L’orgueil fatal

Stratégie
ONA/SNI
Qui a tué
Présenté comme une démission, le départ de Khalid Oudghiri a été masqué par un grand bluff.
Il a été licencié en bonne et due forme pour avoir osé passer à travers les cloisons du pouvoir.
Malheureusement, ses compétences et ses réalisations ne lui ont pas suffi cette fois-ci.
Récit de Soumayya Douieb et Hassan M. Alaoui.
I
ronie du sort! A l’heure où l’on ne jure que par
la promotion des compétences, la méritocratie, la
culture du résultat..., les entreprises du chef de l’Etat,
elles, font tache d’huile. Khalid Oudghiri démissionne.
Et pourtant, son parcours est brillant. Pratiquement
un sans-faute jusqu’à aujourd’hui. Après la fusion,
tout le monde l’attendait au tournant, et était à l’affût du
moindre faux-pas que commettrait le jeune patron. Il a
pourtant renforcé sa stature de véritable patron de banque.
Si à son arrivée on lui reprochait de ne
rien savoir sur la BCM, ni sur Wafabank
lors de la fusion, désormais sa légitimité
est incontestable. Les résultats d’AWB sont
là pour le prouver. Mais le voilà évincé.
Le numéro 1 de la première banque du
pays s’en va sans crier gare. Les rumeurs
les plus insolites circulent sur son départ
depuis le 12 mai. Le 24 mai, il annonce
lui-même sa décision officiellement. Les
milieux d’affaires s’agitent, fourmillent... et
se livrent aux plus folles des spéculations
au sujet du futur remplaçant de Khalid Oudghiri. Qui prendra
les rênes de ce mastodonte bancaire en plein essor? Les
noms fusent de toutes parts. Mais plus que l’identité du
nouvel arrivant, c’est bien le départ d’Oudghiri qui intrigue.
Pourquoi a-t-il décidé de quitter le navire? Ou plus justement
et certainement, pourquoi a-t-il été limogé? Plus étonnant
encore, pourquoi s’emploie-t-on à masquer la vérité sur
le départ d’Oudghiri, alors que par le passé on ne s’est
pas embarrassé de remercier Fouad El Filali, ex-président
directeur général de l’ONA, par simple voie de communiqué
de presse? Est-ce la multitude de dérapages de gestion qui
fait que la direction générale du groupe souhaite étouffer ce
genre de conflits?
Même si les offensives répétées contre Oudghiri depuis plus
d’un an maintenant laissaient présager un départ, il n’en reste
pas moins que la nouvelle a étonné en prenant de court plus
d’un. Comment après avoir été encensé par l’ensemble de la
presse, habituellement avare de louanges envers les PDG de
groupes privés, un homme affichant autant de réussites au
compteur qu’Oudghiri a-t-il pu être limogé? Le tout, et cela
ne fait pas l’ombre d’un doute, avec l’aval royal.
Une histoire de conflit interne au Palais
Pour comprendre le départ de Khalid
Oudghiri, remettons les choses dans leur
contexte. L’histoire remonte à il y a plus de
trois ans déjà. L’opposition entre les deux
hommes forts du régime, à savoir Fouad
Ali El Himma, ministre délégué à l’Intérieur,
et Mohamed Mounir Majidi -président
de la Siger, holding royal qui détient la
SNI et l’ONA, et Secrétaire particulier
du Roi-, avait atteint son paroxysme au
lendemain des attentats du 16 mai 2003.
«Le Pouvoir se devait de reprendre en main
un secteur économique incapable d’insuffler une dynamique
suffisante», pouvait-on lire à l’époque dans la presse. C’est
l’explication donnée aux attentats, sous entendu que les
milieux d’affaires n’étaient pas capables de fabriquer de la
croissance économique créatrice d’emploi. C’est alors que les
deux hommes au pouvoir s’attellent à la tâche en développant
chacun son réseau dans les milieux d’affaires. Souvenez-vous
de la bataille autour de l’élection du président de la CGEM
en juin 2003, événement qui a d’ailleurs marqué le véritable
acte de naissance du clan El Himma d’une part, et du clan
Majidi d’autre part. Les détails importent peu ici. Il n’y a
qu’une seule chose à retenir. Ce face-à-face, cette course
au pouvoir s’est soldée par une décision royale, désormais
marque de fabrique de la gestion du Souverain.
