La parole à l’opposition L’orthographe luxembourgeoise, une priorité? L’orthographe est le squelette de la langue qui la fige dans sa structure. Cependant, au-delà de cette structure de base, les aspects culturel et social apportent à toutes les langues du monde leur organisme vital. Le luxembourgeois est une langue médiatrice. Il est donc important d’en faciliter l’apprentissage dès le plus jeune âge et de la rendre accessible au plus grand nombre. L’école, les cours linguistiques, l’entourage familial et l’immergence dans un environnement culturel luxembourgophone sont des moyens de transmission de la langue luxembourgeoise. Déi Lénk encourage le développement de l’apprentissage et de la langue luxembourgeoise dans la mesure où elle bénéficie au «vivre-ensemble». Dans ce sens, la maîtrise de l’orthographe et de la grammaire luxembourgeoise est certes importante, mais ne constitue pas une priorité absolue. Déi Lénk met également l’accent sur l'apprentissage de la cultureécrite comme un moyen de s'émanciper et d'agir dans la société. Les compétences linguistiques acquises dans l’apprentissage d’une langue sont transférables vers l’apprentissage d’autres langues, en l’occurrence l’allemand, le français et l’anglais. Ainsi, le multilinguisme au Luxembourg, avant d’être un argument de vente pour l’attractivité de la place financière ou une enseigne du «nation-branding», doit être le reflet d’une entente harmonieuse entre différentes communautés linguistiques. Loin d’être atteint, cet objectif ne peut se réaliser qu’à la condition de ne pas hiérarchiser les langues entre elles, mais de garantir un apprentissage égalitaire du luxembourgeois et des langues étrangères. Enfin, il faut prendre en compte et traiter les difficultés d’apprentissage des langues aussi bien maternelles qu’étrangères en s’appuyant non seulement sur des règles d’orthographe, mais aussi sur des méthodes pédagogiques ainsi que des échanges interculturels qui permettent de transformer ces barrières en des ponts entre «les rives du même et de l’autre», pour paraphraser l’historien Jean-Pierre Vernant. Le CSV est et reste fermement attaché à la langue luxembourgeoise en tant que langue de communication et d’intégration. Notre société a évolué au fil des décennies. Environ 290.000 étrangers vivent au Luxembourg et viennent de près de 170 pays différents. Face à une telle hétérogénéité linguistique et culturelle, il revient à la langue luxembourgeoise, en tant que langue de communication et d’intégration, un rôle important. Il est essentiel à nos yeux de promouvoir ce rôle. Nous souhaitons que toutes les personnes qui vivent au Luxembourg se sentent àl’aise dans notre pays et puissent converser avec tout le monde en luxembourgeois, et ce, quelle que soit la situation dans laquelle ces personnes se trouvent. L’apprentissage de la langue luxembourgeoise est pour nous essentiellement une question de vivre ensemble, de partage et moins une question d’orthographe qui n’est partant pas une priorité. Le luxembourgeois a connu un développement extraordinaire ces dernières décennies. Il nous appartient d’encourager et de soutenir cette évolution. Dans ce cadre, il nous semble indiqué de réfléchir à l’apprentissage du luxembourgeois dans notre système scolaire. Une telle réflexion doit cependant être menée au regard de la particularité de notre système scolaire et en tenant compte du fait qu’il constitue pour de nombreux élèves un lieu d’échec. Anos yeux, s’il faut certes permettre aux élèves de se familiariser avec les règles de grammaire et d’orthographe propres à notre langue et de se les approprier, il s’agit là aussi avant tout de leur permettre d’aller à la rencontre de notre pays, de son histoire, de ses us et coutumes. CSV Il afallu du temps à la politique pour reconnaître le luxembourgeois comme «langue nationale» (loi du 24 février 1984). Pour autant les racines de la langue écrite sont anciennes: le premier livre édité en luxembourgeois date de 1829! La littérature luxembourgeoise a connu ses premières heures de gloire au 19 e siècle avec Michel Lentz, Dicks et Michel Rodange. Les premières tentatives d‘unifier l‘orthographie datent du début du 20 e siècle, avec les travaux de Nik Welter et René Engelmann. Les Luxembourgeois ont pris réellement conscience de l‘importance de «leur» langue durant la Seconde Guerre mondiale. Une première orthographie «officielle» a été introduite par un arrêté ministériel en 1946. L‘orthographie actuelle repose sur le règlement grand-ducal du 30 juillet 1999. Pour l‘ADR, pour ce pays où de plus en plus de cultures se rencontrent, la langue luxembourgeoise doit être le ciment de l‘intégration! Cela passe d‘abord par la communication verbale: les Luxembourgeois souhaitent pouvoir parler leur langue dans les commerces. Ils doivent pouvoir l’utiliser dans des situations difficiles et parfois critiques comme dans les hôpitaux! Il faut une cohérence politique entre les exigences linguistiques dans les secteurs concernés, et les offres et incitatifs pour son apprentissage. Le luxembourgeois, comme toutes les langues, est en constante évolution. Il a l‘avantage de pouvoir «emprunter» facilement tant à l‘allemand qu‘au français, voire à l‘anglais. On peut regarder «de Fernseh» ou «d‘Televisioun» sans commettre un impair! Reste à expliquer pourquoi il faut écrire une fois «Kritär», une autrefois «ministère», pour décliner le même phonème... L’orthographe est un indice de la maturité d’une langue. Sa réforme est toujours un sujet de controverses comme l’ont montré les exemples français et allemand. Grâce aux outils comme LOD.LU et Spellchecker.lu, la langue luxembourgeoise est sur le chemin d‘une certaine cohérence. Mais les Luxembourgeois continuent à admettre une bonne dose de pragmatisme pour qui veut utiliser «leur» langue, à l‘oral comme à l‘écrit. Pourvu... qu‘elle soit utilisée! Déi Lénk Groupe politique ADR 38 <strong>LG</strong> - Avril 2017
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