LG_197
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
La parole à l’opposition<br />
L’orthographe luxembourgeoise, une priorité?<br />
L’orthographe est le squelette de la langue qui la<br />
fige dans sa structure. Cependant, au-delà de cette<br />
structure de base, les aspects culturel et social<br />
apportent à toutes les langues du monde leur organisme<br />
vital.<br />
Le luxembourgeois est une langue médiatrice.<br />
Il est donc important d’en faciliter l’apprentissage<br />
dès le plus jeune âge et de la rendre accessible au<br />
plus grand nombre. L’école, les cours linguistiques,<br />
l’entourage familial et l’immergence dans un environnement<br />
culturel luxembourgophone sont des<br />
moyens de transmission de la langue luxembourgeoise.<br />
Déi Lénk encourage le développement de<br />
l’apprentissage et de la langue luxembourgeoise<br />
dans la mesure où elle bénéficie au «vivre-ensemble».<br />
Dans ce sens, la maîtrise de l’orthographe et<br />
de la grammaire luxembourgeoise est certes importante,<br />
mais ne constitue pas une priorité absolue.<br />
Déi Lénk met également l’accent sur l'apprentissage<br />
de la cultureécrite comme un moyen de s'émanciper<br />
et d'agir dans la société. Les compétences linguistiques<br />
acquises dans l’apprentissage d’une langue<br />
sont transférables vers l’apprentissage d’autres langues,<br />
en l’occurrence l’allemand, le français et l’anglais.<br />
Ainsi, le multilinguisme au Luxembourg, avant<br />
d’être un argument de vente pour l’attractivité de la<br />
place financière ou une enseigne du «nation-branding»,<br />
doit être le reflet d’une entente harmonieuse<br />
entre différentes communautés linguistiques. Loin<br />
d’être atteint, cet objectif ne peut se réaliser qu’à la<br />
condition de ne pas hiérarchiser les langues entre<br />
elles, mais de garantir un apprentissage égalitaire du<br />
luxembourgeois et des langues étrangères.<br />
Enfin, il faut prendre en compte et traiter les difficultés<br />
d’apprentissage des langues aussi bien maternelles<br />
qu’étrangères en s’appuyant non seulement sur<br />
des règles d’orthographe, mais aussi sur des méthodes<br />
pédagogiques ainsi que des échanges interculturels<br />
qui permettent de transformer ces barrières en<br />
des ponts entre «les rives du même et de l’autre»,<br />
pour paraphraser l’historien Jean-Pierre Vernant.<br />
Le CSV est et reste fermement attaché à la langue<br />
luxembourgeoise en tant que langue de communication<br />
et d’intégration. Notre société a évolué au fil<br />
des décennies. Environ 290.000 étrangers vivent au<br />
Luxembourg et viennent de près de 170 pays différents.<br />
Face à une telle hétérogénéité linguistique et<br />
culturelle, il revient à la langue luxembourgeoise,<br />
en tant que langue de communication et d’intégration,<br />
un rôle important. Il est essentiel à nos yeux<br />
de promouvoir ce rôle. Nous souhaitons que toutes<br />
les personnes qui vivent au Luxembourg se sentent<br />
àl’aise dans notre pays et puissent converser avec<br />
tout le monde en luxembourgeois, et ce, quelle<br />
que soit la situation dans laquelle ces personnes se<br />
trouvent.<br />
L’apprentissage de la langue luxembourgeoise est<br />
pour nous essentiellement une question de vivre<br />
ensemble, de partage et moins une question<br />
d’orthographe qui n’est partant pas une priorité.<br />
Le luxembourgeois a connu un développement<br />
extraordinaire ces dernières décennies. Il nous<br />
appartient d’encourager et de soutenir cette<br />
évolution.<br />
Dans ce cadre, il nous semble indiqué de réfléchir à<br />
l’apprentissage du luxembourgeois dans notre système<br />
scolaire. Une telle réflexion doit cependant<br />
être menée au regard de la particularité de notre<br />
système scolaire et en tenant compte du fait qu’il<br />
constitue pour de nombreux élèves un lieu d’échec.<br />
Anos yeux, s’il faut certes permettre aux élèves de<br />
se familiariser avec les règles de grammaire et d’orthographe<br />
propres à notre langue et de se les<br />
approprier, il s’agit là aussi avant tout de leur permettre<br />
d’aller à la rencontre de notre pays, de son<br />
histoire, de ses us et coutumes.<br />
CSV<br />
Il afallu du temps à la politique pour reconnaître le<br />
luxembourgeois comme «langue nationale» (loi du<br />
24 février 1984). Pour autant les racines de la langue<br />
écrite sont anciennes: le premier livre édité en<br />
luxembourgeois date de 1829! La littérature<br />
luxembourgeoise a connu ses premières heures de<br />
gloire au 19 e<br />
siècle avec Michel Lentz, Dicks et<br />
Michel Rodange. Les premières tentatives d‘unifier<br />
l‘orthographie datent du début du 20 e siècle, avec<br />
les travaux de Nik Welter et René Engelmann.<br />
Les Luxembourgeois ont pris réellement conscience<br />
de l‘importance de «leur» langue durant la<br />
Seconde Guerre mondiale. Une première orthographie<br />
«officielle» a été introduite par un arrêté<br />
ministériel en 1946. L‘orthographie actuelle repose<br />
sur le règlement grand-ducal du 30 juillet 1999.<br />
Pour l‘ADR, pour ce pays où de plus en plus de cultures<br />
se rencontrent, la langue luxembourgeoise doit<br />
être le ciment de l‘intégration! Cela passe d‘abord<br />
par la communication verbale: les Luxembourgeois<br />
souhaitent pouvoir parler leur langue dans les commerces.<br />
Ils doivent pouvoir l’utiliser dans des situations<br />
difficiles et parfois critiques comme dans les<br />
hôpitaux! Il faut une cohérence politique entre les<br />
exigences linguistiques dans les secteurs concernés,<br />
et les offres et incitatifs pour son apprentissage.<br />
Le luxembourgeois, comme toutes les langues, est<br />
en constante évolution. Il a l‘avantage de pouvoir<br />
«emprunter» facilement tant à l‘allemand qu‘au<br />
français, voire à l‘anglais. On peut regarder «de<br />
Fernseh» ou «d‘Televisioun» sans commettre un<br />
impair! Reste à expliquer pourquoi il faut écrire une<br />
fois «Kritär», une autrefois «ministère», pour décliner<br />
le même phonème...<br />
L’orthographe est un indice de la maturité d’une<br />
langue. Sa réforme est toujours un sujet de controverses<br />
comme l’ont montré les exemples français et<br />
allemand. Grâce aux outils comme LOD.LU et<br />
Spellchecker.lu, la langue luxembourgeoise est sur<br />
le chemin d‘une certaine cohérence. Mais les<br />
Luxembourgeois continuent à admettre une bonne<br />
dose de pragmatisme pour qui veut utiliser «leur»<br />
langue, à l‘oral comme à l‘écrit. Pourvu... qu‘elle<br />
soit utilisée!<br />
Déi Lénk<br />
Groupe politique ADR<br />
38<br />
<strong>LG</strong> - Avril 2017