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Le Conte

Tout sur les contes

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LE CONTE<br />

Une Nuits avec « l'histoire des deux sœurs jalouses de leur cadette ». Des versions<br />

lointaines de ce conte existent à travers les contes-types suivants :<br />

T. 432 « l'oiseau bleu » et ses variantes ;<br />

T. 451 « les enfants-cygnes » ;<br />

T. 567 « le cœur de l'oiseau merveilleux ».<br />

3. LE MERVEILLEUX DU CONTE<br />

Après avoir souligné la question de l'inexistence des mythes dans la tradition<br />

orale marocaine, il est temps de repenser le genre dénommé « <strong>Conte</strong> Merveilleux »<br />

par les folkloristes. Déjà C. Lévi-Strauss et V. Propp considéraient le conte<br />

(merveilleux surtout) comme une « version » affaiblie du mythe, un avatar puisqu'il<br />

fait intervenir des dichotomies moins violentes et donc plus socialisées. Il n'en<br />

constitue pas moins une certaine vision du monde apte à véhiculer les valeurs de la<br />

communauté. Ces valeurs, soupesées et vérifiées, s'articulent en prescriptif (ce qu'il<br />

faut faire) et en prohibitif (ce qu'il ne faut pas faire). Entre ces deux pôles, la<br />

communauté peut offrir des possibilités moins contraignantes entre ce qui est permis,<br />

ce qui est toléré, ce qui ne dérange point (Indifférent). Et ce sont les contes, au plan<br />

de la narration, qui vont illustrer et symboliser ces choix. Ainsi, aux mythes d'origine<br />

ou de fondation, pris en charge par la Religion, vont se substituer d'autres « mythes »<br />

relatifs à l'univers social, économique et culturel du groupe communautaire (les<br />

relations de pouvoir, les problèmes de descendance et de lignage, le rôle et la place<br />

des femmes au sein du groupe, etc). En effet, aucun groupe humain ne peut vivre<br />

sans mythes (voir R. Barthes (1957) dans Mythologies). Il en fabrique sans cesse et<br />

les transmet par le biais de l'art et de la littérature.<br />

Par conséquent, le merveilleux du conte est cette éclosion de nouveaux<br />

mythes inhérents au développement intellectuel du groupe. <strong>Le</strong> mythe ne serait plus<br />

perçu comme une catégorie vide ou pleine des origines mais il est à repenser comme<br />

processus créatif d'images (du monde) et de valeurs (de la société). Dans cette<br />

perspective, le mythe est à lire comme l'ensemble des représentations et des<br />

projections qui contribuent à la formation d'une image globale et unifiante de<br />

l'univers (celui-ci est divisé en Haut/Bas que figurativisent le « Ciel » et la « Terre ».<br />

Chaque pôle possède sa propre articulation. Il se répartit en outre en Monde des<br />

anges et des fées, Monde des ogres et des djinns, Monde des hommes et des<br />

animaux, etc...). Cette image se réalise comme la forme socialisée d'une conception<br />

réfléchie (pour soi) et rationnelle (pour autrui) de cet univers. C'est ainsi que la fable,<br />

le conte ou la légende hagiographique vont se manifester comme l'expression, à<br />

charge symbolique variable, de la représentation de l'univers en question.<br />

Expression, en somme, d'une réponse que les anthropologues qualifient volontiers de<br />

fantasmée 1 .<br />

Pour G. Durand (1969), tout « processus imaginaire » s'intègre en dernier lieu<br />

dans une sorte de « topologie fantastique » 2 où nous retrouvons, intacts ou<br />

fragmentés, les grands schèmes et les archétypes de base de l'homme. Tout récit<br />

1 Cl. LEVI-STRAUSS, « La geste d'Asdiwal », 1973, p. 175-233 in Anthropologie structurale II, op. cit.<br />

2 G. DURAND, <strong>Le</strong>s structures anthropologiques de l'imaginaire, Paris, Bordas, 1969, 550p.<br />

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