, 21–23, Abb. 16; Händel et al.<br />
2009<br />
13 Niven 2006, 36<br />
14 Ebinger-Rist et al. 2013, 194–200<br />
15 Bosinski 1981, 90–117<br />
16 Händel et al. 2008, 93<br />
17 Altenmüller 2004, 3–9<br />
18 Neugebauer-Maresch 2008, 119–128<br />
19 Bosinski 1981, 108–114, Abb. 114, 115, 116,<br />
117, 118, 119, 120, 121<br />
20 Sachs 1937, 124, 208<br />
21 Pomberger 2014/im Druck<br />
22 Händel et al. 2007, 91–108<br />
23 Erste Hälfte der Phase Juvenil, 13–18/20<br />
Jahre.<br />
24 Bader 1970, 103–105.<br />
25 Mitteilung Maria Teschler-Nicola, Naturhistorisches<br />
Museum Wien, Anthropologische<br />
Abteilung<br />
26 Grömer, Kern 2010, 3144<br />
27 Ausbreitung in Slowenien und Slawonien<br />
28 Durman 1988, 84<br />
29 Lenneis, Neugebauer-Marsch, Ruttkay 1999<br />
30 Pucher, Ruttkay 2006, 229–250<br />
31 http://www.dailymail.co.uk/sciencetech/<br />
article-1212320/Ancient-figurines-toysmother-goddess-statues-say-experts-9-000-<br />
year-old-artefacts-discovered.html,<br />
22.4.<strong>2015</strong><br />
32 Kern, Lobisser 2010, 23–38<br />
33 Von Niels Bleicher, Amt für Städtebau der<br />
Stadt Zürich, entdeckt. Mündliche Mitteilung<br />
der Pfahlbaukommission<br />
34 Pucher, Ruttkay 2006, 246<br />
35 Pomberger 2014, 40–89<br />
36 Mitteilung Eva Lenneis, Dozentin, Institut<br />
für Urgeschichte und historische Archäologien,<br />
Universität Wien, Fachgebiet Frühneolithikum<br />
37 Mellaart 1967, 166, Taf. 61, 206<br />
38 Fernández-López de Pablo 2014, 371–404,<br />
Fig. 4<br />
39 Fossati, Ragazzi 2001, 47, 49, Abb. 17<br />
40 Lenneis et al. 1999, 91, Abb. 42/3 und 4<br />
41 Coqueugniot 2014, 91–108, Abb. Fig. 8 und 9<br />
42 Fernández-López de Pablo 2014, 371–404<br />
36 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
PERSPECTIVES<br />
SÉRIE DISCIPLINES MÉDICALES – ACTUALITÉS EN GYNÉCOLOGIE:<br />
LE TRAITEMENT HORMONAL POSTMÉNOPAUSIQUE<br />
Ménopause: quels sont<br />
les traitements alternatifs?<br />
La ménopause est une transition qui s’étend sur plusieurs années. Jusqu’à trois quarts des femmes<br />
souffrent pendant des années de bouffées de chaleur, de troubles du sommeil ainsi que d’autres<br />
entraves physiques et psychiques. Le traitement hormonal s’est retrouvé sous le feu de critiques en<br />
raison des risques cardio-vasculaires et de carcinome. Que peut-on dire au sujet des risques et<br />
bénéfices? Existe- t-il des alternatives?<br />
Prof. Jürgen M. Weiss, chef de l’unité de médecine de reproduction et d’endocrinologie gynécologique, Hôpital cantonal de Lucerne<br />
La ménopause correspond à la fin de la<br />
période de reproduction de la femme.<br />
L’âge moyen de la ménopause se situe autour<br />
de 51 ans en Europe. Jusqu’à trois<br />
quarts des femmes postménopausiques se<br />
plaignent de symptômes climatériques.<br />
D’après les derniers critères du Stages of<br />
Reproductive Aging Workshop (STRAW), la<br />
durée de la période de reproduction de la<br />
femme est divisée en dix stades, des premières<br />
règles jusqu’à la ménopause tardive<br />
qui débute sept ans après les dernières<br />
règles (Harlow et al. 2012). Après la dernière<br />
menstruation, on distingue encore quatre<br />
phases différentes. Cela illustre que la péri/<br />
postménopause n’est pas un évènement<br />
uniforme survenant de façon abrupte, mais<br />
plutôt une transition en plusieurs phases.<br />
Les cycles deviennent d’abord plus irréguliers<br />
et généralement plus courts. La FSH<br />
augmente, l’œstrogène chute. Dans certaines<br />
phases, on atteint aussi des taux<br />
d’œstrogènes élevés associés généralement<br />
à une persistance des follicules. On constate<br />
souvent aussi un déficit en progestérone.<br />
Les femmes présentant des symptômes<br />
vasomoteurs souffrent en moyenne pendant<br />
7,4 ans de troubles climatériques.<br />
C’est ce qui est ressorti de l’étude d’observation<br />
américaine «Study of Women’s<br />
Health Across the Nation (SWAN)» réalisée<br />
auprès de 1449 femmes. Chez les femmes<br />
qui présentent déjà des troubles avant la<br />
ménopause, les symptômes durent plus<br />
longtemps que chez celles qui ne rencontrent<br />
des problèmes qu’après la ménopause<br />
(12 ans vs 3,4 ans) (Avis et al. <strong>2015</strong>).<br />
Ces données et d’autres montrent que les<br />
troubles climatériques représentent un<br />
problème plus persistant et pertinent que<br />
ce que l’on pense généralement.<br />
<strong>No</strong>tons que d’autres risques et<br />
conclusions s’appliquent aux<br />
femmes qui souffrent d’une insuffisance<br />
ovarienne prématurée<br />
(5<br />
ans) entraîne une augmentation du nombre<br />
de cancers du sein. En 1997 déjà, le Collaborative<br />
Group avait publié ce constat dans<br />
la revue «Lancet». Au début des années<br />
2000, les résultats de l’étude WHI ont été<br />
publiés (Rossouw et al. 2002; (Anderson et<br />
al. 2004). La nouveauté de l’étude WHI résidait<br />
dans le fait qu’il s’agissait d’une étude<br />
randomisée, contrôlée par placebo réalisée<br />
sur 16 000 femmes dans le bras œstrogène-gestagène<br />
et plus de 10 000 femmes<br />
dans le bras œstrogène. Le public avait aussi<br />
été sensibilisé au sujet de l’étude parce que<br />
les deux groupes expérimentaux avaient été<br />
interrompus prématurément: dans le<br />
groupe œstrogène-gestagène en 2002, dans<br />
le groupe œstrogène en 2004. Le risque<br />
global dépassait les bénéfices escomptés.<br />
L’administration d’hormones avait conduit<br />
à une augmentation des évènements cardio-vasculaires.<br />
C’était surprenant, car<br />
l’étude avait pour objectif de prouver l’effet<br />
positif sur le système cardio-vasculaire<br />
connu d’études d’observation antérieures.<br />
Contrairement au traitement combiné œstrogène-gestagène,<br />
le traitement à l’œstrogène<br />
s’accompagnait d’un risque accru de<br />
cancer du sein. Le traitement combiné<br />
conduit aussi à une mortalité accrue. Cela<br />
ne vaut cependant que pour les substances<br />
testées, notamment l’estradiol conjugué<br />
équin (CEE) et l’acétate de médroxyprogestérone<br />
(MPA). Malgré l’engouement pour<br />
l’étude WHI, il est important de connaître<br />
certains faits pour son interprétation:<br />
• Les risques absolus sont faibles. Ainsi,<br />
le risque d’être atteint d’un carcinome<br />
mammaire augmente de 8 cas sur<br />
10 000 personnes/années.<br />
• L’étude WHI n’a testé que deux médicaments:<br />
CEE et MPA. Il n’a pas été établi<br />
si les résultats pouvaient être reportés<br />
sur d’autres régimes thérapeutiques et<br />
médicaments.<br />
• Les patientes testées étaient en moyenne<br />
âgées de 63 ans.<br />
Carcinome ovarien: Un traitement hormonal<br />
postménopausique augmente le<br />
risque du carcinome ovarien. En particulier<br />
pour les tumeurs endométroïdes et séreuses.<br />
Une grande analyse des données disponibles<br />
à ce jour, réalisée par le Collaborative<br />
Group on Epidemiological Studies on Ovarian<br />
Cancer en <strong>2015</strong>, montre un risque relatif<br />
de 1,25 (traitement œstrogène) à 1,32<br />
(traitement œstrogène/gestagène) (Collaborative<br />
Groupe <strong>2015</strong>). L’augmentation<br />
absolue du risque se situe à 10 sur 10 000.<br />
Le risque n’augmente plus si le traitement<br />
hormonal a duré moins de cinq ans et que<br />
la dernière prise remonte à plus de cinq ans.<br />
Pour tous les autres scénarios, on constate<br />
