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culturelle de haute qualité. Originaire du<br />

district de Münster, une région d’à peu près<br />

la même taille que le Luxembourg dont la<br />

capitale abrite 300.000 habitants, il est<br />

impressionné par le dynamisme du pays.<br />

Il reconnait au Grand-Duché une énergie<br />

incroyable. «Le privilège d’être un petit pays<br />

autorise certains raccourcis. Le Luxembourg<br />

saute sur les nouvelles tendances bien plus<br />

vite que l’Allemagne». Mais sa dimension<br />

n’est pas la seule explication de son succès,<br />

insiste le diplomate: «La classe politiques a<br />

saisi les opportunités d’évolution. Le potentiel<br />

était là, les gouvernements successifs l’ont<br />

fait fleurir». Il prend pour exemple l’effondrement<br />

de l’industrie de l’acier après lequel le<br />

Grand-Duché s’en est bien mieux sorti que<br />

les régions voisines. «La réussite d’un pays est<br />

une question de ressources évidemment,<br />

mais avant tout de bonne gouvernance».<br />

La Grande Région l’émerveille: «Tant de personnes<br />

traversent les frontières chaque jour<br />

d’Allemagne, Belgique et France. C’est une<br />

vitrine unique pour l'Europe, avec une situation<br />

gagnant-gagnant pour toute la zone».<br />

Ce phénomène transfrontalier fourmille de<br />

problèmes qui lui sont confiés, en matière de<br />

taxe, soin de santé, trafic, assurance ou<br />

transport. Il est ravi de pouvoir traiter ces<br />

questions à une échelle régionale, entre voisins:<br />

«J’échappe un peu à l'écran radar de<br />

Berlin. J’agis ici immédiatement pour les<br />

habitants de Trêves ou de Sarrebruck, sous<br />

leur perspective».<br />

Die deutschen Kreuzung<br />

Au cours de sa carrière, Heinrich Kreft a aussi<br />

été un autre genre d’ambassadeur: représentant<br />

du dialogue entre les civilisations au<br />

ministère des Affaires étrangères. Spécialiste<br />

des relations entre les cultures, il décrit son<br />

pays comme un carrefour historique. «Bien<br />

que l’Allemagne soit de facto un pays d’immigration,<br />

elle ne s’est jamais perçue comme<br />

telle. En 2015, presque 900.000 personnes y<br />

sont entrées en l’espace d’une année. Nous<br />

les accueillions à la sortie des trains avec banderoles,<br />

nourritures et jouets», se rappelle<br />

l’ambassadeur. «Malheureusement, cet état<br />

d’esprit d’accueil s’est évanoui quand il s’est<br />

avéré que des milliers d’individus – des réfugiés<br />

de Syrie, Afghanistan, Irak ou Somalie et<br />

des migrants économiques – sont entrés illégalement.<br />

Ils se sont installées sans que personne<br />

ne sache quoique ce soit sur eux dans<br />

un pays où chacun doit être identifié par<br />

l’administration».<br />

Bien que ce flux ce soit calmé en 2016, beaucoup<br />

d’efforts restent à faire selon le diplomate.<br />

«Nous devons appuyer l’enseignement<br />

de la langue, mais ce n’est pas suffisant».<br />

Il prône d’investir dans la formation<br />

des immigrants afin de les intégrer par le<br />

marché de l’emploi; d’abord pour lutter<br />

contre la pénurie de compétences, et ensuite<br />

pour alimenter le système social en contrant<br />

au moins partiellement le vieillissement de la<br />

population. Il ajoute que leur accueil a déjà<br />

eu des retombées économiques positives:<br />

«En 2016, la croissance de l’Allemagne était<br />

de 1.9; soit son plus haut taux en cinq ans.<br />

L’énorme dépense du gouvernement pour<br />

loger, nourrir, instruire les réfugiés a dopé<br />

l’économie».<br />

Par rapport au risque terroriste, l’ambassadeur<br />

explique que les pays de l’UE doivent<br />

trouver un équilibre entre la sécurité et la<br />

préservation de leurs valeurs démocratiques:<br />

«Environ 4.2 millions de musulmans vivent<br />

en Allemagne. Ce n’était pas un souci avant<br />

que le printemps arabe ne tourne aigre.<br />

La montée de l’islamisme au Moyen Orient<br />

et en Afrique du Nord a entrainé sa croissance<br />

sur nos territoires et les attentats en<br />

ont montré le visage le plus obscur. Il est du<br />

devoir de l’Etat de veiller à la sécurité<br />

des citoyens sans verser dans un régime<br />

liberticide». En parallèle, pour diminuer la<br />

pression migratoire sur les frontières<br />

européennes, la solution se trouve là-bas:<br />

«Il faut garantir une vie en paix et économiquement<br />

stable à ces populations, dans leur<br />

pays d’origine. Si elles n’ont pas cette<br />

sécurité, l’incitation à se rendre en Europe<br />

restera trop élevée. Or, le continent africain<br />

verra sa population croître pendant des<br />

années encore, jusqu’à la voir quadrupler».<br />

Face à ces défis similaires à travers l’Europe,<br />

Heinrich Kreft avance la solidarité comme<br />

principe crucial pour le futur. «Je partage<br />

l’opinion d’Angela Merkel quant à sa<br />

confiance en l’avenir. La solidarité est la<br />

seule option possible pour l'Europe. Nous y<br />

arriverons».<br />

SoM<br />

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<strong>LG</strong> - Février 2017

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