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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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LES SOUBASSEMENTS DU PROCESSUS D’ACCUMULATION DU CAPITAL AU MAROC<br />

Roumanie 15,1 37,1 22,7 25,1 7,2 30,8 31,7 30,3<br />

Slovénie 11,8 38,7 31,3 18,3 13,4 43,6 27,8 15,2<br />

Tunisie 11,9 33,2 27,6 27,3 6,6 31,3 12,7 49,4<br />

Turquie 15,1 43,0 30,0 11,9 4,7 28,5 32,3 34,5<br />

Uruguay 17,1 40,4 20,4 22,1 4,9 12,7 11,2 71,1<br />

Source : Calcul <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>teur à partir <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> CHELEM 26<br />

Le second indicateur, <strong>et</strong> qui va <strong>de</strong> pair avec le premier indicateur, porte sur le contenu en<br />

technologies <strong>de</strong>s importations marocaines. Entre 2000 <strong>et</strong> 2014, les acquisitions <strong>de</strong> biens <strong>de</strong><br />

h<strong>au</strong>te technologie ne représentent que 13,6% en moyenne <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s importations<br />

marocaines contre 25,1% pour le Brésil, 24,5% pour le Mexique <strong>et</strong> 26,6% pour le Paraguay.<br />

Alors que les achats <strong>de</strong> biens <strong>de</strong> faible technologie représentent une proportion supérieure <strong>de</strong><br />

plus <strong>de</strong> 25%, soit le nive<strong>au</strong> le plus élevé <strong>de</strong> l’échantillon après la Tunisie (27,3%). Ce pourcentage<br />

est en moyenne <strong>de</strong> 8,4% pour le Brésil, 12,5% pour le Mexique <strong>et</strong> 14,1% pour le Paraguay. Etant<br />

donné que le contenu en importations <strong>de</strong>s exportations marocaines est élevé 27 , les importations<br />

<strong>de</strong> faible qualité se répercutent, à leur tour, sur les exportations marocaines qui restent dominées<br />

<strong>au</strong>ssi par <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its à faible technologie à raison <strong>de</strong> 50%.<br />

La dépendance <strong>de</strong> plus en plus marquée <strong>du</strong> processus pro<strong>du</strong>ctif marocain à l’égard d’intrants<br />

importés (biens d’équipement en l’occurrence) <strong>et</strong> le contenu assez important en technologies<br />

faibles <strong>de</strong>s importations marocaines se joignent <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres éléments pour expliquer le ren<strong>de</strong>ment<br />

insuffisant <strong>du</strong> <strong>capital</strong> <strong>et</strong> la faiblesse <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité.<br />

3.2. Les investissements ne sont pas assez pro<strong>du</strong>ctifs<br />

La figure 18 présente la décomposition <strong>du</strong> stock <strong>de</strong> <strong>capital</strong> total en volume en distinguant<br />

quatre branches d’activités : l’agriculture, forêt <strong>et</strong> services annexes, l’in<strong>du</strong>strie, le bâtiment <strong>et</strong><br />

trav<strong>au</strong>x publics <strong>et</strong> enfin les services. Les données perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> constater que le processus<br />

d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> <strong>de</strong>puis les années 70, <strong>et</strong> <strong>de</strong> manière plus prononcée dans les années<br />

2000, a concerné en gran<strong>de</strong> partie par les activités liées <strong>au</strong>x services. La part <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers a<br />

gagné plus <strong>de</strong> 3 points dans les années 1990 par rapport à la décennie qui la précè<strong>de</strong> pour se<br />

26 Comptes Harmonisés sur les Echanges <strong>et</strong> L’Economie Mondiale : Banque <strong>de</strong> données sur l’économie<br />

mondiale, offrant une représentation complète <strong>et</strong> cohérente <strong>de</strong>s flux commerci<strong>au</strong>x, <strong>de</strong>s balances <strong>de</strong>s paiements<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s revenus mondi<strong>au</strong>x.<br />

27 Selon le rapport <strong>du</strong> Conseil National <strong>du</strong> Commerce Extérieur (CNCE), le système pro<strong>du</strong>ctif national dispose<br />

d’un nive<strong>au</strong> élevé <strong>du</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> pénétration <strong>du</strong> marché domestique par les pro<strong>du</strong>its étrangers. Les estimations font<br />

ressortir une élasticité <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong>s importations par rapport <strong>au</strong> PIB <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1,5. Autrement-dit,<br />

les importations <strong>au</strong>gmenteront <strong>de</strong> 1,5% lorsque le PIB global croit <strong>de</strong> 1%. Source : CNCE, 2013, « Stratégies<br />

sectorielles <strong>et</strong> soutenabilité <strong>du</strong> déficit commercial ».<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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