SMASH 2002 - IUMSP
SMASH 2002 - IUMSP
SMASH 2002 - IUMSP
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
3.3 Santé générale et santé mentale<br />
la question de savoir pourquoi les apprentis disent plus souvent que les élèves souffrir de dépressivité.<br />
Il se peut que les apprentis (des deux sexes) se voient, comme les filles, plus souvent confrontés à la<br />
résolution de plusieurs facettes de leur développement ou de défis supplémentaires découlant par<br />
exemple de leur entrée dans la vie professionnelle et de leur autonomie financière (partielle) par<br />
rapport aux parents. Ce début d’explication pourrait notamment éclairer la raison pour laquelle une<br />
proportion particulièrement forte de jeunes filles (16-17 ans) présente des signes de dépressivité parmi<br />
les apprentis. Chez les élèves, beaucoup de ces étapes du développement ne se manifestent<br />
généralement qu’au début de l’âge adulte.<br />
3.3.8 Recherche de sensations fortes<br />
L’être humain aspire en général à contrôler les conditions naturelles et sociales de ses actions, afin de<br />
minimiser les risques qui peuvent être liés à la poursuite de ses objectifs. Le bénéfice potentiel qu’il y a<br />
à minimiser le risque est comparé au coût à fournir pour se procurer l’information et exercer le<br />
contrôle. Une personne qui agit rationnellement s’efforce d’atteindre un rapport optimal entre le coût<br />
et le bénéfice. On peut toutefois observer que les sujets agissants ne se comportent pas toujours selon<br />
ces règles rationnelles et préfèrent parfois des actes risqués, bien qu’ils disposent de solutions de<br />
rechange laissant très probablement augurer un plus grand bénéfice à coût égal (Schneider, &<br />
Rheinberg, 1996). Ce goût du risque ne dépend pas seulement de l’époque, mais aussi de la culture. Il<br />
semble connoté de façon particulièrement positive par les sociétés industrielles occidentales (Finney,<br />
1978).<br />
D’après Schneider et Rheinberg (1996), la recherche de nouvelles expériences et impressions, de<br />
sensations fortes (en anglais sensation seeking) est une caractéristique typique de l’espèce humaine, un<br />
fondement de son évolution. La curiosité correspond à une fonction d’adaptation dans la mesure où le<br />
système nerveux central reçoit des informations qui le mettent pleinement à contribution.<br />
Le besoin d’impressions variées, nouvelles et complexes et la disponibilité qui en découle à s’exposer à<br />
des risques physiques et sociaux peuvent toutefois être plus ou moins marqués selon les individus.<br />
Quelques études empiriques montrent que les jeunes dénotant de hautes valeurs sur l’échelle de la<br />
« recherche de sensations fortes » (Sensation Seeking d’après Zuckerman, 1979a) sont aussi plus<br />
enclins aux comportements à problèmes. Zuckerman (1994) trouve ainsi dans une série d’études sur la<br />
recherche de sensations fortes et la consommation de drogues une corrélation positive entre ce dernier<br />
point et de hautes valeurs sur l’échelle de la « recherche de sensations fortes ». Les résultats d’une<br />
étude plus récente de Hansen et Breivik (2001) n’établissent pas seulement un rapport étroit entre la<br />
recherche de sensations fortes et les comportements à risque négatifs (par ex. la délinquance et les<br />
comportements sociaux indésirables tels que vol et consommation de drogues), mais aussi entre la<br />
recherche de sensations fortes et les comportements à risque positifs (par ex. grimpe, kayak, rafting,<br />
etc.). Les auteurs partent du principe que les jeunes avides de sensations se rabattent plus souvent sur<br />
un comportement à risque négatif quand ils sont confrontés à peu de défis et disposent de ressources<br />
sociales et matérielles plutôt restreintes.<br />
Une étude récemment parue de Lin et Tsai (<strong>2002</strong>) explique en outre pourquoi la variable « recherche<br />
de sensations fortes » pourrait revêtir autant d’importance par rapport aux jeunes. Les auteurs ont<br />
analysé le rapport entre la consommation d’Internet et la recherche de sensations fortes chez de jeunes<br />
Taiwanais (n = 753). Les jeunes dépendants d’Internet (qui passent env. 20 heures par semaine en<br />
ligne) ont dans l’ensemble coché une plus haute valeur sur l’échelle de la « recherche de sensations<br />
fortes » que les utilisateurs normaux.<br />
Dans la présente étude, les jeunes ont aussi été interrogés sur leurs besoins en matière de sensations<br />
fortes. Le Tableau 3.3-5 ci-dessous démontre que chacune des formes de recherche de sensations<br />
fortes citées a trouvé nettement plus d’écho chez les garçons (tout à fait d’accord ou assez d’accord)<br />
que chez les filles.<br />
75