SMASH 2002 - IUMSP

3.6 Violence non intentionnelle et intentionnelle
souvenir que les pourcentages obtenus dans l’enquête SMASH (comme c’est le cas pour d’autres
problèmes) sous-estiment l’ampleur du phénomène dans certaines populations de jeunes à risques.
Un certain nombre de jeunes ont commis plusieurs tentatives de suicide durant leur vie : parmi ceux
disant avoir commis au moins une tentative de suicide, la proportion de jeunes rapportant plus d’une
tentative de suicide au cours de leur vie est particulièrement élevée parmi les apprentis (filles : 42% ;
garçons : 45%), nettement moins parmi les élèves, surtout les garçons (respectivement 38% et 20%).
Lorsque l’on sait que la répétition du geste suicidaire est l’un des facteurs prédictifs de suicide les plus
importants (Granboulan, Roudot-Thoraval, Lemerle, & Alvin, 2001; Hulten et al., 2001), l’on ne peut
qu’être frappé par l’importance des pourcentages obtenus dans l’étude de population que représente
SMASH 2002.
142
Filles (%)
n = 280
Garçons (%)
n = 148
Copain(s) ou copine(s) 63.0 54.7
Petit(e) ami(e) 54.5 52.2
Parents 49.7 39.2
Frères / sœurs 36.9 30.4
Educateur/éducatrice de foyer 3.9 9.2
Professeur/e(s) 9.3 12.2
Tableau 3.6-7 Taux de jeunes rapportant une tentative de suicide durant l’année écoulée et qui s’en sont
ouverts à diverses personnes de leur entourage, selon le sexe (SMASH 2002, Q47)
Le Tableau 3.6-7 décline les différentes personnes à qui ces jeunes ont fait part de leur geste. Il faut
tout d’abord mentionner que seuls 34% des filles et 29% des garçons ont fait part de leur tentative à
une personne quelconque. En d’autres termes, la majorité des tentatives de suicide parmi les
adolescents restent ignorées de leurs camarades, de leurs parents ou d’autres adultes qui les entourent.
Un peu plus de la moitié s’en sont ouverts à leur entourage. Parmi les jeunes qui ont pu parler de leur
tentative, seule une minorité mentionne les parents : cela est peut-être dû au fait que les relations
familiales des jeunes suicidants sont médiocres ou peut-être est-ce aussi que les jeunes se sentent
coupables face à leurs géniteurs du geste qu’ils ont commis.
Quelle est la proportion de ces jeunes suicidants qui bénéficient d’une aide médicale ou
psychologique ? 0.6% des filles et 0.2% des garçons de l’ensemble du collectif disent avoir été admis à
l’hôpital pour une tentative de suicide (Graphique 3.7-3). En d’autres termes, 16.4% des jeunes filles et
6.2% des garçons ayant signalé une tentative de suicide rapportent avoir été hospitalisés pour cette
raison. Alors que beaucoup de spécialistes recommandent une hospitalisation systématique pour toute
tentative de suicide, on voit bien l’écart majeur entre le pourcentage total de tentatives parmi les
adolescents et celles qui aboutissent dans un établissement de soins. Les pourcentages de répondants
ayant pu aborder cette thématique avec un médecin (filles : 0.4% ; garçons : 0.2%) ou avec un
psychologue (filles : 1.4% ; garçons : 0.2%) est également très faible en regard du nombre de jeunes
concernés (Tableau 3.7-4), alors même qu’un questionnement systématique sur la santé mentale et les
idées suicidaires par les professionnels côtoyant les adolescents constitue une mesure de prévention
potentielle non négligeable (Hamilton, 2000; Shaffer & Craft, 1999).
En résumé, la thématique du suicide reste, notamment dans notre pays, un objet de santé publique
absolument prioritaire. Plusieurs pays ont mis sur pied des campagnes de prévention dans ce domaine,
soit en direction des jeunes, soit pour l’ensemble de la population (Cotgrove, Zirinsky, Black, &