03.02.2017 Views

Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

INTRODUCTION<br />

Intro<strong>du</strong>ction<br />

Le processus soutenu d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> lancé <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>, <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années<br />

2000, a permis <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s avancées avérées en termes <strong>de</strong> préservation <strong>de</strong>s équilibres<br />

macroéconomiques <strong>et</strong> d’amortissement <strong>de</strong>s chocs exogènes. Cependant, force est <strong>de</strong> constater<br />

que les résultats escomptés en termes <strong>de</strong> <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité, <strong>de</strong> diversification <strong>du</strong> tissu<br />

pro<strong>du</strong>ctif <strong>et</strong> <strong>de</strong> rattrapage économique ne sont pas à la h<strong>au</strong>teur <strong>de</strong>s objectifs.<br />

La lenteur <strong>du</strong> changement structurel constitue un phénomène très préoccupant pour un pays<br />

comme le <strong>Maroc</strong> qui ambitionne <strong>de</strong> rejoindre le club <strong>de</strong>s économies émergentes. Elle suscite, en<br />

outre, <strong>de</strong> réelles inquiétu<strong>de</strong>s pour l’avenir puisque plus <strong>de</strong> 40% <strong>de</strong>s métiers qui existent <strong>au</strong>jourd’hui<br />

dans les pays avancés seront amenés à disparaitre dans les <strong>de</strong>ux prochaines décennies 1 . Ces<br />

métiers, représentant un spectre <strong>de</strong> 200 à 300 professions, concernent notamment les tâches<br />

répétitives ou celles pouvant être résolues par <strong>de</strong>s algorithmes. La question qui se pose alors<br />

est celle <strong>de</strong> savoir comment se positionne le modèle pro<strong>du</strong>ctif marocain dans ce contexte <strong>de</strong><br />

mutation accélérée sur le plan international. Les transformations qui sont à l’œuvre <strong>au</strong>jourd’hui,<br />

<strong>et</strong> la vitesse avec laquelle elles s’opèrent perm<strong>et</strong>tront-elles <strong>de</strong> déboucher sur une configuration<br />

<strong>du</strong> tissu pro<strong>du</strong>ctif <strong>au</strong> diapason <strong>de</strong> celle proj<strong>et</strong>ée à c<strong>et</strong> horizon ?<br />

Ces interrogations représentent, en eff<strong>et</strong>, un véritable tremplin vers <strong>de</strong> nouvelles pistes<br />

<strong>de</strong> réflexions. Nous en épinglons trois, qui sont distinctes mais complémentaires, pour tenter<br />

d’i<strong>de</strong>ntifier les tendances <strong>de</strong> fond qui sont à l’œuvre <strong>et</strong> <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en exergue un certain nombre<br />

d’inhibiteurs chroniques qui bri<strong>de</strong>nt le moteur <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction créatrice <strong>et</strong> qui condamnent le<br />

processus pro<strong>du</strong>ctif <strong>au</strong>x affres d’une croissance faible.<br />

La première piste concerne les spécificités <strong>du</strong> régime d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong>. Le <strong>Maroc</strong><br />

s’est, en eff<strong>et</strong>, engagé <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong>s années 2000 dans un processus d’intensification<br />

<strong>capital</strong>istique qui a permis <strong>de</strong> hisser le rythme <strong>de</strong> croissance <strong>du</strong> PIB comparativement <strong>au</strong>x<br />

années 1990, mais sans pour <strong>au</strong>tant insuffler <strong>de</strong> manière significative <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité.<br />

Ces <strong>de</strong>rniers ont évolué <strong>au</strong>tour <strong>de</strong> un pourcent en moyenne dans les années 2000 (contre une<br />

contribution négative dans les années 1990) <strong>au</strong> moment où <strong>au</strong>tres pays, avec le même nive<strong>au</strong><br />

d’intensité <strong>capital</strong>istique, ont vu leur pro<strong>du</strong>ctivité globale <strong>de</strong>s facteurs progresser <strong>de</strong> manière<br />

be<strong>au</strong>coup plus importante. D’<strong>au</strong>tres pays ont réalisé les mêmes performances que le <strong>Maroc</strong> en<br />

1 Benedikt Frey C., Osborne A., 2013 «The future of employment: how susceptible are jobs to<br />

computerization? », Oxford Martin School.<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

31

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!