11.01.2017 Views

Le Conte

Tout sur les contes

Tout sur les contes

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

LE CONTE<br />

Ein Vater liess einmal seine drei Söhne vor sich kommen, und schenkte dem<br />

ersten einen Hahn, dem zweiten eine Gense, dem dritten eine Katze. (_) was<br />

ich euch jetzt gebe, scheint wenig werth, es kommt aber bloss darauf an, dass<br />

ihr es verständig anwendet ; sucht euch nur ein Land, wo dergleichen Dinge<br />

noch unbekannt sind, so ist euer Glück gemacht 1 .<br />

Dans le passage de la version ardennaise cité ci-dessus, le pluriel « des<br />

faucilles » est à noter : nous avons affaire ici plutôt à un colporteur qu'à l'un des<br />

protagonistes des Trois frères qui, eux, n'ont qu'un exemplaire de chaque objet.<br />

Après cette présentation succincte, nous allons maintenant nous arrêter sur un<br />

détail significatif, commun à toutes les versions françaises, à savoir la présence du<br />

coq ou d'un autre objet ayant plus ou moins la même fonction, comme les chevaux,<br />

le char et la brouette. Nous prenons comme point de départ les versions picarde et<br />

champenoise qui, du point de vue qui nous intéresse ici, sont les plus explicites.<br />

Dans la version picarde, le protagoniste finit par se trouver avec son coq dans<br />

un pays où le jour n'arrive qu'à condition qu'on aille le chercher avec un char. A son<br />

grand émerveillement, il voit partir du château royal « _ un char immense traîné par<br />

de grands chevaux noirs. Ce char partait dans la direction du <strong>Le</strong>vant. - Où va ce<br />

chariot ? demanda-t-il. (_) - Où il va ? Mais perdez-vous l'esprit ? Il va chercher le<br />

jour, qui sans cela ne reviendrait pas » (Carnoy, p. 287). <strong>Le</strong>s choses ne se passent pas<br />

tout à fait de la même façon dans la version champenoise qui met en scène un pays<br />

sans horloges. <strong>Le</strong> protagoniste s'installe au palais royal et, après la tombée de la nuit,<br />

fait chanter son coq toutes les deux heures. A chaque fois le roi demande ce que la<br />

bête dit. Voici les réponses du garçon : (à minuit) « elle dit qu'il est temps d'étriller<br />

les chevaux et de leur donner de l'avoine ». A deux heures, « elle dit qu'il est temps<br />

de seller les chevaux, à commencer par le plus grand ». A quatre heures elle annonce<br />

« que le jour vient de monter sur le grand cheval » et, enfin, à six heures, « que le<br />

jour arrive et qu'il faut ouvrir les volets pour le recevoir » (Thibault, p. 42-3). <strong>Le</strong>s<br />

références mythologiques des deux versions sont évidentes et concordent aussi avec<br />

les données d'autres contes populaires français, mises en évidence par M. Courtés.<br />

Dans la mythologie gréco-romaine, aussi bien Hélios, représentation divine du soleil,<br />

que sa soeur Ejos, personnification de l'Aurore, se promènent dans un char traîné par<br />

des chevaux rapides 2 . <strong>Le</strong>s chevaux dont il est question dans les réponses du garçon,<br />

sont les chevaux du Soleil qu'il faut préparer pour la course du lendemain, bien que<br />

le roi ne le comprenne pas et fasse seller les siens. <strong>Le</strong>s deux éléments nécessaires<br />

pour que le jour se lève, sont le char et les chevaux, tandis que le rôle du coq n'est<br />

que d'annoncer qu'il faut commencer les préparatifs pour le départ imminent. Sa<br />

présence n'est qu'un prétexte ; une version dans laquelle le coq ne figure pas prouve<br />

qu'il est possible de se passer complètement de lui. <strong>Le</strong> protagoniste est en train de<br />

pousser une brouettte - l'objet dont il y a hérité - au milieu de la nuit, quand il<br />

rencontre une vieille femme en pleurs et dans un état d'épuisement extrême :<br />

- Ah mon ami, dit-elle, secourez-moi, je vais mourir dans une heure, si je n'ai<br />

pas vu l'aube qui me sauverait. Prenez-moi sur votre brouette, je verrai l'aube<br />

avant une heure, et je ne mourrai pas. (Quercy, p. 198).<br />

1 Kinder- und Hausmärchen, gesammelt durch die Brüder Grimm, Göttingen 1843 5 , p. 431.<br />

2 Voir Pauly-Wissova : Real-Encyclopädie des classischen altertumswissenschaft, tome VI, Stuttgart<br />

1905, 2668 sqq. et tome VIII, Stuttgart 1913, 58 sqq.<br />

52

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!