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Le Conte

Tout sur les contes

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ÉTOILES ET NOISETTE : RÉFLEXIONS SUR L'UTILISATION VERBALE…<br />

rapports visuels qu'il entretient avec le cadre, déployé ici en trois faces<br />

« encadrantes » acquiert une dimension symbolique spécifique, laquelle est le fruit<br />

de la référentialisation interne observée, et posant bien entendu le problème de la<br />

compétence de l'énonciataire.<br />

2. CONTENANT/CONTENU : SIGNIFIANT OU SIGNIFIÉ ?<br />

Cette description du médaillon montre que le cadre fait sens par rapport à<br />

l'encadré et inversement que le contenu fait sens par rapport au cadre, ici<br />

hypertrophié, certes, mais parfois un simple tracé sans épaisseur. Si « le cadre<br />

apparaît comme le seul point de départ sûr » 1 en ce qui concerne le signifiant<br />

planaire, sans doute est-ce d'abord parce qu'il s'y trouve un signal d'énonciation<br />

perceptible par l'énonciataire même lorsque le contenu n'est pas traduisible par celuici<br />

en langue parce qu'il est « obscur ». Cependant, l'analyse qui a précédé ne<br />

prétendant qu'à un examen d'ordre sémantique, ne concerne pas l'énonciation du<br />

point de vue de l'embrayage énonciatif, mais de celui du débrayage.<br />

De ce point de vue, cadrer c'est poser une disjonction spatiale entre deux<br />

zones, le centre et la périphérie ainsi qu'une conjonction privilégiée entre ces zones,<br />

et cela nécessairement à l'exclusion de l'espace hors-cadre. On notera par conséquent<br />

que le cadre, du fait de sa nature spatiale, actualise la co-présence de deux<br />

dimensions logiquement incompatibles, la conjonction et la disjonction, la<br />

représentation de l'un entraînant celle de l'autre de manière simultanée, ce qui ne<br />

saurait être le cas du point de vue du temps.<br />

La contigüité définit l'espace comme la successivité définit le temps.<br />

Toutefois à la contigüité il faut ajouter la clôture essentielle au cadrage, la<br />

« jonction » s'articulant dans le cadrage avec la « topologie ». En tant que qualité de<br />

l'espace perçu, l'ensemble /contenant/contenu/ est un signifiant dont le signifié est le<br />

cadrage, et des catégories sémantiques telles que dedans vs. dehors, ou bien centre<br />

vs. périphérie (contenant/contenu : plan de l'expression ; cadrage : plan du contenu :<br />

cf. tableau ci-après).<br />

L'étude du figuratif dans le conte populaire français procure de nombreux<br />

exemples de la figure de la noisette et ses équivalents, la noix, l'amande, etc.,<br />

signifiant dont le signifié est la contenance, (c'est-à-dire la catégorie sémantique<br />

contenant vs. contenu). Il est souvent question de noix, de noisettes, d'amandes, ou<br />

encore de coffre, de nef, de carrosse, dans ces contes, et la catégorie de la<br />

contenance s'actualise lorsqu'un acteur les ouvre pour découvrir ce qui s'y trouvait<br />

caché 2 .<br />

A l'étude du cadre sur le plan spatial, qui montre que l'ensemble /contenant/<br />

contenu/ relève du plan de l'expression 3 , paraît répondre l'étude de ces contes où la<br />

catégorie sémantique contenant vs. contenu se trouve du côté du plan du contenu.<br />

1 A. J. GREIMAS, « Sémiotique figurative et sémiotique plastique », (1978), Actes Sémiotiques,<br />

Documents, VI, 60, 1984, p. 15.<br />

2 COURTES, <strong>Conte</strong> populaire, op. cit. p. 69.<br />

3 Au sens de Hjelmslev ; voir plus loin pour un essai d'application de ce schéma aux langages de type<br />

verbal et non-verbal.<br />

199

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