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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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GAINS DE PRODUCTIVITÉ, COÛT DU TRAVAIL ET MARGES DES ENTREPRISES<br />

2.1. Quelques éclaircissements sur le concept <strong>du</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge<br />

Le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge <strong>de</strong>s entreprises 59 est défini, selon la comptabilité nationale, comme le<br />

rapport entre l’excé<strong>de</strong>nt brut d’exploitation (correspond à la rémunération <strong>du</strong> <strong>capital</strong> avant<br />

amortissement <strong>et</strong> avant impôt) <strong>et</strong> la valeur ajoutée 60 . L’examen <strong>de</strong> son évolution comparée à<br />

celle <strong>de</strong>s salaires perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> donner une idée sur le profil <strong>du</strong> partage <strong>de</strong> la valeur ajoutée entre<br />

la rémunération <strong>du</strong> facteur travail (salaires) <strong>et</strong> la rémunération <strong>du</strong> facteur <strong>capital</strong> (excé<strong>de</strong>nt brut<br />

d’exploitation).<br />

A noter que la modalité <strong>de</strong> ce partage diffère selon le positionnement dans le cycle économique<br />

<strong>et</strong> selon l’intensité d’ajustement <strong>de</strong>s salaires à la pro<strong>du</strong>ctivité. En eff<strong>et</strong>, dans une phase <strong>de</strong><br />

récession, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> atone entraine un ralentissement <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ction <strong>et</strong>, par conséquent, une<br />

chute <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité puisque l’emploi ne s’ajuste pas <strong>de</strong> manière systématique <strong>au</strong> repli <strong>de</strong> la<br />

pro<strong>du</strong>ction. De ce fait, la part <strong>de</strong>s salaires <strong>au</strong>gmente <strong>au</strong> détriment <strong>du</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge vu qu’il y a<br />

un décalage temporel pour que les salaires s’ajustent à la pro<strong>du</strong>ctivité.<br />

A signaler que le nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> marge diffère selon la branche d’activité. Chose évi<strong>de</strong>nte<br />

puisque un certain nombre <strong>de</strong> branches d’activités, en l’occurrence le secteur manufacturier, se<br />

caractérise par une pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> travail qui croit rapi<strong>de</strong>ment relativement <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres branches,<br />

alors que le salaire réel évolue <strong>de</strong> manière quasi-i<strong>de</strong>ntique dans l’ensemble <strong>de</strong> l’économie.<br />

Le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge <strong>de</strong>s entreprises est, également, influencé par l’eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>s prix relatifs. En<br />

eff<strong>et</strong>, les charges salariales <strong>de</strong>s entreprises sont in<strong>de</strong>xées sur les prix à la consommation alors<br />

que leur revenu est en fonction <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong> vente. Ces <strong>de</strong>rniers, appelés <strong>au</strong>ssi prix <strong>de</strong> la valeur<br />

ajoutée, diffèrent d’un secteur à l’<strong>au</strong>tre. Ils sont relativement bas dans les secteurs exposés<br />

à la concurrence internationale <strong>et</strong> généralement élevés dans les secteurs abrités parce que<br />

les entreprises détiennent la possibilité d’appliquer <strong>de</strong>s prix majorés par rapport à leurs coûts<br />

margin<strong>au</strong>x.<br />

Deux facteurs jouent contre l’amélioration <strong>du</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge. Le premier est relatif à l’emploi<br />

dans le sens où un ralentissement <strong>de</strong> la substitution <strong>du</strong> <strong>capital</strong> <strong>au</strong> travail entraine une progression<br />

rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’emploi, ce qui accroît mécaniquement la part <strong>de</strong>s salaires dans la valeur ajoutée.<br />

Le second facteur est en relation avec la <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> vie <strong>du</strong> <strong>capital</strong>. La baisse <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière<br />

engendre une h<strong>au</strong>sse <strong>de</strong>s amortissements <strong>et</strong> impact, par conséquent, le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge.<br />

59 Le calcul <strong>du</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge suscite <strong>de</strong> nombreuses discussions pour <strong>de</strong>s raisons méthodologiques.<br />

L’analyse diffère selon les champs r<strong>et</strong>enus : prendre en considération l’économie dans son ensemble ou seules<br />

les sociétés non financières ; analyser l’ensemble <strong>de</strong>s branches d’activité ou extraire les branches ayant <strong>de</strong>s<br />

spécificités particulières comme l’agriculture <strong>et</strong> les administrations publiques ; prendre en compte ou non la<br />

rémunération <strong>du</strong> travail non salarié, <strong>et</strong>c.<br />

60 Le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge diffère <strong>de</strong> la rentabilité économique <strong>du</strong> <strong>capital</strong>, défini comme le ratio <strong>de</strong> l’excé<strong>de</strong>nt brut<br />

d’exploitation <strong>et</strong> le stock <strong>de</strong> <strong>capital</strong>. Par conséquent, le fait que le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge soit plus élevé ne signifie pas<br />

forcément une rentabilité plus élevée, <strong>et</strong> vice versa.<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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