03.02.2017 Views

Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

LES SOUBASSEMENTS DU PROCESSUS D’ACCUMULATION DU CAPITAL AU MAROC<br />

économiques en trois sphères : Sphère pro<strong>du</strong>ctive, sphère rési<strong>de</strong>ntielle <strong>et</strong> sphère publique 29 . La<br />

sphère pro<strong>du</strong>ctive regroupe les activités liées à l’agriculture, l’in<strong>du</strong>strie, le secteur <strong>de</strong> l’énergie,<br />

les services <strong>au</strong>x entreprises, le transport <strong>de</strong> marchandises <strong>et</strong> le commerce <strong>de</strong> gros. La sphère<br />

<strong>de</strong> l’économie rési<strong>de</strong>ntielle correspond à <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> proximité <strong>et</strong> contient principalement<br />

les services <strong>au</strong>x particuliers, la construction, la santé, l’action sociale, le commerce <strong>de</strong> détail,<br />

les activités financières <strong>et</strong> le transport <strong>de</strong> voyageurs. La sphère publique, quant à elle, regroupe<br />

les services publics <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation, <strong>de</strong> la santé, <strong>de</strong> l’action sociale.., <strong>et</strong> l’administration publique<br />

générale <strong>et</strong> sécurité sociale.<br />

En suivant c<strong>et</strong>te logique, nous r<strong>et</strong>enons cinq sphères pour relater les transformations<br />

structurelles <strong>de</strong> l’économie nationale 30 . La sphère pro<strong>du</strong>ctive (regroupant le primaire <strong>et</strong> le<br />

secondaire hors extraction <strong>et</strong> construction), le tertiaire privé 31 (considéré également comme<br />

pro<strong>du</strong>ctif puisqu’il accompagne l’essor <strong>de</strong>s activités primaires <strong>et</strong> secondaires), le tertiaire public<br />

(Administration publique générale <strong>et</strong> sécurité sociale, E<strong>du</strong>cation, santé <strong>et</strong> action sociale) la<br />

construction, <strong>et</strong> enfin, la sphère extractive pour m<strong>et</strong>tre en exergue l’apport <strong>de</strong> la manne liée à la<br />

dotation en richesses naturelles.<br />

L’analyse <strong>de</strong>s mutations structurelles <strong>de</strong> l’économie nationale, selon c<strong>et</strong> angle, laisse<br />

présager, certes, une économie qui se diversifie en s’orientant davantage vers le secteur<br />

tertiaire, public notamment. Ainsi, sur les 4,7 points gagnés en termes <strong>de</strong> part <strong>de</strong> la valeur<br />

ajoutée totale entre 1998 <strong>et</strong> 2014, 3,2 points relèvent <strong>du</strong> tertiaire public (soit un pourcentage<br />

<strong>de</strong> 70%) <strong>et</strong> seulement 1,5 point provient <strong>du</strong> tertiaire privé (l’équivalent <strong>de</strong> 30%). Entre 2009 <strong>et</strong><br />

2014, la valeur ajoutée <strong>de</strong> l’administration publique générale <strong>et</strong> sécurité sociale représente 9,7%<br />

<strong>de</strong> la valeur ajoutée totale. Avec le secteur <strong>de</strong> l’é<strong>du</strong>cation, santé <strong>et</strong> action sociale relevant <strong>du</strong><br />

secteur public, c<strong>et</strong>te part atteint 19% <strong>de</strong> la valeur ajoutée totale. En d’<strong>au</strong>tres termes, presque un<br />

cinquième <strong>de</strong> la valeur ajoutée totale crée entre 2009 <strong>et</strong> 2014 s’explique par le tertiaire public,<br />

considéré, bien évi<strong>de</strong>mment, comme « non pro<strong>du</strong>ctif ».<br />

Quant à la sphère relative <strong>au</strong> tertiaire privé, elle a connu <strong>de</strong>ux profils distincts. Le premier a<br />

été observé <strong>du</strong>rant la pério<strong>de</strong> avant crise où elle s’est inscrite dans un trend h<strong>au</strong>ssier en gagnant<br />

5,7 points dans la VAT pour atteindre 43,5% en 2007 après avoir été à 37,8% en 1998. Le second<br />

profil, à tendance baissière, est affiché entre 2007 <strong>et</strong> 2014, pério<strong>de</strong> <strong>du</strong>rant laquelle le poids <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te sphère a accusé un repli <strong>de</strong> 4,2 points pour atteindre 39,2% <strong>de</strong> la VAT.<br />

C<strong>et</strong>te classification dévoile, en outre, le repli <strong>de</strong> 7,6 points <strong>du</strong> poids <strong>de</strong>s activités pro<strong>du</strong>ctives<br />

en passant <strong>de</strong> 40,8% <strong>de</strong> la VAT en 1998 à 33,2% <strong>de</strong> la VAT en 2014. Un léger redressement s’est,<br />

toutefois, opéré <strong>du</strong>rant la pério<strong>de</strong> 2008-2014 avec un gain <strong>de</strong> 1,6 point après une baisse plus<br />

29 INSEE, Conseil Economique <strong>et</strong> Social Régional d’Aquitaine, 2007 : « Economie pro<strong>du</strong>ctive, économie<br />

rési<strong>de</strong>ntielle, économie publique : dynamiques comparées <strong>de</strong>s trois sphères», octobre.<br />

30 Avec toutes les réserves méthodologiques entourant c<strong>et</strong>te classification qui reste, désormais, arbitraire.<br />

31 Le tertiaire privé contient également une part, estimée à 20%, <strong>de</strong> la branche « E<strong>du</strong>cation, santé <strong>et</strong> action<br />

sociale ».<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

87

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!