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Le Conte

Tout sur les contes

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POUR L'INTERPRÉTATION D'UNE ETHNOLITTÉRATURE<br />

<strong>Conte</strong>nu<br />

corrélé<br />

initial<br />

<strong>Conte</strong>nu inverse<br />

<strong>Conte</strong>nu<br />

topique<br />

<strong>Conte</strong>nu<br />

topique<br />

<strong>Conte</strong>nu pose<br />

<strong>Conte</strong>nu<br />

corrélé<br />

final<br />

Cette structure était d'ailleurs déjà implicite lorsque nous avons décrit l'usage<br />

fait par les sociétés africaines des notions de « désordre/ordre ». <strong>Le</strong> désordre initial<br />

qui lance la machine narrativo-discursive est corrélé avec l'ordre final rétabli ; le<br />

contenu topique inversé est représenté par les conduites appartenant au mode de la<br />

transgression et le contenu topique posé par des conduites de compensation<br />

propitiatoire.<br />

9. LE SENS DU CONTE<br />

Il reste à faire la preuve que toutes les notions, théories et modèles que nous<br />

avons brièvement évoqués permettent d'extraire des contes un certain nombre de<br />

sens qui s'entremêlent et qui justifient à la fois la concaténation des phrases du texte<br />

et le ou les systèmes qui les sous-tendent.<br />

Ce sens que nous voudrions découvrir se trouve certainement moins dans une<br />

continuité sémio-narrative et discursive du seul texte, que dans la construction de<br />

paradigmes à l'aide de nombreux textes ; paradigmes qui nous renvoient à des<br />

classifications mythiques du monde, puis à des analogies métapsychiques<br />

universelles.<br />

<strong>Le</strong> danger est d'imposer nos idéologies interprétatives issues de nos propres<br />

modes de classification des figures du monde, à des matériaux qui furent élaborés sur<br />

un autre mode de penser et d'être. C'est pourquoi le recours à une intertextualité dans<br />

le temps et dans l'espace est nécessaire pour acquérir et conserver ce « regard<br />

éloigné » et pour se détacher de nos propres réflexes classificatoires.<br />

A une interprétation récitative qui impose au texte plus ou moins<br />

essentiellement tel ou tel système de cohérence, un système prenant dans le temps le<br />

relai d'un autre, nous voudrions substituer une déconstruction et un repérage des<br />

éléments (figures), puis par la comparaison des figures entre elles, justifier leur<br />

présence dans telle ou telle construction, par la description de leur fonction propre<br />

dans l'univers de la pensée mythique. En termes sémiotiques, il nous paraît possible<br />

de générer la composante sémio-narrative à partir des dispositions réelles et/ou<br />

virtuelles que l'esprit humain a pu conférer aux figures prégnantes du monde. Un<br />

conteur puise indifféremment dans les schémas narratifs qui lui sont connus<br />

(compétence grammaticale), dans les parcours figuratifs dont il se souvient<br />

(compétence discursive), dans sa propre logique imaginaire et/ou technique<br />

(compétence énonciatrice) qui lui propose des figures du monde capables de<br />

répondre à ses visées moralisantes, didactiques, idéologiques ou artistiques... Ces<br />

différentes compétences sont relatives et il ne faut jamais oublier que l'état des textes<br />

ethniques est aussi le fruit des à-peu-près, des carences langagières ou mémorielles<br />

de ces narrateurs.<br />

La cohérence sauvegardée que l'analyse découvre au niveau profond et<br />

l'incohérence de surface tiendraient alors à la structure homologique de tous ces<br />

systèmes ou grammaires qui renvoient en dernier ressort à l'intellect humain<br />

conscient et inconscient. La dégradation du conte, son érosion mythique provient de<br />

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