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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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CONCLUSION GÉNÉRALE<br />

IV. Conclusion générale<br />

L’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> c<strong>et</strong> ouvrage était d’expliciter un certain nombre <strong>de</strong> faits stylisés concernant les<br />

processus fondament<strong>au</strong>x par lesquels les capacités pro<strong>du</strong>ctives se développent <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong><br />

<strong>et</strong> d’i<strong>de</strong>ntifier les m<strong>au</strong>x qui rongent son régime <strong>de</strong> croissance. Trois parties distinctes, mais<br />

complémentaires, ont été développées.<br />

Tout d’abord, nous avons procédé par l’analyse <strong>du</strong> régime d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> <strong>au</strong><br />

<strong>Maroc</strong>. Il s’avère, d’après nos résultats, que l’économie nationale opère en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la<br />

frontière d’efficience, synonyme <strong>de</strong> la présence d’un déficit <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité par rapport <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres<br />

pays <strong>de</strong> l’échantillon. Il est démontré, également, que l’économie marocaine pro<strong>du</strong>it seulement<br />

76,1% <strong>de</strong> l’output avec le même nive<strong>au</strong> d’input que ses homologues les plus efficients <strong>et</strong> que<br />

le processus d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> ne s’est pas accompagné, comparativement à d’<strong>au</strong>tres<br />

économies émergentes, d’une amélioration significative <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité. Le processus<br />

d’accumulation <strong>du</strong> <strong>capital</strong> <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> est qualifié d’extensif plutôt qu’intensif puisque les<br />

performances réalisées (accès <strong>au</strong> nouve<strong>au</strong> palier <strong>de</strong> croissance, <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité positifs,<br />

<strong>et</strong>c) dans les années 2000 sont, dans une gran<strong>de</strong> partie, attribuables à l’accroissement <strong>du</strong> volume<br />

<strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>et</strong> à l’incorporation <strong>de</strong> nouvelles technologies dans le processus<br />

pro<strong>du</strong>ctif <strong>et</strong> non à l’amélioration <strong>de</strong> l’efficacité <strong>de</strong>s inputs utilisés (<strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité).<br />

L’économie marocaine se caractérise donc par un régime d’accumulation dans lequel<br />

l’intensité <strong>capital</strong>istique croit <strong>de</strong> manière importante sans une <strong>au</strong>gmentation correspondante <strong>et</strong><br />

proportionnelle <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité. Elle <strong>de</strong>vient ainsi <strong>de</strong> plus en plus gourman<strong>de</strong> en <strong>capital</strong><br />

en réclamant davantage <strong>de</strong> <strong>capital</strong> pour créer une unité <strong>de</strong> valeur ajoutée. Elle est également<br />

<strong>de</strong>venue <strong>de</strong> moins en moins pro<strong>du</strong>ctive puisque pour maintenir stables les <strong>gains</strong> associées à la<br />

pro<strong>du</strong>ctivité apparente <strong>du</strong> travail, il <strong>au</strong>ra fallu davantage <strong>du</strong> <strong>capital</strong> utilisée par tête. Il semble<br />

<strong>au</strong>ssi que l’économie marocaine <strong>de</strong>vient <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong> moins en moins créatrice d’emplois <strong>et</strong> a <strong>du</strong> mal<br />

à hisser le contenu en emplois <strong>de</strong> la croissance économique. Ce contenu a régressé <strong>de</strong> manière<br />

très sensible pour atteindre 16,2% entre 2008 <strong>et</strong> 2014 après avoir été à plus <strong>de</strong> 35% entre 2001<br />

<strong>et</strong> 2007 <strong>et</strong> à plus <strong>de</strong> 70% en moyenne <strong>du</strong>rant les quatre décennies antérieures.<br />

En somme, il f<strong>au</strong>t en faire toujours plus pour finalement en obtenir moins. La valorisation<br />

est donc assurée par une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction <strong>et</strong> non par la génération<br />

<strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité. Ce régime suscite <strong>de</strong> réelles inquiétu<strong>de</strong>s, notamment parce que les<br />

ren<strong>de</strong>ments <strong>de</strong> ces facteurs <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction sont décroissants <strong>et</strong> que le potentiel <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong><br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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