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LE CONTE<br />
Ma mère m'a dit de n'y point aller, de n'y point aller, de n'y point aller<br />
Mon père ma dit de n'en rien faire, de n'en rien faire, de n'en rien faire<br />
Pour mon pilon, mon pilon, mon pilon.<br />
La mort dit :<br />
"Ta chanson est bien agréable, laisse-moi aussi le temps d'en chanter une ! "<br />
La fille m'écrabouille, les testicules, les testicules, les testicules.<br />
La fille m'écrabouille, les testicules, les testicules, les testicules.<br />
Elle en fait de la bouillie.<br />
Un homme qui était sorti couper des feuilles pour la sauce, entendit chanter<br />
un air mélancolique, il s'approcha à pas de loup et se cacha non loin de l'endroit d'où<br />
venait la mélodie. Il découvrit la scène et en porta la nouvelle au village. Tous les<br />
hommes se mirent alors sur le pied de guerre et après avoir aiguisé couteaux de jet et<br />
lances ils se mirent en route. Quand ils furent arrivés, à quelque distance du lieu du<br />
crime, ils se séparèrent et allèrent se cacher en divers points.<br />
<strong>Le</strong>vant les yeux de sa besogne la fille découvrit son père alors que la Mort<br />
cessait de chanter. Il demanda à la fille de chanter avec lui, mais elle fit la sourde<br />
oreille. La Mort répéta sa demande sur un ton courroucé : "Ne t'ai-je point demandé<br />
de chanter ?" La fille reprit sur un ton goguenard les paroles de la Mort qui entra<br />
dans une très grande colère ; il voulut retirer ses testicules du mortier et faire payer à<br />
la folle le prix de son effronterie. C'est alors que le premier coup de sagaie lui fut<br />
porté au flanc par le père de la fille. En un rien de temps, les autres sortirent de leur<br />
cachette et mirent la Mort en pièces. On regagna le village, chacun lourdement<br />
chargé d'un morceau de viande de la Mort.<br />
Lorsqu'ils eurent atteint le village la jeune fille dit en s'adressant à sa mère :<br />
- Maman, maman, je voudrais couper un morceau de la viande de la Mort<br />
pour le préparer dans ma petite marmite et le manger.<br />
- Fais-le, je t'en demanderai un peu pour manger, moi aussi j'ai faim.<br />
La fille lava sa petite marmite et y mit un peu de chair de la Mort sur laquelle<br />
elle versa un peu d'eau. Elle mit le tout au feu... Alors la viande de la mort se mit à<br />
bouillonner : "puk, puk… mikikiki", elle gonfla et fit éclater la petite marmite.<br />
- Maman, maman la viande en gonflant a fait éclater ma petite marmite.<br />
- Si ta petite marmite est cassée, alors prends ma marmite à sauce et utilise-la.<br />
La viande gonfle, gonfle, gonfle et casse la marmite à sauce. La fille essaie<br />
d'autres marmites mais la viande augmente sans cesse de volume et fend en deux<br />
toutes les marmites. Personne dans le village ne réussit à porter à sa bouche la viande<br />
de la Mort et à en goûter. <strong>Le</strong>s hommes réunirent tous les morceaux en un énorme tas<br />
et par le feu réduisirent en cendre la viande de la Mort. Puis ils portèrent ces cendres<br />
dans des feuilles et jetèrent le tout loin dans la brousse.<br />
Quand les termites eurent rongé l'emballage, les cendres de la Mort<br />
s'éparpillèrent sauf un petit tas qui resta sur le sol. Un jour la vieille femme et sa<br />
petite fille partirent chercher du kaolin et la fille découvrit les cendres.<br />
- Grand-mère nous avons des cendres à sel.<br />
- Ne fais pas tant de bruit, d'autres pourraient venir nous les disputer !<br />
Elles prirent les cendres, les rapportèrent au village, et s'empressèrent de les<br />
mettre dans le filtre à sel. Pendant le filtrage une mélodie s'éleva :<br />
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