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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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LES SOUBASSEMENTS DU PROCESSUS D’ACCUMULATION DU CAPITAL AU MAROC<br />

(plus particulièrement dans les années 90). Impactée par la conjonction <strong>de</strong> chocs <strong>au</strong>ssi bien<br />

internes qu’externes, l’intensité <strong>capital</strong>istique a n<strong>et</strong>tement décéléré suite <strong>au</strong> fléchissement <strong>de</strong><br />

l’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> (en passant <strong>de</strong> 8,9% dans les années 70 à 5% dans les années 80<br />

<strong>et</strong> à 4,5% dans les années 90) <strong>et</strong> à la h<strong>au</strong>sse <strong>de</strong> l’emploi dans un ordre respectif <strong>de</strong> 3,2%,<br />

2,5% <strong>et</strong> 2,4%. Ces évolutions ont débouché sur une détérioration non seulement <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong><br />

pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> <strong>capital</strong> mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction primaires. C<strong>et</strong>te<br />

<strong>de</strong>rnière est <strong>de</strong>venue négative (-1%) dans les années 90 après avoir été à 0,2% dans les années<br />

80. L’économie marocaine <strong>de</strong>vient alors <strong>de</strong> moins en moins intensive en <strong>capital</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> plus en plus<br />

intensive en facteur travail. Le contenu en emplois <strong>de</strong> la croissance économique est passé <strong>de</strong><br />

65% dans les années 80 à plus <strong>de</strong> 102% dans les années 90.<br />

C’est à partir <strong>de</strong>s années 2000 que l’économie marocaine a assisté à un changement<br />

significatif <strong>de</strong> son régime <strong>de</strong> croissance. C’est une pério<strong>de</strong> <strong>du</strong>rant laquelle elle a franchi un<br />

palier supérieur en termes <strong>de</strong> création <strong>de</strong> valeur ajoutée <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité. Le rythme<br />

<strong>de</strong> l’intensité <strong>capital</strong>istique s’est accéléré pour atteindre 4,9% contre 2,1% dans les années 90.<br />

Les bonnes performances enregistrées en matière <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> travail -avec <strong>de</strong>s<br />

<strong>gains</strong> <strong>de</strong> 3,4% contre une variation quasi-nulle dans les années 90- se sont soldées par <strong>de</strong>s <strong>gains</strong><br />

<strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s facteurs relativement importants <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1,1%. Le contenu en<br />

emplois <strong>de</strong> la croissance économique s’est, en revanche, app<strong>au</strong>vri pour se situer à 26,7%, soit le<br />

nive<strong>au</strong> le plus bas <strong>du</strong>rant toutes ces <strong>de</strong>rnières décennies. Ces évolutions laissent présager que<br />

l’économie marocaine s’oriente vers un modèle <strong>de</strong> croissance partiellement intensif caractérisé<br />

par <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité positifs <strong>et</strong> par <strong>de</strong> faible contenu en emplois <strong>de</strong> la croissance.<br />

Toutefois, l’analyse par sous-pério<strong>de</strong>s fait ressortir une lecture différente. Les chiffres<br />

montrent en eff<strong>et</strong> que, entre 2001 <strong>et</strong> 2007, le <strong>Maroc</strong> a assisté à un mouvement <strong>de</strong> rééquilibrage<br />

<strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>ctivités apparentes <strong>de</strong>s différents facteurs <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>et</strong> qui a débouché sur un<br />

régime d’accumulation stabilisé 18 . La pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> <strong>capital</strong> s’est n<strong>et</strong>tement améliorée<br />

comparativement <strong>au</strong>x pério<strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts (-0,9% après -2,1% dans les années 90, -1,2% dans<br />

les années 80 <strong>et</strong> -3,6% dans les années 70), suite à une progression <strong>de</strong> l’intensité <strong>capital</strong>istique<br />

(4,1%) quasiment compensée par <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> équivalents <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> travail<br />

(3,3%). Ce régime d’accumulation relativement stabilisé entre 2001 <strong>et</strong> 2007 s’est tra<strong>du</strong>it <strong>au</strong><br />

total par une accélération <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction primaires pour<br />

atteindre un nive<strong>au</strong> jamais réalisé <strong>au</strong>paravant (1,4% après -1% dans les années quatre vingt dix,<br />

0,2% dans les années 80 <strong>et</strong> -0,6% dans les années 70).<br />

18 Une économie assiste à un régime d’accumulation stabilisé lorsque la pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> <strong>capital</strong> se<br />

maintient à <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x stables suite à l’évolution <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> travail à un rythme équivalent<br />

à celui <strong>de</strong> l’intensité <strong>capital</strong>istique.<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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