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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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RÉSUMÉ ANALYTIQUE<br />

moyenne <strong>de</strong> 1,5% sur la pério<strong>de</strong> allant <strong>de</strong> 2000 à 2014. L’impulsion <strong>de</strong>s salaires a été atténuée,<br />

d’une part, par l’amélioration <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité qui ont progressé à un rythme supérieur à<br />

celui <strong>du</strong> coût réel <strong>du</strong> travail <strong>et</strong>, d’<strong>au</strong>tre part, par le fait que les entreprises ont réussi à rest<strong>au</strong>rer<br />

leurs marges bénéficiaires en faisant passer dans les prix <strong>de</strong> vente les h<strong>au</strong>sses <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong><br />

pro<strong>du</strong>ction.<br />

Trois années seulement ont été caractérisées par une baisse <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x unitaires<br />

(2003, 2006 <strong>et</strong> 2008). A signaler que ces baisses n’émanent pas d’une stratégie <strong>de</strong> renforcement<br />

<strong>de</strong> la compétitivité <strong>de</strong> l’économie marocaine, mais sont plutôt la conséquence <strong>de</strong> trois eff<strong>et</strong>s<br />

distincts. Le premier, observé en 2003, est lié <strong>au</strong> changement <strong>de</strong> la structure <strong>de</strong> la rémunération<br />

salariale <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> rural suite à la reconversion d’une partie <strong>de</strong>s salariés rémunérés en salariés<br />

non rémunérés sous forme « Ai<strong>de</strong>s familiales, apprentis, travailleurs à domicile, <strong>et</strong> non déclarés ».<br />

Le second eff<strong>et</strong>, constaté en 2006, est en lien avec le programme <strong>de</strong> départs volontaires à la<br />

r<strong>et</strong>raite qui s’inscrit dans le cadre <strong>de</strong>s efforts déployés en vue d’assurer la bonne marche <strong>du</strong><br />

service public <strong>et</strong> <strong>de</strong> répondre <strong>au</strong>x nouve<strong>au</strong>x défis <strong>de</strong> l’administration. Le troisième eff<strong>et</strong>, observé<br />

en 2008, résulte <strong>de</strong> la n<strong>et</strong>te amélioration <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> travail <strong>de</strong> la branche<br />

agriculture suite à une progression <strong>de</strong> la valeur ajoutée agricole <strong>de</strong> 16,3% après une baisse <strong>de</strong><br />

20% en 2007.<br />

Dans l’ensemble, l’évolution positive <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x unitaires n’a pas impacté le t<strong>au</strong>x<br />

<strong>de</strong> marges <strong>de</strong>s entreprises. Au contraire, ce t<strong>au</strong>x a affiché une n<strong>et</strong>te amélioration en passant <strong>de</strong><br />

62,3% en moyenne entre 2000 <strong>et</strong> 2007 à 64% en moyenne entre 2008 <strong>et</strong> 2014, soit un gain <strong>de</strong><br />

1,7 point. Ce nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>meure trop élevé comparativement à celui observé chez <strong>de</strong>s pays <strong>au</strong>ssi<br />

bien développés que <strong>de</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> développement similaire. Selon les statistiques <strong>de</strong>s Nations-<br />

Unies, le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge <strong>de</strong>s sociétés non financières est en moyenne <strong>de</strong> 33% <strong>au</strong> Portugal, 34%<br />

en France, 34% en Espagne <strong>et</strong> 42% à Chypre.<br />

Pour apporter plus d’éléments explicatifs <strong>de</strong> l’évolution <strong>du</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge <strong>de</strong>s entreprises<br />

entre ces <strong>de</strong>ux sous-pério<strong>de</strong>s, nous nous sommes inspirés <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> la Banque <strong>de</strong> France <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> l’INSEE français pour décomposer ce t<strong>au</strong>x en trois contributions : <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité, coût<br />

réel <strong>du</strong> travail <strong>et</strong> termes <strong>de</strong> l’échange. Les résultats ont montré que l’amélioration <strong>de</strong> la variation<br />

<strong>du</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge <strong>de</strong>s entreprises est, dans l’ensemble, expliquée par <strong>de</strong>ux facteurs : Le premier<br />

est l’atténuation progressive <strong>de</strong> l’impulsion <strong>du</strong> coût réel <strong>du</strong> travail par une dynamique avérée<br />

<strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong>rant la pério<strong>de</strong> 2008-2014. La contribution relative <strong>au</strong>x termes <strong>de</strong><br />

l’échange, quant-à-elle, <strong>de</strong>meure modérée tout en oscillant dans un intervalle très ré<strong>du</strong>it. Le<br />

second facteur est en relation avec les marges bénéficiaires <strong>de</strong>s entreprises qui ont assisté à une<br />

n<strong>et</strong>te amélioration à partir <strong>de</strong> l’année 2008 suite à la progression <strong>du</strong> prix <strong>de</strong> la valeur ajoutée à<br />

un rythme plus élevé que celui <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x unitaires.<br />

Cependant, l’amélioration <strong>de</strong> ces marges s’est accompagnée d’une baisse significative <strong>de</strong><br />

l’épargne <strong>et</strong> elle ne s’est pas répercutée positivement sur l’investissement pro<strong>du</strong>ctif. En eff<strong>et</strong>,<br />

les divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s versés par les entreprises ont enregistré un n<strong>et</strong> rebond entre 2008 <strong>et</strong> 2014 (h<strong>au</strong>sse<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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