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Accumulation du capital et gains de productivite au Maroc

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

Taoufik Abbad | Economiste-Chercheur
La réflexion développée dans cet ouvrage part d’un constat alarmant et pressant. Le processus continu et renforcé de l’accumulation du capital, dans lequel s’est engagé le Maroc depuis les années 2000, a permis certes de préserver la stabilité des équilibres fondamentaux et d’amortir les différents chocs exogènes, aussi bien internes qu’externes, mais il n’a pas permis d’insuffler un accroissement plus important des gains de productivité et d’accélérer la transformation de la base productive. Ce livre, basé sur une utilisation extensive de données statistiques, propose de décrire les soubassements du processus d’accumulation du capital au Maroc et de mettre en exergue les inhibiteurs chroniques qui condamnent l’économie marocaine aux affres d’une productivité faible.

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GAINS DE PRODUCTIVITÉ, COÛT DU TRAVAIL ET MARGES DES ENTREPRISES<br />

II. Gains <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité, coût<br />

<strong>du</strong> travail <strong>et</strong> marges <strong>de</strong>s<br />

entreprises<br />

De nombreux trav<strong>au</strong>x, <strong>au</strong>ssi bien théoriques qu’empiriques, ont montré que le régime<br />

d’accumulation <strong>et</strong> le profil <strong>de</strong> partage <strong>de</strong> la valeur ajoutée <strong>au</strong> sein d’une économie est soli<strong>de</strong>ment<br />

dépendant <strong>de</strong>s interactions préétablies entre les <strong>gains</strong> <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>ctivité, les coûts salari<strong>au</strong>x<br />

unitaires, les termes <strong>de</strong> l’échange <strong>et</strong> les marges <strong>de</strong>s entreprises 43 . Les enseignements qui en<br />

ressortent révèlent que lorsque la pro<strong>du</strong>ctivité ne s’aligne pas à l’évolution <strong>de</strong>s coûts salari<strong>au</strong>x<br />

unitaires, les marges <strong>de</strong>s entreprises se rétrécissent. Ce contexte d’évolution défavorise leurs<br />

investissements futurs <strong>et</strong> limite, par conséquent, leur capacité à l’exportation <strong>et</strong> à la création <strong>de</strong><br />

valeur ajoutée.<br />

Patrick Artus, dans son livre « La France sans ses usines» 44 , souligne que « Pour un pays<br />

où les coûts –notamment salari<strong>au</strong>x- <strong>au</strong>gmentent assez vite, où il n’y a pas assez d’innovation<br />

<strong>et</strong> où l’offre <strong>de</strong> biens est obstinément concentrée sur le milieu <strong>de</strong> gamme, la seule manière<br />

<strong>de</strong> ne pas perdre trop <strong>de</strong> parts <strong>de</strong> marché est <strong>de</strong> rester maître <strong>de</strong> son t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change. Le pays<br />

s’app<strong>au</strong>vrira mais préservera son in<strong>du</strong>strie. …. Mais, dès lors que le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> change <strong>de</strong>vient<br />

fixe <strong>et</strong> que perce <strong>de</strong> concurrence, la seule option pour préserver tant bien que mal les parts <strong>de</strong><br />

marché sera <strong>de</strong> manger les marges, ce qui n’est pas la meilleure nouvelle pour espérer financer<br />

les investissements nécessaires <strong>au</strong> développement. Les entreprises sont alors <strong>de</strong> plus en plus<br />

fragiles».<br />

C’est dans ce sillage que peut être resitué le regain d’intérêt <strong>de</strong> s’interroger, pour le cas<br />

<strong>du</strong> <strong>Maroc</strong>, sur les relations qui s’établissent entre ces différents agrégats tout en essayant <strong>de</strong><br />

rapprocher, dans la mesure <strong>du</strong> possible, l’aspect macroéconomique <strong>de</strong> l’aspect méso-économique.<br />

43 Sylvain A., 1998 : « Le partage <strong>de</strong> la valeur ajoutée », Revue : Economie Internationale, n°75 1er trimestre.<br />

Henry J., Le Cacheux J., 1988 : « Deux partages <strong>du</strong> revenu national <strong>de</strong>s grands pays <strong>de</strong> l’OCDE », In : Observations<br />

<strong>et</strong> diagnostics économiques : revue <strong>de</strong> l’OFCE. N°24, 1988. pp. 103-124.<br />

C<strong>et</strong>te G., Sylvain A., 2003 : « L’accélération <strong>de</strong> la pro<strong>du</strong>ctivité <strong>au</strong>x États-Unis y a-t-elle permis une détente<br />

inflationniste ? », Bull<strong>et</strong>in <strong>de</strong> la Banque <strong>de</strong> France – N° 109 – JANVIER.<br />

44 Artus P. <strong>et</strong> Virard M-P., 2011, « La France sans ses usines », Ed Fayard.<br />

ACCUMULATION DU CAPITAL ET GAINS DE PRODUCTIVITE AU MAROC<br />

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