une augmentation du risque. Il n’a pas été<br />
opéré de distinction entre les régimes thérapeutiques<br />
ou médicaments.<br />
Carcinome endométrial: Une analyse<br />
récente montre une augmentation du carcinome<br />
endométrial sous traitement par<br />
œstrogène/gestagène (Fournier et al.<br />
2014). Dans cette analyse, on a effectué la<br />
distinction entre différents gestagènes. Une<br />
prise prolongée (>5 ans) montre pour la<br />
progestérone micronisée et la dydrogestérone<br />
une augmentation des carcinomes<br />
38 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
PERSPECTIVES<br />
endométriaux, alors que d’autres gestagènes<br />
n’ont montré aucune augmentation.<br />
C’est en contradiction avec les données de<br />
la même étude de cohorte française (EN3)<br />
relative au carcinome mammaire. Ici, la<br />
dydrogestérone et la progestérone présentent<br />
un profil plus favorable que les<br />
gestagènes synthétiques.<br />
Choix du gestagène par rapport au<br />
risque de cancer<br />
Actuellement, les données concernant les<br />
différents carcinomes et gestagènes sont<br />
contradictoires. Globalement, il n’est donc<br />
pas possible de déterminer un avantage<br />
pour un gestagène plutôt qu’un autre.<br />
Conclusion<br />
Le traitement hormonal postménopausique<br />
augmente le risque de carcinome<br />
ovarien et, dans certaines combinaisons,<br />
également celui du carcinome endométrial.<br />
Un traitement conjugué œstrogène/<br />
MPA augmente le risque de carcinome<br />
mammaire, alors que l’œstrogène conjugué<br />
isolé n’entraîne pas d’augmentation<br />
du risque de carcinome mammaire. La<br />
plupart de ces effets varient en fonction du<br />
temps. Si le traitement dure plus de cinq<br />
ans, le risque augmente.<br />
Alternatives au traitement<br />
hormonal<br />
Changement du style de vie et sport<br />
Il n’existe aucune preuve indiquant qu’un<br />
changement du style de vie ou une activité<br />
sportive accrue conduise à une amélioration<br />
des troubles climatériques (Daley<br />
et al. Cochrane 2014 et Daley et al. <strong>2015</strong>).<br />
Produits phytothérapeutiques<br />
Les phyto-œstrogène dans le soja (isoflavones),<br />
le houblon (humulus lupulus), le<br />
black cohosh (cimicifuga), le millepertuis,<br />
le ginseng, le ginkgo biloba, le trèfle<br />
rouge et le dong quai ont fait l’objet de<br />
nombreuses analyses. Une preuve suffisante<br />
n’a pu être établie pour aucune de<br />
ces substances (Lethaby et al. Cochrane<br />
2013; Leach et Moore Cochrane 2012).<br />
ISRN/gabapentine<br />
Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de<br />
la noradrénaline (ISRN) tels que la venlafaxine<br />
et la desvenlafaxine peuvent être<br />
utilisés pour traiter les symptômes de la<br />
ménopause. Généralement lorsqu’un traitement<br />
hormonal est contre-indiqué.<br />
D’autres données montrent que la<br />
gabapentine, un acide gamma-amino-butyrique<br />
(GABA), peut également<br />
améliorer les troubles climatériques.<br />
Récemment, un ERC (essai randomisé<br />
contrôlé) relatif à la venlafaxine est paru.<br />
Il portait sur la comparaison de la venlafaxine<br />
(75 mg/jour) avec de l’estradiol<br />
faiblement dosé (0,5 mg/jour) et un placebo.<br />
Le placebo a réduit la fréquence des<br />
troubles vasomoteurs de 28,6%, la venlafaxine<br />
de 47,4% et l’estradiol de 52,9%. La<br />
venlafaxine a donc présenté un effet<br />
presque équivalent à celui de l’estradiol<br />
(Joffe et al. 2014).<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
39
PERSPECTIVES<br />
Une autre étude sur 339 femmes postménopausiques<br />
relative à la qualité de vie,<br />
aux symptômes vasomoteurs et au sommeil<br />
a montré, comme pour l’étude susmentionnée,<br />
des effets positifs similaires<br />
pour un dosage équivalent (Caan et al.<br />
2014 et Ensrud et al. <strong>2015</strong>).<br />
Dans une étude croisée, les patientes après<br />
un cancer du sein ont préféré la venlafaxine<br />
par rapport à la gabapentine. Les<br />
deux substances ont réduit d’un tiers la<br />
fréquence des évènements vasomoteurs. Le<br />
profil d’effets indésirables de la venlafaxine<br />
était toutefois plus favorable que celui de la<br />
gabapentine, raison pour laquelle 68%<br />
donneraient la préférence à la venlafaxine<br />
par rapport à la gabapentine (Bordeleau et<br />
al. 2010). La venlafaxine a provoqué des<br />
malaises, de la constipation et une perte<br />
d’appétit, alors que la gabapentine était<br />
plus souvent associée à des vertiges et à une<br />
augmentation de l’appétit.<br />
ISRS<br />
Parmi les alternatives au traitement hormonal,<br />
les inhibiteurs de la recapture de<br />
la sérotonine (ISRS) ont été le mieux étudiés.<br />
Paroxétine, escitalopram, citalopram<br />
et sertraline réduisent la fréquence et<br />
l’ampleur des bouffées de chaleur.<br />
Dans un ERC, un traitement sur huit semaines<br />
avec 10–20 mg d’escitalopram a<br />
entraîné une réduction significative des<br />
bouffées de chaleur et une amélioration<br />
de la qualité de vie par rapport au placebo<br />
(Carpenter et al. 2012). La paroxétine à la<br />
faible dose de 7,5 mg/jour a été autorisée<br />
en 2013 par la FDA pour le traitement des<br />
troubles vasomoteurs. Les effets indésirables<br />
étaient: céphalées, épuisement et<br />
malaise. L’étude d’autorisation a été réalisée<br />
sur près de 1200 femmes (Simon et<br />
al. 2013). Par rapport au placebo, la paroxétine<br />
était significativement plus efficace<br />
pour réduire la fréquence et l’ampleur<br />
des bouffées de chaleur.<br />
Clonidine<br />
Les agonistes alpha-2, principalement la<br />
clonidine, peuvent aussi être employés pour<br />
traiter les bouffées de chaleur. La clonidine<br />
est admise pour ce traitement dans certains<br />
pays. Elle permet de réduire la survenance<br />
de bouffées de chaleur après une prise de<br />
trois mois. Ainsi, Boekhout et al. (2011) ont<br />
montré que les bouffées de chaleur avaient<br />
baissé de manière significative par rapport<br />
au placebo après douze semaines de traitement<br />
avec 0,1 mg de clonidine.<br />
Conclusion<br />
Avec les ISRS et ISRN, on dispose de<br />
groupes de substance qui ont démontré<br />
dans plusieurs ERC leur efficacité par<br />
rapport au placebo pour réduire les bouffées<br />
de chaleur. La FDA a également autorisé<br />
la paroxétine à faible dose pour<br />
cette indication. Ils représentent donc des<br />
alternatives par rapport au traitement<br />
hormonal.<br />
■<br />
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Trial with Estradiol testing the menopausal<br />
hormone timing hypothesis. <br />
Menopause. <strong>2015</strong> Apr; 22 (4): 391–401<br />
Joffe H., Guthrie K. A., LaCroix A. Z., Reed S. D.,<br />
Ensrud K. E., Manson J. E., Newton K. M., Freeman<br />
E. W., Anderson G. L., Larson J. C., Hunt<br />
J., Shifren J., Rexrode K. M., Caan B., Sternfeld<br />
B., Carpenter J. S., Cohen L. Low-dose estradiol<br />
and the serotonin-norepinephrine reuptake<br />
inhibitor venlafaxine for vasomotor symptoms:<br />
a randomized clinical trial. JAMA Intern<br />
Med. 2014 Jul; 174 (7): 1058–66<br />
Leach, M. J. and Moore, V. Black cohosh (Cimicifuga<br />
spp.) for menopausal symptoms.<br />
Cochrane Database Syst Rev. 2012; 9:<br />
CD007244<br />
Lethaby, A., Marjoribanks, J., Kronenberg, F., Roberts,<br />
