03.02.2017 Views

Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

GAINS DE PRODUCTIVITÉ, COÛT DU TRAVAIL ET MARGES DES ENTREPRISES<br />

Trois points successifs sont envisagés. Nous nous intéresserons, dans un premier temps, <strong>au</strong>x<br />

changements survenus <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x unitaires. Nous chercherons, dans un<br />

<strong>de</strong>uxième temps, à m<strong>et</strong>tre en évi<strong>de</strong>nce les éléments ayant pu influencer l’évolution <strong>du</strong> t<strong>au</strong>x<br />

<strong>de</strong> marge <strong>de</strong>s entreprises <strong>et</strong> ce, moyennant la décomposition <strong>de</strong> ce t<strong>au</strong>x en trois composantes<br />

essentielles : le coût réel <strong>du</strong> travail, les <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité <strong>et</strong> les termes <strong>de</strong> l’échange. Enfin,<br />

dans un troisième temps nous repro<strong>du</strong>isons le même schéma d’analyse, mais c<strong>et</strong>te fois-ci, <strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong> <strong>de</strong>s différentes branches d’activité.<br />

1. Poids <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x unitaires<br />

1.1. Définition <strong>de</strong>s concepts <strong>et</strong> bref survol théorique<br />

De nombreux trav<strong>au</strong>x portant sur la question <strong>de</strong> la compétitivité révèlent que les eff<strong>et</strong>s<br />

<strong>de</strong> la baisse <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x unitaires diffèrent selon l’horizon temporel. Ces eff<strong>et</strong>s sont<br />

positifs à court terme puisque la baisse <strong>de</strong> ces coûts <strong>de</strong>vrait renforcer le potentiel compétitif <strong>de</strong><br />

l’économie en générant <strong>de</strong>s répercussions bénéfiques <strong>au</strong>ssi bien sur l’offre que sur la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.<br />

Sur le plan <strong>de</strong> l’offre, l’orientation à la baisse <strong>de</strong> ces coûts perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> soutenir les entreprises<br />

opérant notamment dans <strong>de</strong>s branches d’activités exposées à la concurrence internationale.<br />

Les entreprises à vocation exportatrices peuvent ainsi revoir leurs prix <strong>de</strong> vente à la baisse <strong>et</strong><br />

exporter davantage, ce qui leur incite à intensifier leurs capacités <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ction pour répondre<br />

<strong>au</strong>x débouchés, <strong>et</strong> donc à créer davantage <strong>de</strong>s postes d’emploi. Sur le plan <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, une<br />

baisse <strong>du</strong> coût <strong>du</strong> travail défavorise la substitution <strong>du</strong> <strong>capital</strong> <strong>au</strong> travail vu que les travailleurs<br />

supplémentaires sont mieux rentables puisqu’ils sont moins bien rémunérés. Les eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> la<br />

baisse <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x unitaires sont, en revanche, limités à long terme dans le sens où<br />

la baisse <strong>du</strong> coût <strong>du</strong> travail provoque une contraction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> globale effective, ellemême<br />

source <strong>de</strong> la croissance <strong>et</strong> <strong>de</strong> la création d’emplois. En outre les entreprises, opérant<br />

dans <strong>de</strong>s branches d’activités exposées à la concurrence internationale, ne peuvent se contenter<br />

seulement sur le nive<strong>au</strong> relativement bas <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x unitaires pour pouvoir bien se<br />

positionner mais qu’il existe bel <strong>et</strong> bien d’<strong>au</strong>tres facteurs déterminants susceptibles <strong>de</strong> générer<br />

<strong>de</strong>s <strong>gains</strong> <strong>de</strong> part <strong>de</strong> marché à l’international. Ainsi, comme le postule la théorie <strong>du</strong> salaire<br />

d’efficience, un h<strong>au</strong>t nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> rémunération peut être le gage d’une pro<strong>du</strong>ctivité plus élevée.<br />

Lorsque c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière évolue à un rythme supérieur à celui <strong>du</strong> coût <strong>du</strong> travail, les coûts salari<strong>au</strong>x<br />

unitaires ont tendance à décélérer.<br />

Selon l’Institut National <strong>de</strong> la Statistique <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Etu<strong>de</strong>s Economiques (INSEE) <strong>de</strong> France, les<br />

coûts salari<strong>au</strong>x unitaires correspon<strong>de</strong>nt à la masse salariale nécessaire pour pro<strong>du</strong>ire une unité<br />

<strong>de</strong> valeur ajoutée. C<strong>et</strong> indicateur correspond <strong>au</strong> rapport entre combien chaque salarié est payé<br />

(rémunération <strong>de</strong>s salariés par heure ou par rapport <strong>au</strong> nombre <strong>de</strong> salariés) <strong>et</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité<br />

apparente <strong>du</strong> travail (valeur ajoutée pro<strong>du</strong>ite par heure <strong>de</strong> travail ou pour chaque unité d’emploi).<br />

102 ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!