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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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GAINS DE PRODUCTIVITÉ, COÛT DU TRAVAIL ET MARGES DES ENTREPRISES<br />

L’amélioration <strong>de</strong> la contribution <strong>de</strong> la composante « salaires par tête » est le fruit <strong>de</strong>s<br />

<strong>au</strong>gmentations salariales décidées dans le cadre <strong>de</strong>s différentes sessions <strong>du</strong> dialogue social<br />

<strong>au</strong> profit <strong>de</strong>s salaires <strong>de</strong>s fonctionnaires <strong>de</strong> l’Etat <strong>et</strong> <strong>de</strong>s salariés <strong>du</strong> secteur privé. Pour ce qui<br />

est <strong>du</strong> personnel <strong>de</strong> l’Etat, les revalorisations salariales entre 2008 <strong>et</strong> 2014 ont représenté une<br />

enveloppe budgétaire <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 32 milliards <strong>de</strong> dirhams. Un budg<strong>et</strong> <strong>de</strong> 19 milliards <strong>de</strong> dirhams<br />

a été mobilisé entre 2008 <strong>et</strong> 2010 en vue, notamment, d’améliorer le revenu n<strong>et</strong> <strong>de</strong> tous les<br />

fonctionnaires <strong>et</strong> employés <strong>de</strong> 10,4% avec un minimum <strong>de</strong> 300 DH/mois <strong>et</strong> <strong>de</strong> reclasser les<br />

fonctionnaires classés <strong>au</strong>x échelles <strong>de</strong> rémunération 1 à 4 à l’échelle 5. En 2011, le budg<strong>et</strong><br />

alloué dans le cadre <strong>du</strong> dialogue social s’est élevé à 13,2 milliards <strong>de</strong> dirhams sous forme<br />

d’<strong>au</strong>gmentation mensuelle n<strong>et</strong>te <strong>de</strong> 600 dirhams <strong>au</strong> profit <strong>de</strong> tous les fonctionnaires <strong>de</strong> l’Etat<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong>s collectivités locales, <strong>de</strong> relèvement <strong>du</strong> montant <strong>de</strong>s pensions minimales <strong>de</strong><br />

600 dirhams par mois à 1.000 dirhams par mois <strong>et</strong> <strong>de</strong> révision <strong>de</strong>s dispositions statutaires <strong>de</strong><br />

certaines catégories <strong>de</strong> personnel. Ces catégories ont concerné, notamment, les enseignants <strong>de</strong><br />

l’E<strong>du</strong>cation Nationale, les mé<strong>de</strong>cins, les infirmiers, les enseignants chercheurs <strong>de</strong> l’enseignement<br />

supérieur, les Ingénieurs <strong>et</strong> <strong>au</strong>tres…) 57 .<br />

Ces différentes valorisations ont effectivement contribué à la préservation <strong>du</strong> pouvoir d’achat<br />

<strong>de</strong>s ménages. Ce <strong>de</strong>rnier, approché par l’ensemble <strong>de</strong>s ressources à la disposition <strong>de</strong>s ménages<br />

(revenus salari<strong>au</strong>x, prestations sociales, revenus <strong>du</strong> patrimoine, transferts) diminué <strong>de</strong>s impôts<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong>s cotisations sociales <strong>et</strong> corrigé <strong>de</strong> la variation <strong>de</strong>s prix à la consommation, a suivi une<br />

ca<strong>de</strong>nce importante en enregistrant une croissance <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 6% en 2011 après 2% en 2010<br />

<strong>et</strong> 5,7% en 2009.<br />

2. Evolution <strong>du</strong> t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> marge <strong>de</strong>s entreprises<br />

L’analyse précé<strong>de</strong>nte a montré que les coûts salari<strong>au</strong>x unitaires ont connu <strong>de</strong>s évolutions<br />

positives (1,8% en 2000-2007 <strong>et</strong> 1,1% en 2008-2014) sous l’impulsion <strong>du</strong> n<strong>et</strong> accroissement<br />

<strong>de</strong>s salaires (4,8% en moyenne <strong>du</strong>rant les <strong>de</strong>ux sous-pério<strong>de</strong>s) <strong>au</strong> regard <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong><br />

pro<strong>du</strong>ctivité (2,9% en 2000-2007 <strong>et</strong> 3,7% en 2008-2014). La littérature économique postule, à c<strong>et</strong><br />

égard, que la persistance d’une telle trajectoire favorise une amélioration <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s salaires<br />

dans la valeur ajoutée totale <strong>et</strong>, en l’absence <strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> <strong>capital</strong> 58 , elle<br />

se répercute négativement sur la profitabilité <strong>de</strong> ces entreprises <strong>et</strong>, par voie <strong>de</strong> conséquence, sur<br />

la rentabilité <strong>de</strong> l’économie dans son ensemble.<br />

57 Source : Ministère <strong>de</strong> l’Economie <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Finances « Rapport sur les ressources humaines 2013 ».<br />

58 La pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> <strong>capital</strong> (rapport <strong>de</strong> la valeur ajoutée <strong>et</strong> <strong>du</strong> <strong>capital</strong>) ralentit une fois la valeur ajoutée<br />

évolue à un rythme inférieur à celui <strong>du</strong> <strong>capital</strong>. La pro<strong>du</strong>ctivité <strong>du</strong> <strong>capital</strong> est, également, influencée par l’évolution<br />

<strong>de</strong>s prix relatifs. En eff<strong>et</strong>, lorsque le prix <strong>de</strong> la valeur ajoutée <strong>au</strong>gmente moins vite que le prix <strong>du</strong> <strong>capital</strong>, il<br />

déclenche, toutes choses égales par ailleurs, un ralentissement <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité en valeur.<br />

114 ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC

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