You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
LA FEMME DANS LE CONTE FINNOIS<br />
ne trouve pas de personnage féminin, de façon que mon choix ne comprend que les<br />
autres, à savoir 76 contes.<br />
Tout d'abord, nous pouvons constater que la femme est toujours définie<br />
d'après la position sociale de son mari ou d'après la place qu'elle occupe au sein de la<br />
famille. Par sa propre personne elle ne représente rien - les seules dénominations<br />
professionnelles se trouvent au bas de l'échelle sociale : la servante, la servante de<br />
Pomperi.<br />
Il ne sera pas nécessaire de classer ces personnages d'après leur rôle<br />
actantiel : chacune de ces personnes fonctionne selon les exigences de l'intrigue, en<br />
tant qu'héroïne, opposant ou, plus rarement, auxiliaire. Par contre, il nous semble<br />
beaucoup plus intéressant d'étudier quelle est l'image que le conte finnois donne de<br />
tous ces types de femme.<br />
La première femme du pays est toujours ou bien l'impératrice ou bien la reine.<br />
L'impératrice, la tsarine (on en trouve aussi la forme fennisée, sarona) figure dans 4<br />
contes seulement (AT 873, 875, 880 et 983), qui sont tous collectés en Carélie<br />
orientale ou dans la région du Ladoga, donc à l'Est. Il faut en conclure que la<br />
proximité de la cour impériale de St. Pétersbourg a influencé les contes populaires et<br />
transformé la reine - plus éloignée - en impératrice et la famille royale en famille<br />
impériale. Tous ces contes présentent pourtant un trait commun : la tsarine est<br />
toujours sage et intelligente, elle est même capable de donner des conseils à son<br />
époux (AT 880). Dans le conte le plus répandu (AT 875, 45 versions) la tsarine se<br />
mêle de rendre justice à la place de son mari et, comme punition, est chassée de<br />
l'empire. Mais comme le tsar lui donne la permission d'emporter l'objet qui lui est le<br />
plus cher, la tsarine enivre son époux et l'emmène dans son traîneau. La tsarine n'est<br />
jamais décrite comme une personne légère ou autrement antipathique. Bien au<br />
contraire : le conte AT 873, qui est plutôt une anecdote historique relative à<br />
Catherine la Grande, donne de la tsarine une image intelligente et réservée, bien que<br />
la grande Catherine fût connue pour ses aventures galantes : comme un courtisan, qui<br />
se trouve avec la régente dans une barque, lui fait des avances, celle-ci répond en<br />
souriant : « Monsieur, l'eau est tout à fait la même des deux côtés de la barque »,<br />
c'est à dire qu'il n'y a pas de différence entre femmes.<br />
Si la tsarine dans les contes venus de l'Est est toujours présentée sous un jour<br />
sympathique, le personnage de la reine porte des traces du rôle d'adversaire<br />
surnaturel, de sorcière ou d'ogresse. La reine ne figure pourtant que dans 3 contestypes,<br />
qui sont tous d'origine internationale, si l'on peut dire. La reine est décrite<br />
comme une personne hargneuse et méchante : dans le conte AT 905 A* elle a un<br />
caractère tellement exécrable que le roi l'échange, en payant une compensation,<br />
contre la femme du cordonnier ; dans le conte du sage Salomon, fameux pour sa<br />
capacité à résoudre toutes les devinettes, la reine a tellement peur de ce fils, diseur<br />
de vérités, qu'elle l'échange contre un bébé garçon du même âge ; plus tard, quand<br />
son fils est déjà grand, elle ne le reconnaît pas et essaie de le séduire. La tolérance,<br />
voire la légèreté sexuelle, est d'ailleurs un trait caractéristique des reines : si cela ne<br />
ressort pas de leur propre comportement, cela se voit dans les situations où elles<br />
mettent leurs filles. Dans le troisième conte, connu dès le Décaméron, la jeune reine<br />
et la reine mère symbolisent le rapport entre la belle-fille et la belle-mère. Par<br />
67