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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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GAINS DE PRODUCTIVITÉ, COÛT DU TRAVAIL ET MARGES DES ENTREPRISES<br />

La lecture croisée <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux graphiques montre que les h<strong>au</strong>sses constatées <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s<br />

salaires ont été atténuées non seulement par l’amélioration <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité mais <strong>au</strong>ssi par<br />

le fait que les entreprises ont réussi à passer dans les prix <strong>de</strong> vente les h<strong>au</strong>sses <strong>de</strong>s coûts <strong>de</strong><br />

pro<strong>du</strong>ction.<br />

La seule inquiétu<strong>de</strong> est que ces marges <strong>de</strong>vraient normalement renforcer la capacité<br />

d’<strong>au</strong>tofinancement <strong>de</strong>s entreprises <strong>et</strong> booster leur potentiel d’innovation, <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction,<br />

d’investissement <strong>et</strong> d’exportation. Chose qui fait déf<strong>au</strong>t <strong>au</strong> <strong>Maroc</strong> puisque l’amélioration <strong>de</strong><br />

ces marges s’est accompagnée d’un n<strong>et</strong> rebond <strong>de</strong> la distribution <strong>de</strong>s divi<strong>de</strong>n<strong>de</strong>s (amélioration<br />

<strong>de</strong> leur part dans l’EBE d’environ 5 points entre 2000 <strong>et</strong> 2014 pour atteindre plus <strong>de</strong> 19% en<br />

2014) mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres charges (intérêts, impôts <strong>et</strong> <strong>au</strong>tres opérations) <strong>au</strong> détriment, bien<br />

évi<strong>de</strong>mment, <strong>de</strong> l’épargne, censée favoriser le réinvestissement <strong>et</strong> l’accumulation <strong>de</strong>s capacités<br />

pro<strong>du</strong>ctives.<br />

La continuité <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te tendance risque <strong>de</strong> générer une accélération <strong>du</strong> vieillissement <strong>du</strong> stock<br />

<strong>de</strong> <strong>capital</strong> <strong>et</strong> d’empêcher la montée en gamme <strong>de</strong>s pro<strong>du</strong>its domestiques <strong>et</strong> la génération <strong>de</strong>s<br />

<strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité.<br />

3. Coûts salari<strong>au</strong>x unitaires, <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité <strong>et</strong> marges<br />

<strong>de</strong>s entreprises : Analyse par branche d’activité<br />

Les résultats obtenus <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> l’économie dans son ensemble révèlent clairement<br />

l’importance <strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité <strong>et</strong> <strong>du</strong> coût réel <strong>du</strong> travail dans les marges <strong>de</strong>s entreprises.<br />

C<strong>et</strong>te réalité diffère selon le secteur d’activité. Il serait donc intéressant <strong>de</strong> montrer dans quelle<br />

mesure les facteurs précités influencent-ils les marges <strong>de</strong>s entreprises <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s différentes<br />

branches d’activités afin <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce les spécificités <strong>du</strong> tissu pro<strong>du</strong>ctif marocain.<br />

3.1. Evolution <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x unitaires <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s différentes<br />

branches d’activité<br />

L’analyse <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x unitaires <strong>de</strong>s différentes branches d’activités entre les <strong>de</strong>ux<br />

sous-pério<strong>de</strong>s 2000-2007 <strong>et</strong> 2008-2014 fait ressortir <strong>de</strong>s évolutions différenciées. Il y a lieu<br />

<strong>de</strong> noter, tout d’abord, la n<strong>et</strong>te <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> ces coûts <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> d’un certain nombre <strong>de</strong><br />

branches à forte valeur ajoutée. A citer notamment, les <strong>au</strong>tres in<strong>du</strong>stries manufacturières 63 qui<br />

63 Les <strong>au</strong>tres in<strong>du</strong>stries manufacturières incluent également « in<strong>du</strong>strie chimique <strong>et</strong> para-chimique »,<br />

« in<strong>du</strong>strie mécanique, métallurgique <strong>et</strong> électrique » <strong>et</strong> « raffinage <strong>de</strong> pétrole <strong>et</strong> <strong>au</strong>tres pro<strong>du</strong>its d’énergie ». Ce<br />

regroupement s’est fait dans le souci <strong>de</strong> s’aligner sur la nomenclature relative à l’emploi.<br />

De même pour les <strong>au</strong>tres services non financiers qui englobent les services liés à l’immobilier, location <strong>et</strong><br />

services ren<strong>du</strong>s <strong>au</strong>x entreprises.<br />

La branche Administration générale <strong>et</strong> services soci<strong>au</strong>x contient les <strong>de</strong>ux composantes « Administration<br />

124 ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC

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