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Le Conte

Tout sur les contes

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LE CONTE<br />

<strong>Le</strong> conte est étranger à toute hypothèse scientifique, mais il porte souvent la<br />

marque du changement d'hypothèse, du glissement étiologique qui a mené l'homme<br />

de l'ère magique à l'ère religieuse, du chevauchement des deux hypothèses, de leur<br />

intrication.<br />

Nous porterons notre attention sur l'hypothèse magique car c'est elle qui est<br />

occultée non point tant par l'hypothèse religieuse que par le phénomène<br />

d'interprétation moralisante et socio-historique, auxquelles le conte a été soumis au<br />

cours des siècles et dans son errance géographique.<br />

<strong>Le</strong>s principes qui ont justifié le recours à la magie sont, d'une part, le principe<br />

de dépendance relative, d'autre part, celui de dépendance rémanente ; tous deux<br />

établissent une relation entre la cause et l'effet qui sont confondus quant à leur nature<br />

mais dissociés au niveau de la temporalité et de leur extension.<br />

<strong>Le</strong> principe de dépendance relative est basé sur la croyance que l'analogie<br />

superficielle entre deux choses ou événements garantit que toute action sur un<br />

simulacre, que tout « faire semblant » provoque au niveau du monde naturel ou<br />

surnaturel une réaction prévisible et dont les caractéristiques sont semblables aux<br />

actions humaines qui les ont précédées et donc causées.<br />

<strong>Le</strong> principe de dépendance rémanente est basé sur la croyance que toute<br />

conjonction entre objets ou acteurs reste inscrite dans ces objets ou acteurs (choses,<br />

animaux, êtres humains...) et que toute action sur un des items de la conjonction sera<br />

effective sur l'autre.<br />

D'après le principe de dépendance relative il suffit de verser au sol l'eau d'une<br />

calebasse pour inciter le ciel à répandre sur la terre la pluie de ses nuages ; d'après le<br />

principe de dépendance rémanente, il suffit de posséder les ongles ou les cheveux<br />

d'une personne pour pouvoir, à distance lui infliger toutes les tortures imaginables et<br />

réalisables sur l'échantillon possédé.<br />

D'autres structures, comme celles détaillées dans l'admirable ouvrage de G.<br />

Durand 1 permettent de repérer des isotopies et ce que l'auteur appelle le régime des<br />

images. Dans la mesure où G. Durand s'inspire des théories de Jung sur les<br />

archétypes et les symboles, une interprétation menée selon ces lignes y gagnera en<br />

cohérence.<br />

8. LES LIMITES DU CONTE<br />

Il nous faut préciser que l'interprétation d'un conte peut être structurée par le<br />

schéma général de tout récit mythique 2 . Celui-ci impose une lecture à rebours et une<br />

analyse qui se justifie par la connaissance préalable du final du conte et la<br />

reconnaissance des étapes obligatoires qui mènent à ce final. Cette structure nous<br />

permet de définir les limites d'un conte en dehors des particularités de certains récits<br />

populaires ; par exemple nous écartons ainsi la possibilité qu'un conte puisse avoir<br />

une structure en « miroir » 3 .<br />

1 G. DURAND, <strong>Le</strong>s structures anthropologiques de l'imaginaire, Bordas,1969.<br />

2 A. J. GREIMAS,Sémantique structurale, Larousse,1966.<br />

3 Cf. D. PAULME, La mère dévorante, Gallimard,1976.<br />

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