SMASH 2002 - IUMSP

3.3 Santé générale et santé mentale
que 2.3% des filles connaissent même tous les jours chacun des quatre soucis mentionnés. Sur la base
de recherche antérieure (Lau & Alsaker, 2001), nous pouvons émettre l’hypothèse que ces filles ont un
comportement alimentaire et un rapport à leur corps tellement perturbés qu’elles auraient besoin
d’aide pour se sortir de ce cercle négatif.
Sur le plan diagnostic, on distingue deux catégories principales de troubles alimentaires: l’anorexia
nervosa (anorexie) et la bulimia nervosa (boulimie). Si l’anorexia nervosa se définit surtout par un
apport réduit de nourriture, une pulsion à engloutir de grandes quantités de nourriture (crises de
boulimie) et des formes extrêmes de régulation du poids caractérisent la bulimia nervosa (Flammer &
Alsaker, 2002; Hoffmann-Müller & Amstad, 1995).
Nous avons posé aux jeunes deux questions (Devaud et al., 1994) susceptibles de déceler le second
trouble. Résultat, 16% des filles et 9% des garçons ont reconnu qu’ils mangeaient énormément
plusieurs fois par semaine, sans vraiment pouvoir s’arrêter et 2.7% des filles et 0.7% des garçons ont
avoué qu’ils se font volontairement vomir plusieurs fois par semaine, voire quotidiennement. Chez les
filles, ces pourcentages sont nettement plus hauts que ceux saisis en 1993. A l’époque, 11% des filles
avaient déclaré qu’elles avaient des fringales plusieurs fois par semaine, voire quotidiennement, et 1%
qu’elles se faisaient volontairement vomir à la même fréquence. Les résultats actuels peuvent être à la
fois un indice du fait que les troubles alimentaires augmentent et un signe que beaucoup de filles
mangent moins que ce dont elles auraient besoin. Lau et Alsaker (2001) montrent par exemple que les
crises de boulimie surviennent plus fréquemment chez les filles en train de perdre du poids. Cette
découverte corrobore d’autres résultats selon lesquels un comportement de régime chronique peut
conduire à des crises de boulimie (Hill, Rogers & Blundell, 1989).
3.3.4.4 L’alimentation en tant que problème
À la question de savoir pour quels problèmes elles auraient eu besoin d’aide au moment de l’enquête,
entre un quart et un tiers des filles ont répondu que c'était le cas dans le domaine de l'alimentation
(voir chapitre 3.3.1). Les garçons n’étaient en revanche que quelque 10% (voir Graphique 3.3-10) à
estimer avoir besoin d’une aide en la matière. Les apprentis (des deux sexes) ont plus fréquemment
mentionné ce point que les élèves.
Étant donné que nous décelons parallèlement une augmentation des problèmes alimentaires, qu’une
grande partie des jeunes filles ne sont pas satisfaites de leur corps (40%) et que beaucoup souhaitent
perdre du poids (70%), les chiffres exposés ici sont à prendre très au sérieux. Beaucoup de jeunes
semblent avoir oublié ce qu’est une alimentation saine et normale et perdu tout contrôle en la matière.
Le fait que près d’un tiers des filles qui aimeraient perdre du poids ne font rien pour cela dénote aussi
l’insatisfaction générale et la relative impuissance des filles par rapport à leur corps. Dans une volonté
de prévention, il nous paraît aussi important de souligner les différences relevées entre les élèves et les
apprentis, afin de les examiner de plus près. Il se pourrait que, du fait de leur situation professionnelle,
les apprentis aient accès à une alimentation moins équilibrée, alors qu’ils sont en même temps plus
exposés à l’influence des images idéales de la publicité. Ils sont par ailleurs beaucoup plus souvent
confrontés à des gens de tout âge. L’apparence est peut-être plus valorisée dans le cadre de leur travail
qu’à l’école et ils s’en préoccupent donc davantage (car ils ne sont pas moins satisfaits que les élèves).
Ce sont là autant d’hypothèses qu’il faudra vérifier ultérieurement.
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