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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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GAINS DE PRODUCTIVITÉ ET RIGIDITÉS ÉCONOMIQUES<br />

cruci<strong>au</strong>x … afin <strong>de</strong> garantir que l’ajustement s’opère par les prix <strong>et</strong> non par les quantités, c’està-dire<br />

par le chômage. (…) Pendant la crise, les pays dont les économies étaient plus flexibles<br />

se sont globalement adaptés plus rapi<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> avec <strong>de</strong>s répercussions moins fortes en termes<br />

<strong>de</strong> chômage » 67 .<br />

Les mêmes constats sont avancés sur le plan théorique. La nouvelle macroéconomie<br />

keynésienne stipule que la survenue d’un choc infligé à une économie pousse les différents<br />

opérateurs à ajuster leur comportement à la nouvelle donne pour atteindre un nouvel équilibre.<br />

La pério<strong>de</strong> d’ajustement avant le r<strong>et</strong>our à c<strong>et</strong> équilibre dépend, toutefois, <strong>de</strong> la présence ou<br />

non <strong>de</strong> rigidités réelles <strong>et</strong> nominales <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> la détermination <strong>de</strong>s salaires, <strong>de</strong>s prix <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> l’emploi 68 . Ces rigidités font obstacles à la mobilité <strong>de</strong> la main d’œuvre <strong>et</strong> à l’allocation la<br />

plus efficace <strong>de</strong>s ressources. Plus un pays est affecté <strong>de</strong> rigidités, plus l’impact <strong>de</strong>s chocs est<br />

susceptible d’être prolongé dans le temps <strong>et</strong> plus la vitesse <strong>de</strong> transformation <strong>de</strong>s structures<br />

pro<strong>du</strong>ctives est lente.<br />

Pour ce qui est <strong>du</strong> cas <strong>du</strong> <strong>Maroc</strong>, il est certes que la politique macroéconomique, mise en<br />

œuvre <strong>au</strong> sortir <strong>de</strong>s années 1990, a fait <strong>de</strong> la stabilité <strong>de</strong>s équilibres internes <strong>et</strong> externes sa<br />

préoccupation majeure. De grands efforts ont été déployés en vue d’inst<strong>au</strong>rer une politique<br />

macroéconomique garantissant en priorité les conditions <strong>de</strong> stabilité moyennant, notamment, <strong>de</strong>s<br />

instruments budgétaires <strong>et</strong> monétaires qui concilient les objectifs <strong>de</strong> répartition <strong>et</strong> d’efficience<br />

économique. Mais la pertinence d’une politique macroéconomique ne peut être appréciée à la<br />

simple réalisation <strong>de</strong>s équilibres <strong>et</strong> à la stabilité <strong>de</strong>s prix. Elle doit s’assimiler, <strong>au</strong>ssi, <strong>au</strong> regard<br />

<strong>de</strong> sa capacité à s’ajuster en réponse <strong>au</strong>x chocs <strong>et</strong> à actionner la réallocation <strong>de</strong>s ressources<br />

<strong>de</strong>s secteurs à faible valeur ajoutée vers <strong>de</strong>s secteurs à forte valeur ajoutée. C<strong>et</strong>te capacité<br />

joue un rôle primordial dans l’atténuation <strong>de</strong>s chocs <strong>et</strong> dans l’amorce d’un processus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

transformation structurelle.<br />

La lecture rétrospective <strong>de</strong> l’économie nationale montre qu’après les bonnes performances<br />

macroéconomiques réalisées <strong>du</strong>rant la pério<strong>de</strong> 2000-2007, les vulnérabilités se sont accrues<br />

à partir <strong>de</strong> l’année 2008 à la suite d’une succession <strong>de</strong> nombreux chocs exogènes. Parmi ces<br />

chocs, il y a lieu <strong>de</strong> citer la récession qu’ont connue nos princip<strong>au</strong>x pays partenaires étrangers, la<br />

montée vertigineuse <strong>de</strong>s cours <strong>du</strong> pétrole, l’instabilité régionale avec l’éclatement <strong>du</strong> «printemps<br />

arabe » <strong>et</strong> la volatilité <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction céréalière. Face à ces chocs, le rythme <strong>de</strong> progression<br />

<strong>de</strong> la croissance non agricole (justement pour neutraliser les r<strong>et</strong>ournements cycliques liés<br />

à la composante agricole) a <strong>du</strong> mal à s’ajuster sur son nive<strong>au</strong> potentiel <strong>et</strong> les fondament<strong>au</strong>x<br />

macroéconomiques (compte courant <strong>de</strong> la balance <strong>de</strong>s paiements <strong>et</strong> sol<strong>de</strong> budgétaire) tar<strong>de</strong>nt à<br />

enclencher un r<strong>et</strong>our rapi<strong>de</strong> à l’équilibre.<br />

67 Intervention <strong>de</strong> M. Mario Draghi, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Banque Centrale Européenne à l’Université d’Helsinki,<br />

le 27 novembre 2014.<br />

68 Lamotte H., Vincent J-P, 1998, Op- cit.<br />

142 ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC

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