H., Eden, J., and Brown, J. Phytoestrogens<br />
for menopausal vasomotor symptoms.<br />
Cochrane Database Syst Rev. 2013; 12: CD001395<br />
Manson et al. <br />
JAMA. 2013 Oct 2; 310(13): 1353–68<br />
Mintziori G., Lambrinoudaki I., Goulis D. G.,<br />
Ceausu I., Depypere H., Erel C. T., Pérez-López<br />
F. R., Schenck-Gustafsson K., Simoncini T.,<br />
Tremollieres F., Rees M. EMAS position statement:<br />
<strong>No</strong>n-hormonal management of menopausal<br />
vasomotor symptoms. <br />
Maturitas. <strong>2015</strong> Apr 22<br />
Rossouw et al. <br />
JAMA. 2002 Jul 17; 288 (3): 321–33<br />
Schierbeck, L. L. et al. Effect of hormone replacement<br />
therapy on cardiovascular events in recently<br />
postmenopausal women: randomised<br />
trial. <br />
BMJ 345, e6409 2012<br />
Simon J. A , Portman D. J., Kaunitz A. M., Mekonnen<br />
H., Kazempour K., Bhaskar S., Lippman<br />
J. Low-dose paroxetine 7.5 mg for menopausal<br />
vasomotor symptoms: two randomized<br />
controlled trials.<br />
Menopause. 2013 Oct 20; (10): 1027–35<br />
40 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
PERSPECTIVES<br />
AUS DER «THERAPEUTISCHEN UMSCHAU» *<br />
Der nichtkardiale Thoraxschmerz<br />
Ziel der Arbeit ist eine kurzgefasste Übersicht der klinischen Symptome, Befunde und<br />
Differentialdiagnose von nichtkardialen Thoraxschmerzen. Gezielte Anamnese und klinische<br />
Untersuchung erlauben meist mit hoher Treffsicherheit eine Wahrscheinlichkeitsdiagnose,<br />
die in der Folge gezielt mit EKG, Laboruntersuchungen und allenfalls einem bildgebenden<br />
Verfahren bestätigt werden kann. Der Text über nichtkardiale Thoraxschmerzen wäre<br />
unvollständig ohne kurze Rekapitulation kardialer Thoraxschmerzen.<br />
Benedikt Horn, Hausarzt i. R., Interlaken<br />
Die Medizin war, ist und bleibt eine aufregende<br />
Herausforderung. Wer sich langweilt,<br />
macht etwas falsch! (Siehe Faustregel<br />
von G. Engel am Schluss der Arbeit).<br />
Der Thoraxschmerz beim<br />
akuten Koronarsyndrom<br />
(AKS)<br />
Der Thoraxschmerz beim akuten Koronarsyndrom<br />
(AKS) manifestiert sich meist<br />
• retrosternal, zu Beginn häufig im Epigastrium,<br />
oft ausstrahlend in Schultern<br />
oder Nacken<br />
• drückend, würgend, oft als vernichtend<br />
empfunden, «jetzt ist gleich Schluss»,<br />
Todesangst<br />
• «stärker als der Patient»: Der Schmerz<br />
zwingt zu körperlicher Ruhe<br />
• abhängig von oder ausgelöst durch körperliche<br />
oder auch psychische Belastung<br />
• vom Patienten nicht mit einem Finger<br />
(punktförmig) sondern mit der Faust<br />
gezeigt<br />
Ätiologisch sind oft mehrere Risikofaktoren<br />
kombiniert (familiäre Belastung,<br />
Hypertonie, Diabetes mellitus, Hyperlipidämie,<br />
Stress, aktivierte Gerinnung).<br />
Das EKG zeigt eine ST-Hebung (STEMI),<br />
eine ST-Senkung oder es ist (noch) normal.<br />
Die Labor-Parameter (Troponin,<br />
CPK) sind zu Beginn oft noch nicht erhöht!<br />
Da tödliche Komplikationen (Arrhythmien)<br />
zu Beginn am häufigsten<br />
* Der Artikel erschien ursprünglich in der «Therapeutischen<br />
Umschau» (Therapeutische Umschau <strong>2015</strong>;<br />
72 (1): 62–65). VSAO-Mitglieder können die «Therapeutische<br />
Umschau» zu äusserst günstigen Konditionen<br />
abonnieren. <br />
Details siehe unter www.verlag-hanshuber.com/vsao.<br />
sind, ist eine notfallmässige Spitaleinweisung<br />
sinnvoll, sofern ein AKS klinisch<br />
wahrscheinlich ist [1].<br />
Perikarditis<br />
Stechende Schmerzen, verstärkt bei Inspiration,<br />
bessern im Sitzen. Retrosternal,<br />
oft ausstrahlend in Rücken, Hals, Schultern.<br />
Ein Perikardreiben muss man «suchen»,<br />
d. h. den Patienten täglich mehrmals<br />
sorgfältig liegend und sitzend auskultieren.<br />
Es beweist die Perikarditis, sagt<br />
aber über die Ursache nichts aus: Dressler-<br />
Syndrom (2 – 5 Tage nach Infarkt oder<br />
Herz-Opera tion), Virusinfekt (inkl. HIV!),<br />
selten bakterielle Infektionen (Borrelliose,<br />
Tbc), Urämie, Neoplasien, Autoimmun,<br />
Bestrahlung.<br />
CAVE! Das Perikard ist nicht dehnbar.<br />
Eine grössere Flüssigkeitsansammlung<br />
führt zur Kompression des Myokards und<br />
zu rasch auftretender und lebensbedrohlicher<br />
Reduktion der Herzleistung (Perikardtamponade).<br />
Transthorakale Echokardiographie!<br />
[3]. Interessant ist die<br />
Therapie der akut-rezidivierenden Perikarditis<br />
mit Colchizin [4].<br />
Bei ambulanten Patienten<br />
ist der nichtkardiale<br />
Thoraxschmerz viel<br />
häufiger als der kardiale<br />
Abklärung im Rahmen einer Kurzhospitalisation<br />
(6 bis 8 Std.) mit Anamnese,<br />
klinischer Untersuchung, EKG, Sonografie,<br />
Röntgen-Thorax und wenigen gezielten<br />
Laboruntersuchungen kostet gerechnet<br />
aktuell über CHF 1000.–, Fallkostenpauschalen<br />
geben ein verzerrtes Bild effektiver<br />
Kosten! Es gilt somit, anhand<br />
einiger aussagekräftiger Kriterien rasch<br />
zu beurteilen, ob eine Hospitalisation<br />
zwingend ist oder nicht. Im Vordergrund<br />
steht (einmal mehr) die Anamnese:<br />
• frühere gleiche oder ähnliche Schmerzepisoden?<br />
Häufigkeit, Dauer, Verlauf?<br />
• Auslösende Faktoren (Bewegung, Essen,<br />
Trauma, psychische Belastung,<br />
Infekt)<br />
Nach wie vor eine der besten Übersichten<br />
findet sich bei [5]. Weist der Patient Zeichen<br />
von Instabilität auf (vergl. unten,<br />
Abschnitt G), muss er notfallmässig hospitalisiert<br />
werden.<br />
A) Die wichtigste Differentialdiagnose<br />
zum AKS stellt die<br />
Aorten-Dissektion dar<br />
An diese muss immer gedacht werden, sie<br />
zu übersehen, kann tödliche Folgen haben.<br />
Es handelt sich um ein schweres, oft<br />
dramatisches Krankheitsbild. Am Beginn<br />
steht ähnlich wie beim akuten Koronarsyndrom<br />
ein heftiger («reissender») Thoraxschmerz,<br />
mit zunehmender Dissektion<br />
wandert der Schmerz gegen Rücken und<br />
Abdomen. AZ schlecht, Patient mit kaltem<br />
Schweiss. BD initial häufig erhöht, später<br />
Radialispuls bei tiefem BD (unter 100) und<br />
wegen Dissektion oft nicht palpabel. 144<br />
alarmieren, Sauerstoff, Venflon, Mo 5 mg<br />
iv, dann «titrieren» (2,5 mg-weise). Ein<br />
gutes Merkblatt gibt es von der Kardiologie<br />
des Kantonsspitals St.Gallen [6].<br />
B) Der Patient erwähnt ein<br />
Trauma: Meist Rippenkontusion<br />
oder Fraktur<br />
CAVE! Meldet sich der Patient trotz heftiger<br />
Schmerzen erst am folgenden Tag, besteht<br />
Verdacht auf ein Alkoholproblem! Es gibt<br />
aber auch «harte Burschen», die nicht<br />
trinken.<br />
• meist Sturz, gelegentlich direkte Gewaltanwendung<br />
(Faust, Fusstritt, Kickboxen<br />
[7])<br />
• Schmerz meist streng lokalisiert, bewegungs-<br />
und atemabhängig<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
41
PERSPECTIVES<br />
• von Sonographie und/oder Röntgen-<br />
Thorax profitieren Arzt und Spital häufig<br />
mehr als der Patient, aber unter<br />
Druck von Patient, Arbeitgeber, Versicherung<br />
und Jurist oft nötig<br />
• Schmerzen dauern lange, tags meist<br />
drei, nachts sechs Wochen (Patienten<br />
informieren!)<br />
Therapie: Analgesie grosszügig mit<br />
Paracetamol 3 × 1 gr plus Ibuprofen<br />
3 × 600 mg. Cingulum (Rippengürtel)<br />
subjektiv oft sehr wirkungsvoll: Bei COPD<br />
und Rauchern mehrmals täglich entfernen<br />
und 2 Minuten gegen Widerstand<br />
atmen und husten lassen.<br />
CAVE! Bei zunehmender Dyspnoe/Zyanose<br />
