La rencontre diplomatique «Etre ambassadeur, c’est être équilibriste» Globetrotter infatigable, qu’est ce qui a poussé le Dr Heinrich Kreft à poser ses valises diplomatiques dans notre pays? Précédemment stationné à La Paz, Tokyo, Washington et Madrid, il est ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Luxembourg depuis l’été dernier. Cet homme pétri d’expériences et d’espoirs, expert des relations entre les cultures, porte un regard affectueux sur le Grand-Duché et voit l’Allemagne comme un carrefour, un pays d’immigration. Auswandern mit Familie «Devenir ambassadeur, c’était le rêve», se souvient-il lorsqu’il évoque ses débuts. «A l’aube de nos carrières, c’était l’objectif de tous les jeunes attachés diplomatiques». Il raconte que beaucoup ont réussi, d’autres non. Lui est heureux; non seulement il a atteint son but, mais il pratique ce métier au sein d’un pays qu’il décrit comme agréable et d’importance. Séjourner dans un endroit accueillant compte, surtout vis-à-vis de sa famille. «Le lieu de stationnement impacte mes proches. Mon épouse vit avec moi au Luxembourg et s’y plaît. Nous avons quatre enfants. L’aîné est né àBonn, à l’époque où la ville était encore la capitale. Le cadet à La Paz, en Bolivie. Tokyo, au Japon, a vu naître notre troisième. Ensuite, nous sommes retournés à Bonn – toujours avant la réunification allemande – et notre benjamin y est né», raconte-t-il. Les enfants sont devenus adultes et se sont installés à travers l’Allemagne. Auparavant, ils devaient suivre leur père de mission en mission. «Excepté lors de mon stationnement précédent, en tant qu’adjoint à l’ambassadeur en Espagne. A deux ans de son diplôme, mon plus jeune n’avait aucune possibilité d’être scolarisé à Madrid sans perdre une année. J’ai dû m’y rendre seul». Pas de regret dans son ton, mais une légère émotion qui dévoile l’importance du cocon familial à ses yeux. Aujourd’hui, ce fils étudie à Trèves. «Nous sommes donc presque voisins», sourit-il. Approchant la soixantaine, l’ambassadeur est dynamique et jovial, à mille lieues du stéréotype de sévérité attribué aux Allemands. Toutefois la rigueur est de bon ton dans son discours. Diplomatische Leidenschaft Passionnés par les relations internationales, sa recette pour des rapports paisibles est simple: chaque pays doit avoir le sentiment que ses intérêts sont pris en compte, même si le compromis final n’est pas celui escompté par tous. «Voilà la base de l’intégration européenne», commente-t-il. Etablir des relations fortes sur notre continent est pour lui essentiel. «Vu la globalisation et le développement rapide de pays comme l’Inde ou la Chine, la puissance de l’Europe décline sur la scène internationale. A mes yeux, il n’y a pas d’autre alternative sinon de s’unir. Malheureusement, nombreux sont ceux en désaccord avec ce résonnement. Les nationalismes et protectionnismes s’éveillent, mais ils ne prennent pas en considération ce qui se déroule hors du Vieux Continent. Se rassembler est notre seule chance de peser dans cette future balance». Sur cet échiquier diplomatique, le respect doit aussi être témoigné aux états de taille plus restreinte. «Je suis d’ailleurs enchanté que la chancelière ait fait sa première visite internationale de 2017 au Luxembourg. L’Allemagne fait preuve d’égard envers les plus petits membres, c’est indispensable pour le bon fonctionnement de l’UE». Il rappelle d’ailleurs que dans le processus de la création européenne, ce sont ces pays d’envergure limitée qui ont joué un rôle déterminant. «Etre ambassadeur, c’est être équilibriste», affirme-t-il. Un terme parfait pour qualifier le travail d’expliquer à son pays natal la position du pays hôte; et inversement. «C’est une position d’autant plus inconfortable si les deux pays sont culturellement différents, géographiquement éloignés et si leurs relations sont historiquement mauvaises». Sa tâche au Luxembourg, état voisin si semblable à l’Allemagne, est-elle donc aisée? «Oui, la proximité géographique et culturelle aide. Cependant, le diable est dans les détails: il faut être prudent avec les divergences, même minimes». Überraschend Luxemburg Lorsqu’il s’installe dans la cité grand-ducale, Heinrich Kreft est surpris d’y trouver une vaste offre
Dr Heinrich Kreft