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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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RÉSUMÉ ANALYTIQUE<br />

<strong>Maroc</strong> se servent <strong>de</strong> l’emploi comme mécanisme d’ajustement en adaptant le volume <strong>de</strong> la main<br />

d’œuvre <strong>et</strong> le rythme <strong>du</strong> travail <strong>au</strong> gré <strong>de</strong> la conjoncture. Une telle rigidité n’<strong>au</strong>rait pas seulement<br />

<strong>de</strong>s répercussions négatives sur le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> chômage, mais <strong>au</strong>ssi sur le potentiel <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong><br />

l’économie nationale puisqu’elle amplifie les fluctuations <strong>de</strong> l’output <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’emploi.<br />

Au nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’emploi, l’analyse montre que quatre secteurs non échangeables (primaire,<br />

bâtiment <strong>et</strong> trav<strong>au</strong>x publics, commerce <strong>et</strong> administration générale <strong>et</strong> services soci<strong>au</strong>x)<br />

s’accaparent environ trois quart <strong>de</strong> la main d’œuvre disponible sur le marché <strong>du</strong> travail témoignant<br />

ainsi, <strong>de</strong> la forte concentration <strong>de</strong> l’emploi dans <strong>de</strong>s secteurs à faible valeur ajoutée. La stabilité<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te concentration dans le temps reflète l’absence d’un processus avéré <strong>de</strong> réallocation <strong>de</strong> la<br />

main-d’œuvre <strong>de</strong>s secteurs moins pro<strong>du</strong>ctifs vers d’<strong>au</strong>tres plus pro<strong>du</strong>ctifs.<br />

Les résultats montrent en outre que le marché <strong>du</strong> travail se caractérise par une flexibilité<br />

« lente » <strong>et</strong> « non qualifiée ». Le caractère « lent » se réfère <strong>au</strong> rythme d’ajustement <strong>du</strong> nive<strong>au</strong><br />

<strong>de</strong> l’emploi <strong>au</strong> cycle <strong>de</strong> l’activité qui nécessite, d’après les estimations effectuées, un délai <strong>de</strong><br />

20 trimestres pour que l’emploi effectif s’ajuste à l’emploi désiré, alors que ce délai n’est que<br />

<strong>de</strong> 6 trimestres en moyenne dans les pays <strong>de</strong> la rive nord <strong>de</strong> la méditerranée. Le caractère « non<br />

qualifiée » est, quant à lui, lié <strong>au</strong> fait que la mobilité <strong>de</strong> la main d’œuvre est non seulement faible<br />

mais elle concerne, en gran<strong>de</strong> partie, les moins qualifiés. Ces <strong>de</strong>rniers sont attirés, notamment,<br />

par <strong>de</strong>s opportunités d’emploi dans <strong>de</strong>s secteurs d’activités à faible valeur ajoutée comme la<br />

construction <strong>et</strong> les services. La lenteur <strong>du</strong> délai moyen d’ajustement <strong>de</strong> l’emploi est, également,<br />

accentuée par l’inadéquation très importante entre les offres <strong>et</strong> les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d’emplois.<br />

Ces différentes rigidités ré<strong>du</strong>isent les possibilités pour les entreprises marocaines <strong>de</strong><br />

s’adapter <strong>au</strong>x variations <strong>de</strong> leur activité économique <strong>et</strong> <strong>au</strong>x différents chocs exogènes. Elles<br />

font, également, obstacle à la dynamique <strong>du</strong> système économique, à la répartition plus efficace<br />

<strong>de</strong>s ressources <strong>et</strong> à la pleine utilisation <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>et</strong> bri<strong>de</strong>nt, par conséquent,<br />

la force économique <strong>de</strong> la <strong>de</strong>struction créatrice.<br />

En conclusion, <strong>de</strong>ux qualificatifs peuvent être attribués <strong>au</strong> régime <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> l’économie<br />

marocaine : distorsions pro<strong>du</strong>ctives <strong>et</strong> rigidités <strong>du</strong> système économique. La persistance dans<br />

le temps <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux puissants freins entraineront dans les années futures les mêmes eff<strong>et</strong>s<br />

sur notre régime <strong>de</strong> croissance. Ces freins accentueront sans doute la lenteur <strong>du</strong> processus <strong>de</strong><br />

transformation <strong>du</strong> tissu pro<strong>du</strong>ctif <strong>et</strong> renforceront, ainsi, une allocation inefficiente <strong>du</strong> <strong>capital</strong> dont<br />

les secteurs <strong>de</strong> la construction <strong>et</strong> <strong>de</strong>s services sont les princip<strong>au</strong>x foyers. Ces freins pourraient<br />

comprimer structurellement la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>de</strong> l’économie nationale <strong>et</strong> condamner sa pro<strong>du</strong>ction<br />

manufacturière à <strong>de</strong>s nive<strong>au</strong>x <strong>de</strong> moyen <strong>et</strong> bas <strong>de</strong> gamme avec toutes les implications, que cela<br />

suppose, sur la compétitivité <strong>du</strong> tissu pro<strong>du</strong>ctif national.<br />

Pour terminer, il f<strong>au</strong>t dire que le potentiel <strong>de</strong> <strong>gains</strong> pour l’économie marocaine reste<br />

substantiel pour booster sa croissance <strong>et</strong> amorcer un processus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> rattrapage vis-à-vis<br />

<strong>de</strong>s économies avancées. Etant donné que le t<strong>au</strong>x d’investissement <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> se situe à un<br />

nive<strong>au</strong> élevé par rapport à ses pairs région<strong>au</strong>x, ce serait donc la qualité <strong>de</strong> l’investissement<br />

26 ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC

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