an Spannungspneumothorax denken<br />
[8]! Wiederholte sorgfältige klinische Untersuchung<br />
(vergl. unten, Abschnitt I).<br />
C) Der Schmerz beginnt mit<br />
einer «blöden Bewegung»<br />
Beginn akut oft morgens (Zähneputzen,<br />
Aufstehen aus Bett, Rasieren, Kind hochheben).<br />
Der Schmerz ist oft, aber nicht<br />
immer lokalisiert, er strahlt gegen vorne<br />
und hinten aus und ist ausgesprochen<br />
bewegungs- und atem abhängig: Kostovertebrales<br />
Schmerzsyndrom (früher «Interkostalneuralgie»<br />
genannt). Meist kann<br />
der Schmerz durch lokalen Druck ausgelöst<br />
werden («Trigger»). Um nicht einen<br />
Herpes Zoster zu verpassen, muss die Haut<br />
im betroffenen Segment sehr exakt auf<br />
eventuelle Flecken und Bläschen untersucht<br />
werden. Weiterführende Untersuchungen<br />
sind nicht indiziert (EGK, Sono,<br />
Röntgenthorax, Labor), hingegen können<br />
wir dem Pa tienten mit Paracetamol, Ibuprofen<br />
® , ev. Cingulum (siehe Abschnitt B)<br />
helfen. Das kostovertebrale Schmerzsyndrom<br />
ist der häufigste organische Thoraxschmerz<br />
überhaupt!<br />
D) Der Herpes Zoster<br />
Der Herpes Zoster in einem thorakalen<br />
Hautsegment äussert sich nicht selten<br />
durch Schmerzen bereits zwei, drei Tage<br />
bevor Rötung und Bläschen auftreten. Es<br />
ist deshalb klug, Patienten mit einem kostovertebralen<br />
Schmerzsyndrom (C) darauf<br />
aufmerksam zu machen, sich bei<br />
Auftreten von Flecken und Bläschen zu<br />
einer Neubeurteilung zu melden. Im Alter<br />
unter 50 Jahren sind persistierende Zoster-<br />
Neuralgien ausgesprochen selten. Bei Patienten<br />
über 50 sollte eine Therapie mit<br />
Aciclovir ® diskutiert werden.<br />
CAVE! Hat der Patient Kontakt mit Patienten<br />
unter Immunsuppression, sollte die<br />
Situation dringend mit einem Infektiologen<br />
besprochen werden. Wie weit ein Herpes<br />
Zoster Hinweis auf eine maligne Erkrankung<br />
sein kann, und damit eine<br />
gezielte Abklärung rechtfertigt, ist nach<br />
wie vor nicht geklärt [9, 10, 11]. Der Herpes<br />
Zoster geniesst bei der Bevölkerung<br />
einen ausgesprochen schlechten Ruf<br />
(Neuralgien, gelegentlich Vorbote eines<br />
Lymphoms).<br />
E) Der Thoraxschmerz bei<br />
gastro-oesophagealem Reflux<br />
Er tritt vor allem beim Liegen und Bücken<br />
auf. Häufig wird der Schmerz durch «Säurelocker»<br />
(Senf, Pfeffer, Blätterteig-Gebäck,<br />
Rahm, tanninhaltiger Rotwein)<br />
provoziert. Damit ist auch die wichtigste<br />
Prävention klar: Verzicht auf die genannten<br />
Nahrungsmittel. Oft lassen sich die<br />
Beschwerden auch durch Vermeiden von<br />
Arbeit in gebückter Haltung (kauern und<br />
knien statt bücken) und durch Liegen mit<br />
erhöhtem Oberkörper vermeiden. Wie weit<br />
«Chemie statt Verzicht» mit einem Säureblocker<br />
(«-prazol») gerechtfertigt ist, ist<br />
letztlich nicht nur eine finanzielle, sondern<br />
eine ethische Frage: Wie weit lassen<br />
sich individuelle Wünsche und Bedürfnisse<br />
mit einem hohem finanziellen Aufwand<br />
rechtfertigen? «Ohne Säurelocker<br />
braucht es keine Säureblocker».<br />
CAVE: Ein akutes Koronarsyndrom (AKS)<br />
manifestiert sich oft zuerst mit «Magenbrennen».<br />
Tritt nach Verabreichung von<br />
40 mg Omeprazol plus Aluminiumhydroxyd<br />
innert 30 Minuten keine Besserung<br />
ein, muss ein AKS dringend in Betracht<br />
gezogen werden!<br />
F) Tietze-Syndrom<br />
Der heute halb informierte und völlig verunsicherte<br />
Patient ist alarmiert: Er hat<br />
unterhalb der Klavikula links eine<br />
schmerzhafte Schwellung, hat die halbe<br />
Nacht gegoogelt und kommt zum Schluss,<br />
dass es sich wohl um eine Metastase eines<br />
Prostata- oder Bronchus- Karzinoms<br />
handle, wegen der Eternitziegel auf dem<br />
Haus komme sicher auch ein Pleura-Mesotheliom<br />
in Frage. Wir beruhigen ihn,<br />
möglichst mit Bild (im «Siegenthaler» seit<br />
50 Jahren in jeder Ausgabe!), es ist ein<br />
Tietze-Syndrom. Und seit 50 Jahren wissen<br />
wir nicht, was das eigentlich ist. Sicher<br />
eine entzündliche Schwellung, die auf<br />
Verabreichung von Ibuprofen meist verschwindet,<br />
wie sie gekommen ist. Lokalisiert<br />
am Knorpel der 2., ev. 3. Rippe, häufiger<br />
links als rechts. Entzündungsparameter<br />
negativ, die überflüssige Bildgebung<br />
zeigt das, was wir sehen und palpieren:<br />
Eine Schwellung. Falls die Rippe betroffen<br />
ist, vergl. Abschnitt L.<br />
G) Die Lungenembolie<br />
Die Lungenembolie (LE) gehört nach wie<br />
vor zu den häufig «verpassten» Diagnosen<br />
[12].<br />
Viele Patienten mit einer LE sind schwere<br />
<strong>No</strong>tfälle (Zeichen von Instabilität). Die LE<br />
wird hier erwähnt, weil dem Hausarzt bei<br />
der Beurteilung der Vortest-Wahrscheinlichkeit<br />
eine hohe Bedeutung zukommt.<br />
Die Lungenembolie ist selbstverständlich<br />
kein «kleiner <strong>No</strong>tfall»!<br />
Es gibt mehrere diagnostische Scores [13]<br />
deren «Extrakt» etwa lautet: 1. Anamnese<br />
(Trauma, Geburt, Operation, Bettruhe<br />
> 24 h, lange Flug/Busreise) plus 2. Wadenschmerz<br />
(spontan oder auf Druck)<br />
plus 3. Tachycardie über 100/Min. bedeutet<br />
Lungenembolie, bis das Gegenteil bewiesen<br />
ist (in der Regel mittels Spiral-CT).<br />
Labor: D-Dimer sehr sensitiv, aber wenig<br />
spezifisch. Ein negativer D-Dimer-Test<br />
macht eine LE wenig wahrscheinlich,<br />
schliesst sie aber nicht aus [13]. Die Klinik<br />
entscheidet!<br />
Welcher Patient muss ins Spital? Jeder<br />
Patient, der instabil ist. Zeichen von Instabilität<br />
sind Dyspnoe, Cyanose, ausgeprägte<br />
Tachycardie, BD unter 100 mHg<br />
syst., Schock-Symptome, Bewusstseinstrübung,<br />
Angst, ungünstige soziale Verhältnisse,<br />
alleinstehende Menschen. Der Patient<br />
muss auch ins Spital, wenn der Arzt<br />
Angst hat, den Patienten mit einer potentiell<br />
tödlichen Erkrankung zu Hause zu<br />
betreuen! Angst ist ein schlechter Berater!<br />
Die Therapie der LE ist anspruchsvoll,<br />
siehe (neben [12] und [14]) prägnante<br />
Beschreibung bei Furger [15].<br />
H) Die Pleuritis<br />
Die Pleuritis führt zu scharfen, lokalisierten<br />
Schmerzen, verstärkt bei Husten, Niesen<br />
und tiefer Inspiration. Bei Pleuraerguss<br />
sind Stimmfremitus, Klopfschall und<br />
Atemgeräusch vermindert. Die Differentialdiagnose<br />
ist eine Herausforderung und<br />
verlangt häufig eine enge Kooperation mit<br />
dem Pneumologen und Infektiologen. Als<br />
erste Massnahme ist Paracetamol (ev.<br />
kombiniert mit Codein) und Ibuprofen<br />
42 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
PERSPECTIVES<br />
sinnvoll. Die Abklärung des Pleuraergusses<br />
ist bei [16] ausführlich und praxisnah<br />
beschrieben.<br />
I) Pneumothorax<br />
Die Diagnose erfolgt auch hier primär<br />
klinisch: Akut einsetzende unilaterale<br />
Thoraxschmerzen, leichte Dyspnoe. Atemgeräusch<br />
und Stimmfremitus vermindert,<br />
Klopfschall erhöht. Der primäre Pneumothorax<br />
tritt in erster Linie bei jungen,<br />
schlanken Männern auf, der Sekundäre<br />
bei Patienten mit COPD, Asthma und<br />
zahlreichen weiteren (chronischen) Lungenerkrankungen.<br />
CAVE! Nimmt die Dyspnoe zu, begleitet<br />
von schlechter O 2 -Sättigung und Oppressionsgefühl,<br />
liegt ein Spannungs-Pneumothorax<br />
vor. Kann der Patient nicht<br />
innert Minuten im Spital sein, ist die<br />
Punktion mit der grösstmöglichen Venflon-Kanüle<br />
