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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET RIGIDITÉS ÉCONOMIQUES<br />

considérable à partir <strong>de</strong>s années 70, notamment, par les économistes Barro 72 (1972), Sheshinski<br />

<strong>et</strong> Weiss 73 (1977). Les développements les plus récents (Bils <strong>et</strong> Klenow 74 (2004), B<strong>au</strong>dry <strong>et</strong> al 75 .<br />

(2005) <strong>et</strong> Nakamura <strong>et</strong> Steinsson 76 (2007)) ont essayé d’intégrer la dimension microéconomique<br />

<strong>de</strong> fixation <strong>de</strong>s prix dans les modèles macroéconomiques. Ces <strong>au</strong>teurs ont appréhendé le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong><br />

rigidité à travers la mesure <strong>de</strong>s fréquences <strong>de</strong> changement <strong>de</strong>s prix. Les principales conclusions<br />

<strong>de</strong> ces trav<strong>au</strong>x montrent que ces prix présentent généralement un certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> rigidité qui<br />

se caractérise, toutefois, par une gran<strong>de</strong> hétérogénéité sectorielle avec <strong>de</strong>s changements plus<br />

fréquents <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s prix énergétiques en comparaison avec ceux <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres secteurs, les<br />

services en l’occurrence.<br />

Les enseignements <strong>de</strong> la nouvelle macroéconomie keynésienne considèrent que la faible<br />

fréquence <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong> prix procure un mécanisme à travers lequel les chocs <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />

peuvent entrainer d’importants eff<strong>et</strong>s sur l’activité réelle. Selon c<strong>et</strong>te école, les différents<br />

mécanismes économiques, les attitu<strong>de</strong>s psychologiques, la nature asymétrique <strong>de</strong> l’information,<br />

les facteurs institutionnels ou les réglementations sont <strong>au</strong>tant d’obstacles à l’ajustement rapi<strong>de</strong><br />

<strong>du</strong> nive<strong>au</strong> général <strong>de</strong>s prix.<br />

Autres c<strong>au</strong>ses peuvent expliquer la rigidité <strong>de</strong>s prix parmi lesquels il y a lieu <strong>de</strong> citer le<br />

décalage temporel dans les ajustements indivi<strong>du</strong>els <strong>de</strong>s prix <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> chaque entreprise,<br />

l’absence <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>s activités <strong>et</strong> le fait que les ajustements <strong>de</strong> prix ne correspon<strong>de</strong>nt<br />

pas forcément <strong>au</strong>x fondament<strong>au</strong>x <strong>du</strong> marché puisque les entreprises opèrent dans un contexte<br />

<strong>de</strong> concurrence imparfaite 77 .<br />

Une nouvelle génération <strong>de</strong> trav<strong>au</strong>x a souligné la présence <strong>de</strong> plusieurs raisons <strong>de</strong>rrières<br />

l’explication <strong>du</strong> décalage temporel dans les ajustements indivi<strong>du</strong>els <strong>de</strong>s prix 78 . Il s’explique,<br />

tout d’abord, par le fait qu’une part importante <strong>de</strong>s entreprises procè<strong>de</strong> à la signature <strong>de</strong>s<br />

contrats à long terme avec leurs clients pour éviter les coûts liés <strong>au</strong>x négociations répétées<br />

<strong>et</strong> minimiser <strong>au</strong>ssi les risques liés <strong>au</strong>x incertitu<strong>de</strong>s. Les entreprises préfèrent, <strong>au</strong>ssi, stabiliser<br />

leurs prix afin <strong>de</strong> fidéliser leur clientèle. Un <strong>au</strong>tre facteur, mentionné dans la plupart <strong>de</strong>s modèles<br />

macroéconomiques néo-keynésiens, concerne l’existence <strong>de</strong> coûts <strong>de</strong> catalogue « menu costs »<br />

(impression <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>x prix, revisite <strong>de</strong>s contrats avec les clients <strong>et</strong> les fournisseurs, <strong>et</strong>c.).<br />

72 Barro R., 1972: «A Theory of Monopolistic Price Adjustment», Review of Economic Studies, 39, 1, 17-26.<br />

73 Sheshinski E. <strong>et</strong> Weiss Y., 1977: «Inflation and Costs of Price Adjustment», Review of Economic Studies,<br />

44, 2, 287-303.<br />

74 Bils M. <strong>et</strong> Klenow P.J., 2004: «Some Evi<strong>de</strong>nce on the Importance of Sticky Prices», Journal of Political<br />

Economy, 112, 947-985.<br />

75 B<strong>au</strong>dry <strong>et</strong> al., 2005, op.cit.<br />

76 Nakamura E. <strong>et</strong> Steinsson J., 2007: «Five Facts About Prices: A Reevaluation of Menu Cost Mo<strong>de</strong>ls»,<br />

Quarterly Journal of Economics, forthcoming.<br />

77 Pour plus <strong>de</strong> détails, voir Lamotte H., Vincent J-P, 1998 : « La Nouvelle Macroéconomie Keynésienne»,<br />

Presses Universitaires <strong>de</strong> France.<br />

78 Lamotte H., Vincent J-P, Op- cit.<br />

144 ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC

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