SMASH 2002 - IUMSP

1.2 Brève revue de la littérature
1.2 BREVE REVUE DE LA LITTERATURE
L'adolescence représente une étape décisive de la vie au cours de laquelle l'individu adopte des
comportements de santé qui influenceront son avenir, soit à court terme, soit à plus long terme : ainsi
en va-t-il de l’alimentation, des pratiques sportives, des comportements protecteurs comme l’utilisation
de casques, ou encore du recours à une contraception efficace. C’est aussi au cours de cette période
que les conduites dites d'essai d peuvent poser de réels problèmes en termes de santé publique, si l'on
songe au nombre de jeunes concernés par les accidents, la toxicomanie, le suicide ou les infections
sexuellement transmissibles. De nombreuses institutions et organismes cherchent à répondre sur le
plan médical, éducatif ou psychosocial à ces problèmes. La planification de tels services et programmes
repose sur une évaluation soigneuse des besoins des adolescents dans ce domaine (Michaud, Baudier,
Choquet, & Mansour, 1994; Pineault & Daveluy, 1986). Cette évaluation doit porter non seulement sur
les indicateurs traditionnels comme celui de la mortalité par exemple mais aussi sur des indicateurs
subjectifs rendant compte de l'ampleur et du caractère des besoins ressentis par les adolescents
(Friedman, 1989). On voit donc tout l’intérêt de mener des grandes enquêtes sur la manière dont les
adolescents eux-mêmes peuvent rendre compte de leur état de santé, de leurs attitudes et
comportements, de leurs besoins enfin.
1.2.1 Les études sur la perception de la santé et les comportements de santé à
visée de santé publique
Les premières études transversales menées auprès des adolescents étaient passablement centrées sur la
déviance, le recours aux psychotropes et sur les prises de risques (Choquet & Ledoux, 1994; Jessor,
1991; Jessor & Jessor, 1977; Lloyd, 1998). Durant la dernière décennie, il est rapidement apparu qu’une
trop grande focalisation sur les conduites déviantes des jeunes posait problème, d’une part en
comportant un risque de stigmatisation non négligeable et d’autre part en négligeant d’examiner les
ressources dont disposent les jeunes pour faire face au défi que constitue le maintien de la santé
(Michaud, Blum, & Ferron, 1998). Grâce notamment aux publications portant sur la résilience
(Manciaux, Vanistendael, Lecomte, & Cyrulnik, 2001; Michaud, 1999; Rutter, 1993; Vanistendael,
1998), le cadre de compréhension des déterminants de la santé s’est progressivement élargi et implique
à l’heure actuelle la prise en compte de nombreuses variables d’ordre individuel et environnemental
(Antonovsky, 1986; Blum, 1998; Compas, Hinden, & Gerhardt, 1995).
Les recherches épidémiologiques, notamment les grandes enquêtes nationales (Arènes et al., 1998;
Berg Kelly et al., 1991; Choquet & Ledoux, 1994; Currie et al., 2000; Janin Jacquat & François, 1997;
Narring & Michaud, 1995; Resnick et al., 1997; Wydler et al., 1996), se sont centrées sur la perception
que les jeunes ont de leur santé et de leurs problèmes de santé, leurs pratiques et leurs souhaits en
matière de soins, leurs comportements de santé et leurs styles de vie dans des domaines comme celui
de l’alimentation, de la pratique sportive, de la sexualité ou encore de l’usage de substances
psychoactives. Une majorité d’enquêtes, surtout les plus récentes, explorent les aspects psychosociaux
des attitudes et comportements de santé, en analysant notamment les facteurs de risque et de
protection qui leurs sont reliés – tant au niveau individuel que collectif – tels que le niveau socioéconomique,
les réseaux relationnels ou encore le sentiment d’efficacité personnelle et les facteurs
d’adaptation (Ajzen & Fischbein, 1980; Antonovsky, 1986; Bandura, 1986; Donovan, Jessor, & Costa,
1993; Jessor, 1998; Resnick et al., 1997; Triandis, 1977). Ces études permettent de suivre la situation
épidémiologique, mais aussi de fournir des données à visée explicative dans lesquelles les facteurs
protecteurs et les conditions environnementales tiennent une plus grande place (Arènes et al., 1998;
d Dans une optique développementale et positive de la santé des adolescents, nous préférons utiliser le terme
de conduites d’essai plutôt que celle de conduite à risque. Le terme conduite à risque, abondamment utilisé dans
la littérature anglo-saxone, est stigmatisant et ne rend pas compte du caractère – la plupart du temps
exploratoire et limité dans le temps – de comportements tels que, par exemple, la consommation
occasionnelle de joints, une relation sexuelle non protégée, ou certains sports extrêmes (Michaud, Blum, &
Ferron, 1998).
24