lebensrettend (2. ICR in der<br />
Medioclavicular linie, senkrecht zur Haut).<br />
J) Morbus Bornholm<br />
(Epidemische Pleurodynie). Es handelt<br />
sich nicht um eine Pleuritis, sondern um<br />
einen interkostalen Schmerz bei einer<br />
viralen Infektion (oft Coxsackie B). Dauer<br />
eine Woche, Prognose gut. Therapie mit<br />
NSAR.<br />
K) Rippenmetastasen<br />
CAVE! Ist die Schwellung beim «Tietze-<br />
Syndrom» (s. Abschnitt F) nicht streng auf<br />
den Rippenknorpel lokalisiert, hat der<br />
Patient möglicherweise recht! CT, ev. MRI,<br />
usw.<br />
L) Funktionelle Probleme<br />
Last but not least: Zu den häufigsten Thoraxschmerzen<br />
gehören funktionelle Probleme<br />
(Effort Syndrom, «soldiers heart»,<br />
psychogene Schmerzen). Während Standardwerke<br />
der Inneren Medizin [17] immerhin<br />
in vier Zeilen auf psychische Ursachen<br />
von Thoraxschmerzen hinweisen<br />
(Depression, Angst, Panikstörung), widmet<br />
der Orthopäde A. M. Debrunner [18]<br />
Themen wie Zuhören, Gespräch, Betreuung<br />
und Beratung gar mehrere Seiten.<br />
Erschöpfend Auskunft über funktionelle<br />
Schmerz-Syndrome gibt das Standardwerk<br />
von Uexküll [19], unter anderem in<br />
einer Tabelle über «Merkmale vorwiegend<br />
organischer und vorwiegend nichtorganischer<br />
Schmerzen».<br />
Die Faustregel von G. Engel [20] gilt nach<br />
50 Jahren unverändert: Patienten mit<br />
organischem Hintergrund für die<br />
Schmerzen ziehen als Ursache psychische<br />
Gründe heran, und solche mit<br />
psychogen bedingten Schmerzen betonen,<br />
dass hinter ihrem Schmerz eine<br />
nur noch nicht erfasste organische Störung<br />
liege.<br />
■<br />
Korrespondenzadresse<br />
Prof. em. Dr. med. Benedikt Horn<br />
FMH Allgemeine Medizin<br />
Marktgasse 66<br />
3800 Interlaken<br />
dr.horn@tcnet.ch<br />
Manuskript gegengelesen von:<br />
Dr. med. Hans U. Marty<br />
Ehem. Chefarzt Spital Zweisimmen<br />
Ehem. Leiter Medizin am<br />
Universitären <strong>No</strong>tfall-Zentrum<br />
Inselspital Bern<br />
Literatur<br />
1. Neuner-Jehle S. Diagnose-Scores für das<br />
ACS. PrimaryCare 2012, 12: 383.<br />
2. Schneider T et al. Myokarditis – eine wichtige<br />
Differentialdiagnose. SMF 2012,12:<br />
812 – 816.<br />
3. Horn R, Krähenbühl G. <strong>No</strong>tfallsonografie<br />
des Thorax für internistische und traumatologische<br />
Patienten. PRAXIS 2014, 103:<br />
689 – 695.<br />
4. de Torrenté A. Akute Pericarditis, eine wirksame<br />
Behandlung. SMF 2014, 14: 167.<br />
5. Raetzo MA, Restellini A. (Hrsg): Alltagsbeschwerden<br />
Verlag Huber 1998.<br />
6. Kardiovaskuläres Manual Kt.-Spital St. Gallen<br />
2011. www. kv_manual_2011.pdf<br />
7. Extremer k.o. beim Kickboxen. www. youtube.com:<br />
kickbox k.o.<br />
8. Petke S. Der Spannungspneumothorax<br />
(2011). www.Petke_Spannungspneu.pdf.<br />
9. Egli A. Herpes Zoster. Pharma-Kritik 12,04<br />
www.infomed.ch (pdf).<br />
10. Wareham DW, J. Breuer: Herpes Zoster. BMJ<br />
2007, 334: 1211 – 1215.<br />
11. CME Herpes Zoster. PRAXIS 2013, 102:<br />
185 – 194.<br />
12. Benz R et al. Akute Lungenembolie, aktuelle<br />
Diagnostik und Therapie. SMF 2014, 14,<br />
195 – 201.<br />
13. Neuner-Jehle S. Diagnose von tiefer Venenthrombose<br />
& Lungenembolien PrimaryCare<br />
2013, 13: 294 – 295.<br />
14. Kucher N et al. Behandlung der venösen<br />
Thromboembolie. SMF 2013, 13: 715 – 718.<br />
15. Furger Ph et al. TURBO <strong>No</strong>tfallmedizin,<br />
Guidelines 2010, update www.investimed.ch.<br />
16. CME Pleuraerguss. PRAXIS 2014, 103,<br />
739 – 752.<br />
17. Papadakis MA et al. Current medical Diagnosis<br />
and treatment 2014.<br />
18. Debrunner AM. Orthopädische Chirurgie. 4.<br />
Aufl. 2005, 261 – 274.<br />
19. Uexküll Th. (Hrsg. R. Adler) Psychosomatische<br />
Medizin. Urban und Schwarzenberg<br />
1990.<br />
20. Engel G. signs and symptoms. Lipincott 1970,<br />
5. Aufl., Kap. 30.<br />
Chest pain<br />
Chest pain in ambulatory setting is predominantly not<br />
heart-associated. Most patients suffer from muskuloskeletal<br />
or functional (psychogenic) chest pain. Differential<br />
diagnosis covers aortic dissection, rib-fracture, shingles,<br />
GERD, Tietze-Syndrome, pul monary embolism, pleuritis,<br />
pneumothorax, pleurodynia and metastatic disease.<br />
In most cases history, symptoms and signs allow a<br />
clinical diagnosis of high pretest-probability.<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
43
PERSPECTIVES<br />
L’objet choisi<br />
Une fumée enivrante<br />
Prof. Iris Ritzmann, historienne de la médecine, Zurich<br />
Pipe à opium richement décorée du Viêtnam, XX e siècle<br />
<br />
© MKB; photographe: Derek Li Wan Po<br />
«Fumée interdite!» Les panneaux<br />
d’interdiction de plus en plus nombreux<br />
visent le tabac. Le tabac, autrefois mâché<br />
et sniffé, est aujourd’hui le plus souvent<br />
fumé ou, pour s’en désaccoutumer, la nicotine<br />
est prise sous forme de patch ou<br />
autres. Pourtant, la pipe ornée d’une décoration<br />
en argent n’est pas une pipe à<br />
tabac. Elle servait à la consommation<br />
d’opium.<br />
L’opium aussi peut être consommé de différentes<br />
manières. L’injection de la morphine<br />
n’est apparue qu’après l’isolement<br />
de cet alcaloïde et la propagation des seringues.<br />
Comment utilisait-on cet antidouleur<br />
auparavant? Au XVIIIe siècle, le<br />
célèbre médecin et érudit universel Albrecht<br />
von Haller s’administrait régulièrement<br />
des lavements à l’opium. Cela lui<br />
permettait de mieux supporter les douleurs<br />
invalidantes provoquées par son<br />
calcul urinaire. Souvent, les personnes<br />
atteintes de douleurs prenaient l’opium<br />
sous forme de pilules, plaquettes ou sous<br />
sa forme dissoute: le laudanum.<br />
En tant que produit de consommation,<br />
l’opium était mâché et fumé, notamment<br />
en Chine. Malgré les interdictions strictes,<br />
il se répandit toujours plus, en particulier<br />
aussi en raison de sa capacité à réduire la<br />
sensation de faim. Or, l’opium n’était pas<br />
seulement fumé dans les célèbres fumeries<br />
d’opium de la Chine lointaine, mais<br />
également dans le <strong>No</strong>uveau-Monde. Même<br />
des artistes européens ou des citoyens<br />
aisés aimaient fumer leur pipe à opium<br />
pour ressentir l’ivresse.<br />
Voulez-vous aussi vivre l’ivresse de<br />
l’opium, sans le fumer ni l’avaler? Alors<br />
visitez le Musée des cultures à Bâle et<br />
laissez-vous surprendre! ■<br />
Opium.<br />
Une exposition du<br />
Musée des cultures<br />
de Bâle<br />
20 mars <strong>2015</strong> – 24 janvier 2016<br />
Ma–di: 10h00–17h00<br />
Münsterplatz 20<br />
CH–4051 Basel<br />
www.mkb.ch<br />
44 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />
Comprendre les assurances: la<br />
responsabilité civile professionnelle<br />
Pour quels médecins l’assurance responsabilité civile professionnelle est-elle indispensable?<br />
De quoi faut-il tenir compte lors de la conclusion d’une telle assurance? MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />
répond à ces questions avec le modèle des phases de vie.<br />
Christoph Bohn, collaborateur indépendant MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />
Celui qui s’engage quotidiennement pour<br />
ses patients doit aussi réfléchir aux propres<br />
risques qu’il encourt. En particulier les<br />
médecins sont exposés à des risques considérables<br />
