03.02.2017 Views

Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET RIGIDITÉS ÉCONOMIQUES<br />

Ces coûts constitueront <strong>de</strong>s charges supplémentaires sur l’entreprise <strong>et</strong> il est donc optimal pour<br />

c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière d’ajuster ses prix <strong>de</strong> façon peu fréquente <strong>et</strong> <strong>de</strong> ne pas transm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> manière<br />

immédiate les chocs dans les prix 79 .<br />

Patrick ARTUS 80 , dans Flash économie Natixis <strong>de</strong> février 2013 81 , montre par exemple que<br />

les prix <strong>au</strong>x Etats-Unis <strong>et</strong> en Europe réagissent lentement à la conjoncture économique. Les<br />

conséquences d’une telle rigidité sont nombreuses parmi lesquelles trois importantes peuvent<br />

être avancées. Il considère, tout d’abord, que les politiques monétaires, dans un contexte <strong>de</strong><br />

rigidité <strong>de</strong>s prix, sont <strong>du</strong>rablement efficaces puisque l’ajustement <strong>de</strong>s prix nomin<strong>au</strong>x <strong>au</strong>x chocs<br />

monétaires sera lent. Une h<strong>au</strong>sse <strong>de</strong> l’offre <strong>de</strong> monnaie con<strong>du</strong>it à une baisse <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x nomin<strong>au</strong>x<br />

<strong>et</strong>, par la suite, à une ré<strong>du</strong>ction <strong>de</strong>s t<strong>au</strong>x d’intérêt réels à court terme, ce qui se tra<strong>du</strong>it par un<br />

accroissement <strong>de</strong> l’investissement <strong>et</strong> donc <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction. L’économiste français considère,<br />

ensuite, que <strong>de</strong>s politiques contra-cycliques fortes sont indispensables en cas <strong>de</strong> chocs négatifs<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>et</strong> que, dans une économie caractérisée par une rigidité <strong>de</strong>s prix, tout un choc<br />

négatif <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ne génère pas une baisse <strong>de</strong>s prix <strong>et</strong> se répercute négativement sur<br />

l’activité. Des politiques contra-cycliques fortes accroîtront la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> façon substantielle,<br />

notamment via <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s multiplicateurs. Enfin, en présence <strong>de</strong> prix rigi<strong>de</strong>s, la flexibilité <strong>de</strong>s<br />

salaires impacte négativement l’activité économique, plus particulièrement, lors <strong>de</strong>s phases <strong>de</strong><br />

récession dans le sens où elle génère un eff<strong>et</strong> important <strong>et</strong> indésirable sur les salaires réels <strong>et</strong><br />

sur les profits <strong>et</strong> elle n’améliore pas, par conséquent, la compétitivité-prix.<br />

1.2. Mesure <strong>du</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> rigidité <strong>de</strong>s prix 82<br />

Les trav<strong>au</strong>x empiriques relatifs à la mesure <strong>du</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> rigidité <strong>de</strong>s prix ont connu un<br />

essor important <strong>au</strong> cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières décennies. Ces trav<strong>au</strong>x ont bénéficié <strong>de</strong> l’apport<br />

considérable <strong>de</strong>s enseignements <strong>de</strong> la nouvelle macroéconomie keynésienne qui repose sur<br />

<strong>de</strong>s comportements d’optimisation <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s entreprises indivi<strong>du</strong>elles, mais <strong>au</strong>ssi <strong>du</strong><br />

développement avéré <strong>de</strong>s appareils statistiques. C’est le cas notamment <strong>de</strong>s trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Berardi,<br />

G<strong>au</strong>tier <strong>et</strong> Le Bihan qui ont exploité une pal<strong>et</strong>te d’informations riche en termes <strong>de</strong> données<br />

microéconomiques qui portent sur <strong>de</strong>s relevés indivi<strong>du</strong>els <strong>de</strong> prix collectés par les instituts<br />

statistiques 83 . Ces relevés, généralement utilisés pour calculer l’indice <strong>de</strong> prix à la consommation,<br />

79 Lamotte H., Vincent J-P, Op- cit.<br />

80 Economiste français, Directeur <strong>de</strong> la recherche <strong>et</strong> <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Natixis : Banque <strong>de</strong> financement, <strong>de</strong><br />

gestion <strong>et</strong> <strong>de</strong> services financiers <strong>du</strong> groupe BPCE, issue <strong>de</strong> la fusion <strong>de</strong>s groupes Caisse d’épargne <strong>et</strong> Banque<br />

Populaire.<br />

81 ARTUS, Patrick, 2013 : « Les conséquences <strong>de</strong> la rigidité <strong>de</strong>s prix », Natixis, Flash économie, n° 168, 20<br />

février.<br />

82 Voir B<strong>au</strong>dry <strong>et</strong> al. (2005) pour plus <strong>de</strong> précisions sur les différentes mesures statistiques concernant les<br />

changements <strong>de</strong> prix.<br />

83 Berardi <strong>et</strong> al., B<strong>au</strong>dry <strong>et</strong> al., 2003, Op- cit.<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

145

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!