88 Economie & Entreprises n°94

Stratégie
Oudghiri?
89 Economie & Entreprises n°94

Stratégie
C’est un véritable coup de massue, signé
Hassan Bouhemou, que s’est vu asséner
Khalid Oudghiri le jour de la tenue du
conseil d'administration
«Sa Majesté Mohammed VI a ordonné
aux deux hommes de rester chacun dans
son périmètre. Objectif: mettre fin aux
interférences entre le sécuritaire et l’économique.
Il aurait même demandé de
diffuser l’information auprès de leurs
cadres respectifs», raconte un proche
des arcanes du pouvoir. Une décision
qui concerne donc d’une part les walis,
gouverneurs...et d’autre part les différents
présidents de filiales du holding
royal. Depuis, chacun évolue dans son
camp. L’un s’est érigé en véritable roi du
capitalisme marocain en prenant la tête
des affaires royales et en les mettant
au-devant de la scène. L’autre gère d’une
main de maître le volet sécuritaire.
Oudghiri, la tête à droite,
le cœur à gauche
Depuis, Mounir Majidi a les coudées franches
dans la sphère économique. Plus
rien ne l’arrête. Certains disent même
qu’il profiterait de sa position dominante
dans l’économie marocaine pour
intervenir dans de grandes opérations
boursières, en particulier au cours du
second semestre 2006, et ainsi influencer
fortement l’évolution de la place
boursière de Casablanca. Bien entendu,
il développe l’ONA à sa guise et prend
en main même les affaires économiques
de l’Etat. Certainement conforté par la
puissance de son président et le degré
d’influence qu’il a sur le Roi, le directeur
général de la Siger développe des positions
assez chauvinistes. Les résultats
ne tarderont d’ailleurs pas à se faire
ressentir. Les partenaires français sont
mis à l’écart les uns après les autres.
Seulement voilà, la croisade du couple
Majidi/Bouhemou, qui jusque-là ne s’est
heurté à aucun obstacle, va buter sur
une affaire d’Etat. Yassine Mansouri, le
patron du contre-espionnage, à savoir la
DGED (Direction générale des études et
de la documentation), reçoit en décembre
2006 un courrier officiel des services
secrets français (cf. E&E janvier 2007,
p.21) s’inquiétant de la manière dont
les entreprises royales malmenaient les
intérêts français au Maroc, référence
faite au divorce imminent entre l’ONA
et Auchan, mais aussi celui entre l’ONA
et AXA et les rumeurs sur le partenariat
avec Danone. Les intérêts de l’Etat
sont en jeu, le souverain est informé de
la chose. C’est alors que Fouad Ali El
Himma entre de nouveau en scène. Il est
chargé de tirer au clair cette affaire. Car
l’incident peut avoir de sérieuses répercussions
sur les relations diplomatiques
franco-marocaines. Une occasion s’offre
à El Himma pour remettre de nouveau
son nez dans la sphère économique. Mais
de toute évidence, cette fois-ci, avec la
bénédiction de la hiérarchie. Nous sommes
dans la deuxième quinzaine de janvier.
Une réunion vient d’être provoquée
au ministère de l’Intérieur. Sont conviés:
Mounir Majidi -président de la Siger-,
Hassan Bouhemou -directeur général de
la Siger et président directeur général
de la SNI-, Rachid Tlemçani en remplacement
de Saâd Bendidi - président
directeur général de l’ONA- en voyage à
cette date-là, et bien entendu et non pas
des moindres Khalid Oudghiri. Présent
Plus Oudghiri engrange les réussites, plus
l’échec devient cuisant pour un Bouhemou
déterminé à ce que toute décision
stratégique soit d’abord de son ressort
également, Mustapha Bakkoury en tant
que président du groupe d’impulsion
économique franco-marocain. Fouad Ali
El Himma, Yassine Mansouri et Chakib
Benmoussa, ministre de l’Intérieur, sont
donc les maîtres de cérémonie. Majidi et
Bouhemou, la mort dans l’âme, se plient
au jeu des questions réponses des ténors
du sécuritaire. Quant à Oudghiri, en véritable
néophyte de ces réunions en haut
lieu, il a davantage marqué les esprits
de par la singularité de son attitude.