dans leur vie professionnelle. Les<br />
expectatives vis-à-vis des médecins indépendants<br />
de toutes les disciplines sont de<br />
plus en plus grandes. Aujourd’hui, les<br />
patients s’attendent à ce que leur traitement<br />
soit réalisé avec succès. A cela<br />
s’ajoute que les patients sont généralement<br />
bien informés et peu disposés à accepter<br />
sans commentaire les résultats d’un traitement<br />
qui n’a pas rempli leurs attentes.<br />
A cela viennent s’ajouter les propositions<br />
politiques visant à améliorer les droits des<br />
patients (p. ex. inversement du fardeau de<br />
la preuve). Les risques de responsabilité<br />
des médecins s’accroissent donc continuellement.<br />
Ainsi, l’Office fédéral des assurances<br />
sociales précise: «Les médecins,<br />
les dentistes, les architectes, les ingénieurs<br />
et les avocats sont particulièrement exposés<br />
à des risques professionnels spéciaux,<br />
car, en règle générale, le produit de leur<br />
activité est étroitement lié aux personnes.<br />
(…) On co nstate un accroissement certain<br />
du nombre de plaintes contre des<br />
médecins et des dentistes accusés de<br />
n’avoir pas respecté les règles de leur art.»<br />
Dans ses explications relatives à la responsabilité<br />
civile du médecin, Christian Brückner<br />
souligne que cette évolution n’est pas toujours<br />
à l’avantage des patients. «D’une manière<br />
générale, on peut dire qu’une médecine<br />
soucieuse d’éviter les risques de responsabilité<br />
civile pénalise les patients. Dans un environnement<br />
toujours plus intolérant en<br />
matière de responsabilité civile, cela équivaut<br />
à des médecins craignant de plus en plus les<br />
risques et conduit donc globalement à une<br />
qualité réduite de l’approvisionnement en<br />
soins de la population.» 1<br />
Bien que nous soyons encore loin d’une<br />
situation à l’américaine avec ses sommes<br />
de réparation exorbitantes, il vaut la peine<br />
d’analyser à temps et en détail sa propre<br />
situation et d’entreprendre les démarches<br />
nécessaires.<br />
Un must pour les médecins<br />
exerçant à titre indépendant<br />
Même si les besoins en matière d’assurance<br />
sont très individuels, pour les médecins<br />
exerçant à titre indépendant, la conclusion<br />
d’une assurance responsabilité professionnelle<br />
est un must absolu. Elle offre d’une<br />
part une protection en cas de dommages<br />
matériels ou de lésions corporelles. D’autre<br />
part, elle permet de répondre à d’éventuelles<br />
demandes de dommages-intérêts de<br />
la part des patients et de protéger sa fortune<br />
personnelle. Les assistantes médicales sont<br />
automatiquement couvertes par la police<br />
de leur employeur.<br />
Suivant la discipline et l’activité exercée, il<br />
existe des solutions de responsabilité civile<br />
professionnelle sur mesure ou standard.<br />
Dans ce contexte, c’est la liste complète des<br />
activités professionnelles exercées par la<br />
personne qui est déterminante. La mention<br />
d’un titre de spécialiste ne suffit donc<br />
pas. La société d’assurance doit connaître<br />
exactement les traitements effectués par le<br />
médecin, respectivement ceux qu’il n’effectue<br />
pas. Celui qui déclare travailler en<br />
tant que spécialiste en «médecine interne»<br />
ne peut pas assumer que le risque gastroentérologie,<br />
endoscopie ou angiologie<br />
sera aussi inclus. De plus en plus souvent,<br />
les médecins proposent des prestations<br />
médicales spécifiques telles les traitements<br />
de botox ou au laser. La société d’assurance<br />
doit être au courant de toutes ces activités,<br />
faute de quoi un dommage résultant sur<br />
une personne ne sera éventuellement pas<br />
couvert. Les répercussions d’un tel cas<br />
peuvent alors avoir de lourdes conséquences<br />
pour le médecin traitant. Par<br />
ailleurs, il est important que l’assurance<br />
responsabilité civile professionnelle soit<br />
valable également en dehors du cabinet et<br />
si possible dans le monde entier (en raison<br />
de l’obligation du médecin de secourir des<br />
personnes en danger).<br />
Conseil compétent pour<br />
des cas complexes<br />
D’une manière générale, on peut dire que<br />
plus un médecin pratique des interven-<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
45
MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />
tions invasives, plus son risque et par<br />
conséquent sa prime d’assurance seront<br />
élevés. «Les sommes d’assurance se situent<br />
généralement entre 5 et 10 millions<br />
de francs, et les primes s’élèvent souvent à<br />
plusieurs milliers ou dizaines de milliers<br />
de francs. En effectuant une comparaison<br />
des offres de la concurrence, on peut facilement<br />
économiser jusqu’à 30% de ces<br />
montants», constate Reto Spring, président<br />
du Finanzplaner Verband Schweiz.<br />
En ce qui concerne l’aménagement individuel<br />
d’une solution de responsabilité<br />
civile professionnelle adéquate et axée sur<br />
le long terme, il faut également tenir<br />
compte de nombreux facteurs et conditions<br />
parfois très complexes. L’analyse<br />
personnelle et le conseil est donc essentiel<br />
pour chaque médecin. MEDISERVICE est<br />
le partenaire idéal pour tous les médecins<br />
indépendants de toutes les disciplines,<br />
grâce à son savoir-faire et à son réseau.<br />
Attention: les médecins employés sont couverts<br />
de par la loi par leur employeur (hôpital,<br />
clinique, cabinet, etc.) et peuvent<br />
donc se passer d’une assurance responsabilité<br />
civile professionnelle.<br />
La responsabilité civile professionnelle en un clin d’œil:<br />
• un must pour les médecins indépendants de toutes les disciplines pendant leur période active et<br />
durant la phase de retraite/règlement de la succession;<br />
• les médecins et le personnel médical employés sont assurés par leur employeur;<br />
• assurance responsabilité civile pour les dommages corporels, matériels et pécuniaires résultant de<br />
l’activité médicale (selon les dispositions légales);<br />
• assurance contre les dommages aux locaux loués, etc.;<br />
• primes et prestations de service particulièrement attractives pour les membres de MEDISERVICE;<br />
pour d’autres renseignements et conseils: MEDISERVICE, 031 350 44 22 ou info@mediservice-asmac.ch.<br />
MEDISERVICE se tient à disposition de ses<br />
membres pour répondre à leurs questions<br />
dans ce domaine. En tant qu’organisation<br />
de prestations de service de l’<strong>ASMAC</strong>, ME-<br />
DISERVICE connaît très bien les profils de<br />
risque des médecins dans les différentes<br />
disciplines médicales. Le modèle des phases<br />
de vie spécialement développé (www.mediservice-vsao.ch/fr)<br />
montre quelles personnes<br />
doivent se pencher de plus près sur<br />
le thème de la responsabilité civile professionnelle<br />
et d’autres sujets d’assurance. Il<br />
s’agit ainsi d’éviter des surprises qui peuvent<br />
s’avérer très coûteuses et mettre en péril la<br />
carrière du médecin.<br />
■<br />
A ne pas manquer: dans le prochain<br />
numéro du Journal <strong>ASMAC</strong> de décembre<br />
<strong>2015</strong> (n° 6/15), nous aborderons<br />
plus en détail l’assurance responsabilité<br />
civile privée.<br />
1 Arzthaftpflicht, Juristischer Ratgeber für<br />
Ärzte und Kliniken. Prof. Dr. iur. Christian<br />
Brückner. 1. Mai 2011.<br />
