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Le Conte

Tout sur les contes

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LE CONTE<br />

circonstanciel, découvre des valeurs morales et didactiques et finalement rend<br />

compte du phénomène de transmission humaine orale d'une information. En effet on<br />

retrouve dans le conte les deux phénomènes bien connus de réduction et<br />

d'amplification que fait subir le récepteur humain au message qu'il retransmet de<br />

mémoire.<br />

L'interprétation du conte n'est peut-être pas tant la recherche du sens du conte,<br />

que le placage de différents sens possibles qui correspondent à l'état d'évolution des<br />

structures discursives qui se sont diversifiées et complexifiées, par ré-interprétations,<br />

par erreurs, par oublis, par rajouts, amalgames et pour bien d'autres causes.<br />

Il est cependant possible que certaines transformations aient ramené le conte<br />

à l'état structural de départ ou que des pans du récit original aient résisté aux<br />

différents cycles d'érosion et de stratification mythique.<br />

L'interprétation basée sur une recherche des archétypes et sur la comparaison<br />

des figures est sans doute la seule qui puisse porter sur les fondements mêmes du<br />

conte.<br />

On peut aussi retenir qu'une bonne partie du conte doit son mystère, son<br />

incohérence, au fait que le mythe devenu conte profane porte les traces d'états de<br />

langue qui ne sont plus compréhensibles à des époques ultérieures ; les différentes<br />

transformations correspondent alors au souci du conteur d'adapter le texte ancien à<br />

un public nouveau.<br />

<strong>Le</strong>s formes les plus faibles du conte sont sans doute les contes-fables. Ce<br />

sont, à partir d'épisodes mythiques ou de contes anciens, des créations plus récentes,<br />

élaborées par des conteurs pour renouveler leur répertoire et leur permettre de<br />

répondre plus adéquatement au besoin de justification et d'explication des coutumes<br />

et principes moraux des sociétés plus modernes. On peut imaginer que ce travail de<br />

création à partir d'éléments plus anciens, de personnages bien définis et connus<br />

existe depuis fort longtemps ; ce qui complique singulièrement la définition des<br />

genres et leur repérage.<br />

On comprendra alors qu'une analyse comparée des contes ne pourra s'appuyer<br />

que sur la catégorie même/différent sans que l'on puisse préciser les raisons des<br />

différences et similarités. L'évolution du conte se fait sur un axe de l'espace-temps, il<br />

sera donc difficile, sinon impossible, de savoir si telle version est autochtone ou<br />

empruntée et adaptée du folklore voisin. La ressemblance, à quelque niveau qu'elle<br />

se place, pourra aussi bien être expliquée par l'universalité de l'archétype qui lui a<br />

donné naissance que par la transmission d'un motif d'une région à une autre ou d'une<br />

époque à une autre.<br />

2. POUR UNE MYTHOCRITIQUE DES CONTES AFRICAINS<br />

Il va sans dire qu'il existe un très grand nombre de contes européens qui se<br />

retrouvent parmi les contes africains 1 . De même un très grand nombre de contes sont<br />

communs à l'ensemble des pays africains. <strong>Le</strong> corpus pour chaque pays tire souvent<br />

ses caractéristiques de la personnalité des individus qui ont recueillis les contes, de<br />

l'époque à laquelle la collecte a été faite, de l'influence des religions importées, de la<br />

prégnance de l'animisme et même des directives administratives ou politiques.<br />

1 W. LAMBRECHT, A tale type index for Central Africa, Ann Arbor University Microfilms, 1967.<br />

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