Connu pour être un homme qui n’a pas
vraiment la langue dans sa poche, il s’est
distingué par un comportement inhabituel.
«Sa gestuelle trahissait une envie
irrépressible de crier haut et fort ce qu’il
pensait de la gestion actuelle du groupe
ONA/SNI», nous a affirmé une source
digne de foi. Il n’en fera rien, et restera
muet durant presque toute la rencontre.
Jusque-là rien à signaler, chacun vaque
de nouveau à ses occupations. Mais c’est
sans compter sur le discernement des
hommes de l’Intérieur qui auraient perçu
la retenue d’Oudghiri. Une semaine plus
tard, il est de nouveau convoqué en haut
lieu. Hasard du calendrier ou rendez-
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Stratégie
Le samedi 12 mai, Mounir Majidi appelle
khalid Oudghiri pour lui annnoncer son
licenciement
vous bien orchestré, les autres membres
de la partie, Majidi, Bouhemou, Bendidi et
Bakkoury, auraient été en déplacement
à l’étranger. Oudghiri se retrouve cette
fois-ci seul face à Fouad Ali El Himma et
Yassine Mansouri. Là, il aurait lâché sans
retenue aucune tout «le bien» qu’il pensait
de la manière dont sont conduites
les affaires royales. Plus encore, il aurait
porté des accusations très graves et
sans réserve, et a bien fait comprendre
qu’il disposait d’éléments compromettants
pour certains hauts cadres de la
Siger. De retour dans ses quartiers à
Casablanca, Khalid Oudghiri n’informera
pas sa hiérarchie.
L’affront royal
Le retour de manivelle ne se fait pas
attendre. Le 21 mars 2007, jour de la tenue
du conseil d’administration d’Attijariwafa
bank, Hassan Bouhemou convoque, cinq
minutes avant le début de la séance,
Bendidi et Oudghiri dans un bureau en
aparté. Et il fait patienter les onze autres
membres du conseil d’administration, y
compris les Espagnols, plus d’une heure
sans fournir la moindre explication (cf.
E&E mai 2007, p.37). Si quelques supports
de presse ont repris l’information
au lendemain de l’annonce des résultats
et relevé l’air perturbé qu’avait affiché
Oudghiri durant le point presse, ils n’ont
pourtant avancé aucune hypothèse ni
interprétation quant aux faits relatés.
L’ex-président directeur général d’Attijariwafa
bank aurait confié à l’un de ses
proches que Hassan Bouhemou lui avait
manqué de respect durant cet entretien,
et qu’il l’avait même menacé de licenciement,
tout en insistant sur le fait qu’il
n’était pas digne de confiance. C’est un
véritable coup de massue que s’est vu
asséner Khalid Oudghiri. Un massacre
verbal en bonne et due forme, signé
Hassan Bouhemou. Il en ressort anéanti.
L’architecte de la plus importante fusion
bancaire qu’a connue le pays, voire tout
le continent africain, a commis l’irréparable.
Il a franchi les fameuses frontières
dessinées et dictées par la plus haute
autorité du pays: les barrières dressées
il y a plus de trois ans entre le pôle économique
et le pôle sécuritaire ont été
brisées. Quelques semaines plus tard et
précisement le samedi 12 mai, alors que
Khalid Oudghiri s’apprêtait à embarquer
dans un vol pour se rendre aux Etats-Unis
pour assister à la remise des diplômes de
sa fille, Mounir Majidi l’appelle pour le
C'est lorsque le souverain est informé
du courrier des services secrets
français que Fouad Ali El Himma
intervient
convoquer à son tour. Il annule alors son
vol et se rend à la réunion où il apprend
son licenciement. «Si Khalid Oudghiri
part, c’est à cause d’une rupture de
confiance», nous explique un proche du
sérail. Cette sacrosainte distribution des
cartes faites il y a quelques années pour
couper court à la guerre des clans n’a pas
été estimée à sa juste valeur par Khalid
Oudghiri. «Khalid n’aurait jamais dû éta-
ONA-SNI broyeur de compétences!