46 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />
BOÎTE<br />
AUX LETTRES<br />
Contribution au courrier des assurés<br />
Dans une lettre, santésuisse me reproche d’avoir fait des erreurs dans<br />
l’application de tarifs et de pratiquer la surmédicalisation. Qu’est-ce<br />
que cela signifie au juste? Que dois-je faire?<br />
L’objectif de santésuisse/tarifsuisse est d’obtenir, dans la mesure du possible, un tarif<br />
homogène à l’échelle de la Suisse pour une même prestation. Pour ce faire, elle contrôle<br />
systématiquement les pratiques en matière de décompte des prestataires quant à leur<br />
caractère économique.<br />
Ce contrôle passe d’une part par l’analyse de factures isolées, au cours de laquelle l’on<br />
vérifie si des positions tarifaires ou des prix facturés figurant sur la facture d’un prestataire<br />
sont erronés ou injustifiés. Ce contrôle est effectué par l’assureur-maladie. D’autre<br />
part, santésuisse applique l’examen du caractère économique des prestations, conformément<br />
à l’art. 56, al. 1 LAMal afin d’identifier les prestataires dont les coûts sont significativement<br />
supérieurs à la moyenne.<br />
Depuis peu, santésuisse procède également à un contrôle tarifaire dans le cadre d’une<br />
procédure d’économicité. Cela signifie qu’elle contrôle les pratiques de facturation du<br />
médecin. Ainsi, en plus d’être soupçonné de surmédicalisation, le médecin se voit accusé<br />
d’application «erronée» de tarifs. L’attention est alors portée sur les positions tarifaires<br />
mises en facture, ce qui conduit à une analyse de l’application tarifaire. Si les tarifs<br />
appliqués par le prestataire paraissent suspects, une analyse de tous les prestataires ayant<br />
la même spécialisation est effectuée. Il ne s’agit pas là de rechercher une anomalie<br />
statistique, mais plutôt les pratiques dans l’application des tarifs ainsi que la présence<br />
de certificats de capacité et de valeurs intrinsèques. En cas d’application abusive d’un<br />
tarif, une demande de remboursement est établie.<br />
lic. iur. Patrick Boschi, AXA-ARAG Protection<br />
juridique, Droit de la responsabilité civile et des<br />
assurances sociales (tél. 0848 11 11 00,<br />
http://www.mediservice-vsao.ch/fr/assurances/<br />
protection-juridique/)<br />
Si, en tant que prestataire, vous recevez une lettre de santésuisse vous reprochant des<br />
valeurs moyennes trop élevées et vous demandant de vous justifier à ce propos, vous<br />
devez vous attendre à un travail de clarification fastidieux et onéreux. En plus de la<br />
rédaction d’une prise de position et de la participation à un entretien avec santésuisse,<br />
vous devez tenir compte de l’éventualité d’une procédure judiciaire si un accord ne peut<br />
être trouvé. <strong>No</strong>us vous recommandons donc de vous adresser à votre assurance de protection<br />
juridique le plus tôt possible pour bénéficier de l’assistance juridique nécessaire<br />
et éviter les écueils d’une telle procédure. Les experts de l’assurance de protection juridique<br />
vous apportent leur soutien tout au long de la procédure. Ils vous aident dans<br />
l’analyse des risques basée sur la statistique des factureurs, dans l’évaluation des statistiques,<br />
dans la rédaction de la prise de position destinée à santésuisse et vous accompagnent<br />
lors de l’entretien avec santésuisse. De plus, ils peuvent vous représenter en cas<br />
de procédure judiciaire.<br />
AXA-ARAG propose une assurance de protection juridique à des conditions très<br />
avantageuses aux membres de MEDISERVICE. N’hésitez pas à vous adresser à votre<br />
interlocuteur MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong> si vous avez d’autres questions. ■<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
47
MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />
Les dommages causés par les<br />
fouines peuvent être évités<br />
Quelle que soit la marque de votre voiture – les fouines les trouvent toutes à croquer.<br />
Un câble sectionné par une morsure entraîne bien souvent des réparations onéreuses.<br />
Mais si vous êtes bien assuré, vous pouvez appeler le service de dépannage.<br />
Vous avez préparé votre équipement de<br />
randonnée, les enfants s’agitent et la famille<br />
se prépare à partir en week-end pour<br />
l’excursion de la semaine tant attendue.<br />
Seulement, l’ennui, c’est que la voiture ne<br />
démarre pas – dommage causé par les<br />
fouines! Lorsque la fouine a fait son œuvre<br />
et qu’elle a sectionné câbles et tuyaux avec<br />
ses dents pointues, souvent plus rien ne va.<br />
Les câbles de démarrage, les tuyaux en<br />
plastique ou les manchettes de direction<br />
sont tout particulièrement appréciés de ces<br />
rongeurs à fourrure. Mais qui paye les<br />
réparations et le service de dépannage?<br />
La casco partielle couvre<br />
même les voitures de remplacement<br />
Les frais de réparation entraînés par les<br />
dommages causés par les fouines sont<br />
généralement pris en charge par l’assurance,<br />
sans franchise à condition d’avoir<br />
une assurance casco partielle. La plupart<br />
des dommages consécutifs aux morsures<br />
de fouines sur le véhicule sont assurés<br />
ainsi que le remorquage du véhicule endommagé<br />
jusqu’au garage le plus proche.<br />
Dans les régions abritant de nombreuses<br />
populations de fouines, la souscription<br />
d’une assurance casco partielle est vraiment<br />
à envisager.<br />
Au printemps, elles ont<br />
plus d’appétit encore<br />
Les fouines sont comme de jeunes enfants<br />
ou de jeunes chiens: elles découvrent leur<br />
environnement en mordillant. A cela<br />
s’ajoute leur instinct du jeu. En particulier<br />
au moment des amours, au printemps, les<br />
fouines réagissent de manière agressive<br />
aux odeurs de leur espèce. Mais même<br />
lorsque les températures chutent, le compartiment<br />
moteur n’est pas à l’abri des<br />
petites dents incisives de ces petites bêtes<br />
car la fouine n’hiberne pas.<br />
Jeter un œil sous le capot<br />
peut s’avérer payant<br />
Pour pouvoir agir en temps voulu, il peut<br />
être utile de discuter avec les voisins. Car<br />
s’il y a eu des dommages causés par les<br />
fouines dans les parages, il est prudent d’y<br />
regarder à deux fois. En particulier, les<br />
voitures garées à différents emplacements<br />
la nuit sont particulièrement victimes de<br />
morsures de fouines. Pour vous prémunir,<br />
lavez régulièrement votre moteur afin<br />
d’enlever les odeurs laissées par les fouines.<br />
La seule véritable protection contre les<br />
morsures de fouine est un dispositif à décharges<br />
électriques qui fait fuir les fouines<br />
affamées.<br />
■<br />
Zurich Connect –<br />
souscription facile<br />
en ligne!<br />
Vous trouverez toutes les informations<br />
sur les offres de Zurich Connect à<br />
l’adresse www.zurichconnect.ch/<br />
partnerfirmen. Vous pourrez y calculer<br />
votre prime individuelle et établir votre<br />
offre personnalisée. Pour ce faire, vous<br />
aurez besoin des données de connexion<br />
suivantes:<br />
ID: asmac Mot de passe: docteur<br />
Vous pouvez aussi demander une offre<br />
sans engagement au 0848 890 190. Ce<br />
numéro est exclusivement réservé aux<br />
membres de MEDISERVICE <strong>ASMAC</strong>. Le<br />
centre clientèle de Zurich Connect est<br />
ouvert en continu du lundi au vendredi<br />
de 8h00 à 17h30.<br />
