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Le Conte

Tout sur les contes

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LE CONTE<br />

par mégarde son père et épouse sa mère pour quelle raison évoquer sa permanence<br />

parmi nous ?<br />

A travers ces récits donc, semblables mais différents, le folkloriste sent<br />

confusément que quelque chose de grave était à la base de leur origine. Quelle<br />

origine ? Comment la situer ? A supposer même que nous arrivons à localiser leur<br />

lieu de naissance, quelle garantie offrirait leur milieu culturel disparu ? Arriveront-ils<br />

quand même à nous livrer quelques secrets susceptibles de mieux les comprendre ?<br />

N'est-ce pas courir derrière des ombres ?<br />

« La quête d'une version initiale, dit D. Paulme, d'où toutes les autres seraient<br />

dérivées, est illusoire. » 1<br />

Non, mieux vaut s'intéresser alors à ce squelette en haillons échoué dans notre<br />

terroir, mieux vaut donc l'interroger sur son destin actuel et lui demander comment il<br />

a pu survivre et quel groupe humain a (momentanément) cru en lui. Nous<br />

comprendrons ainsi peut-être comment il a changé et ce qu'il peut dire.<br />

La synchronie admet cependant des comparaisons dans des espaces<br />

coexistants.<br />

La version est différente et en même temps ressemblante au texte original.<br />

Quelle importance ont d'abord ces versions ? Si un texte de tradition orale est<br />

rarement un texte isolé, des variantes vont être intéressantes à 4 niveaux :<br />

1/ expliquer et apporter d'autres précisions sur les données socio-culturelles<br />

que le premier récit n'a pas pu apporter,<br />

2/ elles permettent de voir l'évolution des séquences narratives actualisées ou<br />

rejetées,<br />

3/ elles témoigent, soit de quelques modifications de détail (un motif<br />

remplace un autre...), soit des transformations importantes du texte lui-même,<br />

4/ elles témoignent enfin de la capacité qu'a un conteur de « jouer » avec les<br />

données du récit, d'actualiser les séquences narratives et les thèmes jugés plus<br />

adéquats au public d'aujourd'hui.<br />

Parler de l'existence des versions dans la littérature populaire, c'est soulever le<br />

problème du comparatisme. D'une certaine manière, l'analyste des textes de tradition<br />

populaire doit être un comparatiste. <strong>Le</strong>s premiers folkloristes berbérisants ou<br />

orientalisants (E. Laoust, E. Basser, E. Dermenghem), ont d'abord été des<br />

comparatistes influencés par l'école finnoise ou par l'école ethnographique à<br />

tendance ritualiste ; ils cherchaient à localiser des textes et à étudier la circulation<br />

des thèmes et des motifs. A travers les personnages dans les contes et les légendes,<br />

ils visaient à dégager :<br />

« le souvenir de personnages cérémoniels dans divers rites populaires plus ou<br />

moins effacés » 2 .<br />

Ainsi ils cherchaient à classer des récits en :<br />

1/ contes d'origine saisonnière,<br />

2/ contes d'origine initiatique.<br />

Comme P. Saintyves, ils comparaient donc des contes populaires et des<br />

coutumes rituelles.<br />

1 Denise Paulme : La Mère dévorante, ed. Gallimard, Paris, 1976, p. 12.<br />

2 Voir Michèle Simonsen : <strong>Le</strong> <strong>Conte</strong> populaire français, éd. P.U.F., Paris, 1981, p. 35.<br />

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