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Le Conte

Tout sur les contes

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LE CONTE<br />

divines ou de l'ordre de Dieu (...), s'en tient à un réalisme ontologique irréfragable :<br />

la grâce et la vision de Dieu, la Révélation, les miracles, la Résurrection, les anges,<br />

etc. sont des réalités incontrôlables par les sens, inexplicables par la causalité<br />

linéaire, efficiente ; cependant, elles sont plus vraies que les données "naturelles" »,<br />

commente M. Arkoun (1978 : 1-2).<br />

La seconde observation est de type lexical. Qu'est-ce qu'on entend par mythe,<br />

conte et légende ? Tout d'abord, les dénominations variables d'une langue à l'autre<br />

importent peu puisqu'il s'agit de catégories culturelles et sémantiques pleines, de<br />

genres de narration. <strong>Le</strong> contenu donc est un contenu anthropologique. La<br />

structuration sémio-narrative est différente selon le type de récit proposé. Fidèle à la<br />

lignée des anthropologues, V. Propp (1946) définira le mythe comme « tout récit sur<br />

les dieux et les êtres divins en la réalité desquels un peuple croit effectivement » 1 .<br />

Quant à Cl. Lévi-Strauss (1973), il établit un parallèle entre Mythe et Rite pour<br />

mettre l'accent sur leur complémentarité. « La valeur signifiante du rituel semble<br />

cantonnée dans les instruments et dans les gestes : c'est un paralangage. Tandis que<br />

le mythe se manifeste comme métalangage : il fait un usage plein du discours, mais<br />

en situant les oppositions signifiantes qui lui sont propres à un plus haut degré de<br />

complexité que celui requis par la langue » 2 . <strong>Le</strong> conte, par contre, joue sur des<br />

oppositions plus faibles d'ordre individuel, social, moral ou communautaire. Il<br />

« offre plus de possibilités de jeu, note Lévi-Strauss (1973 : 154), les permutations y<br />

deviennent relativement libres et elles acquièrent progressivement un certain<br />

arbitraire ». En quelque sorte, le conte est une manifestation affaiblie et « dégradée »<br />

du mythe.<br />

Comparativement, la légende évoque une activité quasi rituelle liée à un<br />

événement exceptionnel, un site prodigieux ou un personnage fabuleux. Il faut savoir<br />

que les biographies des saints étaient lues en public lors des cérémonies particulières<br />

(A. Jolles (1972)). Initialement, la légende (« choses à lire » en latin) était versifiée<br />

et véhiculait un contenu « véridique ».<br />

La troisième observation a trait à l'approche structurale des récits qu'ils soient<br />

mythiques, légendaires ou contiques. La question qui se pose est celle de<br />

l'universalité de ces formes. « Ne sont-elles que les structures d'une tradition locale<br />

ou bien sont-elles des qualités inhérentes à l'imagination humaine créatrice ? Fontelles<br />

partie d'un système ethnique de communication folklorique ou bien sont-elles<br />

intrinsèques à toute expression artistique et transcendent-elles les frontières<br />

culturelles ? » se demande D. Ben-Amos (1974). W. Bascom (1965) répondait déjà à<br />

cette interrogation en considérant que « les termes "mythe", "légende", "conte", une<br />

fois définis » ne sont que des « concepts analytiques qui peuvent être appliqués de<br />

1 V. PROPP, <strong>Le</strong>s racines historiques du conte merveilleux, Paris, Gallimard, 1946,484 p. (trad. fr. en<br />

1983).<br />

2 Cl. LEVI-STRAUSS, Anthropologie structurale II, Plon, 1973, 446 p. (la citation renvoie à la p. 84).<br />

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