48 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>
MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />
Règles d’imposition dans<br />
le domaine de la prévoyance<br />
<strong>No</strong>tre système de prévoyance est constitué de trois piliers. Toutefois, le troisième pilier opère<br />
une distinction entre le pilier 3a (prévoyance liée) et 3b (prévoyance libre). Ci-après, une tentative<br />
d’explication des différentes modalités d’imposition dans les différents piliers.<br />
Werner A. Räber, associé gérant de la Dr. Thomas Fischer & Partner AG, Baar (werner.raeber@xantrium.ch)<br />
1 er pilier (AVS/AI)<br />
Toutes les cotisations à l’AVS sont déductibles.<br />
Cela vaut également pour les contributions<br />
dont les personnes n’exerçant pas<br />
d’activité lucrative ou au bénéfice d’une<br />
retraite anticipée jusqu’à l’atteinte de l’âge<br />
de la retraite ordinaire doivent s’acquitter<br />
sur la base de leur fortune. En contrepartie,<br />
les rentes AVS et AI sont imposées au<br />
même titre qu’un revenu normal et additionnées<br />
aux autres revenus. Si une personne<br />
touche des prestations complémentaires<br />
ou des allocations pour impotents,<br />
elle n’a pas besoin de les déclarer. Les<br />
montants versés au titre de mesures de<br />
réinsertion de l’AI sont également exonérés<br />
de l’impôt, étant donné qu’il s’agit d’un<br />
remboursement de frais.<br />
2 e pilier (LPP)<br />
Les cotisations pour la caisse de pension<br />
sont également entièrement déductibles.<br />
Cela vaut sans restriction pour les cotisations<br />
ordinaires sur le salaire. Les rachats<br />
dépassant ces montants sont déductibles<br />
lorsque la personne assurée présente une<br />
lacune de cotisations correspondante. Par<br />
ailleurs, il faut également tenir compte du<br />
fait que pour une période de trois ans à<br />
compter du dernier versement complémentaire,<br />
aucun retrait sous forme de<br />
capital n’est autorisé. Un retrait entraînant<br />
la perte de l’avantage fiscal.<br />
Depuis le 1 er janvier 2002, les versements<br />
de rente sont considérés comme revenu<br />
imposable. Les rentes versées selon l’ancien<br />
droit restent, suivant le cas, imposable<br />
à seulement 60 ou 80%. Les versements<br />
sous forme de capital sont soumis<br />
à un impôt spécial perçu séparément du<br />
revenu restant au lieu de domicile au moment<br />
du versement. Le barème d’imposition<br />
est fortement progressif et dépend<br />
donc du montant du versement sous forme<br />
de capital. Au niveau fédéral, l’impôt correspond<br />
à un cinquième de l’impôt sur le<br />
revenu ordinaire. Le taux maximal s’élève<br />
donc à 2,3%. Les différences entre cantons<br />
sont considérables. L’imposition maximale<br />
par la Confédération et le canton<br />
peut varier de 7 à 28% suivant le lieu de<br />
domicile.<br />
Les règles d’imposition susmentionnées ne<br />
s’appliquent pas seulement à la prévoyance<br />
vieillesse, mais également à<br />
d’éventuelles prestations d’invalidité. Les<br />
rentes de la SUVA et les indemnités journalières<br />
de l’assurance-maladie ou -militaire<br />
comptent comme revenu normal et<br />
sont imposées à 100%. Concernant l’imposition<br />
des prestations de l’assurance-accidents,<br />
vous trouverez un article dans le<br />
Journal <strong>ASMAC</strong> 3/2014.<br />
Pilier 3a (prévoyance liée)<br />
Pour le pilier 3a, ce sont les mêmes principes<br />
que ceux du 2 e pilier qui s’appliquent.<br />
Les versements annuels sont déductibles,<br />
toutefois seulement jusqu’à concurrence<br />
du montant maximal autorisé d’actuellement<br />
CHF 6768 (salariés) et CHF 33 840<br />
(indépendants). Les versements sous<br />
forme de capital sont imposés comme les<br />
retraits en capital de la caisse de pension.<br />
Si un retrait en capital est effectué la<br />
même année dans la caisse de pension et<br />
le 3 e pilier, les montants sont additionnés,<br />
ce qui conduit à une plus forte progression.<br />
Il est donc recommandé de procéder<br />
à des versements échelonnés. Le pilier 3a<br />
peut être vidé tous les cinq ans, si le montant<br />
retiré est utilisé pour amortir une<br />
hypothèque ou acheter un bien immobilier<br />
à usage personnel.<br />
Pilier 3b<br />
(prévoyance libre)<br />
L’épargne privée dans le pilier 3b est également<br />
encouragée par certains privilèges<br />
fiscaux. En principe, les cotisations<br />
ne peuvent être déduites fiscalement que<br />
dans le cadre de la déduction générale<br />
pour les assurances et l’épargne. En<br />
contrepartie, les versements sont dans la<br />
plupart des cas exonérés de l’impôt. La<br />
multitude de produits d’assurance proposés<br />
ne facilite cependant pas les<br />
choses:<br />
• assurances de capitaux susceptibles de<br />
rachat avec primes périodiques: versement<br />
exonéré<br />
• assurances susceptibles de rachat à<br />
prime unique: versement exonéré, à<br />
certaines conditions<br />
• assurances risque décès: impôt spécial<br />
sur le versement selon le tarif applicable<br />
à la prévoyance<br />
• rente viagère: rente, rachat ou restitution<br />
imposable respectivement à 40%<br />
• assurance à terme: part d’intérêt imposable<br />
à 100%.<br />
Vous trouverez de plus amples informations<br />
dans les notices correspondantes sur<br />
les sites web de votre intendance des impôts.<br />
Versements à l’étranger<br />
Concernant les modalités d’imposition<br />
pour les versements à des destinataires<br />
résidant à l’étranger, vous trouverez un<br />
article dans le Journal <strong>ASMAC</strong> 6/2013. ■<br />
N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong><br />
49
IMPRESSUM<br />
ADRESSES DE CONTACT DES SECTIONS<br />
N o 5 • 34 e année • <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong><br />
Editeur<br />
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VSAO Sektion Aargau, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />
Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />
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MEDISERVICE VSAO-<strong>ASMAC</strong><br />
Bahnhofplatz 10A, case postale, 3001 Berne<br />
Téléphone 031 350 44 88, fax 031 350 44 89<br />
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Sur mandat de l’<strong>ASMAC</strong><br />
Rédaction<br />
Catherine Aeschbacher (rédactrice en chef),<br />
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Comité directeur<br />
Daniel Schröpfer, président<br />
Ryan Tandjung, vice-président<br />
Christoph Bosshard, Cyrill Bühlmann, Karin Etter,<br />
Lars Frauchiger, Dina-Maria Jakob, Gert Printzen,<br />
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Marino Urbinelli, Felix Widmer (swimsa)<br />
Impression et expédition<br />
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BL/BS<br />
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Tirage<br />
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Certification des tirages par la REMP/FRP 2014:<br />
21 009 exemplaires<br />
Fréquence de parution: 6 numéros par année<br />
L’abonnement est inclus dans la contribution<br />
annuelle pour les membres de l’<strong>ASMAC</strong><br />
ISSN 1422-2086<br />
L’édition n o 6/<strong>2015</strong> paraîtra en décembre <strong>2015</strong>.<br />
Sujet: Visions<br />
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50 VSAO <strong>JOURNAL</strong> <strong>ASMAC</strong> N o 5 <strong>Octobre</strong> <strong>2015</strong>