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Le Conte

Tout sur les contes

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SIDI ABD EL-HACQ<br />

MAROC<br />

Il arriva à Tiâzit sans que personne ne sût d'où il venait. C'était alors un petit<br />

garçon. Un homme eut pitié de lui, le recueillit et lui donna sa génisse à garder. <strong>Le</strong>s<br />

gens du village, le voyant occupé à faire paître cette bête, lui dirent : "Tu garderas<br />

aussi les nôtres et nous te donnerons ton salaire !" II devint le gardien du troupeau du<br />

village et remettait l'argent qu'il gagnait ainsi à l'homme qui l'avait recueilli. <strong>Le</strong>s<br />

choses suivaient leur cours, lorsqu'un jour son patron fit le pari avec un homme du<br />

village de convier tous les gens du pays à un grand festin. Il s'en revient conter<br />

l'affaire à sa femme. "Je t'ai joué un bon tour aujourd'hui, lui dit-il. - Qu'as tu fait ? -<br />

J'ai parié avec un tel d'inviter toute la tribu à venir manger chez nous. - Que pensestu<br />

leur servir, les gens savent bien que tu ne possèdes rien. - Bien sûr et maintenant<br />

que faire ?".<br />

Sidi Abd El-Haqq, leur berger, les écoutait. Personne ne se doutait alors qu'il<br />

était agourram. Il dit à la femme : "As-tu du blé ? - J'en ai bien un peu, en réserve,<br />

dans une cruche, pour le cas où il nous viendrait quelqu'un. - Porte-le au moulin et<br />

mouds !" Elle s'installa devant le moulin, plaça le van à ses côtés, y versa le blé de la<br />

cruche et se mit à moudre. Et il se trouva que la cruche était encore aussi pleine.<br />

Après avoir moulu ce blé, elle en versa encore de la cruche et se remit à moudre.<br />

Bref, elle moulut de cette cruche de quoi remplir deux chouaris de farine sans<br />

épuiser la cruche qui resta pleine comme si l'on n'en avait prélevé aucun grain. La<br />

mouture faite, le berger dit : "Appelle les voisines demande-leur de venir t'aider à<br />

cribler !" Elle alla trouver ses voisines ; elle dit à chacune d'elles : "Viens avec ton<br />

van et ton tamis !" Et toutes pensaient tout bas : "Que nous veut-elle celle-là avec<br />

nos tamis ? Que peut-elle bien avoir à tamiser ?" Aussi furent-elles fort étonnées de<br />

trouver chez elle deux chouans pleins de farine, et, en s'interrogeant sur la<br />

provenance d'une pareille richesse, elles prirent place et se mirent au travail.<br />

Sidi Abd El-Haqq, assis dans un coin, les regardait faire. Lorsqu'elles eurent<br />

achevé le criblage, il dit à la maîtresse : "Demande aux unes de rouler le couscous et<br />

aux autres de pétrir la pâte : il nous faut beaucoup de couscous et de pain ! - Et la<br />

viande, où la trouverons-nous ? - Nous égorgerons la génisse." Elle se mit à pleurer,<br />

car elle n'avait que cette bête. Sidi Abd El-Haqq l'égorgea lui-même, la dépouilla en<br />

laissant, attenant à la peau, la tête, les pieds et la queue, puis la découpa, mit la<br />

moitié des morceaux dans les marmites et l'autre dans les ragoûts. Quand tout fut<br />

cuit, pain, couscous et viande, il dit à son maître : "Va appeler les gens !" Il s'en fut<br />

faire ses invitations : "Venez, ô vous qui désirez manger !" À son appel, les gens<br />

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