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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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LES SOUBASSEMENTS DU PROCESSUS D’ACCUMULATION DU CAPITAL AU MAROC<br />

préoccupé davantage par l’acquisition <strong>de</strong> nouvelles technologies <strong>et</strong> le renforcement <strong>de</strong>s facteurs<br />

<strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction. Les <strong>gains</strong> d’efficacité générés <strong>de</strong>puis l’année 2001 correspon<strong>de</strong>nt, <strong>de</strong> ce fait, à<br />

un déplacement <strong>de</strong> la frontière d’efficience <strong>au</strong> cours <strong>du</strong> temps plutôt qu’un déplacement vers<br />

la frontière. L’eff<strong>et</strong> «catch-up» ou «rattrapage», qui correspond à l’efficacité technique, n’est<br />

pas suffisamment amorcé. D’où la nécessité <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en place <strong>de</strong>s mécanismes qui favorisent<br />

une allocation efficiente <strong>de</strong>s ressources, une utilisation optimale <strong>de</strong> la technologie <strong>et</strong> un mo<strong>de</strong><br />

d’organisation <strong>du</strong> travail <strong>et</strong> <strong>du</strong> management <strong>du</strong> processus <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction adéquat.<br />

2. Spécificités <strong>du</strong> régime <strong>de</strong> croissance <strong>et</strong> d’accumulation <strong>du</strong><br />

<strong>capital</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />

L’objectif ici est <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en exergue les spécificités <strong>du</strong> régime d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> <strong>au</strong><br />

<strong>Maroc</strong> <strong>de</strong>puis les années 60 <strong>et</strong> <strong>de</strong> les comparer avec celles <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres pays émergents 12 .<br />

2.1. R<strong>et</strong>our sur le profil <strong>du</strong> processus d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> <strong>de</strong>puis<br />

les années 60<br />

a. Les phases d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong><br />

Le <strong>Maroc</strong> a connu, <strong>de</strong>puis les années 60, à trois phases d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> physique.<br />

La première phase, relative <strong>au</strong>x années 1960 <strong>et</strong> 1970, s’est caractérisée par <strong>de</strong>s investissements<br />

intensifs comme le montre la formation brute <strong>du</strong> <strong>capital</strong> fixe <strong>et</strong> le stock <strong>de</strong> <strong>capital</strong> qui ont suivi<br />

un rythme accéléré respectivement <strong>de</strong> 8,6% <strong>et</strong> 6,5% en moyenne sur ces <strong>de</strong>ux décennies. C<strong>et</strong>te<br />

dynamique, générée en gran<strong>de</strong> partie par les investissements publics, s’explique par la volonté<br />

<strong>de</strong> r<strong>et</strong>ransformer les structures économiques - façonnées pendant le régime colonial <strong>et</strong> qui sont<br />

qualifiées <strong>de</strong> dépendantes <strong>et</strong> archaïques- <strong>et</strong> <strong>de</strong> construire ainsi un modèle économique marocomarocain.<br />

La secon<strong>de</strong> phase, correspondant <strong>au</strong>x années 1980 <strong>et</strong> 1990, coïnci<strong>de</strong> avec la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la mise en œuvre <strong>du</strong> programme d’ajustement structurel. Elle est marquée, notamment, par<br />

l’assainissement <strong>de</strong>s finances publiques, la recherche <strong>de</strong> la stabilisation macroéconomique <strong>et</strong> le<br />

désengagement progressif <strong>de</strong> l’Etat <strong>au</strong> profit <strong>de</strong>s forces <strong>du</strong> marché. C<strong>et</strong>te volonté <strong>de</strong> stabilisation<br />

a été faite <strong>au</strong> détriment <strong>de</strong> l’investissement. La formation brute <strong>du</strong> <strong>capital</strong> fixe a affiché, ainsi,<br />

une n<strong>et</strong>te décélération en passant <strong>de</strong> 8,5% l’an dans les années 1960 <strong>et</strong> 1970 à seulement 3,8%<br />

l’an dans les années 1980 <strong>et</strong> 1990. Le même schéma est constaté <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>du</strong> stock <strong>de</strong> <strong>capital</strong><br />

12 A signaler qu’il a <strong>de</strong>s écarts entre les données <strong>de</strong>s comptes nation<strong>au</strong>x <strong>du</strong> HCP <strong>et</strong> celle <strong>de</strong> la base <strong>de</strong><br />

données Penn World Table. Notre analyse s’est basée sur les données HCP pour les parties traitant le cas <strong>du</strong><br />

<strong>Maroc</strong> <strong>et</strong> sur les données <strong>de</strong> PWT pour les analyses comparatives.<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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