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Le Conte

Tout sur les contes

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LE CONTE<br />

Voici un premier exemple qui analysera les premières séquences de trois<br />

récits portant sur le thème : « l'homme qui comprend le langage des animaux »,<br />

thème largement répandu dans le folklore international. Nous nous sommes interrogé<br />

sur le « comment » cet homme a pu acquérir ce savoir particulier. Nous avons voulu<br />

également connaître l'origine de cette compétence particulière. Nous avions trois<br />

versions à notre disposition : la première (tirée des Mille et une Nuits) commence<br />

ainsi :<br />

« Un marchand très riche avait plusieurs maisons à la campagne... Il avait le<br />

don de comprendre le langage des animaux », et le conte décrit ce qui lui était arrivé<br />

avec sa femme sans mentionner l'origine de ce don.<br />

La deuxième (rapportée par J.S. Millie) commence ainsi :<br />

« Dans une misérable cabane vivait un pauvre bucheron chargé d'une<br />

nombreuse famille. Dès l'aube, il partait travailler dans les bois ».<br />

<strong>Le</strong> texte raconte ensuite comment un djen de la forêt lui a offert un cadeau<br />

(un moulin) qui le rendra riche, et décrit alors ce qui lui était arrivé avec son épouse<br />

indiscrète.<br />

La troisième version (notre enregistrement, 1974) commence comme suit :<br />

« Un pauvre ermite vivait retiré dans la forêt. Dieu le récompensa en le<br />

gratifiant de la possibilité de comprendre le langage des bêtes », ce qui le rendra très<br />

riche, et le texte raconte la même histoire avec sa femme jalouse de ce don. La<br />

comparaison de ces versions d'un même texte laisse apparaître ;<br />

1°/ L'origine de la compréhension du langage des bêtes est une origine<br />

« païenne ». Dans les deux premières versions, le « don » est octroyé à l'homme, et à<br />

l'homme seulement par un être surnaturel, un djen ou un diable.<br />

2°/ Dans la troisième version, et lorsque le récit passe probablement dans une<br />

aire culturelle religieuse, le motif « djen » est islamisé (Allah, dit le conteur, lui a<br />

donné le pouvoir de comprendre le langage des bêtes)<br />

3°/ Il est permis de comprendre que ce héros était d'abord un homme pauvre,<br />

et qu'ensuite il était récompensé par ce don spécial qui est celui de comprendre les<br />

animaux. La richesse est la conséquence de ce don. Théoriquement donc, la version<br />

où l'élément surnaturel (djen donateur) figure, est plus ancienne que celle ou figure<br />

« Dieu-donateur ».<br />

La comparaison de ces trois textes permet par ailleurs d'affirmer que dans<br />

tous ces récits, le personnage de la femme joue un rôle négatif ; c'est l'élément<br />

perturbateur, incapable de garder le secret, ce qui conduira son mari (bûcheron ou<br />

marchand) à la punir et à garder la richesse.<br />

La comparaison, donc, permet de voir la variation et la permanence d'un<br />

conte.<br />

<strong>Le</strong> deuxième exemple analysera le niveau sémantique d'un conte ou le<br />

système de valeurs qu'on y trouve. <strong>Le</strong>s quatre récits que nous allons résumer peuvent<br />

avoir comme titre : le rapport homme/femme.<br />

Voici le tableau de ces versions avec l'enchaînement de séquences des contes.<br />

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