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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET RIGIDITÉS ÉCONOMIQUES<br />

Autres services non financiers 4,5 2,5 4,3 2,7 4,7 2,1<br />

Transports <strong>et</strong> communications 4,0 3,7 3,6 4,6 4,4 2,5<br />

Hôtels <strong>et</strong> rest<strong>au</strong>rants 2,1 4,5 1,9 4,7 2,4 4,2<br />

Services financiers 1,7 6,3 1,3 6,4 2,2 6,1<br />

In<strong>du</strong>strie alimentaire <strong>et</strong> tabac 1,4 2,2 1,3 2,4 1,5 1,9<br />

In<strong>du</strong>strie extractive 0,5 -1,0 0,5 -2,1 0,5 0,4<br />

Electricité, gaz <strong>et</strong> e<strong>au</strong> 0,4 -1,2 0,4 -0,3 0,4 -2,2<br />

Valeur ajoutée totale 100 1,2 100 1,6 100 0,8<br />

Source : Calcul <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>teur à partir <strong>de</strong>s données <strong>du</strong> HCP<br />

* TCAM : t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance annuel moyen<br />

Avec une part d’environ 43% <strong>de</strong> la population active occupée, l’agriculture, forêt <strong>et</strong> pêche<br />

est, structurellement <strong>et</strong> <strong>de</strong> loin, le premier pourvoyeur d’emplois <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong>. Sa part dans l’emploi<br />

total s’est, toutefois, amenuisée <strong>de</strong> 6,5 points entre 2000 <strong>et</strong> 2014. Deux points méritent d’être<br />

soulignés à c<strong>et</strong> égard. Le premier porte sur le poids <strong>de</strong> l’emploi primaire dans l’emploi total qui<br />

dépasse largement la part <strong>de</strong> sa valeur ajoutée brute dans la valeur ajoutée totale estimée à<br />

15,8% en moyenne. C<strong>et</strong> écart, qui représente plus que le double, laisse poser <strong>de</strong>s interrogations<br />

sur son nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité puisqu’il abrite be<strong>au</strong>coup d’emplois mais génère peu <strong>de</strong> richesses.<br />

Le second point concerne le soutien en aval <strong>du</strong> secteur primaire à la branche <strong>de</strong> l’in<strong>du</strong>strie<br />

agroalimentaire. Ces <strong>de</strong>ux secteurs se distinguent en général par une interdépendance croissante<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s liaisons en amont <strong>et</strong> en aval, chose qui n’est pas observée <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’économie<br />

marocaine. Les conclusions <strong>du</strong> rapport <strong>du</strong> Conseil National <strong>du</strong> Commerce Extérieur marocain 108 ,<br />

corroborant ce constat, ont mis l’accent sur la faible intégration <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux branches. Ce<br />

rapport mentionne que les pro<strong>du</strong>cteurs agricoles <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> privilégient l’exportation <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>its<br />

primaires à l’état brut <strong>au</strong> lieu <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à la transformation <strong>et</strong> à la valorisation <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its<br />

loc<strong>au</strong>x. Parmi les arguments <strong>de</strong>rrières ces conclusions, il y a lieu <strong>de</strong> citer, notamment, le ratio <strong>de</strong><br />

la valeur ajoutée <strong>de</strong>s in<strong>du</strong>stries alimentaires par rapport à celle <strong>de</strong> l’agriculture qui ne dépasse<br />

pas les 33%, alors que dans d’<strong>au</strong>tres pays, en l’occurrence l’Espagne, ce ratio se situe à plus <strong>de</strong><br />

90%. Ce ratio ne s’est pas amélioré après le lancement <strong>du</strong> Plan <strong>Maroc</strong> Vert <strong>et</strong> a même régressé<br />

pour atteindre 29%.<br />

Les secteurs <strong>du</strong> commerce, <strong>de</strong> l’administration générale <strong>et</strong> services soci<strong>au</strong>x <strong>et</strong> <strong>du</strong> bâtiment <strong>et</strong><br />

trav<strong>au</strong>x publics, avec <strong>de</strong>s parts moyennes respectives <strong>de</strong> 14,4%, 10% <strong>et</strong> 7,1%, sont considérés,<br />

également, comme un foyer important <strong>de</strong> l’emploi. Ajoutés <strong>au</strong> secteur primaire, ils représentent<br />

ensemble plus <strong>de</strong> 76% <strong>de</strong> l’emploi total. Autrement dit, quatre secteurs non échangeables<br />

s’accaparent trois quart <strong>de</strong> la main d’œuvre disponible sur le marché <strong>du</strong> travail témoignant ainsi,<br />

108 Conseil National <strong>du</strong> Commerce Extérieur, 2013 : « Stratégies sectorielles <strong>et</strong> soutenabilité <strong>du</strong> déficit<br />

commercial », mai.<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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