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Le Conte

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LES 3 VOLEURS (I. TOLSTOÏ) : ÉTUDE SÉMIO-LINGUISTIQUE<br />

<strong>Le</strong> schéma attesté dans notre récit peut être rendu par le schéma suivant :<br />

Sa<br />

Oa<br />

Sb<br />

Ob<br />

(La double flèche traduit la relation d'implication entre les deux objets).<br />

Une autre manière de dire serait de poser une équivalence de valeur, du point<br />

de vue du paysan, entre les deux objets échangeables, les animaux et la somme :<br />

perdant l'un il perd l'autre.<br />

<strong>Le</strong> troisième élément de l'objet convoité par les voleurs, les vêtements, fait en<br />

quelque sorte partie de la personne du paysan, si l'on assimile, métonymiquement,<br />

l'objet au sujet, les vêtements à l'homme, l'on se trouve ramené au troisième cas de<br />

figure, représenté dans le schéma suivant :<br />

Sa<br />

Oa<br />

Sb<br />

Ob<br />

On retiendra de ces remarques générales que l'anti-programme du paysan, qui<br />

affronte dans le conte le programme des voleurs, était prévu pour un autre projet, en<br />

tant que programme d'usage par rapport à un programme de vente. Seule la<br />

deuxième phrase du texte manifeste un programme d'usage par rapport à un<br />

programme principal indentifiable à celui des voleurs. <strong>Le</strong> « grelot » est un Pouvoirne<br />

pas faire à l'encontre du programme des voleurs et un Pouvoir-faire en vue de son<br />

programme de vente, jouant le rôle d'opposant dans un cas, d'adjuvant dans l'autre ;<br />

là réside toute la compétence du paysan.<br />

Dès le début, le programme des voleurs se subdivise. <strong>Le</strong> premier voleur S 2a<br />

fixe son choix sur l'objet O 1a (chèvre), motivé par la difficulté de l'entreprise : la<br />

chèvre est le seul élément de O 1 explicitement protégé et le voleur ajoute à la<br />

difficulté en s'imposant une condition supplémentaire (« sans que le paysan s'en<br />

aperçoive »). Ce n'est donc pas la nécessité vitale, un aspect du Devoir-faire, par<br />

exemple le besoin de nourriture, qui est mis en avant par le discours, mais l'habileté,<br />

c'est-à-dire le Savoir-faire, qui devra triompher de la précaution (« grelot ») et de la<br />

vigilance (« s'en aperçoive »), c'est-à-dire de son Savoir-faire. L'emploi de la<br />

première personne du futur (« je volerai ») donne au faire envisagé la force d'un<br />

engagement, d'un pari, par lequel le sujet se met lui-même en demeure de réaliser sa<br />

promesse : ainsi se rend-il lui-même compétent selon un aspect du Devoir-faire,<br />

l'obligation morale, différent de celui qui vient d'être envisagé plus haut.<br />

L'expression de renchérissement (« et cela ») redouble la force de l'engagement.<br />

Enfin, l'absence de contrainte extérieure (nécessité vitale), la recherche de la<br />

difficulté et la soumission à une contrainte morale présupposent le choix volontaire<br />

du sujet, c'est-à-dire le Vouloir-faire. <strong>Le</strong>s deux autres sujets S 2a et S 2b disposent d'une<br />

compétence du même ordre mais renforcée. L'expression de renchérissement (« et<br />

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