On pourra tout dire sur Khalid Oudghiri,
mais personne ne lui enlèvera ses
compétences. Pour avoir été derrière
les réalisations d’Attijariwafa bank, il
devra figurer très rapidement -s’il ne
l’est déjà- en tête de liste des chasseurs
de têtes européens, surtout lorsque l’on
sait que plus de 50% des fusions dans
le monde détruisent de la valeur pour
l’actionnaire. Il restera aussi une grosse
perte pour le Maroc. Outre le fait d’avoir
baigné dans des eaux que sa hiérarchie
lui avait interdites, Khalid Oudghiri aura
commis une seule erreur de novice dans
ces hautes sphères de responsabilité.
En tant que président d’une entreprise,
on ne doit jamais faire la guerre à son
actionnaire, car on en sortira toujours
perdant. Quant à l’ensemble Siger ONA-
SNI, il confirme sa vocation de véritable
broyeur de compétences. Rappelons que
c’est la énième fois que le groupe se
sépare dans la douleur de cadres très
compétents qui ont osé exprimer leur
opinion ouvertement. Une situation qui
témoigne d’un profond malaise au sein
du groupe d’entreprises royales qui sont
aujourd’hui gérées par des étages de
décisions qui n’ont ni le sens managérial
ni financier.
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Stratégie
ler ses reproches ni se livrer dans l’autre
camp. Il aurait été plus salutaire pour
lui de mener ce combat au sein même
de l’ONA. Il aurait peut-être eu gain de
cause et surtout davantage de mérite»,
ajoute la même source. En effet, dans
les salons de la capitale économique,
Oudghiri n’a jamais franchement caché
son avis quant à la gestion des affaires
royales, ni les nombreuses irrégularités
dont il a eu vent. Peut-être a-t-il vu
dans la seconde convocation d’El Himma
une invitation indirecte à davantage de
pouvoir. Trop sûr de lui, Khalid Oudghiri
s’est senti invincible. En effet, il peut se
targuer d’avoir à son crédit un certain
nombre de victoires décisives, qui l’ont
renforcé à ses propres yeux dans sa stature
de véritable président de banque.
En particulier après avoir survécu et surtout
empêché le passage forcé en tant
que membre du conseil d’administration
de Mohamed Kettani, actuel directeur du
pôle..., et homme de confiance de Hassan
Bouhemou au sein d’Attijariwafa bank.
Autre tour de force déjoué par Oudghiri,
la tentative de transformation de la forme
juridique d’AWB en banque à directoire et
conseil de surveillance, où on lui a réservé
un simple poste honorifique, celui de président
du conseil de surveillance. Les compétences
d’Oudghiri désormais reconnues
en haut lieu lui ont valu son maintien,
d’autant plus que les actionnaires espagnols
apprécient et soutiennent l’homme.
Et puis, Oudghiri s’était trouvé un appui et
un allié de taille en la personne de Saâd
Bendidi. Cela dit, plus Oudghiri engrange
les réussites, plus l’échec devient cuisant
pour un Bouhemou déterminé coûte que
coûte à ce que toutes les décisions stratégiques
soient d’abord de son ressort.
C’est dire que c'est une affaire entre deux
hommes, et donc de jalousie personnelle.
Pour recueillir les propos et avis des
différents protagonistes de cette affaire,
Economie & Entreprises a contacté par
écrit et par téléphone Khalid Oudghiri,
Chakib Benmoussa, mais aussi Hassan
Bouhemou. Nos relances sont restées
La méthode Oudghiri
L’homme intrigue. De prime abord, on dit
de Khalid Oudghiri que c’est un bûcheur,
timide du reste. Mais depuis qu’il est
véritablement à la tête de la première
banque du pays, un titre mérité d’ailleurs
puisqu’il en est l’instigateur et l’artisan,
l’homme a changé d’attitude. Au contact
du pouvoir, son caractère semble s’être
révélé: l’homme est à la fois décrit comme
arrogant et charismatique. Il pense que
son succès peut lui servir de passe-droits.
