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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET RIGIDITÉS ÉCONOMIQUES<br />

plutôt <strong>au</strong>x conditions <strong>et</strong> <strong>au</strong>x fondament<strong>au</strong>x spécifiques <strong>de</strong> l’activité en question. Parmi lesquels,<br />

il y a lieur <strong>de</strong> citer, le caractère saisonnier <strong>de</strong> l’emploi (Hôtels <strong>et</strong> rest<strong>au</strong>rants), le comportement<br />

cyclique ou contracyclique <strong>de</strong> l’activité, l’évolution <strong>de</strong>s carn<strong>et</strong>s <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>s (pour le secteur<br />

manufacturier notamment), le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> salarisation (variant entre 14% <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la branche<br />

Agriculture forêt <strong>et</strong> pêche <strong>et</strong> 100% <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’Administration générale avec une moyenne <strong>de</strong><br />

40% pour l’ensemble <strong>de</strong>s activités), <strong>et</strong>c.<br />

2.4. Conclusion<br />

En résumé, nous avons procédé à l’analyse <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong>s variations annuelles <strong>de</strong><br />

salaires moyens <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> chaque branche d’activité entre 2000 <strong>et</strong> 2013 pour mesurer les<br />

rigidités nominales <strong>et</strong> réelles <strong>de</strong>s salaires. Les résultats obtenus montrent que le profil <strong>de</strong>s<br />

différentes distributions ne semble pas présenter une forme idéale <strong>de</strong> la normalité statistique.<br />

Ceci signifie que le comportement d’évolution <strong>de</strong>s salaires n’est pas synchronisé avec celui<br />

<strong>de</strong>s prix, <strong>de</strong> la croissance <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>et</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> intérieure. Il s’est avéré, en<br />

revanche, une asymétrie positive <strong>de</strong>s distributions <strong>de</strong> salaires comme l’illustre la fréquence<br />

cumulée <strong>de</strong>s variations salariales positives qui est largement supérieure à celle négatives pour<br />

l’ensemble <strong>de</strong>s branches d’activité, exception faite <strong>de</strong> la branche « Textile <strong>et</strong> cuir », qui dispose<br />

d’une fréquence cumulée <strong>de</strong>s variations positives <strong>de</strong>s salaires moyens équivalentes à celle <strong>de</strong>s<br />

variations négatives. C<strong>et</strong>te asymétrie positive laisse prédire la conjecture <strong>de</strong> rigidité à la baisse<br />

<strong>de</strong>s salaires nomin<strong>au</strong>x.<br />

La présence <strong>de</strong> rigidité manifeste un eff<strong>et</strong> contraignant sur les variations <strong>de</strong>s salaires<br />

nomin<strong>au</strong>x <strong>et</strong> rétrécit, par conséquent, les marges d’ajustement lors <strong>de</strong> la survenue <strong>de</strong> chocs<br />

négatifs. Ce constat est vérifié en 2012 <strong>et</strong> 2013, années <strong>du</strong>rant lesquelles la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> étrangère<br />

adressée <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> a accusé un n<strong>et</strong> repli (-1,7% en 2012 <strong>et</strong> 1,2% en 2013 après une moyenne<br />

<strong>de</strong> 6,8% en 2010 <strong>et</strong> 2011). En réaction à ces chocs, <strong>et</strong> étant donné que les salaires sont rigi<strong>de</strong>s,<br />

les entreprises ont fait recours à l’emploi comme moyen d’ajustement. Ainsi, après une création<br />

d’environ 105.000 postes d’emploi en 2011, l’économie nationale n’a créé qu’un peu plus <strong>de</strong><br />

1000 postes d’emploi en 2012. L’activité relative à l’in<strong>du</strong>strie manufacturière a enregistré une<br />

<strong>de</strong>struction <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 45000 postes d’emploi, <strong>de</strong> même pour le BTP avec 21.000 postes d’emploi<br />

en moins. Pour ce qui est <strong>de</strong> l’année 2013, il est vrai que plus <strong>de</strong> 114.000 postes d’emploi ont été<br />

créés, mais ces créations sont imputables, à raison <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 50%, par le secteur agricole suite<br />

à une pro<strong>du</strong>ction céréalière importante, estimée à 97 millions <strong>de</strong> quint<strong>au</strong>x après une campagne<br />

moyenne <strong>de</strong> 53 millions <strong>de</strong> quint<strong>au</strong>x en 2012.<br />

En somme, il s’avère que les salaires <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> se caractérisent par une rigidité, plus<br />

particulièrement, à la baisse. Les entreprises se servent <strong>de</strong> l’emploi comme mécanisme<br />

d’ajustement en adaptant le volume <strong>de</strong> sa main d’œuvre <strong>et</strong> le rythme <strong>du</strong> travail <strong>au</strong> gré <strong>de</strong> la<br />

conjoncture. Une telle rigidité n’<strong>au</strong>rait pas seulement <strong>de</strong>s répercussions négatives sur le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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