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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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LES SOUBASSEMENTS DU PROCESSUS D’ACCUMULATION DU CAPITAL AU MAROC<br />

<strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie méritent d’être nuancées dans la mesure où elles masquent un certain<br />

nombre <strong>de</strong> faiblesses. En réalité, la réussite <strong>du</strong> modèle économique <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> est « en trompe<br />

l’œil » vu que l’activité économique a été artificiellement dopée par les secteurs à faible eff<strong>et</strong><br />

multiplicateur, à savoir, la construction, l’extractive <strong>et</strong> le service public. La croissance générée<br />

<strong>du</strong>rant la <strong>de</strong>rnière décennie peut être qualifiée <strong>de</strong> «croissance absur<strong>de</strong>» conformément <strong>au</strong> concept<br />

avancé par la Banque Natixis 36 , en faisant référence à la croissance observée dans les années<br />

2000 en Espagne <strong>et</strong> <strong>au</strong> Roy<strong>au</strong>me-Uni tirée notamment par la h<strong>au</strong>sse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> l’immobilier<br />

<strong>et</strong> par le développement <strong>du</strong> secteur abrité <strong>de</strong> la concurrence internationale <strong>au</strong> détriment <strong>du</strong><br />

secteur exposé 37 . La poursuite <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te tendance pourrait pénaliser le potentiel <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong><br />

l’économique marocaine, impacter négativement les <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité <strong>et</strong> générer ainsi, <strong>de</strong>s<br />

pressions croissantes sur les équilibres macroéconomiques <strong>du</strong> pays.<br />

3.4. Distorsions en termes <strong>de</strong> réallocation <strong>de</strong> la main-d’œuvre<br />

La réallocation <strong>de</strong> la main-d’œuvre concor<strong>de</strong> généralement avec les transformations qui<br />

s’opèrent <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la composition sectorielle <strong>de</strong>s activités économiques <strong>et</strong> peut, <strong>de</strong> ce fait,<br />

influencer <strong>de</strong> manière substantielle l’intensité <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité. Nombreux sont les<br />

étu<strong>de</strong>s empiriques qui ont montré que plus le déplacement <strong>de</strong> la force <strong>de</strong> travail est important,<br />

plus les <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité s’améliorent surtout si ce déplacement se fait dans un sens allant<br />

<strong>de</strong>s secteurs les moins pro<strong>du</strong>ctifs vers <strong>au</strong>tres plus pro<strong>du</strong>ctifs.<br />

Au <strong>Maroc</strong>, la pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> travail, mesurée par le rapport entre le PIB <strong>au</strong>x prix<br />

<strong>de</strong>s facteurs <strong>et</strong> l’emploi, s’est stabilisée <strong>au</strong>tour d’une moyenne <strong>de</strong> 3,1% <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong><br />

2000-2014. C<strong>et</strong>te performance ne peut, cependant, occulter le fait qu’elle reste liée <strong>au</strong> rôle<br />

exercé par les évolutions <strong>de</strong> la structure sectorielle <strong>de</strong>s activités. C’est sous ce prisme donc<br />

que nous allons appréhen<strong>de</strong>r les <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité pour m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce la mobilité <strong>de</strong> la<br />

main-d’œuvre entre les différentes branches d’activité.<br />

Pour montrer dans quelle mesure les transformations structurelles génèrent-t-elles <strong>de</strong>s<br />

<strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité, nous allons procé<strong>de</strong>r à leur décomposition en <strong>de</strong>ux parts. La première<br />

est relative <strong>au</strong>x <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité intrasectoriels observés <strong>au</strong> sein même <strong>de</strong>s secteurs <strong>de</strong><br />

pro<strong>du</strong>ction, alors que la secon<strong>de</strong> est <strong>du</strong>e <strong>au</strong>x <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité intersectoriels générés suite<br />

à <strong>de</strong>s mouvements <strong>de</strong> la main-d’œuvre d’un secteur à <strong>au</strong>tre. S’agissant <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>uxième type<br />

<strong>de</strong> <strong>gains</strong>, non seulement il illustre les mutations <strong>du</strong> tissu pro<strong>du</strong>ctif mais il peut être considéré<br />

revenu que d’emploi. Pour le cas <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong>, <strong>et</strong> selon les estimations <strong>du</strong> H<strong>au</strong>t-Commissariat <strong>au</strong> Plan, avec une<br />

création <strong>de</strong> 1 emploi direct, l’in<strong>du</strong>strie alimentaire crée 5 emplois indirects, l’in<strong>du</strong>strie <strong>de</strong>s mét<strong>au</strong>x 2, l’in<strong>du</strong>strie<br />

chimique 2 <strong>et</strong> l’in<strong>du</strong>strie <strong>au</strong>tomobile 1,5. Alors qu’<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s secteurs non échangeables, avec une création <strong>de</strong><br />

10 emplois directs, le bâtiment <strong>et</strong> trav<strong>au</strong>x publics ne crée que 2 emplois indirects <strong>et</strong> les services 3.<br />

36 Natixis est la Banque Internationale <strong>de</strong> financement, <strong>de</strong> gestion <strong>et</strong> <strong>de</strong> services financiers <strong>du</strong> Groupe BPCE.<br />

37 Natixis, Flash Economie, 2012: « Où reste-t-il <strong>de</strong>s croissances « absur<strong>de</strong>s » ? », N°833 <strong>du</strong> 30 novembre.<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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