Il n’en fait qu’à sa tête. Quelques mois
après sa prise de fonction, il décide de
s’offrir une Mercedes dernier cri. Ce sera
retour à l’envoyeur sur ordre express du
top management, Oudghiri se rabat alors
sur une Renault Velsatis. Un affront dont
toute la presse n’a pas manqué de parler
à l’époque. Même refrain après le rachat
de la Banque du Sud en octobre 2005.
Il est reçu par le Président tunisien Ben
Ali, mais il décide de faire cavalier seul,
malgré les vives recommandations de
Mounir Majidi, rappelons-le, PDG de la
Siger, pour qu’il se fasse accompagner par
sans réponse. «Il n’y a pas d’erreurs professionnelles
ou techniques à l’origine du
départ d’Oudghiri. C’est juste une histoire
de personnes, bien trop compliquée à
comprendre», soutient un confident du
premier cercle royal. Pourtant, Oudghiri
a bel et bien commis quelques «légers»
écarts dans la gestion d’Attijariwafa bank.
«Il a ouvert généreusement les vannes
du crédit à un grand groupe immobilier
familial -plus de 3 milliards de dirhams de
prêt-, il a laissé passer lors du rachat de
la Banque du Sud (Tunisie) quelques irrégularités
dans son évaluation. Il a négocié
aussi la reprise de Crédor sans en informer
sa hiérarchie», nous confirme une source
interne à la banque. Mais au-delà de tout
cela, l’erreur monumentale et stratégique
d’Oudghiri, c’est d’avoir ouvertement fait
la guerre à son actionnaire de référence,
à savoir la SNI et par ricochet la Siger.
Car quel PDG de groupe privé, aussi puissant
et compétent soit-il, pourrait aller à
Rachid Slimi. Rien à faire. Il s’affirme, il
s’affiche, il trace droit devant... et semble
ne pas redouter les repentances de ses
supérieurs. Il se repose sur Saâd Bendidi,
un technocrate qui parle le même langage
que lui.
Pourtant, Khalid Oudghiri connaît depuis
plusieurs années le bras droit de Majidi,
et la logique voudrait qu’il en soit donc
plus proche. Car lors de son passage à la
BMCI, il a croisé non seulement Mustapha
Bakkoury, mais aussi Hassan Bouhemou.
Celui-là même qui, dit-on, l’a repéré et
ramené pour prendre les rênes de la
BCM en janvier 2003, alors qu’il était
responsable de la zone Moyen-Orient au
siège de BNP-Paribas à Paris. Celui-là
même également qui a été chargé de le
remercier. Nul doute que Khalid Oudghiri
a dû commettre un autre faux-pas, il n’a
pas choisi les bons alliés. D’ailleurs, en
évoquant cette nébuleuse, une source
proche du dossier finira par dire que
«parfois l’on croit se reposer sur un ami,
et il vous poignarde dans le dos».
l’encontre des orientations stratégiques
de son actionnaire? Mais tout de même
est-ce un péché dans l’ère d’ouverture
que nous vivons de dénoncer des irrégularités
et des comportements indignes
de certaines institutions? En définitive,
l’affaire des «intérêts français» révèle une
nouvelle fois les limites d’un modèle de
gouvernance où l’on met en concurrence
la raison d’Etat et les affaires privées.
Au-delà des dégâts collatéraux que cette
affaire a créés, avez-vous déjà entendu
dire que les affaires du Roi d’Espagne,
ou encore celles de la Reine d’Angleterre
ou de Hollande -pays où la démocratie
n’est plus à construire-, étaient mêlées à
un quelconque incident diplomatique? La
raison est simple. Prendre des positions
économiques frontales pourrait fragiliser
leur crédibilité et leur impartialité. Une
position qui va à l’encontre de tout principe
de bonne gouvernance d’une institution,
voire d’un pays. ■
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