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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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LES SOUBASSEMENTS DU PROCESSUS D’ACCUMULATION DU CAPITAL AU MAROC<br />

Le table<strong>au</strong> 8 fait ressortir une certaine typologie <strong>de</strong>s trajectoires nationales en matière<br />

<strong>de</strong> régime <strong>de</strong> croissance, d’accumulation <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>et</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité 19 . Sur<br />

la pério<strong>de</strong> 2000-2014, l’économie marocaine <strong>au</strong>rait connu, selon les données <strong>de</strong> Penn World<br />

Tables, un rythme moyen d’intensification <strong>capital</strong>istique <strong>de</strong> 3,9%, soit une progression largement<br />

supérieure à la moyenne <strong>de</strong> l’échantillon (2,6%). Toutefois, l’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> l’intensité<br />

<strong>capital</strong>istique n’a pas été compensée par <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> équivalents <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité apparent <strong>du</strong><br />

travail, ce qui a impacté négativement la pro<strong>du</strong>ctivité apparent <strong>du</strong> <strong>capital</strong> (-0,4%). Dans<br />

la formule <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> <strong>capital</strong>, le dénominateur (stock <strong>de</strong> <strong>capital</strong>) s’élève alors plus<br />

rapi<strong>de</strong>ment que le numérateur (PIB). Ces rythmes différenciés débouchent donc sur une faible<br />

évolution <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s facteurs (-0,4%). Le contenu <strong>de</strong> la croissance en inputs<br />

primaires agrégés se situe à 108,3%, soit un nive<strong>au</strong> élevé en comparaison avec la moyenne <strong>de</strong><br />

l’échantillon (84%), alors que le contenu en emplois <strong>de</strong> la croissance économique reste bien en<br />

<strong>de</strong>çà <strong>de</strong> la moyenne <strong>de</strong> l’échantillon (21,9% <strong>et</strong> 38% respectivement).<br />

L’Estonie, qui affiche un rythme d’évolution <strong>de</strong> l’intensité <strong>capital</strong>istique <strong>de</strong> 3,7% quasiment<br />

similaire à celui <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong>, a pu réaliser <strong>de</strong>s performances en termes d’amélioration <strong>de</strong> la<br />

pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s facteurs largement supérieures à celle <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong>. Le rythme <strong>de</strong><br />

substitution <strong>capital</strong>-travail dans ce pays s’est accompagné, <strong>au</strong> contraire <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong>, d’une<br />

progression significative <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> travail (3,8%) qui s’est tra<strong>du</strong>ite, en<br />

conséquence, par une évolution significative <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s facteurs (1,8%). Le<br />

seul bémol est que la croissance économique n’a pas génère assez d’emplois comme l’indique<br />

le contenu en emplois <strong>de</strong> la croissance économique qui s’est situé à moins <strong>de</strong> 12% contre 38%<br />

pour l’ensemble <strong>de</strong> l’échantillon. Ces constats sont en ligne avec les conclusions <strong>de</strong>s différents<br />

rapports <strong>de</strong> l’OCDE qui confirment que l’intensité <strong>capital</strong>istique <strong>et</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s<br />

facteurs constituent les princip<strong>au</strong>x déterminants <strong>de</strong>s performances pro<strong>du</strong>ctives <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’amorce<br />

d’un processus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> convergence économique <strong>de</strong> l’Estonie. Les facteurs <strong>du</strong> marché <strong>du</strong> travail<br />

<strong>et</strong> les facteurs démographiques ont joué un rôle bien moindre, quoique positif en moyenne,<br />

dans le processus <strong>de</strong> convergence. L’utilisation limitée <strong>de</strong> la main d’œuvre s’explique, en gran<strong>de</strong><br />

partie, par la forte imposition <strong>du</strong> travail dans ce pays.<br />

Le régime <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> l’économie paraguayenne présente un profil différent <strong>et</strong><br />

totalement opposé à celui <strong>de</strong> l’Estonie. Il se caractérise par un faible rythme d’évolution <strong>de</strong><br />

l’intensité <strong>capital</strong>istique qui a progressé <strong>de</strong> seulement 0,2%, soit un nive<strong>au</strong> largement inférieur<br />

à celui <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> la moyenne <strong>de</strong> l’échantillon. C<strong>et</strong>te faible intensité <strong>capital</strong>istique est,<br />

toutefois, largement compensée par <strong>de</strong> bonnes performances en termes <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité apparente<br />

<strong>du</strong> travail (2%). La h<strong>au</strong>sse <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> <strong>capital</strong> (1,8%) s’explique par le ralentissement <strong>du</strong><br />

19 A rappeler qu’il a <strong>de</strong>s écarts entre les données <strong>de</strong>s comptes nation<strong>au</strong>x <strong>du</strong> HCP <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> la base <strong>de</strong><br />

données Penn World Table. Notre analyse s’est basée sur les données HCP pour les parties traitant le cas <strong>du</strong><br />

<strong>Maroc</strong> <strong>et</strong> sur les données <strong>de</strong> PWT pour les parties comparatives.<br />

74 ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC

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