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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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LES SOUBASSEMENTS DU PROCESSUS D’ACCUMULATION DU CAPITAL AU MAROC<br />

dans les années 1980, <strong>de</strong> 79,3% dans les années 1970 <strong>et</strong> <strong>de</strong> 63% dans les années 1960.<br />

La contribution <strong>du</strong> travail à la croissance économique s’est située à environ 29% en moyenne<br />

sur l’ensemble <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong>. Toutefois, elle s’est continuellement inscrite en baisse en passant<br />

<strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 51% dans les années 1990 à 18,5% entre 2001 <strong>et</strong> 2007 <strong>et</strong> à seulement 8,4% entre<br />

2008 <strong>et</strong> 2014. C<strong>et</strong>te tendance s’est pro<strong>du</strong>ite <strong>et</strong> ce, malgré le passage <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong> par une pério<strong>de</strong><br />

d’<strong>au</strong>baine démographique caractérisée notamment par une forte croissance <strong>de</strong> la population<br />

en âge <strong>de</strong> travailler qui a progressé à un rythme moyen <strong>de</strong> 2% sur la pério<strong>de</strong> 2000-2014. Ce<br />

t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> progression tend toutefois à décélérer tendanciellement en passant <strong>de</strong> 2,5% en 2000<br />

à 1,5% en 2014. Malgré ce phénomène d’<strong>au</strong>baine démographique, les créations d’emploi sont<br />

restées relativement limitées <strong>et</strong> l’emploi a évolué à un nive<strong>au</strong> inférieur à celui <strong>de</strong> la croissance<br />

démographique, ce qui a con<strong>du</strong>it à une faible contribution <strong>du</strong> travail à la croissance. Le t<strong>au</strong>x<br />

d’emploi, correspondant <strong>au</strong> rapport entre la population active occupée <strong>et</strong> la population en âge<br />

<strong>de</strong> travailler (15-65 ans), a suivi un trend baissier en passant <strong>de</strong> 48% en 2000 à 43% en 2014.<br />

Ce qui signifie que moins <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong> la population marocaine en âge <strong>de</strong> travailler contribue<br />

actuellement à la création <strong>de</strong> richesse.<br />

Quant à la pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s facteurs, sa contribution prend, <strong>au</strong> fil <strong>de</strong>s décennies,<br />

<strong>de</strong>s valeurs tantôt négatives tantôt positives. L’économie marocaine a, toutefois, opéré un<br />

véritable s<strong>au</strong>t qualitatif <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 2000 comme l’illustre la contribution<br />

<strong>de</strong>venue positive <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 24% après avoir été négative<br />

dans les années 1990 <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 32%. Les <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité ont constitué donc une source<br />

importante d’accélération <strong>de</strong> la croissance économique <strong>du</strong>rant c<strong>et</strong>te pério<strong>de</strong>. La contribution <strong>de</strong><br />

24% correspond à un t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance annuel moyen <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s facteurs<br />

d’environ 1,1%, ce qui est très faible en comparaison avec les pays qui ont amorcé un processus<br />

rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> rattrapage économique.<br />

2.2. Les facteurs fondament<strong>au</strong>x régissant le processus <strong>de</strong> croissance <strong>et</strong><br />

d’accumulation 14<br />

La combinaison pro<strong>du</strong>ctive -qui correspond à l’association dans <strong>de</strong>s proportions variables<br />

les <strong>de</strong>ux facteurs <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction en vue d’atteindre un nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction- <strong>et</strong> l’intensité avec<br />

laquelle ces facteurs sont utilisés jouent un rôle déterminant dans la soutenabilité <strong>du</strong> régime <strong>de</strong><br />

croissance. L’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> est un facteur clé dans la mesure où elle hisse <strong>de</strong> manière<br />

significative la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>et</strong> favorise une utilisation efficiente <strong>de</strong>s technologies nouvelles <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

pointe. La qualité <strong>du</strong> facteur travail joue, également, un rôle crucial dans le sens où le nive<strong>au</strong><br />

<strong>de</strong> qualification <strong>de</strong> la main d’œuvre influence l’efficacité pro<strong>du</strong>ctive <strong>et</strong> la capacité d’absorber <strong>de</strong><br />

nouvelles technologies <strong>et</strong> <strong>de</strong> s’y adapter.<br />

14 Les traitements statistiques effectués se basent sur les données <strong>du</strong> H<strong>au</strong>t-Commissariat <strong>au</strong> Plan.<br />

66 ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC

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