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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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LES SOUBASSEMENTS DU PROCESSUS D’ACCUMULATION DU CAPITAL AU MAROC<br />

processus d’accumulation qui implique que le PIB (4,8%) s’élève plus rapi<strong>de</strong>ment que le stock <strong>de</strong><br />

<strong>capital</strong> (2,9%). Ces évolutions ont permis <strong>de</strong> maintenir la pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s facteurs à <strong>de</strong>s<br />

nive<strong>au</strong>x positifs (1,3%). Le régime <strong>de</strong> croissance <strong>au</strong> Paraguay s’avère donc économe en <strong>capital</strong><br />

<strong>et</strong> be<strong>au</strong>coup plus intensive en emploi. Il repose bien évi<strong>de</strong>mment sur une plus forte utilisation<br />

<strong>de</strong> la main-d’œuvre relativement <strong>au</strong> <strong>capital</strong> utilisé. Le contenu en emplois <strong>de</strong> la croissance se<br />

situe <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> 58%, soit un nive<strong>au</strong> relativement élevé par rapport à la moyenne <strong>de</strong> l’échantillon<br />

(38%).<br />

La Tunisie, quant à elle, affiche un profil proche <strong>de</strong> la moyenne <strong>de</strong> l’échantillon. L’intensité<br />

<strong>capital</strong>istique a progressé <strong>de</strong> 2,1% en moyenne entre 2000 <strong>et</strong> 2014. L’évolution à un rythme<br />

équivalent <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> travail (2%) s’est tra<strong>du</strong>ite, mécaniquement, par une stagnation<br />

<strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> <strong>capital</strong>, ce qui a débouché sur une légère amélioration <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité<br />

globale <strong>de</strong>s facteurs (0,6%). Le contenu <strong>de</strong> la croissance en inputs primaires agrégés se situe<br />

à 95,2%, alors que le contenu en emplois <strong>de</strong> la croissance économique se situe à un nive<strong>au</strong><br />

supérieur à la moyenne <strong>de</strong> l’échantillon (45,5% <strong>et</strong> 38% respectivement).<br />

2.4. Conclusion<br />

L’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> <strong>de</strong>vrait, en principe, se répercuter <strong>de</strong> manière positive sur la<br />

croissance économique puisqu’elle perm<strong>et</strong> à chaque employé d’être plus efficace, plus pro<strong>du</strong>ctif<br />

<strong>et</strong> plus performant. Chose qui n’est pas ou, en tout cas, peu observée <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>. En eff<strong>et</strong>, malgré<br />

la dynamique <strong>de</strong> l’effort d’investissement <strong>et</strong> d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong>, amorcée <strong>de</strong>puis le début<br />

<strong>de</strong>s années 2000, l’économie marocaine n’a pas connu une évolution <strong>de</strong> même ampleur <strong>de</strong>s<br />

<strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité. Au regard <strong>de</strong>s expériences étrangères, il s’avère que les économies qui<br />

ont réussi à échapper à la trappe <strong>de</strong>s revenus intermédiaires sont celles qui ont pu enclencher un<br />

processus <strong>au</strong> sein <strong>du</strong>quel les conditions <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction sont systématiquement transformées <strong>de</strong><br />

manière à impulser significativement les <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité, tandis que les pays condamnés à<br />

c<strong>et</strong>te trappe se caractérisent par une stagnation, voire une baisse <strong>de</strong> leur pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s<br />

facteurs. Pour le cas <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong>, la conjonction, d’une part, d’un rythme soutenu <strong>et</strong> relativement<br />

élevé <strong>de</strong> l’intensité <strong>capital</strong>istique <strong>et</strong>, d’<strong>au</strong>tre part, d’une amélioration très mo<strong>de</strong>ste <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong><br />

pro<strong>du</strong>ctivité soulève plusieurs questions : Le <strong>Maroc</strong> est-il concerné par le fameux « paradoxe <strong>de</strong><br />

la pro<strong>du</strong>ctivité » ?, est-il condamné à une spirale <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité à faible contribution ?<br />

L’accès à un palier supérieur <strong>de</strong> croissance économique dans les années 2000 (4,4%<br />

après 2,4% dans les années 90 <strong>et</strong> 3,9% dans les années 80) s’avère, en eff<strong>et</strong>, imputable à<br />

l’intensification <strong>du</strong> volume <strong>de</strong>s facteurs primaires (<strong>capital</strong> <strong>et</strong> travail) <strong>et</strong> non à une meilleure<br />

optimisation <strong>et</strong> exploitation <strong>du</strong> processus pro<strong>du</strong>ctif (<strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité). On assiste donc à un<br />

régime d’accumulation extensif dans lequel l’intensité <strong>capital</strong>istique croit <strong>de</strong> manière importante<br />

sans relèvement correspondant <strong>et</strong> proportionnel <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité. Ce constat suscite, par<br />

conséquent, <strong>de</strong> réelles inquiétu<strong>de</strong>s pour l’avenir puisque ces <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité ont tendance<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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